Revue de presse internationale du 9 novembre 2010

10 déc 2010

Revue de presse internationale du 9 novembre 2010


Côte d'Ivoire: des sanctions contre Gbagbo s'il fait le "mauvais choix" - (USA)
WASHINGTON, 9 déc 2010 (AFP)
- Les Etats-Unis ont averti jeudi le président
ivoirien sortant Laurent Gbagbo qu'il pourrait faire l'objet de sanctions s'il continue à faire "le mauvais choix" en s'accrochant à la présidence de la Côte d'Ivoire.Dans une lettre adressée à M. Gbagbo, le président américain Barack Obama "dit clairement que s'il (M. Gabgbo) fait le mauvais choix (...) nous envisagerons d'éventuelles sanctions contre lui et d'autres, si besoin est", a indiqué le porte-parole du département d'Etat Philip Crowley. Alassane Ouattara a été donné vainqueur de la présidentielle par la Commission électorale indépendante avec 54,1% des suffrages mais le Conseil constitutionnel ivoirien, acquis à Laurent Gbagbo, a invalidé ces résultats et a proclamé ce dernier président avec 51,45% des voix.Les deux présidents proclamés de Côte d'Ivoire ont chacun formé un gouvernement et luttent pour s'assurer le contrôle des administrations et des finances du pays.

Côte d'Ivoire: le représentant spécial de l'ONU prêt à dialoguer avec Laurent Gbagbo
AP
- « Le représentant spécial des Nations unies en Côte d'Ivoire, Young-jin Choi, a déclaré jeudi être prêt à dialoguer avec le président sortant Laurent Gbagbo, qui s'est coupé de la communauté internationale et refuse de quitter le pouvoir. "Je suis prêt à lui rendre visite", a annoncé Young-jin Choi, après un entretien privé avec Alassane Ouattara, après avoir déjà affirmé mercredi que le candidat de l'opposition Alassane Ouattara avait remporté l'élection présidentielle, avec une "marge irréfutable" .Mercredi soir, le Conseil de Sécurité de l'ONU avait condamné dans "les termes les plus vifs" toute tentative de détournement de la volonté du peuple ivoirien, un nouveau soutien à Alassane Ouattara. Dans son communiqué, le Conseil de Sécurité prévient qu'il pourrait imposer des sanctions à toute personne menaçant la paix, ou cherchant à empêcher le travail de la représentation de l'ONU en Côte d'Ivoire, dont la mission prévoit la vérification et la confirmation des résultats de l'élection présidentielle. »

L'UA suspend la Côte d'Ivoire à la suite de la présidentielle
Reuters
- L'Union africaine (UA) a annoncé jeudi qu'elle suspendait la Côte d'Ivoire jusqu'à ce que le challenger du scrutin présidentiel, Alassane Ouattara, accède au pouvoir à la suite de Laurent Gbagbo. "Le conseil a décidé de suspendre la Côte d'Ivoire jusqu'au moment où M. Ouattara, président élu démocratiquement, entre effectivement en fonctions", a déclaré Ramtane Lamamra, commissaire de l'UA pour la paix et la sécurité.

Bienvenue au "Golf hôtel" d'Abidjan: le président Ouattara en son palais
AFP
- Chars de l'ONU postés devant l'entrée, foule bigarrée à l'intérieur allant du simple militant au ministre en vue: bienvenue au "Golf hôtel" d'Abidjan où règne Alassane Ouattara, président proclamé en quête de présidence."C'est la sécurité, ouvrez le coffre arrière de votre véhicule, s'il vous plaît": casquette vissée sur la tête, chemise rouge et noire, des "volontaires" du parti de M. Ouattara fouillent les véhicules à l'entrée du parking. Une dizaine de Casques bleus jordaniens les observent, dont deux sont debout sur un char au canon pointé en direction du terrain de golf. Une dame tente de se soustraire au contrôle, on la stoppe aussitôt mais un bref coup d'oeil de l'agent dans son sac à main lui permet de se retrouver dans le hall de l'immense cinq étoiles. Tandis que son rival Laurent Gbagbo siège au palais présidentiel, veillé par la Garde républicaine, c'est dans cet hôtel en bord de lagune qu'Alassane Ouattara, reconnu par la communauté internationale, a établi ses quartiers avant même la présidentielle du 28 novembre aux résultats controversés. Une foule de sympathisants anonymes se mêle à des visages connus, de dirigeants de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) - dont le chef Guillaume Soro a été nommé Premier ministre par M. Ouattara - ou de ministres nommés par l'ex-opposant. "Un mélange de cour des miracles, de ruche bourdonnante et de Versailles rempli de courtisans", glisse un diplomate qui fait à l'occasion un crochet par le "Golf". "Je viens ici tous les jours pour montrer à mon président que sa victoire est réelle", explique à l'AFP Siaka Diomandé, 29 ans, assis en compagnie detrois autres militants. Alors que M. Gbagbo a formé son propre cabinet en début de semaine, Cissé Vakaba, 47 ans, cadre au ministère des Nouvelles technologies de l'information et de la communication, est catégorique: "l'autre, ce n'est pas le vrai gouvernement".M. Ouattara a déménagé de sa villa cossue, pourtant située à une centaine de mètres seulement de l'hôtel, pour installer ici son QG, sous la garde des Casques bleus et d'hommes des FN.Il y accorde ses "audiences" de chef de l'Etat, au représentant spécial de l'ONU dans le pays Choi Young-jin, aux ambassadeurs ou encore au médiateur de l'Union africaine Thabo Mbeki, de passage le week-end dernier.(... »

Choi Young-jin défend sa méthode de certification
Jeune Afrique, 9 décembre 2010

Mis en cause par le camp Gbagbo, qui l'accuse de couvrir les « fraudes » et « irrégularités » qui auraient entaché le second tour de la présidentielle dans le Nord occupé par l'ex-rébellion, Young-jin Choi, représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en Côte d'ivoire, se défend. Et confirme la victoire de Ouattara dans les urnes. A l'occasion d'une conférence de presse organisée mercredi à son retour d'Abuja, où il s'est rendu à l'occasion d'un sommet extraordinaire des chefs d'État de la Cedeao, il a expliqué sa démarche. « J'ai conduit ma certification sans tenir compte des méthodes initiées et des résultats proclamés par la CEI et le Conseil constitutionnel », a-t-il affirmé. Le Sud-Coréen a évoqué les trois procédés qu'il a utilisés. « 721 fonctionnaires de l'Onuci ont été déployés en autant de bureaux de vote soigneusement triés. Ils m'ont annoncé par téléphone les résultats du second tour affichés dans les bureaux de vote au soir du 28 novembre. [...] La deuxième méthode était de recueillir les résultats des votes à partir des dix-neuf commissions électorales régionales [...] La troisième méthode consistait à examiner tous les 20 000 procès-verbaux reçus par l'Onuci de la CEI le 30 novembre pour les besoins de certification.

Annulation sans effet
Les « fraudes » alléguées par La majorité présidentielle (LMP) ont-elles vraiment eu lieu ? Évoquant les procès-verbaux non signés par les représentants du camp Gbagbo, Choi affirme que son équipe a vérifié si de tels actes, à annuler, « étaient concentrés dans certaines régions ou couvraient tout le pays ». « Le dernier cas correspondait à la réalité », a-t-il affirmé. Au final donc, les procès-verbaux ont tous été comptabilisés, parce qu'une démarche d'annulation n'aurait pas altéré « de manière significative, le résultat du second tour ». Choi précise qu'il y a eu « moins d'actes de violences au Nord (contrôlé par l'ex-rébellion, NDLR) qu'à l'Ouest », qui fait partie de la zone gouvernementale. Selon le patron de l'Onuci, la Côte d'Ivoire « est le premier cas en Afrique » de pays où les Nations unies certifient les résultats des élections. Rappelant que « les dirigeants ivoiriens ont demandé aux Nations unies de jouer ce rôle suite à l'accord de Pretoria de 2005 ». Et il maintient sa conclusion : « Le peuple ivoirien a choisi le candidat Alassane Ouattara avec un écart incontestable sur Laurent Gbagbo comme le vainqueur de l'élection présidentielle. »

Côte d'Ivoire : Choi explique les trois méthodes de certification en Côte d'Ivoire,
Apanews
, 8 décembre 2010- Le Représentant spécial des Nations unies en Côte d'Ivoire Young Jin Choi, a expliqué mercredi, au cours d'une conférence de presse, les trois méthodes qui lui ont permis de certifier les élections présidentielles du 28 novembre qui ont donné vainqueur M. Alassane Ouattara, candidat du Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et le progrès (RHDP).

Côte d'Ivoire : début effectif du retrait du personnel "non essentiel" de l'ONUCI, Xinhua, 8 décembre 2010- L'opération d'évacuation du personnel "non essentiel" de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (ONUCI) connaît un début effectif, a constaté mercredi un correspondant de Xinhua. Dans le hall du bâtiment abritant le siège de l'ONUCI, un service d'enregistrement a été aménagé à cet effet (...). Interrogés pour connaître des détails sur le déroulement de l'opération, les agents enregistreurs, petit sourire en coin, se sont refusés à tout commentaire. Pour le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU en Côte d'ivoire, Choi Young-jin, qui a voulu en dire un mot, il s'agit d'évacuer "temporairement" des civils non essentiels. "Nous allons évacuer de manière temporaire 400 personnes sur un effectif de plus de 10 000 personnes que comporte l'ONUCI. Ceci veut dire que 95% du personnel resteront en place", a indiqué M. Choi au cours d'une conférence au siège de l'institution. "Comme autre disposition que nous avons prise, nous avons décidé que les travailleurs nationaux reçoivent trois mois de salaire en avance", a-t-il ajouté, rassurant par ailleurs les Ivoiriens sur la présence de l'ONUCI en Côte d'Ivoire pour continuer sa mission de maintien de la paix. "En tout cas, je serai la dernière personne à quitter la Côte d'Ivoire", a-t-il énoncé (...). Choi Young-jin a réaffirmé mardi au Conseil de sécurité, via une vidéoconférence, que M. Ouattara est le vainqueur de la présidentielle. Avec la montée de la tension, les Nations unies ont décidé mardi de retirer leur personnel non essentiel de Côte d'ivoire comportant 460 personnes qui seront temporairement stationnées en Gambie.
UN backs Alassane Ouattara as Ivory Coast president, BBC, 9 December 2010- The UN Security Council has issued a statement saying that Ivory Coast opposition candidate Alassane Ouattara won the disputed presidential election. The statement came after three days of debate at the UN, in which Russia expressed concern that the UN was exceeding its mandate (...)However, US representative Susan Rice said the UN mission in Ivory Coast was empowered to certify the election under a peace treaty signed after the country's 2002 civil war. UN envoy to Ivory Coast Choi Young-jin told the council that Mr Ouattara's victory was "irrefutable". Diplomats said other members of the council had strongly urged Russia to drop its opposition, especially the three African states. The Security Council's endorsement of Mr Ouattara now leaves Mr Gbagbo with almost no supporters in the outside world, our correspondent says. In Abidjan, both men have named their own Cabinets, heightening tension in the country. Mr Ouattara is operating from a luxury hotel, guarded by UN peacekeepers. Earlier, Liberia's President Ellen Johnson-Sirleaf warned its former rebel fighters not to get involved in the Ivory Coast crisis. Liberian fighters were involved in Ivory Coast's 2002 civil war, which left the country divided, while Charles Taylor launched his Liberian rebellion from Ivory Coast in 1989, sparking 14 years of bloodshed.

Toujours deux présidents en Côte-d'Ivoire, Libération, 8 décembre 2010- Les deux présidents proclamés de Côte d'Ivoire, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, sont engagés dans une course contre la montre pour s'assurer le pouvoir, le second, soutenu par la communauté internationale, cherchant à contrôler les finances publiques. Maintenant que chaque camp a son gouvernement, la bataille pour la prise en main de l'administration est vraiment engage (...).Ambassadeurs et surtout finances publiques: le camp Ouattara veut au plus vite se donner des moyens d'action. «D'ici la fin de la semaine», M. Soro espère commencer à prendre le contrôle des régies financières, Trésor, douanes ou impôts. Il s'appuie sur son ministre de l'Economie Charles Diby Koffi, qui garde les fonctions qu'il occupait dans le gouvernement Soro en place de 2007 à 2010, sous M. Gbagbo. Mais pour l'heure, les nominations en rafales de M. Ouattara dans la haute fonction publique mais aussi au Comité de gestion du cacao - dont la Côte d'Ivoire est le premier producteur mondial - n'ont pas eu d'effet visible. Et la télévision publique RTI, dont l'ex-opposant a «changé» sur le papier l'équipe dirigeante, reste un atout majeur pour Laurent Gbagbo.

Appel du président de l'Union africaine
De même, les pressions de la communauté internationale restent pour l'instant sans conséquence. Elles ne cessent pourtant de prendre de l'ampleur alors que le risque que la situation ne dégénère est pris très au sérieux. Guillaume Soro a averti de «risques réels» d'embrasement. Mercredi, c'est le président de l'Union africaine, le Malawite Bingu wa Mutharika, qui a à son tour appelé M. Gbagbo à se retirer pour «respecter la volonté du peuple» et éviter un «bain de sang». La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) l'a aussi fermement exhorté mardi à «rendre le pouvoir sans délai» et a suspendu la Côte d'Ivoire en tant que pays membre de l'organisation. Nicolas Sarkozy, président de l'ex-puissance coloniale française, a salué une décision «courageuse, historique». La Côte d'Ivoire risque un «isolement» international, a prévenu M. Ouattara, jugeant que l'«intransigeance» de M. Gbagbo «ne peut qu'exposer (le) pays à des dangers qui le fragilisent davantage».

Côte d'Ivoire : Le Conseil de sécurité de l'ONU soutient Ouattara, Le Nouvel observateur, 9 décembre 2010- Dans un avertissement au président sortant Laurent Gbagbo, "les membres du Conseil de sécurité condamnent dans les termes les plus forts possibles tout effort de renverser la volonté du peuple". Le Conseil de sécurité de l'ONU a annoncé mercredi 8 décembre dans la soirée, dans une déclaration son soutien à Alassane Ouattara comme président élu de Côte d'Ivoire. Dans un avertissement clair au président sortant Laurent Gbagbo, "les membres du Conseil de sécurité condamnent dans les termes les plus forts possibles tout effort de renverser la volonté du peuple".
Côte d'Ivoire Gbagbo va-t-il entendre raison ?, L'Observateur paalga, 9 décembre 2010- (...) La suite, on la connaît : on a assisté tout de suite à des prises de position au sein de la communauté internationale, à commencer par l'Organisation des Nations unies, à travers sa filiale, l'ONUCI à Abidjan ; les Etats-Unis d'Amérique et l'Union africaine reconnaissent la victoire d'ADO à l'issue du deuxième round du scrutin présidentiel (...)La France, l'Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI) emboucheront la même trompette en appelant au respect du verdict des urnes tel que proclamé par la CEI et qui créditent ADO de 54,1% des suffrages. Mais cette pression, même accompagnée de menaces de rupture de la coopération avec la Côte d'Ivoire, n'empêchera pas l'enfant terrible de Mama de s'accrocher au trône, puisqu'il est allé jusqu'à prêter serment en défiance envers la Communauté internationale. Bref, les dernières voix en date dans ce chœur de réprobations contre l'entêtement de Laurent Gbagbo sont celles de la CEDEAO, dont les chefs d'Etat, au terme d'un sommet extraordinaire le 7 décembre dernier à Abuja, ont décidé de la suspension de la Côte d'Ivoire de cette instance sous- régionale. A leur tour ils ont invité "Laurent Gbagbo à se plier aux résultats du second tour de l'élection présidentielle tels qu'ils ont été certifiés par l'Onuci (la mission des Nations unies en Côte d'Ivoire) et à céder le pouvoir, sans délai, dans l'intérêt du peuple ivoirien". La France, l'Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI) emboucheront la même trompette en appelant au respect du verdict des urnes tel que proclamé par la CEI et qui créditent ADO de 54,1% des suffrages. Mais cette pression, même accompagnée de menaces de rupture de la coopération avec la Côte d'Ivoire, n'empêchera pas l'enfant terrible de Mama de s'accrocher au trône, puisqu'il est allé jusqu'à prêter serment en défiance envers la Communauté internationale. Bref, les dernières voix en date dans ce chœur de réprobations contre l'entêtement de Laurent Gbagbo sont celles de la CEDEAO, dont les chefs d'Etat, au terme d'un sommet extraordinaire le 7 décembre dernier à Abuja, ont décidé de la suspension de la Côte d'Ivoire de cette instance sous- régionale. A leur tour ils ont invité "Laurent Gbagbo à se plier aux résultats du second tour de l'élection présidentielle tels qu'ils ont été certifiés par l'Onuci (la mission des Nations unies en Côte d'Ivoire) et à céder le pouvoir, sans délai, dans l'intérêt du peuple ivoirien" (...) Qui de Laurent Gbagbo ou d'Alassane Dramane Ouattara cédéra-t-il dans ce bras de fer ? Difficile d'y répondre. Pour l'heure, les deux adversaires continuent de se défier. En tout cas, ADO, après la formation de son gouvernement parallèle, ne désarme pas et use de tous les moyens possibles pour déposséder du fauteuil Laurent Gbagbo (...)Mais comment ces "heureux élus" à ses postes pourront-ils exercer pleinement leur fonction, tout comme d'ailleurs le gouvernement qui les a nommés, tant que les hommes du président contesté par la Communauté internationale n'auront pas débarrassé le plancher ? Si l'information relayée par le journal Le Réveil, proche du RHDP, selon laquelle ADO aurait arraché la signature des décaissements à Laurent Gbagbo auprès de la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest, est réelle, il faut craindre que les jours à venir soient durs pour ce dernier et les siens. En attendant, espérons qu'avec l'étau diplomatique qui se resserre autour de lui, Laurent Koudou Gbagbo finira par entendre raison en acceptant de céder le fauteuil à son adversaire reconnu vainqueur de la présidentielle par la communauté internationale. Ce, pour l'intérêt de tout le peuple ivoirien.
Jusqu'à quand Gbagbo va-t-il tenir ?, Le Pays, 9 décembre 2010- (...) Avec cette décision de la CEDEAO, le président Gbagbo subit une sorte d'humiliation de la part de ses pairs. Surtout qu'il avait envoyé, avant le sommet, des émissaires dans certaines capitales de l'espace communautaire pour expliquer sa position. Visiblement, ses émissaires n'ont pas réussi à convaincre leurs interlocuteurs. La Côte d'Ivoire est également suspendue de la CEDEAO. Une suspension qui la plonge davantage dans un isolement diplomatique difficilement tenable à terme. En effet, on se trouve en présence de l'un des rares cas en Afrique, où un chef d'Etat ne bénéficie pas du soutien de ses homologues, de ce fameux "syndicat des chefs d'Etat". Seulement, ce durcissement de ton contre lui, Laurent Gbagbo n'en a cure (...). Pour preuve, il vient de composer un gouvernement qui comprend certes, des technocrates mais aussi des bonzes de sa galaxie. Un véritable baroud d'honneur. Il a ainsi mis à ses côtés certains de ses lieutenants les plus emblématiques dont Désiré Tagro, Alcide Djédjé et Charles Blé Goudé. Ce dernier a d'ailleurs, dans la défense de son mentor, fait une comparaison déplacée entre l'élection ivoirienne et celle des Etats-Unis d'Amérique où George W. Bush avait été déclaré élu dans des conditions douteuses. Le candidat de la majorité présidentielle fait donc la sourde oreille face aux appels incessants de ceux qui soutiennent son adversaire. Il s'est emmuré dans un dangereux repli nationaliste. L'argument de l'ingérence extérieure manque de consistance (...) Gbagbo semble considérer qu'il n'a de salut en dehors de la présidence. On a effectivement l'impression que cet entêtement est dû au fait qu'il estime que seul le statut de chef d'Etat le met à l'abri d'éventuelles poursuites judiciaires. Pourtant, ce serait mieux qu'il ne s'enferme pas dans une tour d'ivoire. Il pourrait, par exemple, saisir l'opportunité d'aller discuter de la situation avec Barack Obama qui l'a invité à cet effet. De son côté, le camp d'Alassane Ouattara qui a le soutien d'une grande partie de la communauté internationale n'arrive pas encore à exercer le pouvoir qu'il revendique. Les sanctions prises ainsi que celles qui devraient suivre si Gbagbo n'obtempérait pas à la sommation de la communauté internationale, réussiront-elles à faire plier le locataire du palais de Cocody ? Jusqu'à quand Gbagbo va-t-il ainsi tenir face à la pression exercée sur lui ? C'est une vraie gageure. Cette mise de la Côte d'Ivoire au ban de la communauté internationale peut entraîner une asphyxie économique pour ce pays et pour toute la sous-région. Personne n'ignore, en effet, le poids économique de l'Eléphant d'Afrique dans la zone. La position de la CEDEAO nécessite, sans doute, un lourd sacrifice de la part de ses Etats membres. Mais, ce sacrifice, dicté par la volonté de sauver la démocratie, en vaut la peine. Si la communauté internationale réussit à contraindre Gbagbo à quitter le pouvoir, elle aura remporté un succès de taille. Ce sera aussi et surtout un précédent heureux en ce sens que cette situation va donner matière à réflexion à tous les chefs d'Etats qui nourrissent des ambitions malsaines, qui remettent en cause les principes démocratiques. Un tel succès serait de nature à ouvrir de belles perspectives en matière de démocratie dans le monde et particulièrement, dans l'espace ouest-africain.

Durant une semaine, la télévision ivoirienne a joué avec la peur, La Croix, 8 décembre 2010- La télévision publique ivoirienne est un instrument aux mains du président sortant Laurent Gbagbo (...). Lundi 29 novembre, Laurent Gbagbo et son challenger, Alassane Ouattara, savent que les votes de la veille donnent le second gagnant. À 20 heures, quatre jours après leur débat télévisé courtois, les Ivoiriens découvrent brusquement des images de sang : « Des représentants de la majorité présidentielle ont été séquestrés, bastonnés, humiliés dans les zones tenues par les Forces nouvelles du Nord », commente la chaîne. Mardi 30 novembre, alors que les membres de la commission électorale indépendante (CEI), tiraillée entre les deux tendances, n'arrivent pas à s'accorder sur des résultats, la RTI s'applique à montrer que les élections dans le nord du pays, bastion d'Alassane Ouattara, « ne sont pas démocratiques ». Le bilan de la mission des observateurs européens qui, au même moment, valide les élections, n'est pas mentionné. La chaîne publique diffuse de longues déclarations « d'experts électoraux africains » et de « l'Observatoire de la société civile africaine sur la démocratie et l'assistance électorale ». Ces « Africains » constatent que « certains candidats de la majorité présidentielle ont été empêchés de faire leur devoir ». Ils déclarent que cette élection « n'est pas juste ».
"Le reportage peut être dur. Âmes sensibles s'abstenir"
Mercredi 1er décembre, la RTI montre des images de pleurs et de blessures, de prières contre les « tueries ». La radio de la mission de l'ONU (Onuci) fait patienter ses auditeurs en diffusant des spots désormais en dehors de la réalité : « La Côte d'Ivoire est un beau pays à jamais uni. » Le couvre-feu est prorogé. Jeudi 2 décembre, le gouvernement décide d'interdire la retransmission des chaînes francophones d'information, France 24, TV5, RFI, très écoutées par la population. « Certains médias s'amusent à donner des résultats. C'est un jeu dangereux. Nous demandons aux Ivoiriens de rester calmes. Nous sommes dans un État de droit », dit le présentateur sur la RTI. Un militaire annonce la fermeture des frontières. On progresse dans la violence des images. « Le reportage peut être dur. Âmes sensibles s'abstenir », prévient le présentateur du 20 heures. « Voici les victimes juste après qu'elles sont sorties des griffes de leurs bourreaux après leur vote de dimanche. C'est le moment de rappeler que les médias ivoiriens ont été félicités pour leur impartialité. »
"France 24, TV5, RFI : ces radios mille collines"
Vendredi 3 décembre, le ton monte contre la France. Le quotidien proche de la majorité présidentielle La Voie titre : « Le coup d'État de la France a encore échoué. » Le Quotidien d'Abidjan mentionne en une : « France 24, TV5, RFI : ces radios mille collines », en référence au média rwandais qui avait poussé au génocide de 1994. Un expert ivoirien en sciences politiques explique au journal de 20 heures : « Le parti pris des médias français est évident. On pense toujours que c'est en Afrique que les journalistes ont des insuffisances. Les envoyés spéciaux étrangers n'obéissent qu'aux ordres de leur rédaction, à Paris, Londres, Washington. Les donneurs de leçons, ça suffit ! » « Dès qu'il s'agit d'Afrique, la majorité des médias français sont, une fois de plus, les champions des donneurs de leçons », affirment-ils. « Ces histoires de colonialisme, plus personne n'y croit ! » lance un diplomate mauritanien, observateur des élections pour l'Organisation internationale de la francophonie, bloqué à Abidjan par la fermeture des frontières. Choi Young-jin, représentant de l'ONU en Côte d'Ivoire (Onuci) et certificateur des élections, est l'autre cible désignée. Sa déclaration constatant qu'« Alassane Ouattara est le vainqueur des élections » n'est pas évoquée par la RTI. La chaîne invite Alcide Djédjé, ambassadeur de la Côte d'Ivoire à l'ONU, pour éclairer le téléspectateur : « Il faut que Choi se ressaisisse. Nous n'allons jamais accepter qu'un fonctionnaire se comporte comme cela. La prochaine fois, nous demandons son départ immédiat. »

"Si quelque chose advenait en Côte d'Ivoire, l'ONU serait responsable."
Parallèlement, des juristes développent des arguments de droit donnant la victoire des urnes à Laurent Gbagbo. Me Privat explique : « La législation est claire. La commission électorale indépendante proclame des résultats provisoires et le Conseil constitutionnel valide ces résultats. Les décisions du Conseil constitutionnel ne peuvent pas être révisées. L'ONU n'est pas au-dessus de cette autorité absolue. » (...)
En Côte d'Ivoire, l'ONU se place derrière Ouattara, Le Figaro, 9 décembre 2010- (...) Entre Gbagbo et Ouattara, le Conseil de sécurité de l'ONU a fini par choisir. Sans surprise, ses quinze pays membres ont annoncé mercredi soir dans une déclaration leur soutien à Alassane Ouattara comme président élu de Côte d'Ivoire (...) Pour satisfaire ses réserves, le Conseil utilise donc une formulation diplomatique, c'est-à-dire implicite, dans sa déclaration. Celle-ci prend soin de donner à la Cedeao (Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest) la responsabilité d'avoir tranché l'issue du scrutin : «Au vu de la reconnaissance par la Cedeao de M. Alassane Ouattara comme président élu de Côte d'Ivoire et représentant de la voix exprimée librement par le peuple ivoirien et proclamé par la Commission électorale indépendante, les membres du Conseil de sécurité demandent à toutes les parties de respecter le résultat de l'élection».
Ferme avertissement à Gbagbo
L'avertissement au président sortant Laurent Gbagbo est toutefois clair : «Les membres du Conseil de sécurité condamnent dans les termes les plus forts possibles tout effort de renverser la volonté du peuple». Les membres du Conseil se disent prêts à «imposer des mesures ciblées contre les personnes qui essayent de menacer le processus de paix ou de faire obstruction au travail» de la mission de l'ONU dans le pays. Pendant ce temps en Côte d'Ivoire, les deux rivaux bataillent toujours pour la prise en main de l'administration (...). Dehors, la ville a repris ses activités quasi-normalement, en attendant l'issue incertaine de cette lutte.

Gbagbo Adviser Rejects Calls for President to Step Down, VOA, 8 December 2010- A special advisor to Ivorian President Laurent Gbagbo told VOA the embattled leader will not hand over power, despite calls to do so by the international community, including leaders of the Economic Community of West African States (ECOWAS), following the disputed presidential run-off vote. Ambassador Yao Gnamien described the ongoing political impasse as a constitutional controversy which can "easily" be resolved through dialogue between Mr. Gbagbo and former Prime Minister Alassane Ouattara, the declared winner of the 28th November run-off vote. "It happened in the United States (presidential election) in the year 2000 and (they) solved the problem with their legal system. That means that you've got a controversial election and the Supreme Court decided who was the winner," said Ambassador Gnamien. "In our case, we can say our election was a controversy and the Constitutional Court decided that the winner is President Laurent Gbagbo. Like in any democracy, the final result is given by the court. This is what happened in our country." ECOWAS issued a statement following a meeting of seven regional heads of state in Nigeria's capital, Abuja, Tuesday calling on Mr. Gbagbo to step down "immediately" and hand over power to Mr. Ouattara. Several international observers, including the United Nations and the U.S. - based Carter Center, declared the run-off vote as free and fair. Out of the 16 heads of state who are members of the ECOWAS, only four were present. I think that it is a signal that means that those who didn't attend don't think that the decision was a good decision," said Ambassador Gnamien. The head of ECOWAS, Nigerian President Jonathan Goodluck, said the group is not interested in a negotiated unity government saying such arrangements in other countries like Kenya or Zimbabwe did not work. Meanwhile, the top U.N. envoy in Ivory Coast says there is no doubt that Mr. Ouattara won last month's presidential election. Speaking at a news conference in Abidjan Wednesday, Choi Young-jin said the Ivorian people chose Mr. Ouattara as their president by an "irrefutable margin." The comments intensify the international pressure on Mr. Gbagbo to step down and hand over power to his opponent.

Situation en Côte d'Ivoire : Didier Drogba espère que « ça ne va pas être pire... », Fasozine, 9 décembre 2010- «C'est une situation (situation politique actuelle de la Côte d'Ivoire, ndlr) très difficile à vivre pour les Ivoiriens. C'est vraiment déplorable de se retrouver dans une situation comme ça. On a passé dix années vraiment très difficiles, dix années de crise et au moment où on pensait s'en sortir, on retombe encore dans nos travers. J'espère que ça ne va pas être pire que cela ne l'a été», a déclaré l'international ivoirien de Chelsea, Didier Drogba, lors de la conférence de presse en prélude au match Olympique de Marseille# Chelsea de la 6e journée de la Ligue des champions de l'UEFA 2010, de ce mercredi 8 décembre.

Alassane Ouattara se félicite de la prise de position de la CEDEAO, Apanews, 8 décembre 2010- Le président élu de Côte d'Ivoire, reconnu par la Communauté internationale, Alassane Ouattara, s'est félicité de la prise de position de la conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de la communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) qui a invité Laurent Gbagbo à respecter les résultats de l'élection du 28novembre dernier et à rendre ''sans délai'' le pouvoir dans l'intérêt supérieur de la Côte d'Ivoire.