REVUE DES MEDIAS AUDIOVISUELS DU MERCREDI 12 OCTOBRE 2011

12 oct 2011

REVUE DES MEDIAS AUDIOVISUELS DU MERCREDI 12 OCTOBRE 2011

VOA - Edition de 5 heures 30

█ Dans un rapport conjoint les organisations humanitaires internationales Oxfam, Conseil danois pour les réfugiés et Care lancent un avertissement. Une grave crise humanitaire perdure en Côte d'Ivoire, six mois après la résolution crise politique dans le pays. Le rapport intitulé « pour des solutions durables pour les déplacés ivoiriens » révèle que les conditions pour des retours durables ne sont pas réalisées et que les besoins humanitaires restent considérables. On écoute le coordinateur humanitaire d'Oxfam pour l'Afrique de l'ouest, Philippe Conraud.

Philippe Conraud : La plupart des gens qui vivent en dehors de la Côte d'Ivoire considèrent que la crise a été résolue avec la résolution de la crise militaire il y a six mois. En fait la crise humanitaire, elle continue dans la mesure où il y a encore aujourd'hui plus de 500 mille personnes, ce qui est énorme, qui restent déplacées aujourd'hui. Soit à l'intérieur de la Côte d'Ivoire soit à l'extérieur des frontières au Liberia, au Ghana par exemple. Et donc ces 500 mille personnes qui sont déplacées vivent dans des camps, vivent dans des sites de réfugiés et rencontrent les plus grandes difficultés à pouvoir rentrer chez elles. Donc nécessitent encore une assistance humanitaire majeure.

VOA : Quels sont les besoins les plus pressants ?

Philippe Conraud : Les besoins qui sont exprimés par les populations que nous avons interrogées, côté Côte d'Ivoire et côté Liberia, sont essentiellement liés aux conditions de retour dans les villages et dans les maisons d'origine. Le principal problème évoqué par ces personnes est celui de l'habitation. Beaucoup de maisons, beaucoup de villages ont été détruits, brûlés, pillés. Donc tout a disparu. Et ces personnes sont malheureusement face à de grandes difficultés pour reconstruire leur maison et pour retrouver les moyens d'existence et tout ce qu'ils avaient à l'intérieur de ces maisons. Sans parler même de l'accès à la terre, la saison culturale est très avancée. Ces personnes qui ont été déplacées n'ont pas pu cultiver leur terre comme ils le font d'habitude. Et donc il faut leur donner une assistance pour les aider à retrouver ces moyens.

VOA : Du côté du gouvernement ivoirien, quelle est la réaction ?

Philippe Conraud : En fait le gouvernement ivoirien a fait déjà énormément de choses pour régulariser la situation. Je pense notamment à un des éléments principaux qui sont évoqués par les populations que nous avons interrogées, c'est le retour des autorités civiles. Notamment les préfets, les sous-préfets, la réouverture de certaines écoles, la réouverture des centres médicaux, des cliniques, des hôpitaux, etc. qui font beaucoup pour rassurer les gens sur la situation, pour montrer qu'effectivement, on est dans une phase de retour progressif à la normale. [...] Les barrages routiers pour la plupart d'entre eux ont disparu. En tout cas sur les routes principales. Tout ça rassure beaucoup les gens. Et puis le gouvernement a mis en place très récemment une commission de réconciliation qui mérite encore d'être mise en œuvre sur le terrain. Peu de gens connaissent même l'existence de cette commission. Et je pense que c'est effectivement un aspect important pour que les gens puissent se sentir en sécurité premièrement mais aussi pour que les aspects de conflit entre différents groupes ethniques etc. commencent enfin à être résolus.

VOA : Est-ce que Oxfam et le Conseil danois pour les réfugiés et Care ont d'autres suggestions ?

Philippe Conraud : Premièrement travailler sur les questions de réconciliation entre les différents groupes. Tout ça c'est vraiment crucial et les gens le veulent vraiment d'une manière très très importante. Les gens ont été vraiment meurtris, blessés, horrifiés et traumatisés pour beaucoup d'entre eux par ce qui s'est passé ces derniers mois. Et s'il n'y a pas un travail de réconciliation entre les différents groupes qui est mené, si la question du foncier, de l'accès à la terre n'est pas résolue non plus, il sera extrêmement difficile d'avoir un retour à la normale sur le long terme.