REVUE DE PRESSE INTERNATIONALE DU MERCREDI 11 Avril 2012

11 avr 2012

REVUE DE PRESSE INTERNATIONALE DU MERCREDI 11 Avril 2012







Côte d'Ivoire: le grand retour sur la scène internationale




 




Slate Afrique -

L'agitation chronique qui caractérise la géographie politique africaine ramène
inévitablement au premier plan des cas de figure déjà vus il n'y a pas si
longtemps. Ainsi, les sanctions prises par la Communauté économique et monétaire
de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) pour faire plier la junte malienne
étaient-elles directement inspirées de celles qui avaient fini par vaincre
Laurent Gbagbo, le 11 avril 2011, pour permettre à Alassane Ouattara d'occuper
enfin la fonction pour laquelle il avait été élu. Le chef de l'Etat ivoirien
étant devenu depuis président de la Cédéao, on mesure mieux sa bonne
connaissance du processus de médiation, et son attachement à une résolution
rapide du conflit. Il n'est pas sûr, néanmoins, qu'il obtienne satisfaction.
Car, la situation est autrement plus complexe. Et il devra se souvenir que la
partition de son propre pays avait duré cinq ans. Mais, chez lui en Côte
d'Ivoire, justement, toutes les plaies nées de la crise postélectorale
sont-elles cicatrisées? Pour qui a encore en mémoire les images violentes et
meurtrières de ce mois d'avril 2011 —beaucoup d'Ivoiriens ne les ont pas
oubliées— on a l'impression que tout est rentré dans l'ordre, voire qu'il ne
s'est rien passé. Abidjan et les principales villes du pays ont été nettoyées,
parfois au bulldozer, et elles restent propres; la «Sorbonne» et la rue
Princesse ont été rasées, de même que la plupart des constructions illégales; le
campus de Cocody a été débarrassé de tout ce qui n'était pas universitaire, au
sens architectural et intellectuel du terme; et la capitale économique s'est
parée de milliers d'ampoules lors des illuminations de Noël, offrant pendant
plusieurs semaines aux Ivoiriens un spectacle digne des Champs-Elysées, censé
leur faire oublier les heures sombres de l'année 2011.




 




Respect du
calendrier électoral




 




En douze mois à
peine (car il n'a été réellement investi que le 21 mai 2011), Alassane Ouattara
semble donc être allé vite pour remettre le pays sur les rails. Politiquement,
il a respecté le calendrier des élections législatives, qui se sont tenues dans
le calme le 11 décembre 2011. Certes, le Front populaire ivoirien (FPI, parti de
l'ancien chef de l'Etat) s'est obstiné dans sa décision de les boycotter, en
exigeant rien moins qu'une sorte d'amnistie pour les responsables des exactions,
y compris pour Laurent Gbagbo, ce qui inscrivait de facto l'impunité dans son
programme. Au moment où la Côte d'Ivoire tentait de reconstruire un Etat de
droit, la posture était pour le moins maladroite, et les deux partis vainqueurs
de la présidentielle (le RDR de Ouattara et le PDCI de Bédié) en ont profité
pour se partager les circonscriptions «gbagbistes». Largement majoritaire, le
RDR risque d'être tenté par un hégémonisme qu'aucune opposition ne viendrait
contester, mais le climat politique général s'est apaisé. Une autre promesse du
nouveau chef de l'Etat a été —tardivement— tenue: la Primature a été confiée à
un membre du PDCI. A l'issue d'une période transitoire justifiée par son
autorité, réelle ou supposée, sur les chefs de l'ex-rébellion, Guillaume Soro a
quitté son poste de Premier ministre au profit de l'ex-Garde des Sceaux Jeannot
Ahoussou Kouadio. Nul n'a osé évoquer la symbolique du «guerrier» remplacé par
le «juge», sans doute parce que l'image serait prématurée, mais il n'est pas
interdit d'y voir un signe positif. Les Ivoiriens aimeraient beaucoup...Grâce à
une interprétation habile de l'Accord de Pretoria (qui rendait éligibles tous
les signataires de l'Accord de Marcoussis), Guillaume Soro a pu accéder à la
présidence de la nouvelle Assemblée nationale sans avoir les quarante ans
requis. Il va devoir entreprendre l'énorme chantier législatif laissé à
l'abandon depuis dix ans, en inventant un mode de dialogue extra-parlementaire
rendu nécessaire par l'absence du principal parti d'opposition. Mais, celui-ci
va avoir l'occasion de renaître lors des prochaines élections régionales, qui
vont d'ailleurs constituer un test intéressant, dans la mesure où le territoire
ivoirien a été sérieusement redécoupé: on ne votera plus qu'au niveau des 30
régions (et deux districts) au lieu des 95 départements du précédent découpage,
et dans 197 communes au lieu des 1323 de la période Gbagbo. La démocratie
prébendière aurait-elle vécu?




 




Un tissu économique
prometteur




 




Mais, c'est surtout
le redécollage rapide de l'économie qui a permis à la Côte d'Ivoire de ne pas
balbutier et d'opérer son retour à la normale. S'il est vrai que les ressources
du pays (cacao, pétrole) bénéficient d'une force d'inertie qui résiste aux
crises, le tissu économique était également suffisamment solide, notamment du
fait de la présence de quelques grandes multinationales, pour faire le dos rond
et attendre des jours meilleurs. Ceux-ci se profilent aujourd'hui: après avoir
été particulièrement réactive dans les semaines qui ont suivi la chute de
Gbagbo, la communauté internationale s'apprête à valider l'achèvement du
processus Pays pauvres très endettés (PPTE) qui rapportera plus de 5 milliards
de dollars au titre de la remise de dettes. Concernée pour près de 2,6 milliards
d'euros, la France travaille déjà activement au fameux C2D (Contrat
Désendettement Développement) qui devrait, sur quinze ans, trouver des
applications concrètes dans le pays. Mais ces douze mois n'ont pas suffi pour
régler tous les problèmes, notamment ceux qui préoccupent lourdement l'ensemble
de la population ivoirienne, c'est-à-dire d'abord le retour de la sécurité dans
les villes et dans les campagnes. Le mélange des genres, qui s'est installé au
moment où des hommes armés favorables à Alassane Ouattara ont commencé à
descendre vers le sud en mars 2011 pour lui permettre d'accéder au pouvoir, a
perduré et il est difficile de distinguer  les vrais soldats des Forces
républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) des faux, car l'uniforme n'a jamais si
bien porté son nom. Petits délits et exactions graves entretiennent un climat
d'insécurité qui peut très vite (re)tourner à la stigmatisation ethnique, dans
la mesure où les «faux FRCI» sont généralement catalogués comme originaires du
nord. Remettre l'armée d'équerre reste donc en tête de l'ordre du jour. Et, tout
naturellement, les yeux se tournent vers les anciens chefs rebelles, les fameux
«comzones» (commandants de zone), qui ont tenu le nord du pays pendant cinq ans
et ont conservé de cette période de non-droit quelques habitudes dont il est
difficile de se déprendre. Et qui ont aussi quelques dossiers plus ou moins
noirs sur les étagères de la justice internationale. Or, depuis un an, seul
Laurent Gbagbo a été transféré à La Haye et ses partisans, particulièrement
véhéments surtout au sein des diasporas, ne cessent d'interpeller les nouvelles
autorités ivoiriennes en agitant ostensiblement le slogan de la «justice des
vainqueurs». Certes, ils ont parfois tendance à faire prendre les bourreaux
d'hier pour les victimes d'aujourd'hui, mais Alassane Ouattara ne pourra
éternellement laisser ce problème en suspens.




 




L'urgence de la
réconciliation




 




Pour l'heure, il
dispose d'un parapluie appelé «réconciliation nationale», au nom duquel on peut
temporiser et, dans ce registre, Charles Konan Banny qui préside la Commission
Dialogue-Vérité-Réconciliation, dispose du savoir-faire et de la rondeur
appropriés. Mais donner du temps au temps est une méthode qui a des limites, et
qui ne convient pas forcément aux jeunes générations, notamment parce que
celles-ci ont du mal à trouver leur place, non seulement sur le marché de
l'emploi —ce sera l'enjeu majeur de la mandature— mais aussi dans le
renouvellement de la classe politique. Douze mois, c'est effectivement un peu
court pour reconstruire la «cohésion nationale». Car, celle-ci a été fortement
démembrée par l'«ivoirité» et l'instrumentalisation des différences. La ligne
politique d'Alassane Ouattara va donc devoir se caler sur cet objectif, et
s'attacher à traiter les problèmes en ne le perdant jamais de vue. Dans ce
domaine, la réforme foncière demeure potentiellement la principale pierre
d'achoppement. Le statut de la terre sur laquelle vivent et travaillent les
Ivoiriens n'a pas été clarifié, alors que des centaines (des milliers?) de
personnes ont été tuées depuis près de vingt ans à cause de ce vide juridique.
Une partie importante de l'équilibre social du pays se jouera ici. Quelques
chantiers déterminants vont donc occuper les années qui restent avant la
prochaine élection présidentielle (octobre 2015). Autant dire que le temps est
compté. Il reste à savoir si Alassane Ouattara disposera non seulement de ce
temps mais également des moyens (matériels, humains et surtout politiques) de
les conduire à terme, sachant que la situation de ses voisins ouest-africains
requiert de plus en plus ses compétences et son énergie. Car, ce n'est pas le
moindre des paradoxes que de voir, un an après, l'homme qui était reclus à
l'hôtel du Golf d'Abidjan, protégé par les chars de l'Onuci et de la Force
Licorne, apparaître aujourd'hui comme le médiateur respecté de l'une des plus
graves crises traversées par le continent africain. Le retour de la Côte
d'Ivoire sur la scène internationale est une bonne nouvelle. Est-elle —déjà—
assez  solide pour jouer le rôle qu'on attend d'elle?




 




Côte d`Ivoire :
pédagogie de la réconciliation pour surmonter les rancœurs




 




AFP -

Aboisso (Côte d`Ivoire) - "La réconciliation s`impose à nous aujourd`hui". Le
député d`Aboisso, une ville du Sud-Est ivoirien proche d`Abidjan, parcourt sa
région en pédagogue: il s`agit de réapprendre à vivre ensemble, un an après la
fin d`une crise politique qui a meurtri le pays. "C`est une réalité: près d`un
an après, la réconciliation n`est pas totalement acquise. Il y a les rancœurs,
la haine, la méfiance", professe, micro en main, Eugène Aka Aouelé, devant le
groupement des femmes d'Adjouan, village de planteurs tout proche, au cœur d`une
région agricole où cohabitent des communautés venues de tout le pays. L`ancien
ministre, également président du conseil général, a mis à profit le week-end de
Pâques pour inviter ses administrés à tourner la page de la crise née du refus
de l`ex-président Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite à l`élection de
novembre 2010, qui a fait quelque 3.000 morts et s`est achevée par deux semaines
de guerre. Sur la place du village noyée de soleil, cette figure du Parti
démocratique de Côte d`Ivoire (PDCI) de l`ex-président Henri Konan Bédié - le
grand allié du chef de l`Etat Alassane Ouattara - pointe devant des dizaines de
femmes les "mauvais sentiments découlant de la crise". Le politicien sexagénaire
à la voix traînante renvoie dos à dos "ceux qui se comportent comme des
vainqueurs, martelant +c`est notre tour+, et d`autres qui attendent pour
reprendre le dessus et régler des comptes". "Si nous voulons être utiles à notre
région, nous devons aller résolument et sincèrement à la réconciliation",
assène-t-il. Responsable des femmes originaires du nord du pays, Djénéba
Coulibaly approuve: elle veut croire que ce discours fera "bouger les choses".
Jusque-là "on était séparées, on ne s`entendait pas, on se boudait, se regardait
en chiens de faïence sur le marché entre femmes de différentes sensibilités
politiques", raconte-t-elle.




 




Foot et mariages




 




Terre de cacao, dont
la Côte d`Ivoire est le premier producteur mondial, mais aussi de palmier à
huile et de caoutchouc, la zone attire de la main d`œuvre de toutes les régions.




Par Aboisso sont
aussi passés de nombreux partisans de M. Gbagbo fuyant auGhana voisin pendant et
après la crise, et beaucoup y vivent encore, alimentant parfois dans le camp
Ouattara craintes et fantasmes de complots. Aux barrages routiers on observe une
forte présence policière et militaire. Contrairement à Abidjan et plus encore à
l`Ouest, la région n`a pas connu de destructions importantes durant ces mois de
tourmente, mais les plaies restent vives. Dans le village de Bakro, au bout
d`une route poussiéreuse traversant une plantation industrielle de bananes,
l`arrestation de M. Gbagbo le 11 avril 2011 avait déclenché des affrontements
intercommunautaires. Les plantations d`hévéa des Attié (ethnie considérée comme
pro-Gbagbo) ont été détruites par des Malinké (pro-Ouattara), en riposte à
l`incendie des champs de cacao de ces derniers. A chacun ses traumatismes. Sous
Laurent Gbagbo, "nous avons vécu dans la peur, la hantise", confie le jeune
Mamadou Ouattara, responsable des Malinké. Pour Paul Aké, son homologue côté
Attié âgé d`une cinquantaine d`années, l`après-Gbagbo a commencé comme "un
cauchemar" pour les siens. Le chef du village Francis Koffi Kouakou a alors
"envoyé en mission" ses notables. "Ils ont parcouru à moto ou à vélo les hameaux
les plus reculés pour porter le message de pardon", dit-il, désormais satisfait:
"les jeunes jouent au football sans distinction politique" et "les mariages
intercommunautaires ont repris". "Nous sommes condamnés à vivre ensemble",
constate le Malinké Mamadou Ouattara, marié à une Attié avec qui il a eu trois
enfants.




 




Côte d`Ivoire : un an déjà depuis la chute de Laurent Gbagbo




 




Jeune Afrique Online

Le 11 avril 2011, Laurent Gbagbo était chassé du pouvoir par les forces
favorables à Alassane Ouattara. D'Abidjan à La Haye en passant par Korhogo,
retour sur une année de détention, d'indignation, et de plaidoyers contre l'ONU,
la France et son armée. Il y a un an, Laurent Gbagbo était arrêté à Abidjan.
D'abord placé en résidence surveillée à Korhogo puis transféré à la prison de la
Cour Pénale Internationale (CPI), l'ancien président ivoirien a réussi à
conserver une activité politique. La ville où il est détenu, Scheveningen, dans
la banlieue de La Haye, est même devenue un lieu de rassemblement pour ses
partisans. Rétrospective des grandes dates de l'année passée, de la chute de
Laurent Gbagbo à la préparation de son procès devant la justice internationale.




 




Le jour où Laurent
Gbagbo a été arrêté




 




Laurent Gbagbo, sa
femme Simone et quelques uns de leurs proches ont été placés lundi 11 avril 2011
en détention au Golf Hôtel d'Abidjan. Revivez les événements de la journée
fatidique qui a vu Laurent Gbagbo arrêté par les FRCI, avant que Alassane
Ouattara ne prononce son premier discours d'apaisement et que Hillary Clinton ne
juge que le dénouement de la crise ivoirienne envoyait « un signal fort aux
dictateurs de la région ».




 




Laurent Gbagbo, le
reclus de Korhogo




 




L'ex-chef de l'État
ivoirien est finalement transféré à Korhogo, dans le nord du pays. Alassane
Ouattara expliquera qu'il a pris soin de placer Laurent Gbagbo dans un village
lié à sa famille. Lire la suite. Simone Gbagbo est quant à elle placée en
détention à Odienné, village natal du président Ouattara, où elle réside
toujours actuellement. La villa où elle est hébergée, dans le quartier
Hêrêmankono, est réputée confortable.




 




Que reste-t-il du
camp Gbagbo ?




 




Les partisans de
l'ancien président ivoirien, en résidence surveillée à Korhogo, se cherchent un
avenir. après sa chute le 11 avril. Charles Blé Goudé sort de l'ombre et déclare
qu'il sera « le dernier à lâcher Gbagbo ». Mamadou Koulibaly se pose de son côté
en nouveau leader d'un FPI laminé et privé de ceux qui l'ont porté à bout de
bras deux décennies durant. et les militaires, eux, font profil bas. Lire le
dossier.




 




Offensive des
avocats de Laurent Gbagbo




 




Dans une lettre au
Conseil de sécurité de l'ONU, les avocats de Gbagbo contestent les conditions de
la détention de leur client, mais aussi la partialité dont aurait fait preuve
l'Onuci dans la crise ivoirienne. « Laurent Gbagbo se retrouve, avec l'aval
tacite de l'Onuci et le soutien actif de la force Licorne française, victime
d'un enlèvement, d'une séquestration et d'une détention arbitraire ».




 




La vie des Gbagbo
après la chute




 




Sous la menace de
procédures judiciaires en Côte d'Ivoire et à l'étranger, l'ancien président
Laurent Gbagbo et son épouse Simone vivent reclus, chacun de leur côté,
respectivement à Korohgo et à Odienné. Entre lecture, prière et (rares) visites.




 




 Laurent Gbagbo
porte plainte contre l'armée française




 




Par le biais de ses
avocats Roland Dumas et Jacques Vergès, Laurent Gbagbo poursuit l'armée
française pour « tentative d'assassinat ». Un juge d'instruction est nommé à
Paris dans la foulée. la France dément toute participation directe dans
l'arrestation de Laurent Gbagbo. Les abords du dernier bastion présidentiel
auraient seulement été la cible de tirs de missiles français, visant les armes
lourdes qui y étaient déployées.




 




Gbagbo transféré à
La Haye, les secrets de l'arrivée à la prison de la CPI




 




Laurent Gbagbo est
transféré à la CPI dans la nuit du 29 au 30 novembre 2011. Une opération
savamment orchestrée par le nouveau pouvoir ivoirien. « Il était préparé
psychologiquement. Depuis le mois de mai, il explique que Ouattara ne peut
gouverner tant qu'il réside sur le territoire national », affirme alors un  de
ses avocats, Me Gbougnon. Cette nouvelle épreuve n'est pas la fin de sa carrière
politique. Il nous répète souvent que la prison est un chemin pour aller à la
présidence. »




 




Ce qu'a dit Gbagbo à
la CPI lors de sa première comparution




 




Lors de sa première
comparution à la CPI, Laurent Gbagbo s'est vu signifier les charges qui pèsent
contre lui. Et s'en est pris vivement à la France. « C'est l'armée française qui
a fait le travail », estime notamment l'ancien président ivoirien. « J'ai été
arrêté dans les décombres de la résidence officielle du chef de l'État qui a été
bombardée du 31 mars au 11 avril », explique-t-il également. Lire le récit de la
première comparution de Laurent Gbagbo à la CPI.




 




Laurent Gbagbo à la
CPI, une vie derrière les barreaux




 




Plus de trois mois
que l'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo est incarcéré dans la prison de
la CPI, à La Haye. Les conditions de sa détention, ses proches en conviennent,
sont bien meilleures qu'à Korhogo. Si l'homme a tout perdu, il n'a renoncé à
rien. Les abords de sa prison sont devenus un lieu de pèlerinage où ses
partisans viennent manifester leur mécontentement à l'égard d'une justice
internationale accusée d'être à la solde des Blancs




 




 




Côte d'Ivoire : accusés d'atteinte à la sureté de l'Etat, des
gendarmes relaxés




 




CRI

- Le Tribunal militaire d'Abidjan a prononcé mardi, pour vice de procédure, la
relaxe de 21 gendarmes accusés d'atteinte à la sûreté de l'Etat. Au terme de
cinq audiences, le procès ouvert le 15 mars a pris fin avec le verdict prononcé
par le président du tribunal militaire, Georges Kouamé Kouakou. Les 21 gendarmes
sont tous des ex-éléments du Groupe d'escadron blindé, unité d'élite sous le
régime de l'ex président Laurent Gbagbo et en première ligne dans la bataille
contre l'armée pro-Ouattara lors de la crise post-électorale. Ils étaient
accusés d'atteinte à la sureté de l'Etat, de détention illégale d'armes, de
violation de consignes et de troubles à l'ordre public. Ils ont été relâchés par
le tribunal pour vice de procédure. Selon le président du tribunal militaire, la
procédure n'a pas été respectée. En cas de crime, a-t-il expliqué, un juge
d'instruction doit faire une enquête préalable pour avoir plus d'informations
sur le dossier. "Or, le procureur militaire n'a pas respecté cette procédure",
selon le président du tribunal qui a prononcé la remise en liberté des prévenus,
estimant que la procédure ne pouvait aller à son terme. L'avocat des prévenus,
Me Raoul Gohi Bi, s'est réjoui de cette décision du tribunal militaire non sans
toutefois préciser qu'à tout moment le commissaire du gouvernement peut saisir
un juge d'instruction pour mener les investigations sur ces faits.




 




Un an après, on ne regrette pas Gbagbo




 




Le Pays

(Burkina Faso)- Cela fait un an, jour pour jour, que l'actuel président
ivoirien, Alassane Dramane Ouattara (ADO), a accédé de facto à la magistrature
suprême de son pays. Une année qui a été mise à profit pour tenter de gagner
deux paris aussi herculéens l'un que l'autre. Le nouveau locataire du palais
d'Abidjan avait en effet la redoutable charge de tirer son pays du marasme
économique dans lequel l'avait plongé la crise engendrée par les turpitudes de
son prédécesseur. Il devait dans le même temps réconcilier ses frères et sœurs
en vue de l'avènement d'un climat social paisible et sécurisé. Le nouveau
président mais ancien Premier ministre de feu Félix Houphouët-Boigny, semble
cependant sur le point de relever le défi. La moindre des mentions que l'on peut
décerner à sa gouvernance dans un contexte de crise économique mondiale pas très
favorable, c'est qu'il a réussi à remettre les secteurs de développement sur
orbite. Le gouvernement de ADO a su reconquérir la confiance de ses partenaires
africains et occidentaux en vue de relancer leurs relations économiques et
redynamiser leurs rapports diplomatiques. Les tenues des Conseils des ministres
conjoints avec le gouvernement burkinabè, ses visites à la Maison blanche et à
l'Elysée sont, pour un début, des preuves palpables de résultats, sinon
satisfaisants, du moins encourageants. Une confiance regagnée dont l'un des
signes prometteurs fut l'élection, pour la première fois dans l'histoire
politique de la Côte d'Ivoire, du chef de l'Etat ivoirien comme président en
exercice de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).
Le message envoyé par ses pairs de la sous-région en le plébiscitant est, on ne
peut plus réconfortant et significatif. Ce n'est ni plus ni moins qu'une façon
pour eux de le légitimer et d'afficher leur ferme volonté à tourner
définitivement la page sombre du bord de la lagune Ebrié et, partant, celle non
moins noire de Laurent Gbagbo. L'on note également avec satisfaction que le pays
a été remis sur les rails politiques au niveau national. Le bon déroulement des
élections législatives consacre la reprise normale de la vie politique avec
l'installation prochaine du parlement, institution centrale de législation, de
contrôle et d'imposition. Certes, le boycott du scrutin par le Front populaire
ivoirien (FPI), le plus important parti d'opposition, influe négativement sur sa
saveur qui n'en est cependant pas moins exquise. Le retour de toutes les
formations politiques aux consultations électorales demeure, en ce sens, un des
chantiers à poursuivre par l'ensemble de la classe politique ivoirienne. Le
Rassemblement des républicains de Côte d'Ivoire (RDR), qui détient la réalité du
pouvoir d'Etat, ne doit point se lasser de se comporter en rassembleur en
offrant sans cesse aux autres l'opportunité de participer à l'animation de la
vie politique. A leur tour, les partis de gauche, notamment le FPI, doivent
éviter de sombrer dans la léthargie. Celui-ci doit se donner les forces
nécessaires de survivre à son ancien président désormais entre les mains de la
Cour pénale internationale (CPI). A force de bouder les urnes, le parti de
Laurent Gbagbo s'expose à l'inertie politique qui peut engendrer de fâcheux
phénomènes comme l'éclatement ou la mutation régressive. Ce n'est pas en restant
à l'écart des sphères de décision par une auto-marginalisation inféconde que les
dignitaires du FPI pourront libérer leur mentor de la CPI ou lui préparer un
retour triomphal au cas où il en sortirait. Le camp d'en face ne perdra pas le
temps à attendre qu'ils finissent de pleurnicher et fassent indéfiniment le
deuil de leur gourou pour occuper le terrain. L'une des prouesses du RDR est
d'avoir réussi, en tout cas, à faire oublier l'Enfant terrible de Mama dont il
ne reste pratiquement plus grand-chose des années de règne. L'ombre de Gbagbo a
ainsi cessé de planer sur le processus de normalisation de la Côte d'Ivoire,
même si par moments ses partisans font de l'agitation. Il est heureusement
indéniable que les Ivoiriens, du moins ceux qui ont encore en mémoire les actes
indignes du prédécesseur de ADO, ne le regrettent nullement. Les patriotes
ivoiriens, les vrais, ont mieux à faire que de se faire du mauvais sang pour un
gangster électoral qui fut de surcroît un incitateur aux crimes en série. La
reconstruction de l'armée et la poursuite de la recherche de la totale
réconciliation sont de loin des processus de longue haleine qui méritent plus
d'attention. Pour avoir su avec tact, en un an de gouvernance, faire cohabiter «
chiens et chats » sans accrocs majeurs, ADO a eu le mérite de sortir son pays de
la zone de turbulences. Le pire est donc passé, mais la trajectoire est encore
longue pour réussir un vol paisible après ce redécollage réussi. Car, le retour
à une Côte d'Ivoire à la fois paisible, prospère et hospitalière doit s'inscrire
dans la durée.




 




 




Mali, Côte d'Ivoire,
Sénégal: l'Afrique a-t-elle retenu la leçon de l'alternance?




 




Fasozine -
Ce
mercredi 11 avril marque le premier anniversaire du tumultueux départ du
pouvoir, de l'ex-président ivoirien, Laurent Gbagbo, aujourd'hui pensionnaire
des geôles de la Cour pénale internationale. Un pouvoir auquel il s'est accroché
désespérément après le second tour de l'élection présidentielle du 4 décembre
2011. Pendant presque 4 mois, la Côte d'Ivoire déjà meurtrie par plus d'une
décennie de guerre civile a payé un lourd tribut à ce bras de fer
juridico-politique sanglant entre le président élu, Alassane Ouattara et le
président sortant, Laurent Gbagbo. Plusieurs milliers de morts, mais aussi un
pays à reconstruire sur tous les plans. Une année après cette tragédie
politique, peut-on dire que l'Afrique a retenu la leçon? Rien n'est moins
sûr. La sous-région ouest-africaine a eu des sueurs froides lorsque le conseil
constitutionnel sénégalais a validé la candidature de Me Abdoulaye Wade pour un
troisième mandat. Les tensions et les violences qui ont émaillé le premier tour
du scrutin présidentiel ont même fait craindre le pire dans ce pays.
Heureusement que la maturité démocratique du peuple sénégalais a déjoué les
scénarii les plus catastrophiques. Le Sénégal a connu une deuxième alternance
paisible avec l'élection de Macky Sall, le 25 mars dernier. Pendant que la fumée
blanche de la leçon de démocratie jaillissait de Dakar, c'est Bamako qui est
devenu l'origine des soucis pour l'ordre constitutionnel. Il a même fallu que la
Cedeao dégaine une batterie de sanctions contre la junte militaire qui s'est
emparée du pouvoir le 22 mars pour qu'elle y renonce. Mais c'était trop tard. Le
mouvement national pour la libération d'Azawad (MNLA) appuyé par la nébuleuse
Aqmi, a eu le temps de guerroyer au Nord Mali et de proclamer, unilatéralement,
l'indépendance des deux tiers du territoire malien.




Dur, dur donc
d'imposer la démocratie comme le remède de la paix et de la stabilité politique
en Afrique. Le chemin qui mène à l'alternance paisible est désespérément encore
long. Mais ce n'est nullement parce que «l'Afrique n'est pas mûre pour la
démocratie», comme l'avait affirmé Jacques Chirac, pour ne pas le citer.