Revue de presse internationale du 8 février 2010

8 fév 2010

Revue de presse internationale du 8 février 2010

L`ex-rébellion ivoirienne appelle au démantèlement des milices pro-Gbagbo, AFP, 8 février 2010- L`ex-rébellion ivoirienne des Forces nouvelles (FN) a de nouveau appelé lundi, depuis son fief de Bouaké (centre), au démantèlement des milices favorables au président Laurent Gbagbo, prévu par le dernier accord de paix. Les instances dirigeantes de l`ex-rébellion, qui contrôle le nord du pays depuis son coup d`Etat manqué de 2002, ont tenu pendant plus de 12 heures une réunion sur les aspects militaires et sécuritaires de la sortie de crise, en`absence de leur chef, le Premier ministre Guillaume Soro. M. Soro a sollicité en fin de semaine à Ouagadougou l`aide du "facilitateur", le président burkinabè Blaise Compaoré, pour résoudre la grave crise autour de la liste électorale en vue du scrutin présidentiel, reporté depuis 2005 et attendu avant juin par l`ONU. "Les Forces nouvelles constatent que le désarmement et le démantèlement des milices prévus par l`Accord politique de Ouagadougou (APO, signé en 2007) ne sont pas encore effectifs", selon le communiqué lu dans la nuit de dimanche à lundi par leur porte-parole militaire, le commissaire Seydou Ouattara. Elles "invitent le CCI (Centre de commandement intégré, réunissant les états-majors FN et loyaliste, ndlr) à faire preuve de plus de détermination et de vigilance dans la mise en œuvre de ce processus" (...)Les Forces nouvelles ont par ailleurs exhorté à "remédier" au manque de "moyens humains, matériels et financiers" qui empêchent le CCI, chargé de sécuriser la présidentielle, d`être "pleinement opérationnel". Prenant acte des décrets signés en novembre 2009 par M. Gbagbo pour "harmoniser" les grades des ex-rebelles avec ceux des loyalistes, les FN ont appelé le gouvernement à "prendre avec diligence les décrets non encore signés". Il s`agit notamment des textes visant à régler le sort des "commandants de zone" ("com-zone"), les hommes forts du nord du pays, dont la mise à la retraite est prévue à l`issue de la crise. L`ex-rébellion a enfin demandé une révision des critères sur la base desquels 5.000 éléments FN doivent être intégrés à l`armée. Les opérations de recrutement ont démarré à Bouaké le 20 janvier.

Côte d'Ivoire : le processus électoral dans la tourmente, Xinhua, 8 février 2010- Le processus électoral ivoirien se trouve aujourd'hui dans la tourmente avec la bataille politico- juridique au coeur de laquelle se trouve la commission électorale (...)"L'air est quelque peu troublé", a reconnu le Premier ministre ivoirien Guillaume Soro dont la visite vendredi à Ouagadougou visait à rendre compte de la situation au facilitateur du dialogue direct inter-ivoirien, le président burkinabé Blaise Compaoré. Tout comme la population, des organisations de la société civile ivoirienne s'inquiètent de ce climat devenu délétère (...)Pour sa part, la présidente de l'organisation Coeurs de paix Laurence Koné estime qu'il urge d'agir pour décanter cette crise qui bloque le processus électoral. "Le facilitateur et l'ONU doivent faire des recommandations fermes et prendre des résolutions idoines. Déjà il y a eu des affrontements. Il faut parer au plus pressé pour éviter que le pire arrive", a plaidé Mme Koné. "L'ONU a souhaité que l'élection présidentielle soit organisée d'ici juin, mais à cette allure où vont les choses, cette nouvelle période risque d'être compromise", a-t-elle énoncé (..)Parallèlement, des affrontements ont eu lieu entre les forces de l'ordre et des manifestants de l'opposition dans des villes dont ainsi l'objet de violences dans le pays. Les forces de l'ordre et les manifestants se sont affrontés dans plusieurs villes dont Katiola (nord), Divo (centre-ouest) et Man (ouest), sur fond de contentieux électoral.
Les partisans de l'opposition ont vivement protesté dans ces localités, accusant le pouvoir d'amener les tribunaux à procéder à des radiations "arbitraires" des noms de certains de leurs militants de la liste électorale. Le calme est revenu dans le pays, mais pour nombre d'observateurs il s'agit d'un calme précaire, d'autant plus que le processus électoral ivoirien est un processus à rebondissements (...)

"Je reste à mon poste", dit le chef de la commission électorale ivoirienne", AFP, 8 février 2010- Le président de la Commission électorale indépendante (CEI) ivoirienne, Robert Beugré Mambé, a réaffirmé samedi qu`il entendait "rester à son poste", réfutant les accusations de "fraudes sur la liste électorale" portées contre lui par la justice. "Je reste à mon poste pour faire ce que la Côte d`Ivoire m`a confié", organiser le prochain scrutin présidentiel, a déclaré M. Mambé au cours d`une conférence de presse à son domicile, dans un quartier chic d`Abidjan. Donnant les conclusions d`une enquête ouverte sur instruction du ministre de l`Intérieur Désiré Tagro, proche du président Laurent Gbagbo, le parquet d`Abidjan a accusé vendredi M. Mambé, qui appartient à l`opposition, de "fraudes sur la liste électorale". Disant ne pas vouloir "commenter" ces conclusions, le chef de la commission a martelé: "la CEI n`a pas fraudé, le président Mambé n`a pas fraudé, on n`a pas donné d`instructions pour aller frauder". Il n`y avait "pas eu de fraude au moment" des premières attaques contre lui, lancées par le chef de l`Etat le 9 janvier, a déclaré M. Mambé. "Je puis vous l`affirmer en mon âme et conscience". "La liste électorale n`a été aucunement entachée" par le fichier litigieux au coeur de l`affaire, a-t-il souligné. Comme on lui demandait s`il avait choisi de tenir sa conférence de presse à son domicile plutôt qu`à la CEI parce qu`il se sentirait menacé, il a répondu: "je ne suis pas menacé". Une centaine de militants d`opposition, en majorité des jeunes, restaient en début d`après-midi devant sa résidence. Une grande bâche avait été installée pour l`occasion, et des repas y étaient servis. Il s`agit d`un "cordon humain" mis en place pour le week-end afin que "les gens qui ont l`intention d`arrêter Mambé ne le fassent pas", a expliqué à l`AFP, sans autre précision, Jean Blé Guirao, chargé des jeunes à l`Union pour la démocratie et la paix en Côte d`Ivoire (UDPCI), un parti d`opposition.
PRESIDENTIELLE IVOIRIENNE : Vers un nouveau report, Le Pays, 8 février 2010- L'élection présidentielle en Côte d'Ivoire au premier trimestre de 2010 n'est plus qu'une utopie (...)Le Premier ministre ivoirien, Guillaume Soro, l'a lui-même dit après l'audience qu'il a eue avec le facilitateur du dialogue direct interivoiriens, Blaise Compaoré, vendredi 5 février 2010 à Ouagadougou : "L'essentiel pour l'heure n'est pas le respect de la date électorale mais de régler les problèmes, à la satisfaction de tous et surtout de privilégier le dialogue, la réconciliation et la paix en Côte d'Ivoire, le reste se fera en temps voulu". D'après Guillaume Soro, en Côte d'Ivoire, "l'air est quelque peu troublé suite à ce qu'on peut appeler la question des 429 000 croisés (ndlr, les électeurs)".

FICHIER ELECTORAL IVOIRIEN : A qui profite la tambouille ?, Le Pays, 8 février 2010- Malmenés depuis un certain temps, les démons ont fini par se réveiller. Ils seront sortis de leur sommeil léger par cette "sale" affaire de fraude sur la liste électorale provisoire, qui n'en finit pas de polluer l'atmosphère politico-sociale en Côte d'Ivoire. Fond de la polémique : Gbagbo sonne la charge contre la Commission électorale indépendante (CEI), l'accusant de "fraude" et de "manipulation". Aussitôt, le Gbagboland se met dans tous ses états et en ordre de bataille. Il s'assigne pour objectif premier d'avoir la tête de Robert Beugré Mambé, patron de la structure. Ce dernier, pour sa part, se défend de toute tentative malsaine. Certes, il reconnaît "un dysfonctionnement". Mais il réfute toute fraude qu'il estime "matériellement impossible", assurant que la liste électorale n'a aucunement été entachée par le fichier litigieux au cœur de l'affaire qui prend littéralement à la gorge la Côte d'Ivoire. Pour dénouer la crise, l'affaire a été portée devant la justice ivoirienne. De fait, le parquet d'Abidjan vient de confirmer les accusations de "fraude" sur la liste électorale, portées contre Robert Beugré Mambé. (...)On n'aurait rien trouvé à redire sur ce verdict si l'enquête ouverte suite à la polémique qui entoure cette commission, n'avait pas été faite sur instruction de... Désiré Tagro, ci-devant ministre ivoirien de l'Intérieur, très proche du président Gbagbo. Laurent Gbagbo peut savourer sa victoire après la décision rendue par la Justice ivoirienne. Il peut se réjouir d'avoir obtenu du pouvoir judiciaire ivoirien, la tenue de procès visant la radiation de cette liste électorale, de présumés étrangers. Reste que ces procès ne manqueront certainement pas d'alimenter davantage la bête immonde de l'ivoirité, qui promet encore de faire de nombreuses victimes sur son passage. Déjà à l'intérieur du pays, une série d'incidents ont éclaté autour de ces procès pour radiation, sur fond de violentes échauffourées entre manifestants et forces de l'ordre, faisant plusieurs blessés. Dans la foulée, un tribunal a été saccagé par des manifestants, à l'intérieur du pays. Un signal fort que la Justice ivoirienne devrait être amenée à apprécier. En tout état de cause, ce grave déferlement de violence ne fait honneur ni à la Côte d'Ivoire ni à son président, encore moins au parti au pouvoir, le FPI. Pour cela, le président Gbagbo devrait trouver les mots justes, qui rassemblent et apaisent (...)Qui dit que le parti ne s'est pas employé à piéger Robert Beugré Mambé, même si ce dernier peut avoir à se reprocher de n'avoir pas été assez vigilant pour se mettre à l'abri de toute manigance du "boulanger" d'Abidjan ? Au total, à qui profite le crime dont on accuse la CEI ? A qui profite cette tambouille qui risque de mener la Côte d'Ivoire très loin ? On l'avait dit dans nos précédentes éditions : Laurent Gbagbo a peut-être un agenda caché, ce qui pourrait l'amener à faire feu de tout bois pour parvenir à ses fins (...)

Présidentielle ivoirienne: Cette élection aura-t-elle lieu un jour ?, L'Observateur paalga, 8 février 2010- Assurément, ce n'est pas demain la fin de la bataille que se livrent les "éléphants" de la scène politique en Eburnie depuis maintenant une décennie. Les armes se sont, certes, tues mais le risque est grand que les discours vénéneux que débitent les uns et les autres ravivent des tentions aux quatre coins du pays. Pourtant, plus d'un nourrissait l'espoir que cette fois-ci serait la bonne, après l'établissement des listes électorales ; la requête faite par Laurent Gbagbo et Blaise Compaoré pour l'envoi d'un contingent burkinabè de 500 hommes en Côte d'Ivoire en appui aux forces de l'ONUCI ; et cette exigence du Conseil de sécurité des Nations unies de l'affichage immédiat des listes et de la fixation des dates des consultations d'ici mai 2010. Mais ne voilà-t-il pas que les protagonistes de la scène ont fait le choix de compromettre à nouveau la tenue de l'élection et la sortie définitive de crise avec cette guerre des listes qui commence à gagner toutes les villes (...)Accusation reprise et alimentée par les seconds couteaux du locataire du palais de Cocody, et dont le point culminant est sans conteste ces marches et saccages des bureaux de la CEI dans certaines contrées. Aucune perte en vies humaines n'a, fort heureusement, été déplorée jusqu'à ce jour, mais, sait-on jamais ! Bien sûr, Robert Beugré Mambé s'en défend, écartant toute idée de rendre le tablier malgré la porte de sortie que semblent lui indiquer ses contempteurs et le rapport culpabilisant du procureur, professant n'avoir de compte à rendre qu'à sa conscience, à Dieu, à l'Histoire et, un jour, aux hommes ; mais est-ce pour autant qu'on pourrait lui donner l'Eternel sans confession ? En tout cas, il urge de clarifier la situation pour ramener la sérénité dans les différents états-majors politiques, de la CEI, et de baliser le boulevard qui mènera au plus vite les Ivoiriens aux urnes. A bien y voir, il est à se demander si, en vérité, les "éléphants" qui se disputent la scène politique en Côte d'Ivoire veulent de cette élection-là et y croient, tant chacun semble se satisfaire du statu quo. En tout cas pas Laurent Gbagbo, qui a déjà sifflé deux mandats pour le prix d'un, et qui ne cache pas son désir ardent de faire du cinquantenaire des indépendances son affaire ; pas même Guillaume Soro, le Premier ministre, qui en temps de paix n'aurait jamais rêvé d'hériter d'un fauteuil aussi moelleux à cet âge-là ; encore moins Henri Konan Bédié et Alassane Dramane Ouattara qui, ancêtres du landernau politique ivoirien, règnent ad vitam aeternam, respectivement sur le PDCI et le RDR. Et pendant ce temps, les anciens rebelles continuent de ponctionner paisiblement leur dîme sur les populations du Nord, un devenir un no man's land de fait (..)

BOMBARDEMENT DE BOUAKE POUR UNE FOIS, L'ACCUSATION SEMBLE CHANGER DE DIRECTION, San Finna, 9-14 février 2010- Les choses avaient été si bien faites que lorsqu'on parlait du bombardement de Bouaké de 2004, il ne fallait pas aller chercher de midi à quatorze heures pour trouver le coupable : c'est l'image de Laurent Gbagbo, des Forces de défense et de sécurité, du FPI, qui ressortait pour justifier les accusations de crimes relevant de la Cour pénale internationale portées contre eux. Bombarder des forces d'interposition dans une guerre civile avec pour résultat la perte de militaires étrangers venus aider à la paix, c'était quelque chose d'immonde. L'environnement diplomatique et médiatique n'ayant pas lésiné sur les conditionnements, cette accusation venait s'ajouter à celles découlant du charnier de Yopougon, des escadrons de la mort et autres dossiers dopés pour sceller définitivement les convictions que décidément les valeurs essentielles de la démocratie, la sécurité de la Côte d'Ivoire, de la sous région et même de la France, seraient menacées si le « Boulanger » restait à la tête de l'Etat. On ne se posait même pas la question de savoir de quels fondements juridiques, Jacques Chirac s'était prévalu pour ordonner à la LICORNE, au nez et à la barbe de l'ONUCI, de détruire la force aérienne ivoirienne et de lancer en direction du Palais présidentiel, les troupes françaises pour des opérations dont la finalité laissait entrevoir qu'elle visait la fin de Laurent Gbagbo lui-même (...)Les démarches réitérées de la justice ivoirienne vers les autorités françaises pour obtenir la levée du Secret Défense dans ce dossier, les dénonciations multipliées sur les complicités dont ces pilotes ont bénéficié pour partir de l'aéroport d'Abidjan et ensuite du Togo, finissent par avoir des échos. Selon le quotidien français Le Figaro du 26 janvier 2010, au moins un avocat de plusieurs familles des victimes du bombardement de 2004 du Camp militaire de Bouaké, pointe un doigt accusateur non pas dans la direction habituelle mais plutôt vers Michelle Alliot-Marie, alors ministre de la Défense, pour avoir menti en soutenant entre autres que les auteurs de l'attaque n'avaient pas pu être identifiés. Pour Me Jean Balan, puisque c'est de lui qu'il s'agit, c'est clair et net : « Michelle Alliot- Marie a menti de façon absolument délibérée en disant qu'on n'avait pas pu identifier les pilotes et qu'il n'y avait pas de cadre juridique pour entendre les mercenaires slaves arrêtés peu après ». Et il n'en reste pas là puisqu'il affirme par ailleurs que « Le dossier aurait pu être clos, résolu très rapidement si les autorités politiques avaient permis dès le début à la justice, de faire son travail ».(...)