Revue de presse internationale du 4 janvier 2011

4 jan 2011

Revue de presse internationale du 4 janvier 2011

Côte d'Ivoire-politique-violences-Cédéao-UA, AFP, 4 janvier 2011- Les médiateurs africains ont quitté Abidjan lundi soir sans faire état de progrès vers une solution à la crise en Côte d'Ivoire, alors qu'Alassane Ouattara, reconnu président par la communauté internationale, affirmait que les discussions étaient "terminées". Partis peu avant minuit (00H00 locale et GMT), les émissaires devaient faire leur "compte-rendu" mardi à Abuja au président en exercice de la Cédéao, le chef de l'Etat nigérian Goodluck Jonathan, a-t-on appris de source proche de l'organisation à Abidjan.

Echec de la médiation conjointe UA-Cedeao, Jeune Afrique, 4 janvier 2011- (...) 22 : 35: Les médiateurs ont terminé leur second entretien de la journée avec Gbagbo, qui est resté ferme sur sa position. C'est donc un nouvel échec de la médiation. Odinga, Yayi, Pires et Koroma sont repartis à Abuja pour rendre compte de leur mission au président en exercice de la Cedeao, Goodluck Jonathan. Les trois chefs d'État ouest-africains ont néanmoins promis de revenir à Abidjan pour organiser une rencontre bilatérale entre Gbagbo et Ouattara. Mais il faudra faire vite : de source diplomatique, on apprend que neuf pays sur les 15 que compte la Cedeao sont prêts à envoyer des troupes pour faire céder le camp Gbagbo.
21h30 : Les médiateurs sont sortis de leur entretien avec Ouattara et sont repartis voir Gbagbo au palais présidentiel. Les pourpalers ont été pour l'instant peu fructueux. Lors du premier entretien avec le président sortant (qui a duré deux heures), celui-ci a réaffirmé qu'il ne quitterait pas le pouvoir. Il a réitéré sa proposition de mettre sur place un comité d'évaluation des élections comme préalable à une éventuelle discussion sur son départ. Il accuse également les Forces nouvelles de vouloir se réarmer depuis l'hôtel du Golf. Raila Odinga a quant à lui proposé une rencontre bilatérale entre Gbagbo et Ouattara pour qu'ils se parlent. Mais ce dernier a refusé, posant trois conditions à une telle rencontre. Selon lui, Gbagbo doit accepter le résultat des urnes, le reconnaître président et lever le blocus terrestre de l'hôtel du Golf. Guillaume Soro a, lui, jugé inacceptable que le mandat de la Cedeao soit « dévoyé » par les médiateurs. Pedro Pires s'est senti visé par ces propos et par ceux, similaires, de la presse pro-Ouattara, et a menacé de se retirer de la médiation, tout au moins de ne pas faire partie d'une autre mission de ce genre si la voie du dialogue n'était pas privilégiée pour sortir de la crise (..)

Les discussions se poursuivent, affirme Raila Odinga, Apanews, 4 janvier 2011- Le médiateur désigné de l'Union Africaine (UA), le Premier ministre kényan, Raila Odinga, a annoncé lundi soir après s'être entretenu avec les deux présidents ivoiriens proclamés, que les discussions se poursuivaient, estimant qu'il a eu des échanges « fraternels » avec ses interlocuteurs.

Côte d'Ivoire : "la France ne prendra pas l'initiative d'une intervention militaire", AFP, 4 janvier 2011- Le ministre français de la Défense, Alain Juppé, a déclaré mardi que "la France ne prendra pas l'initiative d'une intervention militaire" pour tenter de régler la crise en Côte d'Ivoire, où Laurent Gbagbo refuse de céder le pouvoir à Alassane Ouattara après l'élection présidentielle. Interrogé sur la radio Europe 1 du refus de Laurent Gbagbo de remettre le pouvoir à Alassane Ouattara, reconnu président par la communauté internationale, M. Juppé a estimé que "le fait de persévérer dans l'erreur ne rend pas plus légitime". "Les choses sont tout à fait claires, il y a eu des élections sous le contrôle des Nations unies, le résultat a été validé, il y a un président légitimement élu" (Alassane Ouattara), a-t-il affirmé: "La France reste avec l'ensemble de la communauté internationale sur cette ligne-là". Selon M. Juppé, "la France ne prendra pas l'initiative d'une intervention militaire. Nos troupes ne sont là-bas que dans le cadre des Nations unies. Le seul cas évidemment où nous interviendrions, c'est si nos nationaux - ils sont nombreux, plus de 15.000 - étaient menacés de quelque manière que ce soit". "La communauté internationale ne doit pas céder, c'est un enjeu extraordinairement important pour l'Afrique", a poursuivi le ministre. Si le président sortant Laurent Gbagbo "ne renonce pas, il faut aller plus loin dans l'utilisation des sanctions", a-t-il souligné. Interrogé sur une éventuelle intervention militaire, il a déclaré : "Je sais que la Cédéao (la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest), c'est-à-dire les voisins de la Côte d'Ivoire, y réfléchissent. Je pense que c'est aux Africains" de décider. "Je pense que ça leur revient et certainement pas à l'armée française", a-t-il ajouté. La France compte actuellement 900 soldats au sein de la force française Licorne, déployée depuis 2002 en Côte d'Ivoire et chargée de soutenir les Casques bleus de l'opération des Nations unies (Onuci).

Une intervention militaire en Côte d'Ivoire «est possible, mais très dangereuse», La Croix, 3 janvier 2011- (...)
Pourquoi la communauté internationale n'accepte-t-elle pas de transiger ?
Depuis huit ans, la résolution du conflit ivoirien a mobilisé la communauté internationale, en temps et en argent, et donné lieu à plusieurs accords. La tenue de l'élection présidentielle était acceptée par les protagonistes. Ses modalités prévoyaient que le responsable de la mission de l'ONU dans le pays était chargé de la certification du scrutin. Choi Young-jin a affirmé que « même si toutes les réclamations déposées par la majorité présidentielle sont prises en compte en nombre de procès-verbaux et de votes, le résultat donne la victoire à Alassane Ouattara ».

Pour la communauté internationale, les irrégularités constatées ne relevaient pas de la fraude massive. La mission d'observation électorale de l'Union européenne, invitée par le gouvernement ivoirien, avait déployé une centaine d'observateurs. Elle a constaté « la régularité du scrutin dans la grande majorité des bureaux de vote observés ». Aujourd'hui, Laurent Gbagbo « a le temps pour lui. Plus il dure, plus longtemps il sera président », résume un observateur.

Que peut obtenir la médiation africaine ?
Les quatre émissaires africains doivent rencontrer les deux protagonistes de la crise. « Laurent Gbagbo doit quitter la présidence et cela ne fera l'objet d'aucun compromis », a averti lundi le porte-parole du gouvernement sierra-léonais. « Nous n'allons pas céder », avait déclaré dans ses vœux de Nouvel An le président sortant, fustigeant « une tentative de coup d'État menée sous la bannière de la communauté internationale ». La Cedeao a menacé d'une intervention militaire, actuellement en préparation, au cas où Laurent Gbagbo n'accepterait pas de partir. Le porte-parole sierra-léonais a cependant ajouté : « Nous essayons de favoriser un départ paisible pour lui afin qu'il puisse quitter ses fonctions dignement. » Le président en exercice de la Cedeao, le chef de l'État nigérian, devait revoir lundi soir Raila Odinga à Abuja. Jonathan Goodluck a promis de « nouveaux pas » aujourd'hui.
En quoi consiste l'option militaire ?
« Dans la pratique, l'intervention armée de la Cedeao peut être demandée par le chef d'État légitime, Alassane Ouattara », explique un observateur. Les chefs d'état-major ouest-africains se sont réunis la semaine dernière à Abuja et doivent se revoir au Mali les 17 et 18 janvier. La force militaire ouest-africaine, l'Ecomog, est déjà intervenue dans le passé au Liberia ou en Sierra Leone. « La situation est différente en Côte d'Ivoire, car la guerre civile n'a pas encore commencé.
Une intervention militaire est possible, mais très dangereuse. En effet, Laurent Gbagbo a des moyens de pression. Il possède des soutiens politiques internes, il pourrait faire pression sur les communautés ouest-africaines installées en Côte d'Ivoire et il est en mesure d'organiser une rébellion à partir du grand ouest du pays », évalue Rinaldo Depagne, chez International Crisis Group. De leur côté, les 900 militaires français de la force Licorne présents à Abidjan ont comme seules missions connues de sécuriser l'aéroport, contigu de leur base de Port Bouet, et d'exfiltrer les ressortissants français. Quant aux 10 000 soldats de l'Onuci, cible actuelle des attaques du camp Gbagbo, 10% sont affectés à la protection de l'hôtel du Golf où sont basés Alassane Ouattara et son gouvernement. Vendredi, le Royaume-Uni s'est déclaré prêt à soutenir une intervention militaire sous mandat des Nations unies en Côte d'Ivoire.

Quels risques comporte une intervention extérieure ?
« Gbagbo galvanise ses troupes en faisant passer les pressions extérieures pour une affaire néocoloniale », résume Rinaldo Depagne. Le porte-parole du gouvernement de Laurent Gbagbo, Ahoua Don Mello, a dénoncé la décision « inacceptable » des dirigeants de la Cedeao, un « complot du bloc occidental dirigé par la France », qui va « exciter le patriotisme » des Ivoiriens. Ahoua Don Mello a rappelé que son pays est « une terre d'immigration » où vivent et travaillent des millions d'Africains de l'Ouest. Les dirigeants ouest-africains « savent que s'ils attaquent la Côte d'Ivoire de l'extérieur, ça va se transformer en guerre civile à l'intérieur », a-t-il menacé. Le spectre d'une intervention dans les quartiers pro-Ouattara est également brandi par les Jeunes patriotes, une milice pro-Gbagbo conduite par Charles Blé Goudé. « Laurent Gbagbo a eu huit ans pour faire d'Abidjan et de ses dédales un camp retranché », estime Rinaldo Depagne (...) Pour dénouer la situation, la communauté internationale ne semble pas compter sur les Forces nouvelles, qui soutiennent Alassane Ouattara et sont installées dans le Nord, à Bouaké. Elles sont jugées « trop faibles » par un expert. Reste une « solution interne » qui verrait l'armée ivoirienne, pour l'instant rangée derrière Laurent Gbagbo, se rallier au président élu Alassane Ouattara. « Certains continuent à travailler sur la question à Abidjan, sans être arrivés à s'organiser, jusqu'à présent », estime l'expert.

Le Général Philippe Mangou met sévèrement en garde le Commandant des casques bleus de l'ONU, Apanews, 4 janvier 2011- Le général de corps d'armées, Philippe Mangou, chef d'Etat major des forces de défense et de sécurité (FDS, loyales à Laurent Gbagbo) a sévèrement mis en garde lundi soir le commandant des casques bleus de l'opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI), le général Hafiz, contre une autre attaque armée de ses soldats à des civils ivoiriens.
La CEDEAO et la crise ivoirienne : Qui veut la paix prépare la guerre, L'Observateur paalga, 4 janvier 2011- (...) En fin de compte, l'opération militaire que la CEDEAO veut entreprendre risque d'être la solution finale et les chefs d'état-major des armées affûtent leurs armes. Certes, la communauté internationale pourrait apporter son soutien financier et logistique à l'initiative ; mais quel en sera concrètement le mode opératoire ? Déjà que les cœurs ne battent pas à l'unisson au sein de l'institution sous-régionale sur cette question, on se demande comment l'intervention armée va être mise en œuvre. Et même si elle est menée avec efficacité, on imagine le bain de sang que cela peut engendrer, surtout qu'il n'y aura pas d'effet de surprise, le camp Gbagbo ne dormant pas sur ses lauriers et se préparant aussi à cette éventualité nuit et jour. Comme quoi, qui veut la paix, prépare la guerre. Finalement par quel bout faut-il prendre cette affaire, étant dit que sous toutes ses coutures il y a des inconvénients ? Cela dit, il faut se garder des menaces tous azimuts, qui s'avèrent inopérantes, pour ne pas se rendre ridicule. Jusque-là en effet, les ultimatums n'ont rien donné et le président légal de la Côte d'Ivoire est toujours aux affaires ; pas plus que les appels à la désobéissance civile et à la grève générale des travailleurs, lancés par le président légitime et son Premier ministre, Guillaume Soro. A force de brandir le fouet sans réussir à intimider l'enfant de Mama, la Communauté internationale et la « République du Golf » se discréditent et confortent chaque jour l'assise et la mainmise de Gbagbo sur le pouvoir.
« Le Ghana est contre l'usage de la force » (Dauda Mandiaya Bawumia, ambassadeur au Burkina), L'Observateur paalga, 3 janvier 2011- (...) « ...Accra serait présentement la porte d'approvisionnement en armes de Gbagbo. Il y aurait actuellement sur les bases ghanéennes, trois avions de chasse angolais pré-positionnés pour venir en aide à Gbagbo. En retour, John Atta-Mills devrait recevoir en récompense de Eduardo Dos Santos plusieurs blindés pour sa propre garde présidentielle... » C'est là un extrait de l'article paru dans "l'Evénement" n°200 et intitulé "Côte d'Ivoire : Simone prie, Gbagbo achète des armes pour la solution finale". (...)C'est ridicule. Mon président considère les deux présidents de la Côte d'Ivoire comme ses frères, il ne peut donc pas armer l'un contre l'autre. Si le président Dos Santos veut envoyer des avions à Laurent Gbagbo, ils n'ont pas besoin de faire escale à Accra. Personne n'a dit que les avions ne peuvent pas atterrir à Abidjan. Air Burkina part en Côte d'Ivoire chaque jour alors pourquoi ces avions de chasse devraient faire escale à Accra. Ça n'a aucun sens. En plus, il n'y a pas de blocage pour l'instant dans les négociations alors, je ne vois pas de raison d'envisager un tel cas de figure. (...)"Le président John Atta-Mills était à Abuja le 7 décembre dernier et il a signé le communiqué final de la réunion de la CEDEAO. Il ne peut pas prendre une position autre que celle de la communauté. Cependant, le Ghana appelle toujours à faire attention dans la résolution de cette crise. Je reste convaincu que la communauté internationale est capable d'amener tous les responsables ivoiriens à la table du dialogue sans user de la force.(...) Il y a des militaires ghanéens dans l'ONUCI qui protègent l'hôtel où est logé Alassane Ouattara et pendant ce temps, des supporters d'ADO pensent que des Ghanéens sont des mercenaires. C'est juste une mésentente à mon avis. C'est pourquoi je demande aux autorités de Bouaké de libérer les 5 Ghanéens et les livrer aux autorités burkinabè à la frontière du Burkina qui est la plus proche de Bouaké. Il faut qu'elles sachent que c'est la seule voie pour le dialogue et, qu'en agissant ainsi, notamment par ces arrestations, elles compromettent leurs propres causes".(...) Pourrait-on aboutir à un retrait des troupes ghanéennes de l'ONUCI si d'aventure leurs compatriotes n'étaient pas libérés ? Réponse de M. Bawumia : « Nous faisons partie de la Communauté internationale comme je l'ai dit et nous allons nous conformer à ses décisions. » Et de conclure que la résolution pacifique de la crise postélectorale ivoirienne doit rester la seule option : "En fin de compte, une seule personne sera président. Il ne suffit pas de choisir son président et de le soutenir contre l'autre car, c'est dans l'intérêt des deux présidents que l'on sorte de cette impasse par la paix sinon le vainqueur va hériter d'un pays ingouvernable. Ce n'est pas du tout facile de reconstruire un pays détruit par la , alors mieux vaut privilégier le dialogue. »
La diplomatie fait du surplace en Côte d'Ivoire, Le Monde, 4 janvier 2011- Lundi 3 janvier, Washington s'est dit prêt à 'envisager' l'accueil aux Etats-Unis de Laurent Gbagbo, dont les parents sont installés à Atlanta, pour aider à mettre fin à la crise ivoirienne. 'Nous voulons qu'il parte. S'il veut venir ici, nous envisagerions bien sûr cette possibilité comme un moyen de résoudre la crise actuelle', a déclaré ce responsable sous couvert de l'anonymat. 'Mais toutes les possibilités risquent de disparaître rapidement, en raison de ce qui se passe sur le terrain', a continué cette source, ajoutant : 'Selon toutes les indications dont nous disposons pour l'heure, il s'obstine.'

« Nous n'allons pas céder »
La mission de lundi paraissait de fait quasi impossible. M Gbagbo ayant fermement fait savoir qu'il n'entendait pas quitter le palais présidentiel malgré l'intense pression extérieure (...). Un échec du dialogue pourrait replonger le pays dans les violences alors que 179 personnes ont déjà été tuées depuis mi-décembre selon l'ONU. Ces violences ont fait 53 morts dont 14 membres des Forces de défense et de sécurité loyales à M Gbagbo, selon le dernier bilan de son camp. Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon a affirmé que les Nations unies feraient tout pour accéder aux sites d'éventuels charniers.
En Côte d`Ivoire, Laurent Gbagbo joue la montre, Le Figaro, 4 janvier 2011- (...) C'est dans le calme que l'ancien président joue désormais la montre, un exercice où il s'est toujours montré virtuose. Dimanche, en début d'après-midi, un conseiller en communication de la présidence débarqua au Novotel, où résident la plupart des correspondants étrangers, pour y annoncer une conférence de presse donnée par Maîtres Vergès et Dumas, les deux nouveaux «poids lourds» français que Gbagbo a recrutés pour assurer sa défense médiatique. Très à l'aise, ce conseiller ivoirien assurait qu'il était hors de question que Gbagbo, «président légitime», songe à négocier son départ. L'ancien président compte seulement proposer la création d'une «commission internationale», chargée d'examiner ses griefs : les fraudes électorales qui auraient été commises dans le nord du pays, où la popularité de Ouattara a toujours été écrasante, ainsi que l'absence de validation par le Conseil constitutionnel des résultats proclamés par la Commission électorale, après le deuxième tour de l'élection présidentielle du 28 novembre. L'Union européenne serait invitée à participer à cette commission d'arbitrage. Maniant une rhétorique désormais bien huilée, le conseiller concluait : «Il faut que vous compreniez que le temps est révolu où c'était Paris qui nommait les chefs d'État en Afrique !»

Crise Ivoirienne: Trêve de palabres !, Le Pays, 3 janvier 2011- Les trois émissaires de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest), Pedro Pirès du Cap-Vert, Thomas Yayi Boni du Bénin, Ernest Baï Koroma de la Sierra Leone, et Raila Odinga, Premier ministre kényan, émissaire de l'Union africaine, ont été hier chez Laurent Gbagbo. Dans cet entretien avec Gbagbo, il faut saluer la présence du dernier cité, d'autant qu'il aura équilibré le débat. En effet, les présidents cap-verdien, béninois et sierra-léonais sont connus pour être assez proches de Gbagbo pour lui dire certaines vérités. Or, le Premier ministre kényan est, quant à lui, loin d'amadouer un Laurent Gbagbo qui passe pour être un champion dans l'art de rouler les gens dans la farine. En tout cas, Odinga est l'homme qu'il faut pour taper du poing sur la table de Laurent Gbagbo, d'autant que lui-même fut victime d'une usurpation de son fauteuil présidentiel par Mwai Kibaki. Mais au finish, qu'aura apporté cette médiation ? Le président le plus contesté du monde entier qu'est Laurent Gbagbo est d'ailleurs dans son élément. Les longues palabres sont le fort de l'homme et lui offrent surtout l'occasion de continuer d'user de manoeuvres dilatoires (...)A tout le moins, face aux menaces qui viennent de toutes parts, l'enfant de Mama se préoccupe d'une seule chose : jouer à se faire craindre en brandissant la menace d'une guerre civile en cas d'intervention militaire. Et pourtant, cette guerre civile, à bien des égards, est suffisamment à son comble. Plus de deux cents morts en un mois, c'est trop. Ainsi, si tant est que la CEDEAO veuille débarrasser la Côte d'Ivoire de Gbagbo, l'usage de la force relève aujourd'hui d'une nécessité impérieuse face à l'échec des recours diplomatiques. Et, le cas échéant, le plus vite serait le mieux car plus le temps passe, plus ce dernier se radicalise. D'ailleurs, en faisant appel aux avocats français Roland Dumas et Jacques Vergès pour le défendre, Laurent Gbagbo prouve à la CEDEAO qui tente encore de le raisonner par la voie diplomatique qu'il est prêt à tout. Cela d'autant que ces deux avocats viennent d'un pays comme la France que Gbagbo dit haïr de toutes ses forces. Une incohérence qui montre que le président ivoirien sortant, qui tient à tout bout de champ des discours nationalistes teintés de haine viscérale contre l'Occident, n'est rien d'autre qu'un enivré de pouvoir prêt à mettre la Côte d'Ivoire à feu et à sang. Et si la CEDEAO n'y prend garde, elle aura diagnostiqué le mal de la Côte d'Ivoire en experte pour finalement lui prescrire un remède de cheval.