Revue de presse internationale du 15 février 2010

15 fév 2010

Revue de presse internationale du 15 février 2010



L'ONU appelle à la préservation de la Liste électorale provisoire en Côte d'Ivoire, Apanews, 15 février 2010- Le Représentant spécial du Secrétaire général et chef de l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire, Young Jin Choi, a appelé lundi les Ivoiriens à préserver les acquis du processus électoral notamment la Liste électorale provisoire (...)

L'opposition ivoirienne lie entrée au gouvernement et question de la CEI, AFP, 15 février 2010- L'opposition ivoirienne a conditionné lundi sa participation au prochain gouvernement au "règlement du problème de la Commission électorale indépendante" (CEI), qui doit être "rétablie" après sa dissolution par le président Laurent Gbagbo. Les quatre leaders du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), dont l'ancien président Henri Konan Bédié (Parti démocratique de Côte d'Ivoire, PDCI, ex-parti unique) et l'ex-Premier ministre Alassane Ouattara (Rassemblement des républicains, RDR), se sont réunis dans la matinée au domicile de M. Bédié à Abidjan. "Le problème qui existe et qui est le vrai, c'est le problème du processus électoral et de la fonctionnalité de la CEI. Le reste n'est que détail", a déclaré à l'issue de la rencontre le président du directoire du RHDP, Alphonse Djédjé Mady. "La Primature fera (...), si ce problème n'est pas réglé, un gouvernement sans nous", a-t-il dit, appelant à "faire les choses dans l'ordre établi". La CEI "doit être rétablie et doit devenir fonctionnelle pour nous conduire le plus rapidement possible (...) aux élections d'ici le mois de mars", a-t-il insisté (...)"Si après consultation du +facilitateur+ (le président burkinabè Blaise Compaoré), on ne revenait pas à la norme établie par les accords (de paix), alors nous récuserons le président Gbagbo qui ne sera plus pour nous président de la Côte d'Ivoire et chef d'Etat. Mais si nous revenons dans les accords, alors le RHDP avisera", a ajouté M. Mady. Le RHDP avait affirmé samedi ne plus reconnaître M. Gbagbo comme chef de l'Etat. Il avait dénoncé un "coup d'Etat" et appelé à "s'opposer par tout moyen à cette dictature", au lendemain de la double dissolution prononcée après plus d'un mois de crise autour de la liste des votants.

Côte d'Ivoire: l'élection présidentielle s'éloigne, Xinhua, 15 février 2010- La dissolution de la Commission électorale indépendante (CEI) et du gouvernement par le président ivoirien Laurent Gbagbo rend de facto caduque la tenue de l'élection présidentielle prévue "fin février-début mars" pour sortir la Côte d'Ivoire de la crise militaro-politique ouverte en septembre 2002. "Le processus électoral est en panne", a estimé vendredi soir Laurent Gbagbo avant d'annoncer, comme solution, la dissolution de la CEI et du gouvernement. Un véritable séisme dans la vie politique ivoirienne, conséquence du bras de fer entre le président de la CEI, Robert Beugré Mambé soutenu par l'opposition, et le camp présidentiel au sujet d'une liste parallèle de 429 000 votants. La controverse avait été transférée devant les tribunaux avec de violentes manifestations de l'opposition contre des décisions de radiation de présumés étrangers de la liste électorale, faisant ressurgir la crise identitaire à l'origine de la rébellion armée. Le chef de l'ex-rébellion, Guillaume Soro, a été reconduit dans ses fonctions de Premier ministre et doit former un nouveau gouvernement "de sortie de crise", qui travaille "pour les Ivoiriens et non pour des partis politiques" (...)Autre élément d'incertitude sur le calendrier électoral, le nouveau "format" de la Commission électorale. Dans sa forme actuelle, elle est composée de représentants des partis signataires des accords de paix et des représentants des institutions de la République avec à sa tête un président élu par ses pairs (...)L'opposition, qui a dénoncé samedi des décisions " antidémocratiques et anticonstitutionnelles", a déclaré qu'elle ne reconnaissait plus Laurent Gbagbo comme président, qu'elle ne participerait ni au gouvernement et ni à la commission électorale en formation, tout en appelant à la mobilisation "par tous les moyens" contre le pouvoir en place. "Des heures et des jours chauds s'annoncent pour le pays", s'inquiète un Ivoirien d'une cinquantaine d'années qui n'exclut pas des manifestations de rue et des violences faisant planer de gros risques sur le processus électoral et l'ensemble du programme de sortie de crise. "Il n'y aura pas d'élections ici, en tout cas pas maintenant", affirme, sceptique, Mme Bamba, enseignante de son état. Au Front populaire ivoirien (FPI, parti présidentiel), on assure qu'on veut "aller rapidement" aux élections mais "il faut corriger les listes", s'empresse-t-on d'ajouter (....)

Dissolution du gouvernement et de la CEI: La Côte d'ivoire selon St Gbagbo, Le Pays, 14 février 2010- En dissolvant le gouvernement et la Commission électorale indépendante (CEI), le président ivoirien Laurent Gbagbo a joué et gagné (...)La nouvelle équipe gouvernementale aura beaucoup de grains à moudre : reprendre le travail, mettre de nouvelles instances consensuelles en place et préparer les élections sur des bases saines. Or, la preuve est faite que jamais le président Gbagbo ne voudra organiser des élections tant qu'il ne sera pas sûr de gagner. Les derniers événements le confirment : le président ivoirien a toujours disposé d'un agenda secret comme nous l'avions souligné dans nos éditions passées. En visionnaire atypique, il sera donc parvenu à provoquer la crise et écarter les opposants. Gbagbo a toujours fait montre de sa répugnance à aller aux élections. Aujourd'hui, il montre ouvertement que la CEI présidée par un opposant a toujours été un boulet à ses pieds (... ) La Côte d'Ivoire entre ainsi dans une nouvelle phase d'ébullition que ne semble point redouter son premier magistrat. Tout en minimisant ses opposants, Gbagbo "déchire" les Accords politiques de Ouagadougou. Aujourd'hui surarmé, le chef de l'Etat ivoirien ne daigne même pas témoigner du respect envers le facilitateur dont il torpille les efforts quand vient le moment de passer à la phase sérieuse. Le manque patent de flair-play à l'égard de Blaise Compaoré met sans doute mal à l'aise les milieux diplomatiques. Soufflant comme toujours le chaud et le froid, le président ivoirien montre que lui seul décide du sort et de la date des élections. "Un vrai dictateur", selon un opposant ivoirien. Gbagbo n'a plus peur de rien. Surtout pas de l'armée qu'il donne l'impression de tenir en laisse. Et il ne cache pas sa volonté de contrôler la CEI. Malgré tout, peut-on s'attendre à voir l'opposition tourner dos aux élections ? Un tel scénario sera une aubaine pour lui. Il pourra dès lors savourer une victoire sans gloire. En dehors du facilitateur dont il complique la situation sans aucune gêne, Gbagbo plonge également son premier ministre dans l'embarras (...)La communauté internationale quant à elle, est occupée ailleurs. Du reste, ici, cette communauté internationale se résume à la France qui reconquiert progressivement ses marchés perdus à l'avènement du régime Gbagbo (...)En s'adonnant à son jeu favori d'aller de report en report, Laurent Gbagbo espère-t-il gagner l'électeur ivoirien à l'usure ? C'est probable. Passer le temps à dribbler les autres, remettre continuellement à demain ce qui pourrait se résoudre aujourd'hui, produiront inévitablement un effet boomerang. Celui-ci se révélera, à terme, dangereux pour le président Gbagbo et ses partisans. Pour l'heure, le numéro un ivoirien, continue à narguer l'opinion ivoirienne, l'Afrique et la communauté internationale. Lui seul semble décider du sort de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens. Lui seul veut écrire une nouvelle évangile sur la Côte d'Ivoire. Les carottes semblent donc cuites pour l'opposition dont les ténors prennent de l'âge. Certains finiront bien par perdre leurs dents, à force de voir reculer les échéances du fait d'un adversaire politique qui se montre chaque jour plus roublard. Dure, dure, l'évangile selon St Gbagbo.

Côte d'Ivoire : L'élection ! Quelle élection ?, L'Observateur paalga, 15 février 2010- Laurent Gbagbo, le président ivoirien, aurait prétendu à la palme d'or des pirouettes politiques que l'unanimité, ici et ailleurs, se serait faite autour de son nom ; tant sa tendance à rouler les protagonistes de la scène dans la farine se veut désormais une tradition. N'est-ce d'ailleurs pas la raison pour laquelle d'aucuns l'appellent "le Boulanger" ? (...)Ce faisant, l'événement créé par Laurent Gbagbo vendredi dernier n'est, ni plus ni moins, qu'un piège savamment tissé et exécuté contre le processus électoral mille et une fois compromis depuis le sommet de 2005 à Pretoria et, surtout, l'Accord historique du 4 mars 2007 de Ouagadougou, ainsi violé dans tous les sens (...)Mais pourquoi donc cette pirouette spectaculaire au moment même où plus d'un rêvait encore de la tenue effective de l'élection présidentielle fin février - début mars, en dépit des ronces qui ne cessent de pousser à chaque mètre du boulevard qui y mène ? Le parti au pouvoir, le FPI, a-t-il perdu toute confiance aux sondages qui le donnaient pourtant vainqueur aussi bien au premier qu'au second tour d'une éventuelle élection ? (...)tous les protagonistes de la crise avaient effectué un énième pèlerinage à Ouagadougou pour débattre avec le facilitateur, Blaise Compaoré, de se contentieux du fichier électoral. De conclusions et de propositions, le locataire du palais de Kosyam n'en avait pas encore tirées ou faites, que son homologue de la lagune Ebrié sortait alors la grosse artillerie, menant la Côte d'Ivoire entière au paroxysme de la crise avec des lendemains des plus incertains (...)Laurent Koudou s'étant ainsi octroyé les pleins pouvoirs, qu'en attendre, pour qui sait que la bataille du fichier électoral est des plus capitales, ce, d'autant plus que les 429 000 électeurs litigieux que le camp présidentiel ne veut voir, même en peinture, ne sont ni des Koffi, ni des Konan, ni des N'Guessan, des Tagro ou des Gbagbo, mais plutôt des Coulibaly, des Diakité, des Ouattara et autres Koné issus du Nord. Pour sûr, ce n'est pas demain qu'on saura de quel côté se trouve la vérité ; mais l'on voit, d'ores et déjà, resurgir l'ombre de l'ivoirité, cette trouvaille d'une autre époque qui vaut à la Côte d'Ivoire son lot de malheurs, depuis que le père de la nation, le bélier Houphouët, a tiré sa révérence en 1993 (...)Aujourd'hui, plus qu'hier, l'observateur sera tout ouie vers Yamoussoukro où Guillaume Soro, le rebelle apprivoisé, devrait lever le voile sur la composition de sa nouvelle équipe ; pendant que ses compagnons d'hier des Forces nouvelles, dont on ignore encore s'ils y seront représentés ou pas, au même titre que l'opposition qui, en tout cas, dit ne pas en vouloir, prennent la direction de son fief de Bouaké pour les dernières consignes. En attendant, tout Premier ministre qu'il est, et à la lumière de ce pied de nez présidentiel à sa famille politique, Soro devrait commencer à s'interroger sur son avenir sous l'aile protectrice de son professeur de président. Mais pourquoi ce silence des plus intrigants de la communauté internationale au moment où Gbagbo l'invite à faire le deuil des différents accords signés, non sans peine, depuis bien des années ? Attend-elle que crépitent de nouveau les armes pour se précipiter, tel le médecin après la mort ?

Côte d'Ivoire : Tout ça pour ça ?, Fasozine, 14 février 2010- Comme Sisyphe qui n'en pouvait pas de rouler sa pierre dans un immuable va-et-vient, la Côte d'Ivoire continue de s'illustrer dans l'art du «un pas en avant, deux pas en arrière» (...)En renvoyant dos à dos le gouvernement et la CEI, et en demandant au Premier ministre, Guillaume Soro, qui échappe au coup de balai présidentiel pour cause de sauvetage de l'Accord politique de Ouagadougou, Laurent Gbagbo veut, sans doute, remettre la balle au centre, tout en gardant le sifflet de l'arbitre à la bouche (...)Si l'on écoute bien le discours présidentiel, et en empruntant cette image au football, c'est l'Accord politique de Ouagadougou, quelque peu essoufflé, et que l'on veut «saboter», que l'arbitre Laurent Gbagbo tient à ramener dans le rond central. Non sans avoir, au passage, revendiqué les avancées engrangées sur le chemin de la normalisation, grâce à cet accord, qu'il a inspiré. «Cet accord, signé entre les Forces nouvelles et le président de la République, vient de notre volonté de donner un instrument à la Côte d'Ivoire pour aller à la paix. Il nous a permis de faire des progrès qu'aucun autre instrument ne nous avait donné l'occasion de réaliser. Nous n'avons aucune raison de l'abandonner». On n'abandonne donc rien! Mais, puisque «malgré tous les acquis, le processus de paix est à nouveau en panne», il faut des mesures hardies pour... «lever tous les obstacles à sa mise en œuvre», afin de «lever toute hypothèque sur le processus de paix et permettre à la Côte d'Ivoire d'aller, en toute confiance, à des élections propres». Seul hic, l'opposition ne l'entend pas de cette oreille, dénonce un «coup d'Etat» et appelle à la «désobéissance civile». Dans cette arène de tous les possibles, l'impossible n'est déjà plus loin, à nouveau, en Côte d'Ivoire. Et l'on peut se questionner gravement sur les lendemains que réserve la douche présidentielle aux institutions et aux écuries politiques ivoiriennes. S'achemine-t-on, selon le vœu du chef de l'Etat ivoirien –«Un gouvernement de sortie de crise, au service des Ivoiriens et non aux ordres des partis politiques», qui conduira, «sous l'autorité du président de la République et du Premier ministre, les dernières actions nécessaires pour sortir la Côte d'Ivoire définitivement de la crise»- vers une mise à la trappe des états-majors des partis politiques? C'est si triste, dans ce douloureux blues ivoirien, de se dire que finalement, on aura fait tout ça pour ça! Il faut cependant espérer que, d'un côté comme de l'autre, la raison, la sagesse et le réalisme l'emportent sur tout le reste...

SITUATION EN COTE D'IVOIRE : ET CE QUI DEVAIT ARRIVER, S'ANNONCE !, San Finna, du 15 au 22 février 2010- Plusieurs fois, nous nous sommes fait l'écho, à San Finna, de ce que la sortie de crise en Côte d'Ivoire, ne serait consolidée et menée à bonne fin que si l'on mettait à bonne fin que si l'on mettait à plat tous les problèmes. Il nous semblait imprévoyant et hasardeux de vouloir aller à des élections pendant que le pays connaissait toujours une partition de fait et avec deux armées distinctes. Cette situation nous semblait d'autant plus inquiétante que des annonces étaient régulièrement faites sur la possibilité de remettre en cause les élections au cas où elles ne répondraient pas à certaines attentes. Dans le même temps, nous prévenions contre les risques de recourir au coup d'Etat électoral à défaut d'avoir pu réussir le coup d'Etat militaire. Et voilà que les choses se confirment avec ces mercenaires électoraux débusqués in extremis, le tout sur un fond de réarmement sur lequel les Nations Unies n'ont pas pu se taire. Nous voilà donc arrivés au stade où, après avoir avancé de crise en crise, il faut régler, comme l'a si bien dit le président du FPI Affi N'Guessan, tous les problèmes de fond pour aller aux élections. Souhaitons que la Facilitation, sur ce point, se montre intransigeante !