REVUE DE PRESSE INTERNATIONALE DU MERCREDI 5 DECEMBRE 2012

5 déc 2012

REVUE DE PRESSE INTERNATIONALE DU MERCREDI 5 DECEMBRE 2012







Côte
d'Ivoire : François Hollande interpelle Alassane Ouattara sur le cas Simone
Gbagbo




 




Koaci.com
04/12/2012 – koaci.com apprend du service de presse de l'Elysée que le cas de
Simone Gbagbo et des autres prisonniers politique fut, au delà de discussions
d'ordre économique, au menu de l'entretien entre Alassane Ouattara et François
Hollande ce mardi soir (17h30-18h30 GMT) à l'Elysée à Paris. Sur ce sujet, selon
les informations recueillies dès la sortie, Alassane Ouattara aurait avant tout
tenu à rassurer les autorités française en indiquant à plusieurs reprises les
bonnes conditions de détentions de l'ensemble des prisonniers politiques de
l'après crise dont l'ex première dame. A la sortie de l'entretien qui selon nos
informations s'est déroulé dans une très cordiale ambiance, Alassane Ouattara a
indiqué à la presse depuis le perron de l`Elysée qu'une décision sur le
transfèrement de Simone Gbagbo à la Cour pénale internationale (CPI) serait
prise "dans les semaines ou les mois qui viennent" et que l'ex première dame
pourrait être jugée en Côte-d`Ivoire. "Nous sommes en train d`examiner la
question et nous ferons connaître notre position dans les semaines et les mois
qui viennent", a déclaré dans le froid de l'hiver parisien, Alassane Ouattara.
Rappelons que Simone Gbagbo, comme de nombreux autres figures de l'ancien
régime, est emprisonnée à Odienné depuis près de deux ans. Elle est visée par un
mandat d'arrêt émis par la CPI en février 2011 et récemment rendu public pour
des faits l'accusant notamment de crimes contre l`humanité commis durant la
crise postélectorale. Rappelons aussi que le cas du devenir des prisonniers
politiques en Côte d'Ivoire avait été il y a peu, abordé par le secrétaire
général du Fpi, Sylvain Miaka Ouretto, reçu à Paris par un conseiller du
président français. La situation du Mali a également été évoquée. Le Président
en exercice de la CEDEAO, a souligné le caractère urgent de la question. Il a
révélé être en phase avec François Hollande, "qui nous apporte son soutien sur
ce sujet". Alassane Ouattara a cependant précisé que la question malienne est
d'abord et avant tout une question africaine. Dans ce cadre, il a dit toute sa
détermination à mettre en place les structures décidées lors du dernier Sommet
de la CEDEAO à Abuja. Il a également indiqué attendre une résolution de l'ONU
sur le Mali. Toutefois, pour le Président Ouattara, si le dialogue politique
n'aboutit pas, une intervention militaire paraît indispensable. (...)




 




Simone
Gbagbo peut être jugée en Côte d'Ivoire, selon Ouattara




 




Le Nouvel
Observateur
05/12/2012) - Simone
Gbagbo, épouse de l'ancien président ivoirien, peut être jugée en Côte d'Ivoire
et la question de sa remise à la Cour pénale internationale (CPI) est en cours
d'examen, a déclaré mardi l'actuel chef de l'Etat, Alassane Ouattara. La CPI a
rendu public un mandat d'arrêt contre Simone Gbagbo pour crimes contre
l'humanité présumés lors des violences ayant suivi l'élection présidentielle de
novembre 2010. Emis le 29 février dernier, le document a été tenu secret jusqu'à
fin novembre. "Mme Gbagbo est dans de bonnes conditions en Côte d'Ivoire", a
déclaré Alassane Ouattara dans la cour de l'Elysée après un entretien avec le
président français, François Hollande. "Je pense que la CPI vient de lever les
scellés, par conséquent le mandat d'arrêt est officiel, connu de tous", a-t-il
poursuivi. "Nous sommes en train d'examiner la question et nous ferons connaître
notre position dans les semaines ou les mois qui viennent", a-t-il ajouté à
propos d'une remise de Simone Gbagbo à la CPI. A la question de savoir si elle
pouvait être jugée par la justice ivoirienne, Alassane Ouattara a répondu :
"Elle peut être jugée en Côte d'Ivoire". Simone Gbagbo, actuellement en
détention en Côte d'Ivoire, est soupçonnée d'être "pénalement responsable pour
des faits de meurtre, de viol, d'autres formes de violence sexuelle, d'autres
actes inhumains et de persécution". Son époux, Laurent Gbagbo, est incarcéré à
La Haye dans l'attente de son procès pour des faits similaires. Les violences de
2011, provoquées par le refus de Laurent Gbagbo de reconnaître la victoire à
l'élection présidentielle de son rival Alassane Ouattara, ont fait plus de 3.000
morts jusqu'à l'arrestation de Gbagbo le 11 avril 2011.




 




Simone
Gbagbo à la CPI: "aucune décision n`a été prise" (Kablan Duncan)




 




AFP
04/12/2012 - "Aucune décision n`a été prise" sur le transfèrement de
l`ex-Première dame ivoirienne Simone Gbagbo à la Cour pénale internationale
(CPI), a déclaré mardi le Premier ministre ivoirien Daniel Kablan Duncan en
marge d`une réunion avec les bailleurs de fonds à Paris. "Aucune décision n`a
été prise", a déclaré M. Kablan Duncan à des journalistes. "Nous avons pris acte
de la demande de la CPI. Le gouvernement va se pencher sur cette question et
prendra la décision en temps opportun", a-t-il ajouté. "Il faut qu`on ne se
presse pas et qu`on laisse le temps au temps, que l`on voit toutes les
conséquences avant de prendre une décision finale", a poursuivi le Premier
ministre. La CPI a rendu public fin novembre un mandat d`arrêt, émis en février
2011, contre Mme Gbagbo, la soupçonnant de crimes contre l`humanité commis
durant la crise post-électorale de décembre 2010-avril 2011, qui a fait environ
3.000 morts. Simone Gbagbo est emprisonnée à Odienné, dans le nord-ouest de la
Côte d`Ivoire. Les autorités ivoiriennes ont livré il y a un an à la CPI
l`ex-président Laurent Gbagbo mais assurent que la justice est désormais capable
de traiter les dossiers liés à la crise de 2010-2011. Interrogé sur les
accusations de tortures et d`exactions émises par des ONG et par l`ONU envers
les forces armées ivoiriennes, M. Kablan Duncan a assuré qu`"il n`y aurait pas
d`impunité en Côte d`Ivoire, d`où que cela vienne". "Une commission d`enquête a
été mise en place et a abouti à des conclusions qui accusent des gens des deux
camps", a-t-il déclaré. "De grâce, attendez que la justice suive son cours",
a-t-il poursuivi. "On ne peut pas demander à la fois qu`il y ait un Etat de
droit et que l`on bouscule la justice. La justice est indépendante, elle doit
jouer son rôle, elle a la capacité de le faire", a-t-il dit. Des ONG
internationales ont accusé l`armée ivoirienne d`exactions massives, arrestations
et détentions arbitraires, cas de tortures, lors de la répression d`attaques
contre les forces de sécurité. Samedi, le sous-secrétaire général des Nations
unies chargé des droits de l`Homme, Ivan Simonovic, a lui aussi dénoncé "des cas
de détentions arbitraires et de torture" lors d`une conférence de presse à
Abidjan.




 




Côte
d'Ivoire: Ouattara sous le feu des défenseurs des droits de l'homme




 





Slateafrique.com
- Le président
ivoirien, qui affirme vouloir instaurer un véritable Etat de droit, est reçu ce
4 décembre par le chef de l'Etat français, François Hollande, tandis que l'ONU
et des ONG condamnent les atteintes aux droits de l'homme dans son pays. Il ne
se passe guère de jour sans que le régime du président ivoirien Alassane
Ouattara ne soit indexé sur la question des droits de l'homme. Le 26 octobre
2012, Amnesty international avait publié un rapport dénonçant des arrestations
arbitraires et des tortures dans des camps militaires ivoiriens. Quelques jours
plus tard, Human Rights Watch et International Crisis Group avaient, à leur
tour, accusé les FRCI d'exactions massives, arrestations et détentions
arbitraires, traitements inhumains et cas de torture. «Il est hors de doute
qu'il y a eu des cas de détentions arbitraires, que des gens ont été mis au
secret, de même que des gens ont été victimes de torture», affirme à son tour,
le 1er décembre, à Abidjan, Ivan Simonovic, sous-secrétaire général des Nations
unies chargé des droits de l'Homme. Nous avons des preuves de telles violations
des droits de l'Homme (...) J'ai moi-même rencontré des victimes de torture,
donc je peux confirmer qu'il y a eu de la torture.» Le responsable onusien juge
aussi «inquiétant» que la lumière n'ait pas encore été faite sur une attaque
commise le 20 juillet contre un camp de déplacés proche de Duékoué (ouest du
pays). «Alors que, au moins huit personnes ont été tuées, beaucoup sont toujours
portées disparues», ajoute t-il. Le bilan officiel de l'attaque du camp, gardé
par des Casques bleus de l'Onuci, faisait état jusque-là de six morts. Six
autres corps, qui pourraient être ceux d'autres victimes, ont été exhumés, en
octobre, d'un puits. Des FRCI (Forces républicaines de Côte d'Ivoire) et des
chasseurs traditionnels dozo sont soupçonnés d'avoir effectué cette descente sur
le camp. Mais le chargé des droits de l'homme à l'ONU n'évoque pas le massacre
de centaines de Guérés (ethnie dominante à l'ouest), fin mars 2011, à Duékoué,
sous l'oeil de Casques bleus marocains qui étaient restés les bras croisés. Une
tuerie à grande échelle qui ne fait toujours pas l'objet d'une enquête sérieuse.




 




L'exigence
d'une justice impartiale




Même la
France, l'ex-puissance coloniale accusée d'être en retrait dans la défense des
droits de l'homme, s'inquière officiellement:  «Nous sommes préoccupés par ce
que nous pouvons lire dans ces rapports», reconnaît  Pascal Canfin, le ministre
délégué au Développement, de passage, le 1er décembre, à Abidjan avec Pierre
Moscovici, son collègue de l'Economie et des Finances, venus signer avec le
gouvernement ivoirien un contrat de désendettement-développement de 630 millions
d'euros. Selon lui, la France sera «très attentive» sur «l'approfondissement de
la réconciliation», même s'il s'agit d'un «processus complexe». «Nous ne sommes
pas là pour donner des leçons», tempère toutefois Pierre Moscovici, après un
entretien avec le président Ouattara. Devant ce tir groupé d'organisations
chargées de défendre les droits de l'homme, le régime d'Abidjan accuse le coup
et tente quelques parades. Le 28 octobre, le ministre de la Défense organise,
pour les journalistes, une visite au pas de course de camps militaires d'Abidjan
indexés comme lieu de tortures. Avec ce constat à la fin du parcours: «Vous avez
constaté qu'il n'y a rien.». Plus sérieusement, le gouvernement, après avoir
nié, admet de possibles «dérapages», puis reconnaît des «mauvais traitements»
mais seulement lors d'arrestations d'hommes en armes. En visite dans le Zanzan
(est du pays), Alassane Ouattara monte à son tour au créneau, en se défendant de
pratiquer la «justice des vainqueurs»: «Il n'y pas de prisonniers politiques,
martèle le président ivoirien (...) Des personnes ont été arrêtées sur le fait
et déférées. Maintenant la justice doit faire son travail. Ceux qui ont été pris
sur le flagrant délit sont en train d'être jugés, civils comme militaires.» La
Côte d'Ivoire est un «Etat policier», lui réplique Miaka Ouretto, le président
intérimaire du Front populaire ivoirien (FPI), le parti de Laurent Gbagbo.




 




En finir
avec l'Etat policier




En visite à
Paris, sans le secrétaire général du FPI, Laurent Akoun, toujours détenu à
Abidjan pour «troubles à l'ordre public», Miaka Ouretto a été reçu à l'Elysée
par Hélène Le Gal, conseillère Afrique de François Hollande. Devant les
journalistes, il déroule un long chapelet d'accusations:  «Trente milles de nos
camarades sont en exil, plus de cinq cents sont en prison. On compte plus de
vingt milles réfugiés au Liberia ou en Guinée. Deux cent milles salariés
pro-Gbagbo ont été licenciés. Les recettes fiscales s'amenuisent. Le pays est
victime d'un affairisme criard. Nos dirigeants sont déportés.» Mais,
explique-t-il, «nous sommes réalistes et nous voulons avancer sans rancune.
Notre reconnaissance de Ouattara comme président est une question oiseuse. Quand
je le vois, je le salue par ces mots "Excellence, Monsieur le président de la
République". J'étais présent à son investiture. Il veut quoi encore? Il n'a qu'à
ouvrir le jeu. Notre pays a besoin de ça.» Le président intérimaire du FPI
s'affirme prêt à ouvrir un «dialogue direct» avec Ouattara. A condition
notamment que les prisonniers politiques soient libérés. Le président ivoirien
est d'accord pour discuter, mais sans préalable. La réconciliation est en
marche...




 




 




Côte
d'Ivoire : une réconciliation qui tarde




 




Le Figaro
05/12/2012 - Dix-huit mois après la chute de Laurent Gbagbo, le pays reste miné
par l'insécurité. Pour sa seconde rencontre avec François Hollande, mardi, le
président ivoirien, Alassane Ouattara, trouvera du soutien. La France, artisan
clé dans le dénouement de la crise, n'entend pas lâcher le chef de l'État. À
Paris, celui-ci vient faire valoir son bilan économique flatteur et symbolisé
par une croissance attendue de 8 % l'an prochain. «La reprise est le bon point
de la politique de Ouattara. Le reste demeure décevant même si tout le monde
reconnaît que le travail à faire est immense et pas facile», résume un diplomate
occidental à Abidjan. Après dix-huit mois de pouvoir effectif, le nouveau régime
tarde à imprimer sa marque. La réconciliation nationale après dix ans de crise,
la reconstruction de l'armée, la justice et surtout le rétablissement de la
sécurité se font attendre. Le soir, les grandes artères de la capitale
économique se hérissent de barrages, plus ou moins légaux, où des hommes
tatillons filtrent les voitures armes à la main. Une remontée des tensions liée
à une série d'attaques entre août et septembre au cœur ­d'Abidjan. Coup sur
coup, des commissariats, une caserne et même une centrale électrique ont été les
cibles de commandos. Jamais revendiqués, ces raids portent pour beaucoup la
marque des extrémistes favorables à Laurent Gbagbo. «Il ne faut pas exagérer
l'importance de ces actions. Ce n'est sans doute qu'une poignée d'activistes peu
organisés. Il n'y a pas de complot contre le pouvoir bien structuré», tempère
une source sécuritaire haut placée. Mais le ministre de l'Intérieur, ­Hamed
Bakayoko, préfère demeurer prudent. «Il est évident que certains proches de
l'ancien président rêvent toujours de déstabiliser le pays et ils y
travaillent.» La fuite d'un rapport de l'ONU faisant état d'achats d'armes de la
part de caciques de l'ancien régime réfugiés au Ghana, de camps d'entraînement
au Liberia voire de liens avec des djihadistes maliens n'a pas apaisé les
choses.




 




Arrestations
arbitraires




Tout au long
de l'automne, les arrestations se sont multipliées. Comme d'autres, Josué Essoh,
un ancien «patriote» pro-Gbagbo, a été interpellé. «Des gens en civils m'ont
embarqué sans rien dire et m'ont conduit à la caserne et m'ont jeté dans une
cellule surpeuplée.» Il sera interrogé pendant quatre jours sans voire un juge.
«Je n'ai pas été frappé mais avant de me libérer, les soldats ont exigé 100.000
francs CFA (150 euros: NDLR).»Amnesty International évoque des arrestations
arbitraires, mettant en cause les Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI)
et notamment les anciens commandants rebelles. «C'est un terme inexact. Les
procédures ont été respectées», affirme Mamadou Diané, le conseiller aux Droits
de l'homme du président. Dans son bureau de la caserne ­Génie, à Abidjan, sous
un immense portrait à l'huile de lui-même, le commandant Zaccaria Koné, l'un des
anciens «com zone», reconnaît pourtant sans fard, faire arrêter et enfermer des
civils. «S'ils ont des armes, ce sont des rebelles», résume-t-il, refusant de
dire combien de suspects il détient dans les geôles de son camp. «Ce genre de
comportement est le fruit de l'absence de réforme de l'armée. Aujourd'hui, les
seuls militaires reconnus sont toujours les ex-rebelles de Ouattara et ils
n'obéissent qu'à eux-mêmes. Les autres ne font que la figuration», déplore un
officier. Dix-huit mois après la chute de Laurent Gbagbo, nombre de ses proches
sont détenus sans que la moindre date de procès soit fixée. «On sait que la
justice comme l'armée sont des problèmes qu'il faut régler au plus vite»,
explique un proche du président. Un organisme visant à restructurer l'armée a
été mis en place. Le gouvernement a brusquement été limogé fin novembre. Autant
de signes qu'Alassane Ouattara prend conscience de l'impatience de ses alliés.




 




 




Les
plantations de cacao au cœur du malaise ivoirien




 




Le Figaro
05/12/2012 - Entre les grands arbres et la brousse touffue, les taches bleues et
blanches des bâches plastiques signalent les restes du camp de réfugiés de
Nahibly. Les montants des tentes de fortunes gisent au milieu d'instruments de
cuisines perdus, de vieilles fripes mouillées par les pluies et de chaussures
uniques. Sur un continent où rien ne se perd jamais, un tel abandon est le signe
du malaise que suscite encore Nahibly. Dans Duékoué, petite ville de l'ouest de
la Côte d'Ivoire, nul ne veut parler de l'«événement» en public. Le seul mot
fait se fermer les visages. Personne ne veut se rappeler du 20 juillet dernier
quand, à l'aube, une foule en rage a investi les lieux, détruisant tout,
chassant les quelque 5000 réfugiés, laissant au moins sept morts. Les Forces
républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI), l'armée nationale mise en place par
Alassane Ouattara, ont appuyé ce coup de sang. Les Casques bleus présents,
censés protéger le camp, n'ont pu qu'assister impuissants au carnage. Les
raisons de ces violences se perdent dans les rumeurs où se mêlent histoires de
délinquances, brigandage et surtout tenaces rancœurs entre communautés - entre
ceux de la tribu des Guérés, occupants historiques de ces forêts, et les
Malinkés venus du nord de la Côte d'Ivoire ou du Burkina voisin pour cultiver
les riches sols. Ici, on appelle ces derniers «les allogènes». Dix ans de crises
électorales et de guerre civile n'ont fait qu'aiguiser le conflit. Les Guérés
sont considérés comme proche de Laurent Gbagbo, les Malinkés d'Alassane
Ouattara. Nahibly et ses victimes n'ont été que le dernier avatar de cette
rivalité ethnico-politique. «Ils étaient des milliers et ils étaient venus pour
nous tuer. On savait qu'un jour ou l'autre ils allaient le faire. Tout ce que
veulent les allogènes c'est nous chasser de la ville et de notre pays et les
FRCI les aident. On nous dit qu'il n'y a eu que sept morts, mais c'est un
mensonge», affirme Noël, l'un des anciens résidants du camp. La découverte de
six corps dans un puits abandonné début novembre semble lui donner raison.
Quatre autres puits, toujours bouchés, attendent toujours d'être fouillés. Les
diplomates de l'ONU pressent pour débuter les recherches, pour l'heure en vain.
Nahibly est en fait la preuve que l'arrivée au pouvoir de manière démocratique
d'Alassane Ouattara n'a pas suffi à ramener le calme à Duékoué, ni la sérénité
et l'honnêteté dans la vie politique de l'ouest du pays.




 




Chasseurs
traditionnels




Au lendemain
du massacre, conscient du problème, le gouvernement a certes tenté de réagir. Le
redouté lieutenant Daouda Koné, alias «Konda», chef ­local des FRCI, a été
brusquement limogé. Le commandant Dramane, son remplaçant, reçoit sans
protocole. D'une voix douce, il reconnaît «des problèmes». «Il y a eu la guerre
ici. Nous travaillons à la réconciliation. Cela va maintenant beaucoup mieux.» À
la nuit tombante, le centre-ville semble lui donner raison. Les makis, ces cafés
ivoiriens, sont ouverts et ­crachent leur musique. Mais, Carrefour, le quartier
périphérique guéré est désert. Chacun est enfermé chez lui. «On a peur. Les
dozos rôdent. Tant qu'ils seront là, nous n'aurons pas la paix», glisse
Sandrine, une marchande en claquant sa porte. Accusés des ­crimes les plus
sanglants, les dozos, chasseurs traditionnels du nord du pays, sèment l'effroi.
«Les dozos doivent partir et rentrer chez eux. Mais cela ne résoudra pas tout.
Le problème est qu'il n'y a pas de dia­logue sincère. Pour l'instant l'élection
d'Alassane Ouattara n'a eu qu'un résultat: la peur a changé de camp», ana­lyse
un membre de l'ONU. À l'autre bout de la ville, dans les rues malinkés, les
langues se délient vite. «Maintenant qu'Alassane est là, c'est notre tour»,
lâche Drissa, un ouvrier agricole. Il se souvient des années de souffrance et
d'humiliation quand les miliciens de Gbagbo tenaient la ville. Ses amis
approuvent. En filigrane, la question de la possession de la terre où pousse le
cacao, première richesse de la Côte d'Ivoire, jaillit. Plus que tout autre
sujet, la propriété des parcelles est au centre des haines lo­cales qui ont
lentement gangrené le pays. Autour d'Yrozon, un village au bout d'une ­piste
rougeâtre, à une vingtaine de kilomètres de Duékoué, les charmantes collines
verdoyantes ne sont que des trompe-l'œil. Dans les rues, les ruines de maisons
de brique crue témoignent des violences. «Quand les rebelles sont venus ici en
mars 2011, ils ont tout cassé. Depuis, on survit comme on peut dans les cases
qui restent», raconte Georges Blia Siogouni, le chef d'Yrozon. Ses administrés
ont tout perdu dans les pillages, mais il assure ne pas en tenir ­rigueur.
«C'était la guerre. Si on nous aide, on pourra oublier.» Le discours, cependant,
change vite de ton dès qu'il s'agit des «autres», de la terre. «On ne peut plus
aller dans nos champs. Ils nous les ont volés pendant la crise et les dozos les
protègent». «Ils», «les autres», ce sont les allogènes, pour la plupart des
Burkinabés, installés dans la région depuis des décennies. À Yrozon, comme dans
tous les vil­lages de l'Ouest, ils vivent juste en face, simplement séparés par
la route. ­Bounouni Ouédraogo, le représentant des «allogènes» nie les vols.
«Les terres, on les a achetées. Elles sont à nous.» Les attaques de ses voisins,
il les attribue à une simple mauvaise foi. Rapidement les vieux clichés sur les
Guérés «paresseux» et se «laissant vivre», au contraire d'«allogènes»
travailleurs, resurgissent. «Ils n'ont plus rien et ils se plaignent mais il
fallait travailler.»




 




Code
foncier




Faute de
titres de propriété, de ­règles d'héritage claires et de cadastre, il est
presque impossible d'établir la vérité. «Cette question de la propriété des
terres est le souci majeur. Il faut le régler car, sans ça, l'apaisement dans
les villes de l'Ouest, et en fait en Côte d'Ivoire, est impossible», reconnaît
un conseiller du président Alassane Ouattara. Mais, pour l'heure l'établissement
d'un Code foncier, comme d'autres lois, attend. Le temps presse pourtant. Quand
il sort de la forêt, l'allure de Norbert ne le dit que trop. Son visage de
paysans guéré est fermé, dur. «J'ai tout perdu. Si je n'ai pas d'autre choix et
que l'on me donne une arme, je vais me battre.»




 




 




Mali: une
intervention militaire "indispensable et dans les meilleurs délais" (Ouattara)




 




AFP 
04/12/2012 - Le chef de l`Etat ivoirien, président en exercice de la Communauté
économique des Etats d`Afrique de l`Ouest (Cédéao), Alassane Ouattara, a jugé
mardi une intervention militaire au Nord Mali contrôlé par des islamistes armés
"indispensable et dans les meilleurs délais". "Il faut bien sûr le dialogue
politique mais une intervention militaire me paraît indispensable et dans les
meilleurs délais", a déclaré M. Ouattara sur le perron de l`Elysée à l`issue
d`un entretien d`une heure avec le président François Hollande. "La question
malienne est une question urgente", d`une "très grande urgence", a-t-il insisté,
jugeant nécessaire "que le Conseil de sécurité des Nations unies adopte
rapidement une résolution pour permettre une intervention au Mali". "Les forces
ouest-africaines et africaines sont quasiment prêtes et le nombre (de soldats)
par pays a été arrêté ces jours-ci", a-t-il assuré, avant de souligner: "Nous
attendons la résolution des Nations unies pour préparer nos forces pour une
intervention si le dialogue politique n`aboutit pas". "La question malienne est
d`abord une question africaine, ouest-africaine et nous sommes déterminés à
mettre en place les structures dont nous avons parlé au récent sommet de la
Cédéao à Abuja", a ajouté le président ivoirien. Les chefs d`Etat des 15 pays
membres de la Cédéao ont adopté le 11 novembre à Abuja un plan de reconquête
militaire du nord du Mali occupé par les islamistes armés. Ils ont approuvé
l`envoi d`une force militaire internationale de 3.300 soldats pour une durée
d`un an. "Nous sommes complètement en phase avec le président Hollande qui nous
apporte son soutien", a ajouté Alassane Ouattara. Dans un communiqué, l`Elysée a
également relevé leurs "convergence de vues, en particulier leur volonté que le
Conseil de sécurité des Nations Unies autorise par une résolution, adoptée avant
la fin de l`année, le déploiement d`une force africaine". François Hollande a
par ailleurs rappelé "que l`Union européenne participerait au renforcement de
l`armée malienne par une action de formation et avait également exprimé sa
détermination à soutenir financièrement la Mission internationale de soutien au
Mali sous conduite africaine (Misma)", toujours selon la présidence française.
"Il apparaît également indispensable que les Nations unies jouent pleinement
leur rôle et participent à l`appui logistique à l`armée malienne et à la force
africaine qui la soutiendra", a-t-il souligné. Des représentants du pouvoir
malien et des groupes armés Ansar Dine et MNLA se sont retrouvés mardi autour du
médiateur de la Cédéao Blaise Compaoré à Ouagadougou pour leurs premières
discussions directes, en quête d`une solution à la crise au Mali.