Retranscription du point de presse hebdomadaire de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) du 27 juin 2013
Sylvie van den Wildenberg (Porte-parole de l'ONUCI) :
Mesdames et messieurs, bienvenue à ce point de presse hebdomadaire de
l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI). Je salue tous les
auditeurs d'ONUCI FM, qui nous écoutent dans les différentes régions du pays.
Le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour la Côte
d'Ivoire par intérim, M. Arnauld Akodjénou prend acte de la reprise des travaux,
entamés fin 2012, visant à la relance du dialogue politique républicain,
par la tenue, ce lundi 24 juin, d'une réunion entre le Gouvernement de la Côte
d'Ivoire, sous la conduite du Premier Ministre, M. Daniel Kablan Duncan et les
partis de l'opposition du Cadre Permanent de Dialogue politique (CPD). Le
Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour la Côte
d'Ivoire par intérim encourage la participation de tous les partis et
formations politiques de l'opposition à cette démarche. Aussi, le
Représentant spécial attend-il la tenue de la réunion prévue entre le
Gouvernement et le Front populaire Ivoirien (FPI), prévue en cette fin de
semaine, qu'il espère constructive et de nature à faire avancer le processus de
réconciliation et de sortie de crise en Côte d'Ivoire.
M. Akodjénou tient à réitérer l'attachement du Conseil de sécurité à la
poursuite du dialogue politique républicain inclusif,
qui, dans sa Résolution 2062, demande au Gouvernement ivoirien de
continuer à prendre des mesures concrètes à cette fin et de ménager un
espace politique à l'opposition. Dans cette même Résolution, le Conseil de
sécurité demande par ailleurs à tous les partis d'opposition de jouer un rôle
constructif et de concourir à une réconciliation et à une paix durables en
Côte d'Ivoire. .
Permettez-moi à présent d'aborder les activités de la Mission cette semaine,
et tout d'abord celles du Représentant spécial du Secrétaire général par
intérim, M. Akodjénou. Ce dernier a rencontré, ce mardi 25 juin 2013, la
Ministre de la Solidarité,
de la Famille, de la Femme et de
l'Enfant,
Madame
Anne Désirée Ouloto.
La question de la représentativité des femmes dans les instances de décision,
dans l'administration et aux postes électifs a entre autres, été
au cœur de cet entretien. La rencontre s'inscrivait dans le cadre d'une
réflexion visant à fédérer les énergies autour de l'important projet que
constitue la représentativité des femmes. Cette réflexion est plus que jamais au
cœur des préoccupations de l'Organisation
des Nations Unies et des Gouvernements africains, dans le cadre de la Décennie
de la Femme africaine lancée à Nairobi, au Kenya le 15 octobre
2010.
Au cours de l'entretien, Madame Ouloto a réitéré l'engagement du Gouvernement
ivoirien de contribuer à faire de ce projet une réalité pour l'Afrique, et donc,
de procéder concrètement au lancement de la Décennie en Côte d'Ivoire. Evoquant
la vaste campagne qu'elle a entreprise pour fédérer les énergies, la Ministre a
lancé un appel au Représentant spécial par intérim en vue d'un appui de l'ONUCI
et de toute la famille du Système des Nations Unies pour déployer cet ambitieux
projet, à travers les structures administratives, les entreprises privées, els
collectivités locales et régionales de la Côte d'Ivoire. .
Le Représentant spécial par intérim a assuré la Ministre du plein soutien de
la Mission et de la famille du Système des Nations Unies dans leurs domaines
respectifs d'intervention et pour la mobilisation de ressources. Une série
de suggestions ont ensuite été évoquées en vue de faciliter la mise en œuvre
effective de la Décennie au niveau national. Parmi ces dernières, figurent
l'identification de « points d'entrées » qui pourraient avoir des effets
catalytiques et des incidences réelles sur la vie des femmes et des filles,
comme l'accès à l'éducation et la lutte contre les violences basées sur le genre
; le renforcement de l'intégration de la dimension « genre » dans les politiques
et programmes du Gouvernement ; l'implication des organisations de la société
civile et des autorités traditionnelles ; la mise en place d'un plan stratégique
et, l'allocation d'une part du budget national aux activités visant à soutenir
l'intégration de la politique du genre et les priorités de cette Décennie.
Pour rappel, parmi les Directives de Nairobi figurent notamment les objectifs de
voir la parité homme - femme en termes de représentativité devenir une
réalité à l'horizon 2020 sur le continent africain.
A noter, également, à l'agenda du Représentant spécial du Secrétaire général des
Nations Unies pour la Côte d'Ivoire par intérim, M. Arnauld Akodjénou, cette
semaine, une rencontre prochaine prévue avec les autorités nationales pour
échanger sur
les opérations entamées pour la gestion des forêts classées. A l'ordre du jour
de cette rencontre figurent notamment l'évaluation conjointe de l'impact
humanitaire des déguerpissements et le retour de l'autorité de l'Etat sur ces
forêts ainsi que l'identification de pistes de collaboration renforcées entre la
famille des Nations Unies et le Gouvernement, pour adresser les besoins des
populations concernées. Il s'agira également d'améliorer les mécanismes de
planification des futures étapes du processus, afin d'assurer le plein respect
des Principes directeurs internationaux relatifs au déplacement de personnes
à l'intérieur de leur propre pays dans le cadre de la restauration de
l'autorité de l'État.
Lundi 24 juin, le Représentant spécial ad intérim Arnauld Akodjénou a présidé la
cérémonie d'hommage rendue par la Mission au Commissaire Divisionnaire de la
Police des Nations Unies (UNPOL), Jean-Marie Bourry,
dont le mandat arrive à terme, après quatre ans au service de la paix en Côte
d'Ivoire, sous le drapeau des Nations Unies. La cérémonie, qui a eu lieu au
Siège de l'ONUCI, à Sébroko, s'est tenue en présence de représentants de l'Etat
ivoirien dont les Généraux commandant des Forces de Police et de Gendarmerie de
Côte d'Ivoire, l'Inspecteur Général Bredou M'bia et le Général Kouassi Gervais
ainsi que de nombreuses personnalités, dont le Commandant de la Force Licorne,
l'Ambassadeur de France, les représentants de l'Ambassade des Etats Unis et du
Japon, et le personnel civil, militaire et de police des Nations Unies en Côte
d'Ivoire. Dans son mot de circonstance, le Représentant spécial a rendu un
vibrant hommage à l'important travail accompli par le Commissaire Bourry durant
son mandat et au rôle clé que celui ci avait joué, au service de la paix en Côte
d'Ivoire. M. Akodjénou a également salué la foi inébranlable qui avait animé le
Commissaire tout au long de son mandat, y compris dans des moments des plus
difficiles et des plus critiques de la vie de la Mission et du pays. « Le plus
bel hommage qui puisse vous être rendu est celui que vous est rendu par les
autorités de ce pays, présentes ici », a dit M. Akodjénou, faisant référence aux
vifs remerciements exprimés au Commissaire et à l'ONUCI, pour l'appui apporté,
sous son leadership, par la composante de la Police des Nations Unies aux
efforts de sécurisation du pays, des populations, au Secteur de la Sécurité, à
la Police et à la Gendarmerie ivoirienne.
Dans son allocution, le Commissaire Bourry, évoquant ses années au service de la
paix en Côte d'Ivoire et l'évolution de la situation dans le pays, a indiqué
que « les étapes traversées furent violentes et multiples, avec des secousses
et des répliques qui se font désormais sporadiques et affaiblissantes ». Le
Commissaire a salué « le chemin parcouru ces deux dernières années dans la
coopération entre la Police des Nations Unies et ses partenaires de la Police et
de la Gendarmerie ivoiriennes ». Il s'est félicité d'avoir été, avec les
éléments de sa composante, « un témoin privilégié de la profonde volonté
politique de réforme et de modernisation que le Président de la République et le
Ministre d'Etat, Ministre de l'Intérieur ont impulsée et que l'ONUCI appuie dans
sa mise en œuvre ». Le Commissaire Bourry a chaleureusement remercié les
autorités ivoiriennes pour la qualité de ce partenariat avec l'ONUCI, leur
accueil, leur esprit d'ouverture et de dialogue ».
A noter qu'hier, mercredi 26 juin, le Commissaire Divisionnaire Jean-Marie
Bourry, a été décoré par le Ministre d'Etat Ministre de l'Intérieur Hamed
Bakayoko, et élevé au grade d'officier dans l'ordre du mérite ivoirien.
En attendant la nomination du nouveau Commissaire de la Police des Nations Unis
en Côte d'Ivoire, le Commissaire Divisionnaire Awale Abouynazir assurera
l'intérim à la tête de la composante UNPOL de l'ONUCI.
J en viens à présent à la situation sécuritaire
et aux activités de la Force de l'ONUCI. La situation générale dans
l'ensemble du pays est jugée calme et sous contrôle. Toutefois la circulation
des armes, les attaques à main armée et celles de coupeurs de routes, comme en
atteste l'attaque du convoi de gendarmes à l'ouest du pays, la nuit du 24 au 25
juin, restent préoccupants. La Force de l'ONUCI, les Forces républicaines de
Côte d'Ivoire ((FRCI), et la Force Licorne, poursuivent leurs efforts en vue de
stabiliser la situation sécuritaire et la protection des populations et de leurs
biens. Cette collaboration est entretenue et largement confortée par des
réunions régulières entre les partenaires, à l'instar de celle organisée le 25
Juin au siège de l'ONUCI à Sebroko.
Au niveau opérationnel, au cours de la semaine, la Force a exécuté 1687
patrouilles terrestres et aériennes sur toute l'étendue du territoire ivoirien,
et deux exercices de simulation de « crash d'hélicoptères », lesquels
avaient été planifiés avec les autorités ivoiriennes sur le terrain. ..
Les actions civilo-militaires
se sont poursuivies en même temps que les actions sécuritaires et
opérationnelles. Ainsi, les équipes médicales des différents contingents de
l'ONUCI ont pu fournir, dans toutes les régions de la Côte d'Ivoire, des
consultations médicales gratuites et soins médicaux à environ 1500 patients.
Par ailleurs, près de 200 000 litres d'eau potable ont été distribués aux
populations dans les localités qui connaissent des problèmes de pénurie.
Conformément à son mandat et dans le cadre de l'appui et le soutien aux forces
de sécurité nationales, la composante de la Police des Nations Unies (UNPOL)
a continué d'accompagner la Gendarmerie et de la Police ivoiriennes dans les
domaines de l'ordre public et de la protection des populations civiles, de la
formation, du mentorat et de la colocation. En ce qui concerne les activités
opérationnelles d'ordre public, la Police des Nations Unies procède
notamment actuellement à un état des lieux de la situation sécuritaire dans
la région de Tchologo et les communes de Doropo, Bettie et Anyama, où
doivent se dérouler les prochaines élections partielles régionales et
municipales. Durant la semaine écoulée, plus de 750 patrouilles simples
et conjointes ont été effectuées sur toute l'étendue du territoire national.
Cette semaine, 173 policiers et gendarmes ivoiriens ont bénéficié de
huit stages de formation de la composante UNPOL, en pédagogie :
techniques de recherches de l'information, techniques de signalisation
judiciaire, secrétariat, renforcement des capacités des Services Territoriaux,
maintien de l'ordre, police maritime et harmonisation des connaissances en
protections des personnes vulnérables.
En outre, un nouveau volet de formation sur le thème de la « piraterie maritime
»
a été organisé par la composante de la Police de l'ONUCI pour deux semaines (du
24 juin au 5 juillet 2013) pour 11 Gendarmes dont quatre Officiers du «
Groupement de la Sécurité Portuaire » d'Abidjan. Cette formation a débuté alors
même que les Chefs d'Etats et de Gouvernement de la région, se réunissaient, les
24 et 25 juin, à Yaoundé (Cameroun) pour renforcer la sécurité maritime et la
lutte contre la piraterie dans le Golfe de Guinée, l'une des zones, après le
Golfe d'Aden, réputée comme parmi les plus dangereuses au monde à traverser par
voie maritime, du fait de la présence des pirates qui pillent et rançonnent les
embarcations empruntant cette voie. La formation de la composante de la police
des Nations Unies, qui vient en appui aux efforts du Gouvernement visant à faire
face à cette problématique, a pour objectif de renforcer les capacités des
forces de sécurité ivoiriennes en matière de lutte contre ce fléau, d' étudier
les différentes formes et le mode opératoire des pirates, d'examiner les
manifestations de la piraterie maritime en Afrique et dans la sous région, de
renforcer la maitrise de la législation sur la piraterie maritime des techniques
de prévention et de lutte contre la piraterie.
A noter encore, au titre des activités de renforcement des capacités de la
Police et de la Gendarmerie, cette semaine, plusieurs séances de colocation
et d'accompagnement effectuées sur l'étendue du territoire, sur les thèmes
suivants : police de proximité, éthique et déontologie, droits de l'Enfant,
violences basées sur le genre, traitement des cas de meurtres, saisine,
recrutement des enfants dans les conflits armés, conséquences du racket,
corruption, et sécurité publique. Ces séances ont bénéficié à 111 policiers
et gendarmes dans différentes régions du pays. Enfin, je voudrais également
signaler que la composante UNPOL a poursuivi cette semaine ses activités dans
les commissariats de police, brigades de gendarmerie et maisons d'arrêt
d'Abidjan, de Bouaké et de Daloa pour la prise en compte des notions
d'investigations criminelles dans les missions quotidiennes de codification et
de classement des dossiers criminels au fichier pénal de la Police technique et
scientifique (PTS).
Permettez moi d'aborder à présent d'autres activités de la Mission, et en
particulier en matière d'appui à l'Etat de droit. Je voudrais tout d'abord
évoquer un projet à impact rapide (QIP), inauguré ce mardi 25 juin, à Man, à
l'ouest du pays.
L'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI), via sa Division Etat de
Droit, a procédé, mardi, à la remise officielle des clés de la Maison d'Arrêt
et de Correction (MAC) qu'elle a partiellement réhabilitée à Man, en
présence des autorités locales et du Procureur de la République près du tribunal
de première instance de Man. Ce projet vise à améliorer l'environnement
carcéral, les conditions de vie des détenus, et les conditions de travail des
agents pénitentiaires. Ce projet QIP exécuté à la MAC de Man fait partie d'un
ensemble de projets financés par l'ONUCI et ciblant des centres de détention sur
toute l'étendue du territoire ivoirien. Les travaux réalisés à la MAC
comprennent la construction, d'un hangar, d'une salle de garde, de toilettes,
d'une guérite, d'un bureau pour l'infirmerie, d'éclairage et la pose des
barbelés sur l'ensemble de la clôture de la MAC.
Toujours en matière pénitentiaire,
je voudrais à présent faire état de certains appuis que l'ONUCI apporte
actuellement aux autorités ivoiriennes relativement aux problèmes sanitaires
dans les prisons ivoiriennes. Les experts pénitentiaires de l'ONUCI ont
travaillé en collaboration avec les autorités pénitentiaires locales pour éviter
les risques d'une contagion de la tuberculose dans les prisons de Boundiali
et de Katiola par l'adoption des mesures pour l'isolement de deux cas de
tuberculose signalés.
Les experts pénitentiaires ont aussi entrepris ensemble avec le régisseur de la
prison de Divo des démarches auprès de l'Institut National de l'hygiène
publique (INHP) et la Croix Rouge pour une assistance technique de ces deux
organismes dans la désinfection de ladite prison.
En outre, le Médecin Pénitentiaire de la Division Etat de Droit de l'ONUCI a
eu une séance de travail avec le Médecin Chef de la MACA sur la question du
traitement des déchets médicaux produits quotidiennement dans cet
établissement pénitencier. Au terme de cette rencontre, la FSUBC (Formation
Sanitaire Urbaine à base communautaire) dont l'appui technique a été sollicité a
donné son accord pour une future coopération avec la MACA dans le domaine de
l'incinération des déchets médicaux.
A noter par ailleurs que les officiers pénitentiaires de l'ONUCI ont aussi
apporté leur expertise aux régisseurs dans l'élaboration des programmes de stage
pour 621 nouveaux agents de prison
déployés comme stagiaires dans les différentes prisons ivoiriennes après une
formation théorique et pratique d'une durée d'un mois reçue à l'Ecole de police
d'Abidjan.
S'agissant de l'appui à la Justice,
la Division Etat de Droit de l'ONUCI a participé cette semaine à un séminaire
de formation sur le thème « Le juge de l'application des peines »
organisé par L'Institut National de Formation Judiciaire en collaboration avec
la Coopération Allemande au Développement (GIZ). Le séminaire a permis de
préciser les missions, compétences, attributions et pouvoirs des juges de
l'application des peines. Il a été recommandé à la Direction de l'administration
pénitentiaire de prendre une circulaire pour clarifier les attributions des
acteurs de l'application des peines et renforcer les JAP dans leurs fonctions.
Le 25 juin 2013, les composantes Etat de droit, droits de l'Homme et Genre ont
participé à l'atelier de restitution de la visite d'échanges entre la Côte
d'Ivoire et la Sierra Leone sur la prévention et la lutte contre les violences
sexuelles en période de conflit,
qui s'est déroulée du 15 au 22 juin 2013. La délégation interministérielle de
Côte d'Ivoire a tiré des leçons des expériences et défis vécus par la Sierra
Leone, en vue de renforcer ses mécanismes de lutte contre l'impunité des
violences sexuelles et de mettre en œuvre sa stratégie nationale sur les
violences basées sur le genre.