REVUE DE PRESSE INTERNATIONALE DU LUNDI 18 FEVRIER 2013

18 fév 2013

REVUE DE PRESSE INTERNATIONALE DU LUNDI 18 FEVRIER 2013








Côte d'Ivoire : manifestation pro-Gbagbo interdite dispersée au gaz lacrymogène




 





(Jeuneafrique.com / AFP – 18/02/2013) -

Une
cinquantaine de jeunes, qui criaient "CPI, libérez Gbagbo", ont été repoussés
alors qu'ils fonçaient sur un barrage de la police, qui a ensuite tiré des gaz
lacrymogènes, a constaté une journaliste de l'AFP. La jeunesse du Front
populaire ivoirien (FPI), le parti de M. Gbagbo, entendait par cette
manifestation, interdite depuis vendredi, demander la libération de l'ancien
chef de l'Etat, détenu depuis fin 2011 à La Haye par la CPI.




La
Cour tient à partir de mardi une audience pour décider de l'organisation ou non
d'un procès de M. Gbagbo pour crimes contre l'humanité commis durant la crise
postélectorale meurtrière de décembre 2010-avril 2011. Face aux gaz
lacrymogènes, les jeunes pro-Gbagbo se sont dispersés loin de la place prévue
pour le rassemblement, dans le quartier de Yopougon (ouest de la capitale
économique ivoirienne), fief de longue date des tenants de l'ancien régime. Les
policiers se sont ensuite déployés dans le secteur.




Justin
Koua, chef de la jeunesse du FPI, a assuré à l'AFP n'avoir "reçu aucune
notification de l'interdiction de la manifestation", dont "les autorités
chargées de la sécurité" avaient été informées. "Nous n'avons pas pensé un seul
instant que le régime allait réprimer cette manifestation", a-t-il ajouté. Lors
des négociations engagées mi-janvier avec le FPI, le gouvernement du président
Alassane Ouattara s'est engagé à "veiller au respect du droit des partis
politiques d'exercer leurs activités sur l'ensemble du territoire", a souligné
M. Koua.




 





"Justice pour les victimes"




Les
accès de la place prévue pour la manifestation avaient été bloqués par des
policiers venus en grand nombre, équipés de casques, matraques et boucliers. Un
important contingent de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci)
était aussi présent.




Dans
un communiqué lu vendredi soir sur la télévision publique RTI, le ministre de
l'Intérieur Hamed Bakayoko avait endossé l'arrêté d'interdiction de la
manifestation pris par la mairie de Yopougon et averti que la police nationale
était chargée de le faire respecter. Les autorités ont invoqué des "risques de
graves débordements", deux autres mouvements ayant proclamé, après l'annonce des
jeunes pro-Gbagbo, leur intention de se rassembler sur le même site samedi.





Plusieurs rassemblements pro-Gbagbo, notamment à Abidjan, ont été émaillés de
violences depuis la fin de la crise postélectorale. Au moins une personne avait
été tuée pendant une attaque de jeunes considérés comme pro-Ouattara contre un
meeting de jeunes du FPI en janvier 2012 dans le quartier de Yopougon.




De son
côté, un mouvement de jeunesse proche du pouvoir, l'Alliance pour le changement
(APC), a réclamé samedi la confirmation des charges pesant sur M. Gbagbo lors de
l'audience qui débute mardi à la CPI. "Ce que les Ivoiriens attendent, c'est la
justice pour les victimes de la crise postélectorale", a lancé son président, le
député Alphonse Soro, lors d'un rassemblement de plusieurs centaines de
personnes à Bouaké (centre).




 




 





Côte d'Ivoire: un mort dans des échauffourées entre soldats et villageois




 





(AFP – 18/02/2013) -

Un
civil a été tué dimanche lors d'échauffourées entre soldats et habitants de la
localité d'Afféri, dans le sud-est de la Côte d'Ivoire, a-t-on appris de source
militaire. Après qu'"un de nos éléments a été pris à partie par la population",
des soldats venus en renfort "ont tiré en l'air", a raconté à l'AFP un membre
des Forces républicaines (FRCI, armée) à Afféri, bourgade proche de la ville
d'Adzopé (environ 100 km au nord d'Abidjan).




 




"Un
homme, un civil, a trouvé la mort dans la bousculade qui s'en est suivie",
a-t-il ajouté, sans plus de précision sur les circonstances du décès. Une source
proche du dossier a de son côté parlé d'au moins un mort "par balle perdue".
Elle a expliqué que l'incident avait été causé par une affaire de "racket" des
habitants par des militaires, un phénomène qui suscite sur place un
mécontentement grandissant.




 




Afféri
se situe dans une région qui compte de nombreux soutiens de l'ex-président
Laurent Gbagbo, tombé le 11 avril 2011 après avoir provoqué une crise
post-électorale ayant fait quelque 3.000 morts. Les relations y sont souvent
difficiles entre habitants et FRCI, la nouvelle armée en cours d'organisation
par le régime du président Alassane Ouattara. Les autorités se sont engagées
dans des actions contre le racket, un fléau de longue date mais qui est aggravé
parfois par le fait que certains combattants pro-Ouattara de la période de
crise, et intégrés depuis lors à l'armée, ne sont pas payés.






 






 





Côte d'Ivoire : la malédiction des « pro » et des « anti »




 




(Le
Pays
- 18/02/2013) - De nos jours et chaque jour qui passe, il paraît
de plus en plus difficile, voire impossible, de parler de la Côte d'Ivoire sans
admettre qu'il s'agit d'une nation au bord de l'épouvante. Qu'est-ce que
l'épouvante ? Comme l'a si bien défini le philosophe danois Sören Kierkegaard, «
l'épouvante est un pouvoir étranger qui s'empare d'un individu sans que celui-ci
puisse s'en arracher ni même ait la volonté de le faire car on redoute cela même
que l'on désire ».




 




Dans
la société ivoirienne d'aujourd'hui, fruit des crises sociales et
militaro-politiques, il semble interdit à tout un chacun d'être neutre. Les
Ivoiriens sont devenus étrangers à eux-mêmes depuis la mort de l'aristocrate
autoritaire, Houphoët-Boigny. Après lui, quand la Côte d'Ivoire s'est réveillée
de son rêve, c'est pour se retrouver dans un cauchemar éveillé.




 




Pour
comprendre une telle situation, il faut aller au fond des choses. Car, même si
tout le monde clame ici une volonté commune d'avancer ensemble, en vérité, ce
pays manque de but fédérateur. Les Ivoiriens disent chercher les clefs de la
démocratie, de la réconciliation et du développement. Mais peuvent-ils les
trouver ? Non, ils ne le peuvent pas puisqu'ils continuent à se mentir à
eux-mêmes. Et, ils ne sont pas encore une nation d'hommes libres et éclairés.
Toujours, jusque-là, au plus profond de lui-même, chaque Ivoirien semble encore
compter sur la vengeance, l'intimidation, l'injure et le désir de meurtre de
l'Autre. Et chaque Ivoirien semble désirer tout. Or, le désir est un démon
inquiet et flottant, qui mène à l'illusion. Rappelons ici cette vérité simple et
élémentaire : la paix et la stabilité de Houphouët ne se fondaient nullement sur
le fonctionnement d'institutions républicaines et démocratiques véritables, mais
sur la prétendue sagesse d'un individu.




 




Avec
Houphouët, le peuple ivoirien a donc été infantilisé et il n'a pu bénéficier
d'aucune éducation et culture politiques qui lui auraient appris à débattre, à
délibérer et surtout à gérer rationnellement ses contradictions. Ce pays
continue à payer chèrement un lourd tribut à cette logique « houphouëtienne » de
la divinisation politique. L'ivoirité, cet arsenal idéologico-politique forgé
par Henri Konan Bédié pour combler son déficit de légitimité et surtout barrer
la route du pouvoir à ADO, n'a fait qu'accentuer le processus d'auto-destruction
du pays.




 





L'ivoirité a profondément brisé le corps social ivoirien et fragilisé l'Etat. En
ouvrant cette boîte de Pandore, Bédié signait du coup lui-même l'acte de son
suicide politique : il ne pouvait plus appliquer, après Houphouët, sa politique
dite de continuité dans le changement. Après le dénouement violent de la crise
post-électorale, une nouvelle idéologie a vu le jour en Côte d'Ivoire,
l'idéologie dite de la trahison. C'est elle qui sous-tend entièrement cette
malédiction des « pro » et des « anti ». Dans le camp d'ADO, comme dans le camp
Gbagbo, on retrouve des extrémistes et des radicaux, prêts à manipuler tous les
alibis et prétextes pour en découdre. Entre ces deux camps, chaque Ivoirien est
sommé de se déterminer et de choisir : aucune neutralité n'est ici de mise.




 




Le
camp d'ADO ne veut pas reculer. En face, ce qui reste du camp Gbagbo ne veut pas
aussi reculer. Quid donc de la paix et de la réconciliation ?




 





Etrangement, la situation ivoirienne actuelle nous fait penser à celle de la
France, juste après la libération. A ceux qui imploraient sa clémence et son
pardon face aux écrivains collaborationnistes comme Dieu la Rochelle et Robert
Brasillach, le général De Gaulle aimait répondre : « Ils ont joué, ils ont
perdu, ils doivent payer ». Appliquée à la Côte d'Ivoire, cette terrible formule
pourrait refléter la position actuelle du pouvoir ivoirien. Et pour le camp
Gbagbo, l'essentiel consiste à la subvertir par cette autre formule : « Ils ont
gagné, ils gouvernent et nous leur rendrons la tâche difficile ». Bref, nous
avons affaire à une nation imbibée de slogans. On imagine mal actuellement,
qu'en chantant leur hymne national, l'Abidjanaise, les Ivoiriens songent
ensemble à l'unité, à l'amour entre eux, à l'intérieur comme à l'extérieur de
leur pays.




 




Les
récentes manifestations de jeunes proches de l'ancien président Gbagbo,
interdites par le pouvoir ivoirien, ne sont que l'arbre qui cache la forêt. Ces
jeunes eux-mêmes le savent mieux que quiconque, même s'ils n'arrivent pas encore
à comprendre ce qui arrive à leur pays. L'histoire politique de la Côte
d'Ivoire, c'est aussi l'histoire d'une jeunesse longtemps embastillée et surtout
idéologisée. Et c'est là qu'il faut bien distinguer l'idéologisation qui mène au
nihilisme et la vraie politisation qui prépare à la citoyenneté. Mais, la
jeunesse ivoirienne surtout estudiantine, doit renoncer à la tentation
messianique perpétuelle, c'est-à-dire à cette fausse idée selon laquelle seuls
les jeunes peuvent et doivent sauver la Côte d'Ivoire. [...]