RETRANSCRIPTION DU POINT DE PRESSE HEBDOMADAIRE DU JEUDI 31 JANVIER 2013
Sylvie van den Wildenberg, Porte parole de l'Opération des Nations Unies en Côte d''Ivoire (ONUCI) : Mesdames et messieurs, bienvenue à ce point de presse hebdomadaire de l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI). Je salue tous les auditeurs d'ONUCI FM, qui nous écoutent dans les différentes régions du pays.
Reprise des élections législatives (3 février 2013)
Comme vous le savez, la Côte d'Ivoire organise, ce dimanche 3 février 2013, la reprise des élections législatives dans plusieurs circonscriptions, dont Bonon et Facobly, où les résultats des précédents scrutins – par deux fois - n'avaient pu été certifiés, en raison de graves incidents qui avaient émaillé le déroulement des opérations. L'ONUCI, avec la reprise des élections législatives dans ces deux circonscriptions, doit parachever sa mission de certification des élections post crise en Côte d'Ivoire. Il convient de noter que l'appui de l'ONUCI aux prochaines élections, notamment aux élections locales, ne sera pas de même nature et consistera, conformément au mandat que nous a donné le Conseil de sécurité, en un appui beaucoup limité aux autorités nationales principalement pour la sécurisation de l'environnement.
Pour rappel, l'ONUCI a accompagné le processus électoral de sortie de crise en Côte d'Ivoire dans toutes ses phases, soit de l'identification des électeurs à l'organisation des élections. Pendant six ans, elle a assuré une mission d'appui-conseil et fourni une contribution considérable aux opérations logistiques et de sécurisation, et accompagné la Commission Electorale Indépendante (CEI), avec une importante Division d'assistance Electorale, qui comptait près de 150 fonctionnaires et qui été chargée de concevoir et de mettre en œuvre l'assistance électorale de l'ONUCI, y compris d'accompagner la CEI sur le terrain, avec 16 bureaux répartis sur l'ensemble du territoire.
Le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour la Côte d'Ivoire, Bert Koenders, est encouragé par la volonté exprimée par tous de faire en sorte que le scrutin de dimanche prochain se déroule dans un climat apaisé. A la veille du lancement de la campagne électorale, il a rencontré les candidats en lice à Bonon et Facobly qui lui .ont dit qu'ils respecteraient strictement le Code de conduite des partis politiques pour les élections. Tant les autorités ivoiriennes que l'ONUCI, qui les appuieront pour la sécurisation de ces élections ont été très clairs : aucune violence ne sera tolérée et toute personne qui posera des actes visant à entraver le bon déroulement du processus sera passible de poursuites judicaires.
Des messages pour un déroulement du scrutin apaisé ont également été lancés vendredi dernier, par le Représentant spécial et l'autorité ivoirienne lors d'une visite de terrain conjointe à Bonon et Facobly. Cette visite a également été l'occasion de faire le point sur le dispositif de sécurité des forces ivoiriennes soutenues par les Casques bleus et la police de l'ONUCI. A cet égard, la Force et la composante de police ont prévu un dispositif d'appui important aux forces nationales afin de réduire au maximum les risques de troubles, mais le risque zéro n'existe pas, et il appartient aux candidats, à leurs supporters, et aux électeurs ainsi qu'à tous les autres acteurs impliqués de faire en sorte que ces élections se déroulent bien. Les candidats et leurs bases doivent respecter les règles du jeu électoral : la campagne doit être apaisée, les candidats doivent être fair play. Le scrutin doit se dérouler dans le calme, sans intimidation. Les perdants devront accepter la défaite et le choix des électeurs devra être respecté.
Elections locales et Dialogue politique direct
Je voudrais à présent évoquer les élections locales et les discussions en cours qui y sont liées. Tant l'intensification du dialogue politique entre le Gouvernement et l'opposition que la tenue d'élections locales ouvertes, libres, transparentes et de nature à favoriser la représentation politique et la réconciliation nationale figuraient parmi les demandes formulées par le Conseil de sécurité à l'endroit des acteurs ivoiriens dans sa Résolution 2062, adoptée en juillet dernier. Le Représentant spécial, qui continue, conformément à la demande du Conseil de sécurité, à utiliser ses bons offices, se félicite du cap important qui a été franchi par la relance du dialogue direct entre le Gouvernement et l'opposition ainsi que des discussions en cours, visant à assurer que les élections locales puissent être conformes à l'esprit de la Résolution 2062. Si un accord doit intervenir sur les questions électorales, il sera important que le dialogue direct se poursuive au delà de cet accord, et prenne une forme permanente, afin de permettre de continuer à faire progresser la réconciliation nationale dans les mois et les années à venir.
Questions sécuritaires
J'en viens aux activités de la Force de l'ONUCI, au cours de la semaine écoulée. La situation générale est relativement calme. Mais la Force de l'ONUCI en appui de ses partenaires des Forces ivoiriennes continuent d'exercer une vigilance maximale, et d'œuvrer au renforcement de la sécurité sur toute l'étendue du territoire, notamment par le partage d'information et les patrouilles conjointes principalement dans les zones sensibles, afin de dissuader toute menace et de rassurer les populations. A titre indicatif, les Casques bleus ont effectué, cette semaine quelque 1668 patrouilles terrestres et aériennes.
Outre la finalisation du plan d'action pour la sécurisation des élections partielles en appui aux autorités nationales, il convient de noter que des reconnaissances aériennes et des patrouilles prolongées par les observateurs militaires (Milobs) ont été fréquemment menées le long des frontières au Mali pour surveiller l'évolution de la situation sécuritaire et humanitaire dans cette région.
La Composante de la Police des Nations Unies (UNPOL) à quant à elle continué à accompagner la Police et la Gendarmerie ivoiriennes dans divers domaines. Dans le cadre de la préparation des élections législatives partielles du 3 février prochain, tout d'abord, en appuyant le dispositif de la police et de la gendarmerie ivoiriennes. Dans le cadre de ses activités de prévention de la criminalité et de protection régulières, par ailleurs, UNPOL a effectué plus de 400 patrouilles de jour et de nuit sur toute l'étendue du territoire, dont de nombreuses conjointes avec la Police et la Gendarmerie ivoiriennes.
L'UNPOL a également continué à appuyer le renforcement des capacités des policiers et gendarmes nationaux : Elle a entre autres terminé, en fin de semaine dernière, deux formations en Intervention au profit de deux groupes de 30 et de 10 gendarmes d'Abidjan ainsi qu'une formation en Pédagogie, Andragogie au profit de 21 agents de l'Unité de Lutte Contre le Racket à la Base de Cocody. Elle poursuit en outre deux autres formations : la première, en Police maritime, au profit de 15 agents du Groupement de Sécurité Portuaire, et la seconde, en Maintien de l'Ordre au profit de 19 policiers formateurs de la CRS-4 à l'Ecole Nationale de Police.
Protection, appui au renforcement de l'Etat de droit et des Droits de l'Homme
Dans le cadre de la mise en œuvre du mandat de protection des populations civiles de l'ONUCI, la Division des droits de l'Homme procédera, à partir du 1er février 2013, à la réactivation de son Centre d'Appels (Call Center). Ainsi toutes les populations ivoiriennes, y compris les victimes et les témoins d'exactions ou de violations des droits de l'Homme, pourront contacter promptement la DDH. Le Centre d'Appels sera joignable tous les jours de 7h30 à 19h30, et ce, en composant l'un des numéros suivants :06 20 80 59 ou le 20 23 80 59 Merci d'avance de votre contribution pour faire connaitre ces numéros en les diffusant largement.
A noter par ailleurs qu'au cours de la semaine passée, quatre cas de détentions illégales et de mauvais traitements impliquant des Dozos (chasseuers traditionnels) ont été enregistrés à San Pedro. Dans le cadre du suivi des conditions de détention et de la situation judiciaire des détenus, y compris des personnes arrêtées pour "atteinte ou tentative d'atteinte à la sûreté de l'Etat", la DDH a effectué des visites dans des Maisons d'arrêt et de correction ainsi que dans plusieurs autres lieux de détention. A l'issue de ses visites, la DDH a transmis ses observations aux autorités compétentes nationales afin que des mesures appropriées soient prises conformément aux Règles minima de traitement des détenus des Nations Unies.
Concernant les violences sexuelles, la DDH a documenté trois cas de viols commis sur des mineures âgées de 3, 9 et 15 ans respectivement à Bouaké, Duekoué et Odienné. A Bouaké, les auteurs présumés du viol de la fillette de 3 ans ont été arrêtés et traduits en justice. Quant aux pratiques traditionnelles néfastes, la DDH a documenté le cas de 12 fillettes âgées de 6 à 12 ans qui ont été victimes d'excision à Odienné. Enfin la DDH, en collaboration avec ses partenaires, a réussi à faire échouer une tentative de mariage forcé à Korhogo.
Par ailleurs, la DDH a conduit, en collaboration avec des ONG et des Sections de l'ONUCI, trois séances de sensibilisation aux droits de l'Homme à Kahen Zarabaon (65km au sud-ouest de Duekoué), Kouassi-Datékro (95km au sud-ouest de Bondoukou) et Pinhou (77km au sud-ouest de Duekoué), à l'intention de la population ivoirienne. Au total 279 personnes ont été sensibilisées aux droits de l'homme, avec un accent particulier sur les droits de la femme ainsi que sur les droits de l'Homme et les élections.
Appui à la réconciliation et à la cohésion sociale :
Dans le cadre de l'appui de l'ONUCI au processus de réconciliation nationale, la DDH, en collaboration avec les autorités administratives locales, a conduit, cette semaine, trois missions de sensibilisation à Daloa, Touba et Yamoussoukro, afin d'inviter les populations de ces localités à prendre part aux consultations nationales initiées par la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (CDVR).
A noter également que l'ONUCI a organisé le 29 janvier dernier à son Siège de Sebroko, une plateforme d'échanges avec les médias "sur leur contribution à la réconciliation nationale pour un environnement apaisé". Cette activité s'est déroulée en présence du Représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU pour la Côte d'Ivoire, du Chef de Cabinet représentant Mme la Ministre de la Communication, Porte parole adjoint du gouvernement ivoirien, des premiers responsables des organes de régulation et union de journalistes. Les journalistes toutes tendances confondues, dans des échanges francs, se sont exprimés suite aux différentes présentations sur les questions de sécurité, de réconciliation nationale, du professionnalisme qui doit guider leur métier et ont prit des résolutions que nous saluons. La Côte d'Ivoire avance vers la stabilisation et dans ce processus, les médias tiennent une place prépondérante tant pour la sensibilisation des populations que pour l'information de ces dernières sur base de faits avérés de sujets tels que le dialogue politique, la réforme du système de sécurité, le relèvement économique ou la feuille de route qu'est la Résolution 2062 du Conseil de sécurité sur la Côte d'Ivoire.
Questions et réponses
Serges Koffi (Alerte Info): Madame, parlant de la situation sécuritaire, vous aviez lors d'un point de presse le 11 janvier, je crois, fait cas de « rumeurs » d'infiltrations et de mouvements rapportés d'éléments armés dans le secteur d'Abidjan. Trois semaines après, est ce que ces menaces sont toujours réelles?
SvdW : Comme vous avez pu l'entendre, nous n'en avons pas fait mention cette semaine. Les militaires ne m'ont pas transmis cette information. C'est que de tels mouvements ne nous ont pas été rapportés de manière significative cette semaine. Cela ne veut pas dire qu'il faille en tirer de conclusions actives. Il faut rester vigilant. Quant à la rumeur, comme vous le savez, en Côte d'Ivoire, elle reste un phénomène très important. Rumeur ne veut pas dire fait avéré, comme vous savez.