Yamoussoukro célèbre la contribution des Nations Unies à la paix

31 oct 2007

Yamoussoukro célèbre la contribution des Nations Unies à la paix

Une ONU plus forte pour un monde meilleur
Yamoussoukro célèbre la contribution des Nations Unies à la paix


La Journée des Nations Unies a été célébrée mercredi 31 octobre à Yamoussoukro. Des milliers de personnes ont, pour l'occasion, envahi les locaux de la Fondation Félix Houphouët Boigny pour la paix.

Les nombreux stands d'informations des différentes sections de l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI) et des agences du système des Nations Unies érigées sur les lieux de la manifestation ont suscité la curiosité des visiteurs avides d'en savoir plus sur leur rôle et leurs objectifs en Côte d'Ivoire.

De fait, le slogan du soixante-deuxième anniversaire de l'organisation mondiale : « une ONU plus forte pour un monde meilleur » ne pouvait trouver, de l'avis de nombreux Ivoiriens, un écho plus favorable que dans ce temple de la paix fondé par un homme qui croyait aux vertus du dialogue comme le moyen idoine pour régler les conflits entre les hommes. Pour l'occasion, l'ONUCI a réussi à rassembler hommes politiques, gens de lettres, représentants d'agences des Nations Unies, diplomates et membres de la société civile. Tous ont magnifié le rôle primordial de l'ONU dans le règlement des conflits et des crises qui secouent le monde.

Première à prendre la parole, la représentante du maire de Yamoussoukro, Jeanne Gogoua, a salué le travail accompli par l'organisation mondiale. Cependant, elle a fait remarqué que l'ONU gagnerait à se faire mieux connaître par le grand public car, pour le citoyen ordinaire, l'organisation se limite à prévenir les guerres, alors qu'elle fait beaucoup plus dans des domaines tels que l'éducation, la culture, la santé et le développement social, notamment à travers ses agences spécialisées.

Pour Abou Moussa, le Représentant spécial par intérim du Secrétaire-général de l'ONU en Côte d'Ivoire, le choix de la ville de Yamoussoukro pour abriter la célébration de la naissance de l'ONU n'est pas fortuit. Cette ville carrefour, située entre le nord et le sud du pays, est aussi le symbole de la réconciliation entre les Ivoiriens. Quant à l'organisation dont on fêtait la naissance, M. Moussa dira en paraphrasant le Secrétaire général de l'ONU, qu'elle est le meilleur cadre pour trouver un consensus sur les questions qui divisent et pour séparer ceux qui se battent. Une vision que partage Youssouf Bakayoko, le Ministre ivoirien des Affaires Etrangères, qui a rappelé que l'ONU déploie aujourd'hui quelque 100 000 personnes-civils et militaires- à travers le monde et remercié l'organisation pour son rôle déterminant dans le règlement de la crise en Côte d'Ivoire.

L'autre temps fort de la cérémonie a été les nombreux témoignages faits par les « partenaires stratégiques » de l'ONUCI, dont les chefs traditionnels, originaires pour la plupart de l'Ouest ivoirien, qui ont joué un grand rôle dans le règlement des conflits intercommunautaires, interethniques ou fonciers, créés ou exacerbés par la crise. Ces puissants régulateurs sociaux ont travaillé de concert avec l'ONUCI pour éteindre des foyers de tension, comme dans la région du Moyen-Cavally, ou maintenir la cohésion sociale dans des zones moins agitées comme le département de Tiassalé. Non moins importante reste le témoignage des « Etoiles de la paix », ces jeunes filles et garçons qui se sont engagés à sensibiliser leurs camarades, leurs familles sur les bienfaits de la paix et de la réconciliation nationales, et des handicapés, victimes ou non de la guerre, qui ont décidé d'aider l'ONUCI dans sa recherche de solutions à la crise ivoirienne. Enfin, les femmes et les déplacées, les plus grandes victimes de la guerre, se sont engagés à poursuivre leurs efforts à côté de l'ONUCI et ont appelé au soutien des actions de la mission onusienne.

La deuxième partie de la cérémonie a été consacrée à la table ronde organisée par la Division de l'Information publique sous la modération de Constance Yaï, ancienne Ministre et Présidente de l'Association ivoirienne de la défense des droits des femmes (AIF).

Dans des recommandations du panel, le représentant spécial adjoint du Secrétaire Général de l'ONU en Côte d'Ivoire, Georg Charpentier, a énuméré trois domaines d'actions prioritaires : le rôle des agences des Nations Unies, le genre et la société civile.

Modem Lawson Betum, directeur par intérim de la Division des Affaires politiques de l'ONUCI, qui traitait du thème « Paix et sécurité en Afrique : une priorité des Nations Unies, a fait l'historique des interventions de l'ONU sur le continent qui selon lui, restent fortement marquées par deux aspects majeurs : le soutien du droits des peuples à l'autodétermination et la crise née des années 90 avec la fin du communisme. Le conférencier a surtout mis l'accent sur le partenariat entre l'ONU et les organisations sous-régionales, qui a été un facteur déterminant dans le règlement de certaines crises.

« Les conditions de la réussite du processus électoral dans les pays en crise », sujet développé par Ahmédou El Bécaye Seck, Directeur de la Division électorale de l'ONUCI, a permis au conférencier de revenir sur le rôle de l'ONU et des agences dans les processus électoraux en Sierra Léone, en Mauritanie et en Guinée. Il a rappelé un principe important : le respect de la souveraineté et l'intégrité territoriale des Etats. L'appui de l'ONU se limite, selon M. Seck, à l'appui logistique et l'éducation civique des citoyens, ce qui n'empêche pas l'organisation de jouer un rôle de certification.

Pour Narcisse Yessoh, qui a traité le thème « Processus de sortie de crise : perspectives pour les personnes déplacées », la situation de la Côte d'Ivoire reste peu reluisante après cinq années de crise : fermetures et délocalisations en série d'entreprises, chômage et précarité, insécurité, qui ont forcé plusieurs milliers de personnes à quitter leurs domiciles, villes et villages. Le Directeur de cabinet du Ministre de la Solidarité et des victimes de guerre s'est félicité néanmoins du soutien des agences du système des Nations Unies, mais a déclaré que son gouvernement a déployé beaucoup d'efforts et continuera de se pencher sur le sort des déplacés.

Jean-Luc Stalon, responsable de la Section Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (DDR) a, lui, réfléchi sur le thème « Processus DDR : enjeu critique pour la sortie de crise réussie dans les pays en conflit », une occasion pour lui d'expliquer que le concept DDR constitue une étape majeure pour une sortie de crise en Afrique sub-saharienne où il reste une quinzaine de conflits pour lesquels on doit trouver une solution. M. Stalon a rappelé aux Ivoiriens que le processus de DDR reste largement tributaire de la volonté des acteurs politiques.

« Responsabilité des médias dans la consolidation de la paix », le dernier sujet, est revenu au Ministre la Communication. Dans son exposé, Ibrahim Sy Savané a soutenu que les médias étaient aussi responsables que les hommes politiques de la crise en Côte d'Ivoire, grâce à l'interaction entre les deux catégories socioprofessionnelles. Evoquant les dérives notées dans certaines publications, le conférencier a surtout dénoncé l'existence d'une presse non professionnelle en Côte d'Ivoire, une situation que cherchera à corrige, selon lui, la Commission d'attribution de la carte professionnelle de journaliste. L'accès équitable aux médias d'Etat et la libéralisation de l'audiovisuel restent aussi des priorités pour son ministère.

Un débat enrichissant animé par des représentants de la société civile sur les droits de l'homme, de la femme et des enfants a suivi les différents exposés.