REVUE DES MEDIAS AUDIOVISUELS DU LUNDI 19 NOVEMBRE 2012

20 nov 2012

REVUE DES MEDIAS AUDIOVISUELS DU LUNDI 19 NOVEMBRE 2012

Edition de 10H30 du Lundi 19 Novembre 2012 | France 24

La Côte d'Ivoire toujours dans la plus grande instabilité politique. D'abord avec la dissolution récente du gouvernement, vous le savez, par le Président Ouattara. Et puis l'armée ivoirienne mise en cause par Human Rights Watch. Pour en parler Jean-Marie Fardeau. Vous êtes responsable France du bureau de Human Rights Watch. Alors d'abord, que reprochez-vous au camp Ouattara dans ce rapport ?

Jean-Marie Fardeau : On reproche les comportements de l'armée en août et début septembre, après les rafles qu'il y a eues dans le quartier de Yopougon principalement. Rafle qui faisait suite aux attaques inacceptables également, bien sûr, qui ont été commises par des gens supposés pro-Gbagbo qui ont attaqués, on s'en souvient, la frontière libérienne, et des populations civiles et aussi des militaires à Abidjan, au cours des attaques qui ont eu lieu en juin-juillet dernier. Et donc, suite à ces attaques, des rafles ont eu lieu et une centaine de jeunes ont été arrêtés par l'armée et emprisonnés dans des camps militaires où ils sont malheureusement très mal traités.

F24 : Alors c'est la justice des vainqueurs, selon vous, qui prévaut en Côte d'Ivoire ?

Jean-Marie Fardeau : Malheureusement oui. On est maintenant, malgré tous nos appels, et pas seulement de nous, mais de la communauté internationale, d'autres organisations de défense des droits de l'homme, on est tous à dire que cette impunité qui aujourd'hui caractérise, on peut dire, le camp pro-Gbagbo (sic) puisqu'aucun des responsables militaires qui sont connus pour avoir commis des crimes de guerres pendant la période de la guerre civile l'an dernier, mais également, récemment qui ont commis des atrocités au cours des derniers mois. Aucun n'a été poursuivi, aucun n'a été arrêté, aucun ne fait l'objet d'enquête. Alors que du côté Gbagbo, plus de 120 personnes sont en prison. Il y a peut-être de bonnes raisons pour qu'ils y soient, mais le fait que ce ne soit pas équilibré, cela est inacceptable.

F24 : Ça veut dire que le camp Ouattara, le Président lui-même ne tient pas ses promesses ?

Jean-Marie Fardeau : Ou alors il met le temps à les réaliser ou à les mettre en œuvre. Pour nous, chaque jour qui passe amène la Côte d'Ivoire vers un nouveau cycle de violences. Parce que malheureusement, ce cycle, ces mêmes personnes, Ousmane Coulibaly, aujourd'hui le préfet de San Pedro qui vient d'être nommé, c'est l'ancien qui a déjà commis dès en 2002, 2003, en 2010, en 2011 et encore aujourd'hui en 2012, puisqu'il dirigeait l'un des camps militaires ou la brigade anti-émeute à Abidjan où ont eu lieu ces mauvais traitements. Et donc voilà, on promeut quelqu'un qui est responsable de crimes. Or qu'on devrait plutôt lui mettre un procès afin que justice soit faite et que les victimes puissent enfin faire le deuil et passer à autres choses.

F24 : Est-ce que la communauté internationale a un rôle à jouer ? Est-ce que la France doit dire quelque chose dans cette affaire ?

Jean-Marie Fardeau : Pour nous, il est très important que la France, l'Europe, les Etats- Unis, les Nations Unies parlent haut et fort sur la situation en Côte d'Ivoire. Parce qu'on craint cette latitude actuelle des autorités ivoiriennes, en particulier, l'armée, viennent alimenter le cycle de la violence, relancer fidèlement cette tension interne à ce pays, qui a caractérisé malheureusement l'année 2010 – 2011. Oui, il faut parler fort, oui il faut que les Nations Unies ou la Croix rouge puisse avoir accès à tous les centres de détentions. Oui, il faut que le Ghana et le Liberia fassent l'extradition des personnes qui sont suspectées en Côte d'Ivoire d'avoir commis également des crimes.

F24 : Merci ! Jean Marie Fardeau d'être venu nous parler de ce rapport à charge contre l'armée ivoirienne.

Edition de 06H30 du Lundi 19 Novembre 2012 | RFI

Toujours en Côte d'Ivoire, un an et demi après la crise politico-militaire, c'est aujourd'hui le début des procès d'anciens dignitaires du régime de Laurent Gbagbo. Ça ne concerne pas encore, toutefois, les plus hauts responsables de l'ancien régime. A Abidjan, les précisions de Stanislas Ndayishimiyé.

Stanislas Ndayishimiyé : Les premiers prévenus à comparaître devant le tribunal de première instance d'Abidjan-Plateau sont poursuivis des délits d'association de malfaiteurs, d'infraction à la législation sur les armes, les munitions et les substances explosives ou encore d'atteinte à l'ordre public. Selon une source judiciaire, que les procès commencent ce lundi ou pas, les premières personnes à se présenter dans le box des accusés ne sont que des seconds couteaux de l'ex-régime. Les figures du système Gbagbo, anciennes et récentes, comme le président du FPI Pascal Affi N'guessan, Simone Gbagbo, l'épouse de l'ex-chef d'État et les membres du gouvernement postélectoral de Gilbert Aké N'gbo, ne seront présentées au tribunal que plus tard. Des figures poursuivies pour des infractions économiques, atteinte à la sûreté de l'État et crime de sang. Huit d'entre elles sont aussi accusées de génocide. Ces procès sont très attendus après plus de 19 mois de détention pour la plupart des prévenus. Ces poursuites judiciaires liées à la crise postélectorale ivoirienne ne visent pour le moment que les seuls pro-Gbagbo.

Stanislas Ndayishimiyé, Abidjan RFI
Edition de 06H30 du Lundi 19 Novembre 2012 | RFI

« Bien loin de la réconciliation » voilà le titre du rapport de Human Rights Watch qui s'est penché sur les violations des droits de l'homme commises en Côte d'Ivoire aux mois d'août et septembre dernier. L'organisation dénonce les exactions commises, selon elle, par les militaires ivoiriens, notamment à l'égard des militants pro-Gbagbo. Matt Wells est l'un des porte-parole de Human Rights Watch.

Matt Wells : Les menaces sur la sécurité que la Côte d'Ivoire a connues sont réelles. Mais les exactions généralisées, perpétrées par les militaires, c'est-à-dire les Forces républicaines, ne font que les aggraver Les menaces sur la sécurité en Côte d'Ivoire. En fait, les Forces républicaines n'ont pas de légitimité pour superviser des arrestations, des interrogatoires, des mises en détention. Or ce sont elles, pas la police, pas les gendarmes, qui ont commis des crimes dans la plupart des cas. Pendant le mois d'août, des membres des Forces républicaines ont mené presque chaque jour des arrestations arbitraires massives de partisans présumés pro-Gbagbo, à Yopougon, à Abidjan. Sans mandat d'arrêt, les soldats ont forcé une vingtaine, une trentaine, une quarantaine de jeunes hommes supposés pro-Gbagbo, à monter dans des cargos militaires, et les ont amenés dans des camps militaires, qui ne constituent pas des lieux de détention légaux selon la loi ivoirienne. C'est dans les camps militaires que nous avons documenté les pires exactions commises par les Forces républicaines.

La publication de ce rapport intervient un mois après celui d'une autre organisation ; Amnesty International. Un rapport qui avait été très critiqué à l'époque par les autorités ivoiriennes. Elles avaient reproché à Amnesty de ne pas les avoir contactées notamment au moment de leur enquête. Ce nouveau rapport, celui de Human Rights Watch est lui, bien mieux accueilli. Cette fois, le ministre ivoirien des Droits de l'homme considère la critique constructive. Gnénéma Coulibaly affirme que les faits qui sont dénoncés dans ce rapport seront vérifiés, et sanctionnés s'ils s'avèrent exacts.

Gnénéma Coulibaly : L'intitulé de ce rapport à paraître de Human Rights Watch indique bien qu'il s'agit d'un objectif à atteindre, c'est celui de la réconciliation. Et il note que sur ce chemin de la réconciliation, il y a encore quelques difficultés en matière de protection des droits de l'homme. Je voudrais simplement faire remarquer que ce rapport, à la différence d'Amnesty International, nous donne des indications précises sur les faits qu'il rapporte, et que cette ONG a pris le temps de recueillir le sentiment, donc, du gouvernement, sur le sujet. Donc, nous ne sommes pas surpris. Nous restons, comme nous l'avons toujours dit, ouverts aux critiques constructives, pourvu que nous puissions, à l'issue des enquêtes qui seront menées, constater la réalité et enclencher les poursuites contre les auteurs de ces faits, conformément à la volonté du président de la République de ne tolérer aucune impunité en Côte d'Ivoire.