Financement de la sortie de crise : Alain Lobognon estime que la communauté internationale fait peu d’efforts.

29 déc 2008

Financement de la sortie de crise : Alain Lobognon estime que la communauté internationale fait peu d’efforts.







Le conseiller en communication du Premier ministre ivoirien,
Alain Lobognon a déclaré dans une interview à ONUCI-FM que la communauté
internationale ne soutenait pas assez le gouvernement ivoirien dans le
financement du volet militaire de l'Accord Politique de Ouagadougou.




 




ONUCI-FM: Alain Lobognon,
bonjour !




 




ALAIN LOBOGNON: Bonjour !




 




ONUCI-FM:L'Accord complémentaire
Ouaga IV vient d'être paraphé, quelles sont les grandes lignes qu'on peut en
retenir ?




  




ALAIN LOBOGNON: L'accord traite en
son sein, de l'ensemble des questions qui étaient restées en suspend,
c'est-à-dire, les questions militaires.




            




ONUCI-FM: Est-ce que l'accord dit
comment ce volet militaire sera financé ? 




  




ALAIN LOBOGNON: S'agissant du
financement, il faut être clair ! Nous nous sommes lancés dans un processus avec
l'accord et la bénédiction de la communauté internationale. Il est question que
cette communauté internationale comprenne que nous avons besoin de ressources.
Le gouvernement le répète depuis 2007, date de la signature de l'accord, et 
malheureusement au jour d'aujourd'hui, la plus grosse difficulté, c'est la
question du financement.




 




ONUCI-FM: Mais, est-ce que dans
l'accord complémentaire de Ouagadougou, un dispositif spécifique dit comment cet
accord sera financé ?




   




ALAIN LOBOGNON: Non, mais il n'y a
rien d'autre que ça ! C'est-à-dire que nous sortons de crise et tous les pays
qui sortent de crise bénéficient du soutien de la communauté internationale. Il
est question maintenant d'amener la communauté internationale, qui appelle de
tous ses vœux la tenue des élections, à comprendre qu'il faut financer le volet
militaire du processus de sortie de crise.     




     




ONUCI-FM: Au niveau des
signataires, vous avez une évaluation, combien coûte ce volet militaire ?   




 




ALAIN LOBOGNON: Il s'agit de
plusieurs milliards mobilisés pour permettre de payer aux ex-combattants les
soldes. De même aux miliciens, les soldes de tout compte. Malheureusement au
jour d'aujourd'hui, la question demeure !




  




ONUCI-FM: Qu'est-ce qui vous fait
dire que si hier, cela ne l'a pas été, aujourd'hui cela le sera ?




 




ALAIN LOBOGNON: Il s'agit de
retourner la question aux bailleurs de fonds. Parce que la Côte d'Ivoire ne
pourra pas financer le volet militaire de son programme de sortie de crise si
elle ne dispose pas de ressources.




 




ONUCI-FM: Mais d'aucuns disent :
« vous demandez de l'argent pour financer le processus, mais rendez d'abord
effective l'unicité des caisses de l'Etat ». Que répondez-vous à cela ?




 




ALAIN LOBOGNON: Ecoutez, pour
mettre en œuvre l'unicité des caisses, il faut également des fonds. Ça au moins
tout le monde le sait. Parce qu'il y a la question de la sensibilisation. Il y a
la question du matériel ou de l'argent qu'il faut mobiliser et il y a la
question des casernes, des bureaux des services douaniers et financiers de
l'Etat. Tout ça, c'est de l'argent. Donc, il faut reconnaitre que la communauté
internationale ne joue pas son rôle, s'agissant de l'aide à porter à l'Etat de
Côte d'Ivoire pour sa sortie de crise. Ailleurs, nous avons vu la communauté
internationale mettre la main à la poche. C'est vrai qu'on nous parlera de crise
financière, mais la Côte d'Ivoire a besoin d'argent car nous ne pouvons pas
mener à bien le processus de sortie de crise dans son volet militaire, si nous
n'avons pas les ressources. C'est une réalité, les signataires le savent, mais
malheureusement les signataires ne disposent pas des ressources pour aider le
gouvernement à faire ce travail-là.




 




ONUCI-FM: Aujourd'hui, si vous
aviez un vœu à adresser à la communauté internationale, que diriez-vous ?




 




ALAIN LOBOGNON: Je dirais que le
temps des discours doit être dépassé. Il faut maintenant être pragmatique. Il
faut mettre les moyens à la disposition de la Côte d'Ivoire pour nous aider à
aller aux élections puisque ce sont les élections qui sont souhaitées par tout
le monde.




 




ONUCI-FM: Oui, mais ce volet
militaire, les bailleurs de fonds on toujours dit qu'ils ne le financeraient
pas. Est ce qu'au niveau des signataires, on en est pas conscient ?




 




ALAIN LOBOGNON: Nous n'en sommes
pas conscients, parce que je dirais qu'avant l'Accord de Ouagadougou, les
bailleurs de fonds finançaient le volet militaire. Rappelez-vous des
gouvernements Seydou Diarra et Charles Konan Banny, il y avait de l'argent pour
faire le désarmement. Mais malheureusement personne ne pouvait faire le
désarmement. Le gouvernement actuel peut faire le désarmement, il ne dispose pas
de ressources financières, quel est le problème ?




 




ONUCI-FM: Je vous retourne la
question, quel est le problème ?




 




ALAIN LOBOGNON: Le problème est
qu'on a l'impression qu'on ne veut pas aider le gouvernement ivoirien à financer
le programme de sortie de crise parce qu'on veut voir le gouvernement ivoirien
échouer.




 




 ONUCI-FM: Dans l'intérêt de qui ?




 




ALAIN LOBOGNON: Dans l'intérêt de
ceux qui pensent que la guerre doit perdurer ou que la crise doit perdurer !




 




ONUCI-FM : On ne doit pas, Alain
Lobognon, rester dans la guerre, le souhait de tout le monde, c'est d'en sortir,
est-ce qu'aujourd'hui vous pensez qu'il y a une alchimie pour financer tous les
volets de cet accord de Ouagadougou ?




 




ALAIN LOBOGNON: S'agissant du
programme de sortie de crise, très peu d'effort a été fait. Les promesses de
dons qui ont été annoncées, n'ont pas connu un début d'exécution et telle est la
réalité. C'était en 2007, nous sommes en train de sortir de 2008. Il faut
espérer qu'en 2009, les bailleurs de fonds comprennent qu'il faut mettre
l'argent à la disposition du gouvernement pour l'aider à régler définitivement
les problèmes en suspens.




 




ONUCI-FM: Le Premier Ministre a
dit, en ce qui concerne les élections, que le budget est bouclé, là-dessus, il
n'y a pas de problème?




 




ALAIN LOBOGNON: Oui, mais nous
disons que les élections, c'est la finale, le reste, c'est les demi-finales,
pour jouer la demi-finale, il faut un ballon et le ballon ici, c'est l'argent.
Donnez le ballon, c'est-à-dire, donnez l'argent et vous verrez que la
demi-finale se jouera en vue de la finale qui sera, ici, les élections !




 




ONUCI-FM: On a entendu très
souvent ce mot qui revient, bailleurs de fonds, on estime que du coté du
gouvernement, la mauvaise gouvernance était la règle !




 




ALAIN LOBOGNON: Je ne dirais pas
que sous le gouvernement Soro Guillaume, il y a eu mauvaise gouvernance, bien au
contraire c'est parce que le gouvernement a été méticuleux sur la gestion des
ressources nationales qu'aujourd'hui on va vers une annulation de la dette de la
Côte d'Ivoire. La conséquence, c'est que les bailleurs de fonds devraient
comprendre qu'une bonne gouvernance devrait amener tout le monde à aider le
gouvernement qui gère bien.




 




  ONUCI-FM: Alain Lobognon, je vous remercie !




 




ALAIN LOBOGNON: Merci !