REVUE DES MEDIAS AUDIOVISUELS DU 25 JUIN 2008

25 juin 2008

REVUE DES MEDIAS AUDIOVISUELS DU 25 JUIN 2008

RFI – Edition du 25 juin 2008 à 7 H 30

Economie - Les têtes tombent au sein de la filière café – cacao en Côte d'Ivoire. Cette filière cacao est un secteur important. Premier producteur mondial de fèves avec plus de 40 % de parts de marché. Le cacao et le café représentent 40 % de recettes d'exp0rtation du pays et environ 20 % de son produit intérieur brut. Charles Konan Banny, ancien Premier Ministre, de passage à Paris salue ce coup de balai entrepris dans la filière cacao. L'ancien Gouverneur de la BCEAO ne veut pas croire que ces arrestations cachent des motivations électoralistes. Ecoutez-le au micro de Christophe Bobouvier.

C.K.B. : «S'ils ont fauté, s'ils ont détourné des ressources, il faut que justice se fasse. J'observe que le peuple ivoirien était convaincu depuis longtemps que des actions non tout à fait conformes à la bonne gouvernance étaient menées par les uns et les autres. Aujourd'hui, j'imagine que le chef de l'Etat a des dossiers, il le fait, c'est très bien ! »

RFI : «Mais certains s'étonnent que ça vient si tard. »

C.K.B. : «Oui, je pense aussi qu'ils ont raison, je pense que c'est venu tard, mais ce n'est jamais trop tard pour bien faire. »

RFI : «Ne craignez-vous pas une manœuvre électoraliste ? »

C.K.B. : « Il ne faut pas que ce soit ainsi, à ce moment là, ça perd toute la signification »

RFI : «Qu'en pensez-vous ? »

C.K.B. : «J'espère que ce n'est pas cela. Je l'ai dit tantôt. Il ne faut pas qu'on utilise ces armes là, si on le fait parce qu'on pense en tirer un bénéfice électoraliste ce ne serait pas bien. C'est une affaire de moralisation, de gouvernance. Ce sont des actions pérennes et la Côte d'Ivoire a perdu beaucoup de repères et ce genre d'actions sont intéressantes dans la mesure où elles indiquent que nous sommes en train de redresser le pays et le mettre sur des repères acceptables, mais parce qu'on a envie de maintenir son pouvoir. Je serais déçu si c'était ça ».

RFI – Edition du 25 juin 2008 à 5 H 30

Charles Konan Banny a cohabité difficilement avec le Président Laurent Gbagbo pendant plus d'un an de décembre 20005 à mars 2007, aujourd'hui il n'est plus Premier Ministre de Côte d'Ivoire et retrouve, en quelque sorte, une liberté de parole en tant que militant du PDCI. Il devrait soutenir à fond le candidat Bédié, en vue de la présidentielle du 30 novembre prochain, mais ce n'est pas si simple. Il était de passage à Paris, Christophe Bobouvier l'a rencontré.

RFI : «Charles Konan Banny, bonjour ! »

C.K.B. : « Bonjour ! »

RFI : «Croyez-vous qu'on pourra faire une élection libre et transparente le 30 novembre prochain ? »

C.K.B. : « Je le souhaite en tout cas et que les engagements pris soient tenus ».

RFI : «Mais franchement, vous y croyez ou pas ? »

C.K.B. : «Ce n'est pas une affaire de croire, il faut le souhaiter ».

RFI : «Vous avez l'air sceptique quand même.»

C.K.B. : «Je pense que on ne sait jamais les impondérables sont nombreux. Les incidents susceptibles de faire reculer l'échéance, on ne peut pas le prévoir. D'abord, il y a un programme à réaliser. Il faut les inscriptions sur la liste électorale, l'identification de ceux qui n'ont pas d'identité qu'ils soient reconnus comme citoyens. Il faut qu'ils soient inscrits sur la liste électorale, mais j'espère que personne ne viendra entraver cela. »

RFI : «Vous n'excluez pas que certains à la présidence ou à la primature cherchent des prétextes pour retarder en fait ? »

C.K.B. : « Je dis que si c'est vrai qu'il doit y avoir des prétextes alors faisons tout pour qu'il n'y ait pas de prétextes. Mais la réalité est que le financement n'est pas bouclé. »

RFI : «Ça, c'est un mauvais signe ?»

C.K.B. : « Ce n'est pas un bon signe parce que en même temps, il faut que l'identification soit faite dans des conditions acceptables pour que les élections soient régulières ».

RFI : «En fait, ce que vous craignez le plus c'est que la date soit respectée, mais que l'élection soit bâclée. »

C.K.B. : «Il ne faut pas que l'élection soit bâclée, c'est clair parce qu'effectivement, s'il s'agit de faire des élections pour des élections, on peut les faire à tout moment, mais ce qui est important c'est l'avant élection. Quelles dispositions il faut prendre pour que le résultat ne soit pas contesté et contestable ?»

RFI : «Charles Konan Banny officiellement il semble que vous souteniez le candidat Henri Konan Bédié, mais est-ce parce vous croyez en l'homme Henri Konan Bédié ou est-ce parce que vous êtes du PDCI et que vous êtes un bon militant discipliné ? »

C.K.B. : «Mais c'est pour tout ça ».

RFI : «Les deux ? »

C.K.B. : «Il n'y a pas que deux, trois raisons. Pour tout ça »

RFI : « Aujourd'hui vous soutenez le candidat Bédié, mais il y a deux ans quand vous étiez Premier Ministre c'était moins clair. Alors est-ce quelque fois le matin en vous rasant vous ne vous dites pas qu'un jour vous pourrez être candidat vous-même ? »

C.K.B. : «(Rires) Mais pourquoi pas ? C'est une question de moment et de situation. La question n'est pas d'actualité, mais si vous me dites dans 10 ans, 15 ans pourquoi pas ? »

RFI : « Dans le camp de Laurent Gbagbo, on dit qu'au PDCI vous êtes sûrs de gagner parce que vous pensez que vous aurez le vote baoulé, mais qu'en fait vous vous trompez parce que les jeunes ivoiriens n'ont plus le réflexe ethnique. »

C.K.B. : « Ceux qui pensez le réflexe ce sont ceux-là réflexe ethnique. Le problème est de savoir en qui le peuple de Côte d'Ivoire se reconnaitra : jeune, vieux, toutes ethnies confondues ».

RFI : « Mais qu'est-ce que le candidat Bédié apporte de plus que le candidat Gbagbo, ou le candidat Ouattara ? »

C.K.B. : «Au moins la légitimité d'être le candidat du PDCI. Au moins la reconnaissance de ce qu'il a quand même un bilan. J'espère que ce sera bilan contre bilan d'ailleurs pour sortir des questions d'ordre personnel, en ce moment là, le peuple choisira. »

RFI : «Et quand vous dites, il faut bouter les idéologues hors du pouvoir, vous voulez dire que le régime actuel est trop dogmatique ? »

C.K.B. : «Oui, il a été, même si Gbagbo lui-même il essaye de s'en sortir. On le voit bien, mais les dogmes ne conviennent pas à la société africaine qui est une société consensuelle, de pardon, et de réconciliation. Il faut apaiser les esprits. On ne peut pas vouloir gouverner et d'être tout le temps en train de chercher noise à l'autre. Il faut être tolérant et pour ça, le leader doit se comporter en rassembleur. »

RFI : «Et pour vous c'est Bédié ? »

C.K.B. : « Mais pourquoi vous ramenez toujours la question à un individu ? »

RFI : «Parce qu'on s'approche de l'élection présidentielle. »

C.K.B. : «C'est Bédié, c'est tous ceux qui pourront l'être. Oui, Bédié, il doit rassembler s'il ne l'est pas, il faut qu'il le soit, je réponds à votre question. Il faut qu'on l'amène à rassembler. Voilà, au moins c'est clair, n'est-ce pas ? (Rire)»

RFI : «Dernière question, Monsieur Konan Banny, vous dites : « Ce sera bilan contre bilan », alors justement au RDR on a tendance à renvoyer les deux bilans dos à dos et à dire aux ivoiriens : « Vous avez essayez les autres, maintenant essayez Ouattara ! »

C.K.B. : « Mais ils ont raison, le RDR n'a pas à dire votez Gbagbo quand même ! Ou essayez Gbagbo, ou essayez Bédié, ou essayez Anaki !»

RFI : «Est-ce que ça n'augure pas de déchirement au sein du rassemblement houphouétiste ? »

C.K.B. : « Je ne souhaite pas cela. Je pense d'ailleurs que si vraiment il partage la même façon, la même philosophie, on va faire tout ce qu'on peut pour avoir une même candidature. »

RFI : « Vous voulez dire une candidature unique ?

C.K.B. : «Je pense que la meilleure façon ».

RFI : « Une candidature Bédié, soutenue par Ouattara, ou le contraire ? »

C.K.B. : « L'une ou l'autre ça vous complique la tache (Rire).

RFI : « Ça vous est indifférent quand même ? »

C.K.B. : «Mais si je commence par dire, c'est tel que je préfère, je suis quand même en contradiction avec ce que je suis en train de vous dire ! L'un ou l'autre. Voilà. »

RFI : « Charles Konan Banny, merci ! »