Revue de presse internationale du 16 février 2010

16 fév 2010

Revue de presse internationale du 16 février 2010


La Côte d'Ivoire, paralysée par la crise politique, s'enfonce dans la pauvreté, Le Monde, 15 février 2010- Derrière La Baie vitrée, un gros rat passe en courant dans un bureau désaffecté du centre commercial et de bureaux des Pyramides, en plein centre d'Abidjan. Exemple de la modernité de la capitale économique ivoirienne dans les années 1970, ce bâtiment d'une dizaine d'étages tombe en ruine dans le quartier administratif et des affaires du Plateau. Bondée le jour, cette zone où se dressent les buildings qui illustrèrent la réussite économique de la "perle de l'Afrique de l'Ouest" est livrée, la nuit, aux bandes de jeunes. "C'est à l'image du pays. Le développement s'est arrêté il y a vingt-cinq ans. Nous vivons sur des acquis et détruisons notre potentiel", se lamente Jean-Louis Billon, président de la chambre de commerce et d'industrie de Côte d'Ivoire (...)Et en effet, en ce début de mois de février, la grogne monte des bidonvilles qui enflent aux abords d'Abidjan. La population de la ville est passée en quelques années de deux à quatre ou cinq millions d'habitants, soit un Ivoirien sur quatre (...)Ce n'est pas le blocage politique ni les reports successifs depuis 2005 de l'élection présidentielle qui irritent Ali Coulibaly, même s'il se verrait bien voter, enfin, pour son héros, l'opposant Alassane Dramane Ouattara. L'annonce, le 12 février, par le président Laurent Gbagbo, de la dissolution de la commission électorale et du gouvernement - renvoyant à nouveau le scrutin présidentiel aux calendes grecques - ne le fera sans doute pas descendre dans la rue. Mais les conditions de vie deviennent misérables. "Nous n'avons pas d'eau courante, les services publics se sont effondrés et maintenant c'est l'électricité qui lâche. Ça suffit !"(...) Dans les années 1970, la Côte d'Ivoire affichait un PIB supérieur à celui de la Corée du Sud. Inutile, aujourd'hui, de faire une comparaison. Près de la moitié des Ivoiriens vivent sous le seuil de pauvreté, contre 10 % en 2000. "La richesse est très inégalement partagée", souligne en termes diplomatiques, Jean Dollé, le chef de la mission économique française à Abidjan (...)"Nous travaillons pour assurer le train de vie de l'Etat, un Etat prédateur qui organise le dépeçage de l'économie sur le dos des Ivoiriens en prétextant la crise politique", s'énerve M. Billon. Année après année, le pays recule dans les classements internationaux. Il frôle la palme du pays le plus corrompu, selon Transparency International ; celle du moins attrayant pour les investissements étrangers, selon la Banque mondiale. Et sa compétitivité glisse irrémédiablement, d'après le World Economic Forum.
La Côte d'Ivoire replonge dans l'incertitude, La croix, 15 février 2010- (... ) Avec un art consommé du coup de théâtre, Laurent Gbagbo a pris à revers la classe politique ivoirienne et la communauté internationale en annonçant, vendredi 12 février, la dissolution du gouvernement et de la Commission électorale indépendante (CEI). Au président de cette institution, Robert Beugré Mambé, il reproche d'avoir « mené une opération illégale, visant à obtenir l'inscription frauduleuse de 429 030 personnes sur la liste électorale » (...)

Le pays risque-t-il à nouveau de basculer dans la violence ?
Au cours des dernières semaines, les incidents se sont multipliés à la suite d'une campagne du Front populaire ivoirien (parti de Laurent Gbagbo) visant à faire radier des listes électorales des citoyens dont il met en cause la nationalité. Dans plusieurs localités du centre et de l'ouest du pays, des manifestants ont incendié les tribunaux appelés à statuer sur ces requêtes. L'absence de désarmement des anciens rebelles du Nord comme des anciennes milices pro-Gbagbo de l'Ouest peut faire craindre des explosions de violence localisées. Par ailleurs, la présence de soldats de la paix (7 000 casques bleus et 900 soldats français de l'opération Licorne) serait de peu d'utilité en cas de manifestations dégénérant à Abidjan.

Nouveau gouvernement ivoirien : Soro entre le marteau, l'enclume et la faucille, Le Pays, 16 février 2010- Gbabgo veut-il mettre la Côte d'Ivoire à feu et à sang ? (...) on ne comprend pas pourquoi il se met à dos à la fois et en même temps les Houphouetistes, ses adversaires génétiques, et les Forces nouvelles, ses ennemies, par cette dissolution spectaculaire du gouvernement et de la CEI (...) Mais celui qui se trouve présentement dans le trouble, c'est bien le Premier ministre ivoirien, Guillaume Soro. Le coup d'éclat du maître de Yamoussoukro lui a refilé entre les mains une tâche des plus désagréables et des plus délicates : la constitution du nouveau gouvernement d'union nationale et ce, en deux jours. Ce délai se révèle, à ce jour, impossible à tenir et constitue de ce fait le premier couac. La seule dent qui, aujourd'hui, empêche Laurent Gbagbo de dormir, ce ne sont pas ses adversaires héréditaires que sont les Houphouëtistes mais bel et bien les Forces nouvelles. Ce sont elles que Gbagbo caresse dans le sens du poil, pour, au moment opportun leur donner le coup de grâce. Les opposants et les Forces nouvelles ne sont pas dupes de cela. Mais ils ne savent ni le lieu, ni le moment où ce coup viendra et le président ivoirien est passé maître dans l'art de frapper le premier et par surprise.(...) Au total, en agissant comme il l'a fait, Laurent Gbabgo noie dans la lagune Ebrié l'esprit des accords politiques de Ouagadougou, plaçant Guillaume Soro dans une position fort inconfortable. Inconfort rendu plus désagréable par le courroux des Houphouetistes qui ne semblent pas vouloir du tout revenir dans le navire du gouvernement (...)Et dans ce cas, revenir s'y asseoir serait se désavouer et tacher leur fond de pantalon du déshonneur du discrédit. Et d'ailleurs, pourquoi reviendraient-ils dans le gouvernement ? Pour faire de la figuration ? Guillaume Soro est donc debout entre le marteau et l'enclume. Mais il risque de perdre cette position debout si à l'issue de la réunion des Forces nouvelles, une décision, telle une faucille, venait le décagnoter de sa base. Il se retrouverait alors jouant en solo sur la scène de cette crise, sans instruments et sans rythme, face à une foule de spectateurs politiques au regard sévère et moqueur. Mais les chefs d'Etat de la CEDEAO peuvent lui éviter de donner ce spectacle désagréable. En effet, une injonction de la CEDEAO à l'encontre de Gbagbo, pour qu'il revienne sur ces décisions à l'emporte-pièce, pourrait calmer le jeu. Mais Gbagbo est-il homme à sacrifier son amour-propre sur l'autel de l'unité de la Côte d'Ivoire ? On peut croiser les doigts et attendre.

Crise ivoirienne: Retour à la case rebelle ?, L'Observateur paalga, 16 février 2010- (..) Un nouveau concept, sorti de son imagination, a vu le jour et cela a provoqué sa chute. Depuis, les choses sont allées de mal en pis et il a fallu qu'un Facilitateur soit nommé pour faire asseoir à la même table les belligérants de la crise ivoirienne. On sait ce que les négociations ont donné, malgré quelques difficultés en cours de route : l'Accord politique de Ouagadougou (APO) signé en mars 2007 (bientôt trois ans donc) et qui était censé régler le problème en neuf mois, autant dire en un tour de main (...)Quant à la dissolution du gouvernement, ceux qui veulent gouverner la Côte d'Ivoire autrement pensent que c'est une décision inopportune, crient au « coup d'Etat » et disent ne plus reconnaître l'enfant terrible de Mama comme chef de l'Etat. Les faits sont donc là et chacun a sa lecture de la situation, selon sa chapelle. Le gouvernement dissous, le Premier ministre, Guillaume Soro, qui a été reconduit à son poste, multiplie depuis les contacts pour la formation d'une nouvelle équipe gouvernementale, qui ne devrait pas être connue avant la fin de la semaine. Une mission qui s'annonce difficile pour l'ex-chef rebelle, lequel a rendez-vous ce mardi 16 février avec ses hommes à Bouaké. Ceux-ci doivent se réunir en conclave pour adopter une position commune sur les derniers développements politiques qu'a connus le pays. Le Premier ministre, qui s'échine à colmater la brèche ouverte par son patron, va certainement parler et la réaction de la rébellion dépend aussi de l'issue de la crise dans la crise ouverte par les récents oukases présidentiels. Alors que commence ce qui ressemble fort à une semaine des longs couteaux (politiquement parlant) en Côte d'Ivoire, les Cassandre ne se gênent plus pour prédire un retour à la case rebelle. Car déjà que les ex-combattants, qui se sont entre-temps embourgeoisés et criminalisés, renâclaient à retourner à leur vie anté-12 septembre, les mesures extrêmes qui viennent d'être prises par le Gbagoland leur offrent un bon prétexte pour ne pas désarmer. On surveillait cette sortie de crise comme du lait sur le feu, il faut craindre dorénavant que le couvercle de la Cocotte- Minute ivoirienne ne saute maintenant. En optant de tout « gnangami », comme on dirait sur la perle des lagunes, le boulanger-pâtissier a fait l'effet d'un éléphant dans un magasin de porcelaine.(..)

Ivory Coast opposition says Gbagbo no longer president, Africa Times, 15 February 2010- Ivory Coast's opposition groups said they no longer recognised Laurent Gbagbo as president of the country on Saturday, after Gbagbo dissolved the government and electoral commission. Gbagbo announced on Friday night that he had dissolved the government and commission because of a row over the electoral registration process. "In consequence of this announcement, the (opposition coalition) RHDP proclaims that we no longer recognise Mr Laurent Gbagbo as the head of state of Ivory Coast," said a statement read out by opposition leader Alphonse Djedje Mady. "We call on the security forces to conform scrupulously with their republican mission."
Côte d'Ivoire : le calendrier électoral compromise, VOA, 15 février 2010- La tenue de l'élection présidentielle ivoirienne s'éloigne à nouveau après la décision, vendredi, du président Laurent Gbagbo de dissoudre la Commission électorale indépendante (CEI) et le gouvernement (...)Cette décision a fait monter la tension en Côte d'Ivoire. L'opposition, qui a dénoncé ce qu'elle appelle un coup d'Etat, s'est réunie lundi, au domicile de l'ancien président Henri Konan Bédié. « Il faut le rétablissement de la Commission électorale indépendante dans ses droits », explique Alphonse Djédjé Madi, porte-parole du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP). Le prochain gouvernement devra être « fait conformément aux accords, depuis Marcoussis jusqu'à l'accord politique de Ouagadougou », a-t-il déclaré. La rencontre des ex-rebelles des Forces nouvelles (FN), qui devait se tenir à Bouaké lundi, a été reportée à madi. Les FN exigent la présence de Guillaume Soro à cette rencontre. Le président de l'Union nationale des ivoiriens du Renouveau, Ibrahim Coulibaly dit IB, a également réagit à la crise électorale ivoirienne. Il dit : « continuer de garder le silence pourrait s'apparenter à une complicité de l'implosion qui se profile à l'horizon.» Pour rappel, Ibrahim Coulibaly est un ancien chef rebelle ivoirien. De son côté, la mission de l'ONU en Cote d'Ivoire, l'ONUCI tente de calmer les esprits.
Côte d'Ivoire : Gbagbo interrompt le processus electoral, Walfadjri, 16 février 2010- (...)L'élection présidentielle aura-t-elle un jour lieu en Côte d'Ivoire ? Bien malin celui qui saura répondre à cette question qui taraude les observateurs au pays de feu Houphouët Boigny après la surprenante décision du président Laurent Gbagbo d'interrompre le processus électoral. Le chef de l'Etat ivoirien vient, en effet, de dissoudre la Commission électorale indépendante (Cei) et le gouvernement du Premier ministre Guillaume Soro (...)Cette décision du président Gbagbo de dissoudre le gouvernement et la Cei risque de plonger la Côte d'Ivoire dans une nouvelle période d'incertitudes au moment où le pays a plutôt besoin de stabilité et de paix.Une fois encore, le fragile consensus trouvé à la suite d'âpres négociations à Ouagadougou sous les auspices du médiateur burkinabé, le président Blaise Compaoré, est mis à rude épreuve par l'incapacité de la classe politique ivoirienne à s'entendre sur l'essentiel (...)LA CONSTITUTION A MIS FIN AU MANDAT DE GBAGBO DEPUIS 2005 : Pourquoi l'opposition n'arrive pas à imposer le jeu démocratique ( ...)

Gouvernement ivoirien dissous : la France se borne à demander des élections, AFP, 15 février 2010- La France a rappelé lundi son souhait de la tenue d'une élection présidentielle en Côte d'Ivoire en réaction à l'annonce vendredi de la dissolution du gouvernement et de la Commission électorale indépendante (CEI) par le président Laurent Gbagbo. "Nous avons pris connaissance de la dissolution du gouvernement et de la commission électorale indépendante (CEI). Nous suivons attentivement la situation", a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero. "Nous souhaitons la mise en œuvre rapide de l'accord de Ouagadougou, auquel le président Gbagbo s'est d'ailleurs référé dans son intervention. Les élections doivent se dérouler dans ce cadre, de façon libre et transparente", a-t-il ajouté (...)