RETRANSCRIPTION DE LA CONFERENCE DE PRESSE DU REPRESENTANT SPECIAL DU SECRETAIRE GENERAL DES NATIONS UNIES POUR LA COTE D’IVOIRE, BERT KOENDERS, DU 27 JUILLET 2012

27 juil 2012

RETRANSCRIPTION DE LA CONFERENCE DE PRESSE DU REPRESENTANT SPECIAL DU SECRETAIRE GENERAL DES NATIONS UNIES POUR LA COTE D’IVOIRE, BERT KOENDERS, DU 27 JUILLET 2012

Abidjan, le 26 juillet 2012...





Le Représentant
spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour la Côte d'Ivoire, M. Bert
Koenders, s'est entretenu vendredi, 27 juillet 2012, avec la presse sur
quelques-uns des messages-clefs de la Résolution 2062 du Conseil de Sécurité des
Nations Unies et la situation à Duékoué depuis les événements de la semaine
passé. C'était lors de la conférence de presse hebdomadaire de l'Opération des
Nations Unies en Côte d'Ivoire :




 




Kenneth Blackman
(porte-parole adjoint de l'ONUCI) :

Chers confrères et consœurs, bonjour. Aujourd'hui, on a un invité de marque, le
Représentant spécial, qui va vous entretenir sur la nouvelle résolution et aussi
sur ce qu'on fait suite aux événements dans l'Ouest. Je lui laisse la parole.




 




Bert Koenders :

Merci beaucoup M. Blackman. Mesdames et messieurs les journalistes et chers
collègues, bonjour. Comme M. Blackman l'a dit, je voudrais soulever deux points
ce matin dans cette conférence de presse. Premier point, les grands messages de
la réunion du Conseil de sécurité de l'ONU après mes discussions, que je
voudrais qualifier comme intensifs, à New York sur la situation ivoirienne et
aussi je voudrais vous informer sur la situation après les événements à Duekoué
la semaine dernière.




 




Vous savez, je
reviens de New York dans le cadre de la présentation du 30e rapport du
Secrétaire général de l'ONU sur la situation en Côte d'Ivoire. Permettez-moi, à
titre d'information, de mentionner un certain nombre de points soulevés dans la
résolution. Je crois qu'ils sont les plus importants dans le contexte de
discussions que j'ai eues avec le Conseil de sécurité, qui a loué, du reste, les
efforts consentis par les autorités ivoiriennes pour le retour progressif à la
stabilité et à la normalité institutionnelle dans le pays.




 




Je voudrais
commencer avec la situation des droits de l'homme, qui était soulignée par les
membres du Conseil de sécurité. Je crois qu'il a eu une critique de la
situation. La formulation est très précise.




 




Le Conseil de
sécurité "Prie instamment le Gouvernement ivoirien de veiller le plus rapidement
possible à ce que, quels que soient leur statut ou leur appartenance politique,
tous les auteurs de violations graves des droits de l'homme ou d'atteintes au
droit international humanitaire, en particulier celles commises pendant la crise
postélectorale en Côte d'Ivoire, soient traduits en justice, comme le lui
imposent ses obligations internationales".  Il prie également le Gouvernement de
veiller, le plus rapidement possible "à ce que tous les détenus soient informés
de leur statut en toute transparence et engage le Gouvernement ivoirien à
continuer de coopérer avec la Cour pénale internationale". Je lance donc un
appel au Gouvernement ivoirien à mettre fin à l'impunité, et à donner aux
détenus une idée claire de leur statut, et cela en toute transparence.





 




Un deuxième point
souligné dans la résolution est la nécessité urgente de faire plus sur le plan
de la justice et de la réconciliation. Cela est exprimé très clairement au
paragraphe 10 de la résolution, dans lequel le Conseil, et je cite, « souligne
qu'il faut prendre des mesures concrètes pour promouvoir la justice et la
réconciliation à tous les niveaux et de tous les côtés, notamment en faisant
participer activement les groupes de la société civile, l'objectif étant de
remédier aux causes profondes des crises que connaît la Côte d'Ivoire". Là, il y
a une certaine demande du Conseil de sécurité d'accélérer le processus.




 




Toujours au niveau
du paragraphe 10 de la résolution, le Conseil "exhorte le Gouvernement ivoirien
à prendre des mesures concrètes pour prévenir et réprimer les violences
intercommunautaires en essayant de dégager un large consensus national sur la
façon de régler les questions d'identité et de propriété foncière". Ca aussi, je
crois, c'est un appel très clair du Conseil de sécurité aux Ivoiriens.




 




Un autre volet -
j'ai mentionné droits de l'homme, justice - que je crois être important c'est le
dialogue politique. Là, le Conseil de sécurité, dans mon opinion, a été très
précis. Il « se félicite que le Gouvernement ait entrepris d'intensifier le
dialogue politique avec l'opposition, y compris avec les partis politiques non
représentés à l'Assemblée nationale," - je crois que c'est le plus important -
et "demande au Gouvernement ivoirien de continuer de prendre rapidement des
mesures concrètes à cette fin et de ménager un espace politique à l'opposition".
 




 




Je crois que, là
aussi, le message est clair. Il demande au Gouvernement des mesures concrètes à
ces fins et d'aménager un espace politique à l'opposition. En même temps, il
demande à tous les partis politiques de jouer un rôle constructif et concourir à
la réconciliation tout en me priant en tant que Représentant spécial du
Secrétaire général Ban Ki-Moon, de continuer d' exercer [mes] bons offices pour
faciliter le dialogue entre tous les acteurs politiques". Le message est aussi
assez clair ici. Je pense que c'est quelque chose que nous n'avions pas vu
encore, [cette]  spécificité  dans la résolution du Conseil de sécurité. Je
crois que je ne vais pas évoquer tous les aspects de la résolution du Conseil de
sécurité. [...]




 




Sur le secteur de la
sécurité, je crois que tout le monde sait que c'est  une priorité du
Gouvernement Ivoirien, c'est une priorité de tous les Ivoiriens en fait. Là, on
est un peu spécifique qu'avant. Le Conseil "prie instamment le Gouvernement
ivoirien d'accélérer la mise au point et l'exécution d'une stratégie globale de
réforme du secteur de la sécurité, pour que soient mises sur pied des forces de
sécurité sans exclusive et comptables de leurs actes, avec l'appui de l'ONUCI
[...] et d'autres partenaires internationaux concernés".  Je crois que c'est
important "d'adopter d'autres mesures propres à inspirer une confiance accrue au
sein des différents services chargés d'assurer la sécurité et de faire respecter
la loi", ainsi qu'entre ces services, "et de rétablir l'autorité de l'État dans
tout le pays".




 




Le DDR (désarmement,
démobilisation et réintégration), je crois que je vais souligner ce point aussi,
c'est l'avant dernier point sur la résolution. Bien sûr, cela constitue une
grande priorité pour le Conseil. Au paragraphe 7 de la résolution, il "exhorte
le Gouvernement ivoirien à concevoir et à exécuter rapidement un programme
national de DDR, à définir des critères d'admission clairs et rigoureux, à créer
une nouvelle base de données sécurisée et transparente, à mettre en place une
autorité centrale chargée de superviser tous les éléments du programme de DDR et
à trouver des solutions propices à l'intégration socioéconomique durable des
ex-combattants". La résolution " engage aussi l'ONUCI à faciliter la
planification et l'exécution des programmes. Le nouveau élément, c'est d'avoir
une nouvelle base de données sécurisées et transparentes - une autorité pour
faire avancer le DDR. 




 




Sur le plan
institutionnel, et là encore dans le cadre du processus démocratique, le Conseil
de Sécurité définit clairement les conditions à remplir pour que les élections
locales et régionales soient un outil réel de réconciliation ... Alors, après la
question des droits de l'Homme, justice, DDR, je parle maintenant des élections
locales qui ont été discutées avec une certaine intensité à la réunion du
Conseil de sécurité. Le Conseil "demande au Gouvernement ivoirien et à tous les
acteurs politiques de veiller à ce que les prochaines élections locales soient
ouvertes, transparentes, libres et régulières et se déroulent dans le calme, et
à ce qu'elles favorisent la représentativité politique et la réconciliation, en
choisissant une date opportune, en assurant la sécurité et en procédant aux
réformes électorales utiles". Je crois que c'est le message le plus important du
Conseil de sécurité pour avoir des élections de réconciliation. Donc, il est
important de choisir une date opportune. C'est la décision, bien sûr, du
gouvernement Ivoirien, être sûr que la sécurité est là, et procéder aux reformes
électorales utiles. Cà, c'est spécifique dans la résolution. Et il a dit aussi
qu'il incombe au premier chef au Gouvernement ivoirien d'organiser les élections
locales, bien sûr, aux cotés des organisations du Gouvernement ivoirien, et
autorise une assistance de l'ONUCI pour ces élections. Mais c'est très strict,
parce qu'on dit « en fonction des ressources » que nous avons. Mais, je vous dis
que nous n'avons pas beaucoup de ressources. Je crois que la consigne du Conseil
est là : il y a la première responsabilité du Gouvernement; ces élections
peuvent être un élément de réconciliation, mais il faut penser aux le timing
approprié et aux éléments que j'ai mentionnés ; ca veut dire les reformes
électorales utiles et la sécurité.




 




Je voudrais finir
par ce message-clé du Conseil de sécurité aux Ivoiriens. C'est clair que le
Conseil de sécurité a, dans sa résolution, aussi renforcé la politique de
décentralisation de notre mission. Vous savez que nous avons ouvert des bureaux
à Guiglo, à Toulepleu, à Tai... pour la  nécessité que vous connaissez, et les
zones à risque en particulier dans l'Ouest.




 




Le dernier point que
je voudrais souligner [est que] le Conseil de Sécurité reste détermine à
poursuivre son engagement vis-à-vis la Côte d'Ivoire en vertu du Chapitre VII de
la Charte des Nations Unies, ce qui implique que les Nations Unies peuvent
utiliser tous les moyens nécessaires pour protéger les civils et son mandat. 




 




En ce qui concerne
la situation dans l'Ouest du pays, je viens lentement de la résolution à la
situation au camp de Nahibly. Je crois que c'est important, le Conseil de
sécurité a aussi dit quelque chose sur la situation. Le Conseil condamne
fermement "tout acte d'intimidation, toute menace et toute attaque visant des
réfugiés et déplacés en Côte d'Ivoire, dont l'attaque du 20 juillet 2012" contre
le camp de déplacés de Nahibly. Et il "rappelle que le Gouvernement ivoirien est
le premier garant de la paix, de la stabilité et de la protection de la
population civile en Côte d'Ivoire". Ca, c'est la résolution du Conseil de
sécurité, qui "rappelle que le Gouvernement ivoirien est le premier garant de la
paix, de la stabilité et de la protection de la population civile en Côte
d'Ivoire".




 




J'aimerais
maintenant que nous parlions de la situation dans l'Ouest du pays et de Nahibly.
Je suis revenu immédiatement à Abidjan, après les discussions à New York.
J'avais projeté d'autres plans, mais j'étais très touché et choqué,
personnellement, par ce qui s'est passé à Duékoué. J'ai écourté mon séjour et je
suis revenu ici. En tant que Représentant spécial, j'aimerais avant toute chose,
réitérer nos condoléances sincères aux familles des victimes de cette tragédie
et à la nation ivoirienne toute entière. J'aimerais également réitérer que tout
doit être fait pour empêcher que de tels désastres se répètent en Côte d'Ivoire.
J'en ai parlé hier, comme vous l'avez probablement vu dans la déclaration de
presse, avec les différents ministres du Gouvernement, sur la nécessité
d'investir  dans la paix et la sécurité, mais aussi dans la fin de l'impunité.
Ce groupe de ministres ira, je crois aujourd'hui ou demain, à l'ouest. J'ai
parlé avec tous les députés de l'ouest ; nous avons également parlé avec la
population Wê, avec la LIDHO et d'autres organisations. Beaucoup a été dit sur
la question de la responsabilité. J'avais dit auparavant quelque chose se
rapportant à la vision du Conseil de sécurité sur ce sujet.  Avant hier soir,
sur une chaine de télévision étrangère, en l'occurrence TV% Monde, le Chef de
l'Etat de Côte d'Ivoire, le Président Alassane Ouattara, a rappelé exactement le
rôle de l'ONUCI. J'ai beaucoup apprécié cela et ce qu'il a dit est tout à fait
conforme à notre mandat tel qu'il est établi par le Conseil de sécurité.  Je
vais faire l'historique du camp de Nahibly ; je m'excuse car je vais prendre un
peu de votre temps, mais j'ai l'obligation d'être précis sur ce qui s'est passé
à Nahibly ainsi que ce que nous faisons maintenant. Nahibly est le dernier camp
des déplacés qui restait en Côte d'Ivoire. Comme vous le savez, il y avait eu
plusieurs camps mais dans tous les autres, les Nations Unies ont aidé à
sécuriser le retour volontaire des déplacés.




 




Sur la base d'un
échange de lettres avec le Gouvernement, un terrain a été octroyé et un camp a
été construit à Nahibly en juin 2011 par le HCR et ses partenaires afin de
décongestionner la Mission catholique. Ce camp avait plus de 4.400 personnes
déplacées en mai 2012 : la plupart venaient des villages environnants comme
Niambly et Carrefour.  Le Gouvernement, à travers le Comité National de
Coordination des Affaires Humanitaires
(CNCAH), a exprimé sa préoccupation
au sujet de la présence des personnes déplacées dans la région, et la communauté
humanitaire a préparé un plan d'action pour adresser les préoccupations du
Gouvernement.  En novembre 2011, dans le cadre de la stratégie de facilitation
du retour des déplacés, établie conjointement avec le Gouvernement et les
acteurs humanitaires, Nahibly a été choisi pour abriter un site consolidé pour
l'Ouest.  En avril et mai 2012, le Gouvernement , le HCR et l'ONUCI, ont eu des
discussions sur l'avenir du camp de Nahibly et sur le retour volontaire des
déplacés. Nous avons formulé ensemble une politique d'enregistrement des
déplacés pour leur retour volontaire et une stratégie pour diminuer ensemble le
problème de sécurité à l'intérieur du camp – pour les déplacés et les
travailleurs humanitaires – et à l'extérieur – pour les communautés. 




 




A partir du mois de
mars 2012, il y avait eu 14 attaques contre les travailleurs humanitaires dans
le camp et, au mois de mai, le HCR a envoyé une lettre aux autorités relevant
ces incidents, en  leur informant que la distribution de vivres sera suspendue.
Le 22 mai, des acteurs humanitaires ont été menacés par des individus au sein du
camp.  La police des Nations Unies (UNPOL) et les autorités locales ont décidé
ensemble d'établir un poste de police conjoint dans le camp avec la présence
d'UNPOL, du FPU [unité de police constituée] et de la police et gendarmerie
nationales. Cependant, la police nationale a quitté le poste peu après.




 




Dans la nuit du 19
au 20 juillet, un braquage armé à Kokoma, un quartier de Duékoué, a occasionné
la mort de cinq personnes. Suite à cet incident le camp de déplacés de Nahibly a
été visité par des dozos qui voulaient entrer dans le camp, ce qui n'était pas
permis.




 




Le matin du 20
juillet, une foule d'entre 500 et mille personnes se présente au camp. En ce
moment, l'ONUCI avait 12 policiers à l'intérieur du camp et 10 militaires sur le
périmètre extérieur, comme cela avait été convenu avec le Préfet de Duékoué.
Selon l'information que nous avons maintenant, la police ivoirienne n'était pas
dans ce camp. Vingt-quatre autres militaires sont ensuite venus en renfort. La
foule a débordé le dispositif sécuritaire.




 




Sur la base des
informations dont nous disposons maintenant, je suis en mesure d'affirmer qu'il
aurait été impossible de protéger le camp sans tirer massivement sur la foule.




 




La foule a incendié
le camp. Il y a eu six morts confirmés, 56 personnes blessées et environ 5.000
personnes déplacées enregistrées dans le camp ont été dispersées. Certaines
personnes déplacées ont cherché refuge à la Mission catholique, à la mairie de
Duékoué, à la Préfecture, dans le quartier Carrefour, dans les forêts
environnantes, devant la base militaire de l'ONUCI.




 




Qu'est-ce que nous
avons fait après l'incident
 ?




 




L'ONUCI a pris,
immédiatement, des mesures pour protéger les personnes déplacées dans les sites
mentionnés ci-dessus en renforçant sa présence militaire et policière.  En même
temps nous, les Nations Unies, nous avons réactivé notre plan de contingence
humanitaire et nous avons entamé le processus de collecte d'informations sur les
populations dispersées par l'attaque afin de savoir où elles se trouvent et
quels sont leurs besoins,  et pour leur fournir une assistance. Nous continuons
à le faire.




 




Le Représentant
spécial adjoint, M. Akodjénou, a tout de suite rencontré le Premier Ministre
tandis que les fonctionnaires de l'ONU sur place à Duékoué ont eu des
discussions avec les autorités locales. Le but de ces discussions était,
notamment, de souligner que les forces de sécurité devaient assumer pleinement
leur responsabilité de protéger les personnes et les biens, surtout là où se
trouvent les personnes déplacées, de souligner que les droits fondamentaux des
déplacés doivent être pleinement respectés, de souligner que tout retour doit
être volontaire. Ces rencontres avaient aussi pour objectif d'informer les
autorités des mesures mises en place par l'ONUCI pour éviter une détérioration
de la situation sécuritaire et humanitaire à Duékoué. Nous avons également
réitéré que l'ONUCI continuera à jouer son rôle de contribuer aux efforts des
autorités nationales pour assurer la sécurité des personnes déplacées et, d'une
manière générale, des populations civiles.




Nous avons continué
les consultations avec les autorités, ainsi que d'autres segments de la société
ivoirienne, pendant toute la semaine. Hier, nous avons rencontré, comme je
l'avais dit précédemment, un groupe de ministres qui s'occupent des affaires
humanitaires, la LIDHO, et des élus et cadres de la région de l'Ouest.




 




Par ailleurs,
l'ONUCI a lancé immédiatement une investigation qui cherchera, entre autres, à
clarifier la manière dont son personnel a répondu à l'incident.




 




Nous sommes également en train de mener une opération de
ratissage afin de vérifier s'il y a des corps additionnels dans les alentours de
Duékoué. Cinquante-sept policiers (57) jordaniens, bangladais, pakistanais et
ivoiriens à bord 11 véhicules y participent. Jusqu'à hier soir ils n'avaient
retrouvé aucun autre corps.




 




Quelle est la situation actuelle?




 




Un calme relatif est
revenu. L'ONUCI maintient à l'heure actuelle 192 militaires, et 158 policiers à
Duékoué. Les forces de l'ONUCI font des patrouilles dans la ville de Duékoué
ainsi que sur l'axe Man-Guiglo-Daloa, afin de contribuer à un environnement
sécuritaire amélioré. 1,050 personnes déplacées ont été enregistrées et elles
sont rentrées volontairement à 11 villages (Blody,
Niambly, ToaZeo, Guehibly, Bahoubli, Diahouin, Delobly, Tienoula, Guezon,
Teobli-Bangolo et Bangolo)
. Plusieurs autres sont revenues spontanément à
leurs villages d'origine. Entre  70 et 100 personnes déplacées sont toujours à
la Mairie et à la Préfecture.




 




Pour terminer, je
tiens à souligner un certain nombre de choses :




 




-                          
Les incidents de
Duékoué - y compris les phénomènes de blâme collectif et de justice par la foule
- soulignent la nécessité d'un processus de réconciliation solide et, en même
temps, de la restauration de l'état de droit et de l'autorité de l'Etat à
travers le pays.




-                          
L'ONUCI continuera
de fournir un appui aux autorités nationales pour qu'elles assurent la sécurité
des personnes déplacées et la population de cette région.




-                          
Conformément à son
mandat, la mission continuera de contribuer à la protection des civils, qui
demeure une responsabilité souveraine de l'Etat. 




-                          
Les effectifs
supplémentaires déployés à Duékoué vont être maintenus pour le moment, et la
présence civile sera renforcée.




-                          
L'ONUCI salue le
message du Président de la République, qui a affirmé que les auteurs des
violences doivent répondre de leurs actions. Ce matin, j'ai pris l'initiative de
voir tout ce qui est possible pour soutenir le procureur de Man et de m'adresser
aussi à la Ministre de la Justice pour être sûr qu'il y a une investigation
approfondie et que les personnes responsables de ces actes soient jugées.




-                          
L'ONUCI tient à
souligner que la justice doit être impartiale. Elle doit viser et les auteurs du
braquage qui a été rapporté à Kokoma, et ceux qui ont fait partie de la foule,
qui ont tué des gens à Nahibly et incendié le camp.




-                          
L'ONUCI appelle à
toutes les personnes et instances concernées à assumer leurs responsabilités en
menant les investigations qu'il faut et en traduisant les auteurs présumés 
devant la justice.  L'ONUCI fournira tout le soutien technique nécessaire.




-                          
J'aimerais souligner
que les forces de sécurité nationales doivent assumer pleinement leurs
responsabilités dans la protection des personnes et des biens, surtout dans les
zones où se trouvent les personnes déplacées.




-                          
Les droits
fondamentaux des déplacés doivent être respectés, et tout retour doit être
volontaire.




-                          
Le Gouvernement
ivoirien, les élus et cadres de la région, les autorités locales, les chefs
traditionnels, les représentants des diverses communautés doivent, ensemble,
s'attaquer aux causes profonde de l'insécurité dans l'Ouest.




L'ONUCI reste
disposé à contribuer à ces efforts conformément à son mandat.




Je vous remercie
pour votre attention ; c'était un peu long mais il était important de vous
éclaircir sur les messages du Conseil de sécurité et sur la situation à Duékoué.
Merci beaucoup.




KB :

Merci M le
Représentant spécial. Vous pouvez maintenant poser des questions. N'oubliez pas
de donner votre nom et l'organe de presse que vous représentez ici.




 




Loucoumane Coulibaly (Reuters) : Est-ce que vous pouvez nous
parler du projet de réduction de l'effectif militaire. .. ?




 




BK :

Oui. Le Conseil de sécurité a décidé de réduire les effectifs militaires de
l'ONUCI d'un bataillon. Cela veut dire entre 750 et 850 personnes. Mais ils ont
ajouté quelque chose d'important : Il faut le faire en termes de ce qui est
pratique - par rapport à la situation à l'ouest, sur la base de notre mandat qui
est sous chapitre 7 de la charte des Nations Unies, du fait aussi que nous
sommes en train de faire une enquête sur les attaques de Para. Nous allons
réduire d'un bataillon au cours de cette année. On a discuté avec le Conseil de
sécurité et nous avons convenu que oui, il est possible de réduire en raison des
avancées du pays et aussi comme signe au Gouvernement ivoirien, car la sécurité
du pays est aussi sa responsabilité, mais nous comprenons aussi le contexte
 dans lequel nous sommes ; il faut une diminution au cours de l'année et ce, de
façon pratique en prenant en compte de tous ces éléments de sécurité que nous
avons eu ces derniers mois.




 




LC : On va diminuer,
mais de combien sera le nombre de soldats et des policiers ?




 




BK :
Le nombre des
policiers ne diminue pas. C'est très important! Sur la base de ce que le Conseil
de sécurité a demandé, nous pouvons maintenir  le même effectif renforce des
éléments de la police de la crise post électorale. La force militaire, quant à
elle, sera diminuée d'un bataillon sur la base de nos analyses sécuritaires ici
et la faisabilité de le faire en cours d'année. Comme vous le savez, le Conseil
de sécurité a prolonge notre mandat d'un an. Je dois donc réduire cet effectif
au cours de l'année, mais j'ai assez de flexibilité pour décider quand et où je
dois le faire.




 




Leboucher (AFP): je
voudrais vous poser deux questions. Vous aviez parle d'une enquête, du moins de
voitures qui patrouillent à hauteur du camp pour chercher les morts. Vous n'en
aviez apparemment pas trouvés. Vous émettez donc l'hypothèse qu'il y a eu plus
de morts. Première question. Deuxième question. Vous avez parlé d'une foule de
500 à 1000 personnes ; est-ce que vous savez s'il y avait des Dozos où des FRCI
dans cette foule




 




BK
:
Sur le premier point il s'agit sait de trouver s'il y avait plus de morts. Il y
a des organisations qui ont affirmé qu'il y a eu plus de 200 morts. Si c'est le
cas, je veux le savoir. C'est important de savoir combien de morts il y a eu à
cause de cette crise. C'est pourquoi j'avais demandé à notre police de faire un
ratissage pour voir si éventuellement il y a eu d'autres morts. Nous n'avons pas
trouvé de corps ou les traces des corps. Cela ne veut pas dire que j'exclus la
possibilité que le nombre de morts soit plus élevé. Je n'ai pas de preuves.




Bien sûr avec le
HCR, notre police et les autorités, nous avons suivi toutes les pistes possibles
et nous n'avons aucune indication qui nous prouve qu'il y ait eu plus de morts.
C'est mon obligation, s'il y a des demandes, de faire des recherches. Pour le
moment, je suis catégorique : il n'y a pas plus de morts que les chiffres qui
ont été déjà avancés. Sur la deuxième question, excusez-moi, pouviez-vous la
répéter.




 




PL S'il y avait des
chasseurs Dozos dans la foule
.




 




BK:

Il y a encore des enquêtes ; à ce stade je ne peux pas être affirmatif. Ce que
je peux vous dire, par contre, c'est que le matin, il y avait des dozos qui
voulaient entrer dans le camp, ce que les humanitaires et notre police n'ont pas
permis. Cela ne veut pas dire que nous ne voulons pas travailler. Quand il y a
eu des problèmes dans le camp, nous avons eu notre structure UNPOL dans le camp,
le contingent marocain autour du camp et la police ivoirienne, à qui nous avons
demandé d'être présent. Celle-ci n'était pas présente. Mais ce qu'on fait en
pareille circonstance, c'est qu'on laisse les autorités compétentes faire la
justice. Ce n'est pas à une foule de faire justice. Ce n'est pas permis. Sur
votre question je dirais qu'effectivement des dozos sont venus le matin.
Etaient-ils dans la foule ? Je ne peux pas pour l'instant vous le dire. Nous
faisons des enquêtes sur ce point.




 




Soro (alerte info):
Lors d'une conférence de presse le Front Populaire Ivoirien [FPI], par la voix
de son porte parole Laurent Akoun, a affirmé qu'il y a eu 211 morts, une
centaine de blessés et une centaine de disparues. Je voudrais savoir si ce
chiffre est confirmé. Ma deuxième préoccupation, c'est la question des MI 24 qui
devaient être déployés par l'ONUCI, je ne sais pas si c'est encore à l'ordre du
jour. [...]




 




BK:
J'ai bien lu la
déclaration du FPI. Hier, j'ai eu une réunion avec une délégation du peuple Wè
pour m'informer et pour leur présenter mes condoléances. J'ai été informé sur ce
chiffre de 211. Je ne peux pas le confirmer. J'ai demandé à la délégation du
peuple Wè de me donner des informations précises là-dessus. Elle ne l'a pas fait
encore. S'ils ont ces informations je suis prêt à les recevoir. Je fais tout
pour trouver les faits justes. Je le répète encore. Je n'exclus pas le fait
qu'il y ait d'autres morts, mais à ce stade, je n'ai pas de confirmation et je
n'ai pas d'indication qu'il y a plus de morts. Sur ces choses-là, il faut être
très précis. Il ne faut pas donner des chiffres qui ne sont pas basés sur des
faits. Mais l'ONUCI est très ouvert pour découvrir la vérité. C'est pour cela
que nous avons des personnes sur le terrain. Il y a le HCR, une quarantaine de
policiers sur le terrain. S'il y a des informations à donner à l'ONUCI, nous
sommes prêts à les recevoir. Mais les faits sont plus importants. Dans un
contexte très fragile avec des tensions entre les groupes ethniques, politiques
et religieux, il faut être très précis sur les chiffres et la réalité. Je
continue à le dire : la violence qui a entraine les morts et des blesses est
inacceptable et la justice doit faire son travail.




Pour ce qui concerne
les hélicoptères, dans la résolution du Conseil de sécurité, il a été adopté que
les trois hélicoptères stationnés au Liberia viennent dans la ville de Man. Ils
y seront pour la Côte d'Ivoire et pour le Liberia, pour aider nos forces à
sécuriser la frontière des deux pays. C'est important pour notre mandat de
protection des civils - comme nous l'avons fait a Para et dans d'autres
localités - d'avoir une couverture aérienne. Ce ne sont pas des hélicoptères
offensifs. Ils ne viennent pas pour faire la guerre. Ce sont des hélicoptères de
surveillance dont l'objectif est de protéger les civiles.




 




Saint-Claver Oula
(Nouveau Courrier) : M le Représentant spécial, vous aviez dit tout à l'heure
que des humanitaires ont fait l'objet d'attaques dans le camp, sans plus. En
même temps, il y a des autorités ivoiriennes, notamment le préfet, qui a donné
une interview dans un organe de presse gouvernemental et il a dit que dans ce
camp, il y a des milices, il y a des braqueurs qui se réfugient dans ce camp.
Est-ce que les humanitaires qui ont fait l'objet d'attaque l'ont été de la part
de ces milices dont il a été question ? J'aimerais que vous apportiez un peu
plus de précision. Ce pour quoi les gens ont investi et attaqué le camp.




 




BK :

Il n'y a jamais d'excuses pour une attaque d'une foule d'un camp. Le deuxième
point, nous avons reçu des messages d'intimidation de quelques humanitaires dans
les camps. C'est pour cela que nous avons convenu avec le préfet pour protéger
ces humanitaires, de faire le travail dans le camp pour la population à
l'intérieur du camp, d'avoir des Unpol pour réduire le problème, d'assister les
déplacés [...]. C'est cette politique que nous avons eu. D'une manière organisée,
en prenant au sérieux les problèmes dans le camp et dans une période qui avait
été convenue avec le gouvernement, c'est pour cette raison que je suis allé
personnellement là-bas pour parler avec les humanitaires. Le problème était que
des personnes dans le camp ont intimidé les humanitaires. Cela n'est pas
acceptable et c'est pour cela que nous avons fait avec le gouvernement,
l'organisation que je vous ai décrit il y a quelques minutes.




 




St CO :

Lorsque les déplacés étaient dans le camp, il était question de favoriser leur
retour dans leur village et ils avaient posé un certain nombre de
préoccupations, notamment la sécurisation de leur retour et la sécurité, surtout
dans les villages qu'ils ont quittés. Là, le camp a été attaqué, il a été
détruit et il est question comme vous l'avez dit tout à l'heure de les
accompagner dans les villages pour lesquels ils ont toujours posé le problème de
sécurité. Est-ce que cette sécurité est garantie pour leur retour ?




 




BK :

Il y avait toujours des citoyens qui voulaient revenir dans leur village, il y
avait d'autres qui ne voulaient pas. Le principe humanitaire international est
que cela se fait seulement sur la base du volontariat. Cela veut dire que ceux
qui veulent retourner doivent avoir le droit de revenir et ceux qui ne veulent
pas ont, en tout cas, une possibilité d'être protégés par les autorités et
soutenus par l'ONUCI. C'est le premier point pour expliquer les principes. Le
deuxième est que les gens qui veulent maintenant retourner dans leur village, et
c'est la grande majorité des déplacés je crois, le font avec le HCR. Le HCR est
sur le terrain, il fait aussi avec eux les investigations dans leurs villages :
est-ce qu'il y a la sécurité ? Est-ce qu'il y a des problèmes de maisons ? de
foncier ? etc. Et sur cette base, ils peuvent retourner là-bas et, si c'est
nécessaire, notre police et aussi notre force qui, à leur demande, peuvent être
sur place pour aider à la sécurisation. Je crois que la grande majorité veut
retourner, les autres sont dans les différentes localités à Duékoué et sous
protection. C'est ça la situation en ce moment. Nous allons voir dans les jours
à venir comment la situation se développe. Le plus important maintenant, c'est
de réduire la tension. Nous avons maintenant eu deux grandes attaques. A Para et
à Duékoué. C'est dans une région où il y a eu beaucoup de problèmes politiques
et interethniques. C'est maintenant la responsabilité des leaders de tous les
côtés de réduire la tension, d'aider à sécuriser les différents villages. Comme
je vous l'ai dit, nous avons l'obligation d'aider le gouvernement dans la
protection des civils.




 




Benjamin:

Good morning SRSG, my name is
Benjamin. I file for the African Standard. There is a mandate for the UN to
protect civilians yet there was an attack in recent times. So I want to know if
the UN has failed in its mandate to protect civilians.




 




BK:

Maybe it's good to clarify the mandate of protection of civilians, which I see
as at the heart of our mandate.  And I think we have done the utmost of
what we could in the context of the agreement we had with the Government and in
the context of the situation with which we were faced. As I said, we shall do an
investigation and I will give you the major conclusions on this. But it is very
clear that our forces did not decide to fire at a large group of people that
were attacking the camp. That would have caused many, many people to be killed,
even more. It is very clear that we have a mandate, together with the
Government, who has the first responsibility to protect civilians. That's why we
had set up these arrangements in the camp. And I regret that a large group of
people decided to overrun this camp. Protection of civilians - you cannot be
everywhere all the time. This was the arrangement we had and I feel comfortable
that we have done the utmost and that we have not gone into a massacre of a
large group of people. It doesn't take away the fact that I think it's
unacceptable. It is actually against international humanitarian law that the
United Nations also has been attacked and that there were people with knives and
that people have taken the law into their own hands. But it is not a failure of
the United Nations. Merci beaucoup.