REVUE DES MEDIAS AUDIOVISUELS DU 29 DECEMBRE 2008

29 déc 2008

REVUE DES MEDIAS AUDIOVISUELS DU 29 DECEMBRE 2008







RFI – Edition du 29 décembre 2008 de 6 H 30




 




L'invité Afrique.




 




Les ivoiriens devaient élire leur président le 30 novembre
dernier. Il n'en a rien été, tout a été repoussé à 2009 sans que l'on connaisse
la date de la future présidentielle. Alors 2008 a-t-elle été une année de dupes
ou a-t-elle permis au contraire de déminer le terrain pour mieux organiser ce
scrutin tant désiré ? L'universitaire français Christian Bouquet a vécu
en Côte d'Ivoire, aujourd'hui il enseigne la géographie politique et le
développement à l'université de Bordeaux III. Il publie chez Armand Colin une
nouvelle édition actualisée de géo politique de la Côte d'Ivoire. Il répond aux
question de Christophe Bobouvier.




 




RFI : « Christian Bouquet,
bonjour ! »




 




C.B. : « Bonjour ! »



 



RFI :
« Pourquoi les acteurs politiques ivoiriens n'ont-ils pas tenu leur promesse de 
l'élection au 30 novembre ? »



 




C.B. : « Parce que c'était une promesse difficile à tenir et
on le savait bien au moment où elle a été fixée, c'est-à-dire je crois en avril
2008, dans la mesure où il fallait passer par tout le processus long et
compliqué de l'identification. Donc, techniquement il y avait beaucoup de choses
à mettre en place. Il y avait pas mal d'argent à trouver et puis il y a toujours
eu, comme d'habitude, une partie des acteurs qui freinaient un peu le processus,
tandis que les autres auraient voulu que ça aille plus vite. »




 




RFI : « Henri Konan Bédié et
Alassane Ouattara affirment que l'enrôlement des électeurs sur les listes
devrait s'achever à la mi février 2009. En conséquence, ils réclament une
présidentielle en avril. Est-ce qu'ils ont une chance d'être entendus ? »




 




C.B. : « C'est possible, oui parce qu'on a vu que les
opérations avaient plutôt bien fonctionné sur Abidjan, où je crois qu'on a
enrôlé plus de 2 millions de personnes. Ces opérations sont en train de se
déployer maintenant sur le reste du territoire. Donc c'est une machine qui est
en route et qui est une machine à laquelle il faut prêter beaucoup d'attention
parce c'est de la haute technologie qui est mise en place. Donc on est en train
de rassembler une banque d'informations avec profil biométrique, avec
enregistrement informatique des informations. Une banque de données qui va
constituer le socle sur lequel la vie politique ivoirienne va fonctionner dans
les années à venir. C'est quelque chose de très solide, mais qui sera peut-être
plus long que prévu à construire. »




 




RFI : « Alors Laurent Gbagbo et
Guillaume Soro disent également qu'ils veulent aller à l'élection très vite,
mais d'autres affirment au contraire que le Président et le Premier Ministre ont
intérêt à repousser la date pour rester au pouvoir le plus longtemps possible ».




 




C.B. : « On peut toujours avoir cette hypothèse en tête parce
que c'est vrai que les gens qui sont au pouvoir, surtout maintenant, peuvent
craindre de le perdre. Alors on assiste en effet à des combats qui semblent des
combats d'arrière garde de la part des gens au pouvoir, du FPI en particulier,
qui voudraient ressortir l'idée selon laquelle on ne peut pas voter sans que le
désarmement soit complet. Alors c'est effectivement une pomme de discorde, mais
elle sera probablement levée une fois de plus par le Facilitateur Blaise
Compaoré dans les semaines qui viennent. »




 




RFI : « Laurent Gbagbo
acceptera-t-il d'aller à l'élection sans être certain de pouvoir la
remporter ? »




 




C.B. : « Il ira à l'élection tant qu'il sera certain de
pouvoir la remporter. C'est ce qui fait toute la fragilité du système. Tant que
tous les acteurs pensent qu'ils ont tous une chance de gagner, la campagne
électorale se déroulera normalement, le moment où le Chef de l'Etat actuel
comprendra que peut-être il va perdre, alors là il est possible que des grains
de sable s'insinuent dans le processus. »




 




RFI : « Les grains de sable
qu'est-ce que ça peut être ? Des incidents ? Des manifestations ?»




 




C.B. : « On peut imaginer qu'on sorte de cette normalisation
apparente parce que tout de même l'année 2008 aura été marquée par une forme
d'apaisement, les leaders politiques ont commencé leur campagne électorale. Ils
vont partout dans le pays, c'est-à-dire les uns chez les autres, sans trop
d'incidents. Donc, si la campagne devait venir à se tendre un peu, là on verrait
peut-être quelque chose de moins apaisé, de moins normalisé. »



 




RFI : « Alors, dans votre édition
actualisée de géo politique de la Côte d'Ivoire, vous rappelez que le seul
scrutin où l'on a pu mesurer la force de chacune, ce sont les municipales de
mars 2001, où le RDR est arrivé en tête devant le PDCI et le FPI. Est-ce que le
rapport de force a évolué depuis cette date ? »




 




C.B. : « Il a probablement évolué avec l'arrivée de plusieurs
centaines de milliers de nouveaux électeurs, dont on peut à l'avance savoir dans
quel sens ils vont voter. Donc, on ne peut plus vraiment s'appuyer sur les
tendances de mars 2001, d'autant plus qu'elles n'ont touché qu'une partie de
l'électorat, les 2/3 seulement, c'étaient des municipales. Mais dans l'ensemble
quand même il semble, d'après les analystes en tout cas, que les lignes ont
assez peu bougé finalement. On peut penser, en effet, que les indications, qui
étaient sorties des municipales 2001, ne seront pas très éloignées de ce que
pourrait sortir d'un scrutin présidentiel s'il était juste, équitable et
normalement organisé. »