Revue de presse internationale du 11 février 2010

11 fév 2010

Revue de presse internationale du 11 février 2010


Liste électorale ivoirienne/violences: le contentieux judiciaire suspendu, AFP, 10 février 2010- L'opération de contentieux judiciaire sur la liste électorale ivoirienne, qui a suscité des violences autour de procès en radiation de présumés étrangers, est "suspendue jusqu'à nouvel ordre", a annoncé mercredi soir le gouvernement. Le Premier ministre Guillaume Soro "informe toutes les structures et tous les services de l'Etat impliqués dans cette opération, ainsi que les populations ivoiriennes, que le contentieux judiciaire en cours devant les tribunaux de première instance est suspendu jusqu'à nouvel ordre sur l'ensemble du territoire national" à compter de ce mercredi, selon un communiqué lu à la télévision publique. Cette décision fait suite à une "concertation" mardi entre M. Soro, chef de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN), et le président Laurent Gbagbo sur "la situation de tension créée depuis quelques jours autour du processus de validation de la liste électorale provisoire", a-t-on précisé. Plusieurs incidents sérieux ont éclaté depuis la semaine dernière autour de procès en radiation de présumés étrangers de la liste, notamment mardi à Vavoua (ouest) où la sous-préfecture a été incendiée lors d'une manifestation d'opposants protestant contre un tel procès. L'opposition accuse le Front populaire ivoirien (FPI, parti présidentiel) de saisir les tribunaux pour "opérer des radiations arbitraires, partisanes et illégales". La formation de M. Gbagbo dit viser une liste "propre" dont auront été sortis les étrangers. Le climat politique s'est fortement dégradé depuis un mois, à la suite d'une virulente polémique sur une présumée "fraude" du président de la Commission électorale indépendante (CEI), Robert Beugré Mambé. A l'issue d'une enquête ouverte sur instruction du ministre de l'Intérieur Désiré Tagro, proche de M. Gbagbo, le parquet a estimé que M. Mambé, qui appartient à l'opposition, s'est rendu "coupable" de "fraudes sur la liste électorale". Le camp présidentiel a exigé la démission de M. Mambé, tandis que l'opposition a réclamé le départ de M. Tagro pour "intrusion" dans le processus électoral. Les principaux acteurs de la crise actuelle doivent rencontrer jeudi à Ouagadougou le "facilitateur" du processus de paix, le président burkinabè Blaise Compaoré (...)

Côte d'Ivoire : Gouttes de sang sur le processus électoral, Le Pays, 11 février 2010- Dans quelques heures va s'ouvrir à Ouagadougou, une nouvelle rencontre du Cadre permanent de concertation entre les signataires de l'Accord politique de sortie de crise en Côte d'Ivoire. Une rencontre qui se tient dans un contexte de tension extrême autour de la gestion du fichier électoral (...)Gbagbo, Soro , Ouattara et Bédié vont tous accourir à Ouagadougou éventuellement afin de trouver une nouvelle date pour cette fameuse élection qui ressemble à une grossesse d'éléphant. Cela fait huit ans que tout le monde l'attend, mais pas avec le même empressement. La violence s'est invitée dans le contentieux électoral. Elle a fait une victime et ce n'est peut-être pas la dernière. Le sang vient d'entacher des années d'efforts pour remettre l'Eléphant d'Afrique sur ses quatre pattes. Les symptômes de 2002 refont peu à peu surface avec l'ouverture de la chasse aux intrus sur la liste électorale. Si tout le monde est d'accord sur les conditions d'inscriptions sur lesdites listes, l'on a du mal à comprendre qu'un parti comme le FPI envoie ses militants dénicher les pétitionnaires dont la nationalité serait douteuse. Ce n'est pas leur job (...) Cette traque est le signe tangible de la résurgence du syndrome de l'ivoirité que l'on a tout fait pendant ces huit longues années pour refouler au tréfond des consciences. Un des anciens responsables de la rébellion armée, Sidiki Konaté, pour ne pas le nommer, parle de risque de guerre civile. Comme on le voit, le fichier électoral est devenu un enjeu de taille pour la suite du processus électoral. Les tensions actuelles montrent bien que les partis qui vont entrer en compétition sont très regardants sur le nombre des inscrits et surtout sur les origines des inscrits. Cette chasse organisée contre des pétitionnaires d'une certaine origine est en train de conforter cette thèse qui circule dans certains milieux et selon laquelle, il n'y aurait plus d'inscrits dans les zones favorables aux adversaires du pouvoir d'Abidjan. Ce Ramdam vise donc à utiliser tous les artifices nécessaires afin d'expurger du fichier le maximum de noms des listes. Son adoption et sa publication marquent le début des joutes électorales et manifestement, cette étape fait peur. Le président de la CEI, Beugré Mambé doit aujourd'hui se mordre un peu le doigt. Lui qui a conduit le processus en toute conscience, n'avait pas bien compris que tout le monde n'avait pas intérêt à des élections qui se déroulent aussi rapidement. Le piège de 420 mille pétitionnaires s'est donc refermé sur lui et sur tout le processus, le conduisant dans une impasse. Une liste bien connue de toutes les parties pourtant et dont on attendait le traitement consensuel, est devenue l'arme fatale de ceux qui ont peur de la vérité des urnes, parce que n'étant pas sûrs de leur verdict. C'est parti pour un énième report et encore. Il faut espérer que le facilitateur ne donne ni date, ni de fourchette pour les élections, le temps que le contentieux se vide. Une date trop proche aurait l'inconvénient d'exacerber les tensions, et trop longue, elle ferait le jeu du pouvoir d'Abidjan, qui, comme nous l'avions déjà souligné, se voit aux affaires au moins jusqu'au dernier trimestre 2010. Toujours est-il que l'histoire retiendra que c'est l'une des rares fois que le problème de nationalité pollue autant un recensement électoral, confirmant ainsi le particularisme ivoirien.