Yua Koffi, Président du CNSI : « Nous nous préparons à être opérationnels sur le terrain »

9 mai 2008

Yua Koffi, Président du CNSI : « Nous nous préparons à être opérationnels sur le terrain »

Abidjan, le 09 mai 2008...En vue d'affûter ses armes pour assumer sa mission dans le cadre du processus d'identification en Côte d'Ivoire, la Commission Nationale de Supervision de l'Identification (CNSI), a tenu un séminaire du 05 au 07 mai, à Yamoussoukro. A l'issue de cette rencontre, le président de cette commission, Mr. Yua Koffi explique dans une interview à l'ONUCI FM, les problématiques actuelles de l'identification dans le pays.

ONUCI-FM: Mr. Yua Koffi, bonjour!

Yua Koffi (Y. K) : Bonjour !

ONUCI-FM : vous avez organisé un séminaire avec pour thème « Identification générale de la population : outil de supervision et de contrôle ». Que voulez-vous que les populations retiennent ?

Y. K : Ce séminaire avait pour but de mettre à la disposition des commissaires nationaux, des préfets et des présidents des commissions locales de supervision de la ville d'Abidjan, les outils et les mécanismes réglementaires à leur disposition pour qu'ils puissent vaquer tranquillement à leurs missions. Il s'agit en se qui concerne l'opération de reconstitution des registres d'Etas civils perdus ou détruites, de leur expliquer le mode opératoire qui a été retenu dans les détails. Ensuite comme la convention entre la SAGEM, operateur technique retenu pour l'identification, a été signée, il était enfin indiqué que nous parlions un peu du contenu des cahiers des charges à nos animateurs que sont les commissaires nationaux, les préfets, pour qu'à leurs tours, dans une dizaine de jours dans les départements, il y ai des formations éclatées à l'intention de tous les commissaires locaux.

ONUCI-FM : Vous avez déjà organisé ce genre de séminaire, je crois que nous sommes au troisième séminaire aujourd'hui, est-ce à dire que les deux premiers n'ont pas véritablement répondu à vos attentes ?

Y. K : Si, ils ont répondu à nos attentes. Le premier séminaire, c'est lorsque la CNSI [Commission nationale de supervision de l'identification] venait d'être créé et qu'il fallait mettre en place des structures de fonctionnements internes. Le deuxième séminaire allait dans le sens de mettre à la disposition des commissaires nationaux, les instruments relatifs à l'ensemble des opérations qui devaient démarrer et cela avait même commencée avec les audiences foraines. Maintenant que nous allons aborder d'autres étapes dans le programme de sortie de crise, en son volet, identification, il est tout à fait normal que nous nous préparions d'abord pour que dès le démarrage de ces travaux là, nous soyons présents sur le terrain. Je dirai même que nous soyons déjà opérationnels.

ONUCI-FM : Les officiers d'états civils ont notés des faiblesses au niveau du système.

Y. K : Ce n'est pas facile, l'état civil et il y a beaucoup de contingences matériels dans sa gestion quotidienne. D'abord, les registres parfois qui sont mis à la disposition des officiers d'état civil, ne sont pas suffisants, ensuite leur conservation pose problème au chef lieu de centre d'état civil. Leur manipulation même, pose également problème, parce que parfois, ce sont des agents qui ne sont pas aux faits des textes qui gèrent l'état civil qui sont appelés à manipuler au quotidien ce genre de déclarations dans les registres de naissance, de décès ou de mariage. Ce qui fait que l'état civil a toujours constitué un problème en Côte d'Ivoire. C'est pour cette raison que nous avons invité à ce séminaire, un projet conduit par la Banque Mondiale et l'Union Européenne en ce qui concerne la modernisation de l'état civil en Côte d'Ivoire.

ONUCI-FM : Une bonne collaboration entre les magistrats et les officiers d'états civils pourraient favoriser le bon fonctionnement du processus d'identification, apparemment ce ne n'est pas le cas, ou du moins qu'elle est la réalité du terrain ?

Y. K : La réalité est que l'état civil est géré au quotidien par les officiers d'état civil, sous la surveillance des magistrats. Donc, ce sont les magistrats qui doivent contrôler la gestion de l'état civil. La plupart du temps, les magistrats dans leur charge de travail, n'ont peut-être pas le temps nécessaire de venir procéder à un contrôle de l'état civil. C'est ce qui fait que parfois les officiers d'état civil pensent qu'ils exercent librement la gestion et en même temps le contrôle de l'état civil. Mais le contrôle relève de la responsabilité magistrale. C'est l'obligation chaque année pour ceux qui sont procureurs de la République, de dresser au premier trimestre de l'année qui suit la clôture de l'exercice, un rapport détaillé du contrôle qu'ils ont effectué au niveau de l'état civil pour adresser au ministre de la justice. Cette obligation juridique du fait de la charge de travail des magistrats, n'est toujours pas respectée. Ce qui fait que, c'est lorsqu'il y a des problèmes qu'on s'adresse aux magistrats de manière ponctuelle.

ONUCI-FM : Contrairement aux années antérieures, on sait que cette année, les Ivoiriens sont plutôt intéressés par l'identification, est ce qu'il y a quelque chose qui est fait pour permettre aux magistrats malgré leurs charges de superviser les états civils ?

Y. K : D'abord, ça relève de leurs attributions. Il est temps que ces contrôles s'effectuent pour que véritablement les magistrats qui savent tenir et qui savent mieux maitriser les textes, reprennent la gestion de l'état civil aux officiers de l'état civil.

ONUCI-FM : Au sortir de ce séminaire, pensez-vous que la Côte d'Ivoire pourra identifier ses habitants ?

Y. K : Nous avons l'obligation d'atteindre ce résultat. Nous avons l'obligation de faire en sorte que chaque Ivoirien ait sa carte nationale d'identité. C'est notre mission, nous avons le devoir de faire en sorte qu'au délai du 30 Novembre 2008, fixé pour la date des élections, que ce processus soit conduit à son terme, dans l'équité et dans la transparence. Des structures ont été créées pour conduire le processus de sortie de crise. Ces structures feront leur travail, dans toute la sérénité, dans la confiance et dans la tranquillité.

ONUCI-FM : Mr. Yua Koffi, je vous remercie !

Y. K : C'est moi qui vous remercie !