REVUE DES MEDIAS AUDIOVISUELS DU 18 JANVIER 2011
RFI- Edition de 6 heures 30
Présentation : Nicolas Sure
█ L'émissaire de l'Union Africaine dans la crise ivoirienne, Raila Odinga était hier à Abidjan. Le Premier ministre Kenyan a discuté deux heures et demie durant avec le président sortant, Laurent Gbagbo, avant de se rendre dans la soirée à l'hôtel du golf pour y rencontrer Alassane Ouattara. Le Premier ministre Kenyan parle de progrès après ses 1ères rencontres sans plus de précision pour le moment. Les discussions pourraient même se poursuivre ce mardi, il faudrait pour cela que certaines conditions soient remplies déclare Raila Odinga qui ne précise pas toutefois quelles seraient ces conditions. Avant de se rendre à Abidjan, Raila Odinga avait rencontré, hier, le président Nigérian, président en exercice de la CEDEAO.
█ La Communauté ouest africaine qui prépare toujours son intervention militaire pour obtenir le départ de Laurent Gbagbo. Les chefs d'Etat major des pays membres ont d'ailleurs rendez-vous aujourd'hui à Bamako pour finaliser l'option militaire. Serges Daniel a pu avoir accès à leur dernier document de travail.
« Dans le document, il est écrit noir sur blanc qu'il faut écarter Laurent Gbagbo du pouvoir le plus rapidement possible. Il y a plusieurs options, citons deux. La force de la CEDEAO dirige l'opération ou les mêmes forces s'intègrent à la mission des Nations Unies. Et quelque soit l'option militaire qui sera privilégiée, la supériorité aérienne constitue une priorité. En clair, il faut contrôler le ciel ivoirien pour pouvoir terrasser Laurent Gbagbo. C'est le Nigeria qui fournira le gros des troupes, suivi du Burkina Faso et du Sénégal. Le Mali, le Togo et trois autres pays ont également dit oui pour envoyer des troupes si l'option militaire est décidée. Mais on ne connait pas encore le nombre total des militaires qui seront mobilisés. Plusieurs questions sur la table des experts : quelles mesures faut-il prendre pour protéger les ressortissants étrangers en Côte d'Ivoire ? Comment avec des partenaires peut-on organiser le blocus naval de la Côte d'Ivoire ? Ou encore comment assurer la sécurité le long de la frontière entre la Côte d'Ivoire et le Liberia ? Enfin, il faut le souligner, après la rencontre de Bamako ce ne sera pas le début de la guerre. Les militaires, au garde-à-vous, attendront le feu vert des politiques. Serges Daniel, Bamako RFI »
█ Laurent Gbagbo a beau réclamer son départ, l'ONUCI, la mission des Nations Unies en Côte d'Ivoire va recevoir des renforts. Le Conseil de sécurité doit voter aujourd'hui l'envoi de 2.000 casques bleus supplémentaires.
█ Dans ce contexte, le camp Ouattara tente de maintenir la pression. Le RHDP, la coalition des partis qui soutiennent le président reconnu par la communauté internationale, appelle à compter d'aujourd'hui, à une nouvelle opération « pays mort ». Pour Alphonse Djédjé Mady, président du RHDP, il est temps que le verdict des urnes soit respecté.
Alphonse Djédjé Mady : C'est le peuple souverain qui est détenteur du pouvoir, qui donne à qui il veut. Et là, le peuple s'est exprimé. Nous pensons que ceux qui se sont exprimés et dont la voix n'a pas été respectée doivent exiger le respect de leur vote pour que la démocratie ait un sens en Afrique comme ailleurs.
RFI : Pensez-vous que cette opération va fonctionner ?
Alphonse Djédjé Mady : Même à Abidjan, la fonction publique, ceux qui vont au travail ne font absolument rien dans les bureaux. Qu'on aille au fond des choses. Ce n'est pas parce que dans la rue, il y a des véhicules que la vie marche aussi bien que ça. Que les gens observent de près et ils verront que la vie tourne au ralenti et que tout n'est pas normal.
█ Pascal Affi N'guessan le président du Front populaire ivoirien, le parti de Laurent Gbagbo dénonce de son côté une stratégie de la tension qu'entretiendraient les pro-Ouattara.
Pascal Affi N'guessan : Nous savons à quoi ces genres d'opération consistent à semer la violence. Nous ne voyons pas à quoi cela peut aboutir. Nous nous sommes inscrits dans la logique du règlement pacifique de cette crise. Nous restons dans cette logique. Les ivoiriens n'ont pas envie de rentrer dans une logique d'affrontement. Ils n'ont pas envie de rester chez eux. Ils veulent travailler, ils veulent la paix, ils veulent que le pays se normalise. Et donc ce sont des mots d'ordre qui ne sont en général pas suivis.
Propos recueillis par Stanislas Ndayishimyé.