REVUE DE PRESSE DU VENDREDI 03 JUIN 2011

3 juin 2011

REVUE DE PRESSE DU VENDREDI 03 JUIN 2011

Abidjan : 149 présumés pro-Gbagbo tués par les pro-Ouattara depuis mi-avril (HRW)
AFP
- Au moins 149 partisans réels ou supposés de l`ex-président ivoirien Laurent Gbagbo ont été tués par les forces du nouveau chef d`Etat Alassane Ouattara depuis leur prise d`Abidjan à la mi-avril, a affirmé jeudi l`organisation Human Rights Watch. "Les forces armées fidèles au président Alassane Ouattara ont tué au moins 149 partisans réels ou supposés de l`ancien président Laurent Gbagbo depuis leur prise de contrôle de la capitale commerciale, à la mi-avril 2011", déclare HRW dans un communiqué. De leur côté, "les miliciens pro-Gbagbo ont tué au moins 220 hommes dans les jours ayant immédiatement précédé et suivi l`arrestation de Gbagbo, le 11 avril", ajoute l`organisation de défense des droits de l`Homme. M. Gbagbo a été arrêté par les forces de son rival, appuyées par la France et l`ONU, après dix jours de guerre dans Abidjan et plus de quatre mois de crise née de son refus de céder le pouvoir après sa défaite à la présidentielle de novembre 2010. Près de 3.000 personnes ont trouvé la mort durant la crise, selon le nouveau pouvoir. Concernant les exactions commises par les Forces républicaines (FRCI) de M. Ouattara, HRW affirme que ces troupes ont tué "au moins 95 personnes non armées à Abidjan" à la fin avril et en mai, en particulier lors de la sécurisation du quartier pro-Gbagbo de Yopougon. "La plupart des meurtres" ont ciblé des jeunes issus de groupes ethniques généralement favorables à l`ex-président, précise l`ONG, qui dénonce des "actes de représailles et d`intimidation généralisés". Elle fait état aussi de "54 exécutions extrajudiciaires dans des lieux de détention officiels et officieux" tenus par les FRCI. L`organisation demande au nouveau régime de faire cesser "immédiatement" les meurtres, tortures et traitements inhumains et de tenir sa promesse de "poursuites crédibles et impartiales". Human Rights Watch l`appelle aussi à "immédiatement suspendre les commandants responsables de ces terribles exactions et ouvrir des enquêtes sur eux", notamment Chérif Ousmane, l`un des principaux chefs FRCI. Quant aux milices pro-Gbagbo, au lendemain de la chute de leur leader, "elles se sont déchaînées dans plusieurs zones de Yopougon, tuant plus de 80 personnes originaires du nord de la Côte d`Ivoire et des pays voisins d`Afrique occidentale en raison de leur soutien présumé à Ouattara", indique HRW. Alassane Ouattara a promis qu`aucun crime ne resterait impuni. Il a demandé à la Cour pénale internationale (CPI) d`enquêter sur "les crimes les plus graves" commis durant la crise.

La mort du directeur français du Novotel d`Abidjan confirmée
Reuters
- Le directeur français de l`hôtel Novotel d`Abidjan, enlevé le 4 avril par des hommes armés qui auraient travaillé pour l`ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, est mort, a confirmé décès de son directeur. "Tous les collaborateurs du groupe Accor sont profondément jeudi la magistrate française chargée de l`enquête à sa famille. Il n`a cependant pas été encore explicitement question auprès de la famille d`une identification du corps de Stéphane Frantz di Rippel, selon un avocat qui a rapporté à Reuters ces propos de la juge d`instruction française. "La juge a appelé la famille pour lui annoncer le décès mais n`a pas confirmé explicitement que son corps avait été identifié", a dit à Reuters le cabinet de Me Pierre-Olivier Sur. Le groupe Accor a réagi en faisant part de son chagrin concernant le attristés et s`associent à la douleur et à la peine des familles", peut-on lire dans ce communiqué. Deux corps ont été retrouvés cette semaine à Abidjan. Des expertises médico-légales se poursuivent pour déterminer si l`un d`entre eux est ou non celui d`Yves Lambert, président de l`entreprise agroalimentaire Sifca également enlevé le 4 avril dans la capitale économique de Côte d`Ivoire. Deux autres personnes, un Béninois et un Malaisien, ont aussi été emmenées par les ravisseurs au Novotel et sont aussi portés disparus. Le groupe Accor dit être "toujours dans l`attente des résultats de l`enquête" concernant ces trois personnes. Ces quatre hommes avaient disparu une semaine avant la chute de Laurent Gbagbo, qui s`était maintenu à la présidence ivoirienne malgré la victoire, reconnue par la communauté internationale et les Etats africains, de son rival Alassane Ouattara à l`élection du 28 novembre. La crise a pris fin avec la capture de Laurent Gbagbo le 11 avril par les forces pro-Ouattara, soutenues par l`armée française agissant à la demande de l`Onu. L`enlèvement s`était produit en plein après-midi lors d`une attaque menée par une douzaine d`hommes portant les uniformes des Forces de défense et de sécurité ivoiriennes. Des policiers français et la juge Patricia Simon, que le président Alassane Ouattara a autorisés à venir enquêter à Abidjan, ont collecté cette semaine des preuves que les ravisseurs étaient des hommes placés sous les ordres du camp Gbagbo, selon plusieurs médias français.

Un gouvernement des vainqueurs
Le Pays
- Ce vendredi, la Côte d'Ivoire vit un autre événement : le nouveau gouvernement tient son tout premier conseil des ministres. Mais à la table des convives, on ne trouvera aucun membre du Front populaire ivoirien (FPI). La main tendue d'Alassane Dramane Ouattara (ADO) n'a pas été acceptée par les partisans de l'ex-président Gbagbo. Sans conteste, avec la nouvelle situation, le jeu politique s'en trouve clarifié. Mais l'absence du FPI sera-t-elle profitable au RHDP (Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix) ? Les partisans de Laurent Gbagbo ont choisi de demeurer à l'extérieur de l'équipe gouvernementale qu'on voulait d'union nationale. Certes, cela peut procurer quelques avantages d'y être : ressources, relations publiques, visibilité, etc. Il reste que la période d'incubation est courte : d'ici aux prochaines législatives, il faut compter moins d'un an. Or, le FPI est décapité ; plusieurs de ses cadres et militants sont en cavale. Le plus grand parti de l'opposition ivoirienne a besoin de temps et d'énergie pour panser ses propres blessures, se renforcer avant de prétendre aller à la conquête de l'électorat. En refusant l'offre, le parti que dirige aujourd'hui Mamadou Koulibaly, jusque-là chef du parlement ivoirien, n'a-t-il pas pris un grand risque ? Saura-t-il tirer leçons des expériences douloureuses du passé, pour éviter de saper les efforts de réconciliation de ceux qui leur ont ravi le pouvoir ? Comment l'électeur moyen qui adhère aux idées de réconciliation nationale, de paix et de justice, va-t-il interpréter ce refus de la main tendue ? Comme une décision erronée tendant à faire du FPI « un parti pur et dur » ? Ou comme la mise en œuvre d'une stratégie qui augure de lendemains prometteurs ? Les nouveaux dirigeants du parti ont assurément du pain sur la planche. En effet, le toilettage du parti fera des grincements de dents au FPI. Libéré du lourd poids que confère le partage de responsabilités gouvernementales, le FPI n'en sera donc pas moins occupé. Il faut forger, dans un court délai, un leadership nouveau qui inspire confiance, et qui sache travailler comme un vrai parti d'opposition républicaine. C'est-à-dire : un parti qui privilégie la critique constructive aux dépens de la critique démagogique qui est stérile ; un groupe de militants sérieux qui œuvrent patiemment mais résolument pour une alternance vraie, et une alternative crédible. Dans cette optique, il ne sert à rien de revendiquer bruyamment la libération de militants dont nul n'ignore le rôle éminemment nocif dans l'histoire de la Côte d'Ivoire et du continent. [...] Une grande responsabilité attend donc la nouvelle équipe et son leader, Guillaume Kigbafori Soro. Le concours de ce dernier se révèle ainsi fort précieux par ces temps d'insécurité et de négociation. ADO sait que le génie, l'expérience du terrain et la grande capacité de mobilisation de son jeune frère du Nord sont un capital à ne pas négliger dans l'immense tâche de reconstruction d'une Côte d'Ivoire qui a besoin de se réconcilier avec elle-même. Aux deux de savoir composer le tandem qui gagne au sein d'une équipe solide et rivée sur les intérêts du peuple ivoirien, et de ceux de la sous-région. En renaissant de ses cendres, la Côte d'Ivoire voit de nouveau et face à face, deux vieux frères ennemis qui se connaissent bien : les Houphouëtistes et leurs opposants habituels, les militants du Front populaire ivoirien (FPI). Dans chacun des deux camps, il n'est pas superflu de souligner que l'heure est aux retrouvailles : de retour au pouvoir, les membres du RHDP tentent de se réunifier. Mais pour ADO, le principal défi sera de ne pas décevoir le citoyen ivoirien au point de lui faire regretter l'ère Gbagbo. Qu'il se rappelle que le citoyen électeur n'avait pas hésité à tourner le dos à l'ex-chef de l'Etat, suite à sa gestion désastreuse du pays, en dix années de mandat controversé et sans partage. [...]

Côte d'Ivoire : Gbagbo toujours fidèle à son combat pour la souveraineté
Afriscoop
- Si, en faisant la guerre à la Côte d'Ivoire, l'objectif du chef de l'Etat français Nicolas Sarkozy, était d'éliminer le président Gbagbo du champ politique national, il doit à présent se rendre compte qu'il a échoué. En ce sens que depuis sa résidence surveillée de Korhogo, l'ex-président de la République renversé par la France affiche sa détermination à poursuivre son combat pour la souveraineté de la Côte d'Ivoire. « Le président tient à rappeler si besoin en était encore que, son engagement politique se fonde sur la promotion de la démocratie et de la dignité africaine, le tout dans le respect de nos lois. Or les derniers évènements sont une négation de toutes ces valeurs qui ont toujours guidé son action politique depuis plus de 40 ans. Le président tient à informer ses compatriotes qu'il n'entend pas renoncer à l'idéal de son combat politique. Toutefois, il reste ouvert à toute démarche pour une vraie réconciliation entre les Ivoiriens entre eux d'abord, avec la France ensuite, qui ne pourra se construire qu'autour de la vérité sur l'indépendance et la souveraineté de la Côte d'Ivoire, au terme d'un vrai débat séreux et responsable », écrit M. Bernard Houdin, conseiller du président Gbagbo. Avec cette déclaration Laurent Gbagbo rassure, tranquillise et redonne de l'espoir aux ivoiriens qui continuent de croire en lui et en son combat pour une Côte d'Ivoire libre, souveraine et démocratique. Il les rassure tant sur son état de santé que sur son avenir politique et met ainsi fin aux rumeurs fantaisistes que l'on faisait circuler sur sa personne. Donnant l'avis du président Gbagbo sur l'entrée de son parti le FPI au gouvernement, Bernard Houdin écrit : « le président Gbagbo pense que la guerre faite par le président Sarkozy à son pays a ouvert une plaie douloureuse pour son peuple qui ne peut se cicatriser par la seule entrée du FPI au gouvernement. L'intervention massive de l'armée française dans notre pays qui rappelle les premières heures de la colonisation soulève des problèmes politiques de fond qui nécessitent un débat franc et constructif avec la France ». Non sans rappeler les conditions illégales de ses camarades dont le président du FPI, le premier ministre Affi N'Guessan, le premier vice-président, l'inspecteur d'Etat Sangaré Abou Drahamane et la deuxième vice-présidente, Simone Ehivet Gbagbo. Comme on le voit, nulle part le président Gbagbo n'a mentionné, dans la déclaration le nom d'Alassane Ouattara encore moins celui de Guillaume Soro. C'est dire qu'il ne nourrit aucune haine à leur endroit. Pour le président Gbagbo, au delà de la réconciliation qui doit se faire entre les Ivoiriens, et qui n'est nullement conditionnée par l'entrée du FPI au gouvernement, le vrai débat doit se faire avec la France et il doit porter sur la souveraineté de notre pays. Parce qu'il est parfaitement conscient de ce qu'il a été renversé par la France qui veut recoloniser notre pays. Car, s'interroge Laurent Gbagbo, si ce n'est pas cela, pourquoi a-t-on préféré la guerre à un recomptage des voix qui a été pratiqué sous d'autres cieux ? La question à cette question centrale est la clé du drame que la Côte d'Ivoire a vécu ces derniers mois.