RFI - Edition de 7 heures 30

█ En Côte d'Ivoire, Alassane Ouattara prêtera officiellement serment, aujourd'hui, comme Président de la République. Hier, le Président du Conseil constitutionnel, Paul Yao N'dré, a reconnu sa victoire. Ironie de l'histoire, c'est ce même Paul Yao N'dré qui avait proclamé Laurent Gbagbo vainqueur de la présidentielle, il y a cinq mois, provocant la grave crise postélectorale.

█ En ce jour un peu particulier, Laurent Gbagbo, qui est aujourd'hui assigné à résidence, devrait être entendu pour la première fois par la justice ivoirienne.

Cyril Bensimon : Il ne s'agit pour l'heure que d'une enquête préliminaire, aucune poursuite n'a encore été lancée. Mais la portée symbolique de l'événement est tout de même très forte. Sauf contretemps de dernière minute, pour la première fois depuis sa chute, Laurent Gbagbo devra répondre aujourd'hui aux questions d'un magistrat ivoirien. Selon le mandat qui lui a été donné, le nouveau Procureur de la République ne va entendre l'ex-président que sur les crimes et délits commis durant la période postélectorale. Son champ d'investigation est également limité. Puisque Simplice Koffi devra exclure de son interrogatoire tous les crimes pouvant être considérés comme des crimes contre l'humanité et pouvant relever de la compétence de la Cour pénale internationale. Une fois cette audition terminée, le Procureur de la République, les officiers de police judiciaire et de gendarmerie qui l'assistent et les avocats de l'ex-président, devraient prendre la route d'Odienné pour l'interrogatoire prévu samedi de l'ex-première dame, Simone Gbagbo. Ils sont ensuite attendus à Katiola où un certains nombres de caciques du régime déchus sont actuellement assignés à résidence. Selon nos informations, mercredi, Simplice Koffi a déjà entendu dans un hôtel d'Abidjan, trois membres de l'ancien gouvernement. En l'occurrence l'ex-Premier ministre, Gilbert-Marie Aké N'gbo, l'ex-ministre de la Défense, Michel Amani N'guessan, et l'ex titulaire du portefeuille de l'économie, Désiré Dallo. Pour l'heure, rien n'a filtré de ces interrogatoires.

█ Alors que la saison des pluies s'installe sur la Côte d'Ivoire, l'ONG Save the Children demande qu'on n'oublie pas les déplacés. Dans l'ouest du pays, notamment où des milliers d'entre eux restent entassés dans des camps, l'organisation humanitaire craint des problèmes sanitaire. Laurent Duvillier, le porte-parole de l'organisation Save the Children à Dakar.

Laurent Duvillier : Dans les camps de l'ouest, il est très probable que la majeure partie des personnes qui sont déplacées, le restent dans les jours et les semaines qui viennent. Et donc, ces personnes vont vivre la saison des pluies dans les camps. C'est ça la préoccupation. Ces personnes vivent encore à la belle étoile, sans moustiquaires. Pour prendre l'exemple du camp de Duékoué, il y a plusieurs points d'eau dans le camp. Mais ça ne permet pas à l'ensemble des 27.000 personnes déplacées dans le camp de Duékoué de pouvoir y avoir accès. Nous observons déjà à travers nos équipes, que les cas de malaria et de diarrhée aigue ont augmentées. Il faut prendre des mesures maintenant, distribuer des moustiquaires maintenant. Pour faire en sorte que ces personnes puissent être protégées. Il faut que la communauté internationale se mobilise et qu'elle ne pense pas qu'avec la sortie de crise politique, les problèmes humanitaires sont résolus. Ils ne le sont pas et ils resteront présents dans les jours et dans les semaines qui viennent. Surtout avec l'approche de la saison des pluies.

█ On a appris hier que les Etats-Unis débloquaient 8,5 millions de dollars pour les centaines de milliers d'Ivoiriens qui sont réfugiés ou déplacés en raison de la crise politique. Six millions pour le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés et deux millions pour le Comité international de la Croix rouge.