Un atelier de formation organisé conjointement par la sous-préfecture d'Odienné et l'Opération des Nation Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI), a réuni, jeudi 8 octobre 2015, 120 participants membres de la chefferie traditionnelle, des comités villageois de gestion des conflits, présidents des jeunes, des femmes, représentants des agriculteurs, éleveurs et de la CEDEAO de la sous-Préfecture d'Odienné (900 km au nord-ouest d'Abidjan), dans la région du Kabadougou.



En ouvrant les travaux, le Secrétaire Général II de la préfecture d'Odienné, Vincent N'guessan Ahoutou, qui représentait le Préfet de région du Kabadougou, a planté le décor de cet atelier et rappelé que l'instauration d'un climat social apaisé pour des élections sereines en Côte d'Ivoire ne peut être possible sans l'implication de la chefferie traditionnelle et des leaders d'opinion. « La méconnaissance des rôles et responsabilités de l'autorité traditionnelle peut entrainer des conséquences regrettables pour la nation toute entière. C'est pour répondre à cette préoccupation que le Gouvernement ivoirien a procédé, le vendredi 2 octobre 2015 à Yamoussoukro, à l'installation officielle de la Chambre des rois et chefs traditionnels relativement à la loi Nº 2014-428 du 14 juillet 2014 pour leur permettre de travailler dans un cadre formel afin qu'il puisse accomplir la mission qui leur est assignée par l'État de Côte d'Ivoire au profit de la population », a-t-il expliqué.



Au nom de la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour la Côte d'Ivoire, le Coordonnateur du bureau de ONUCI à Man, Éphraïm Abwe Diabe, a rappelé le rôle d'appui de la Mission en cette période préélectorale concernant les initiatives prises par les des autorités administratives pour établir des conditions favorables à des élections apaisées. « Vous, leaders communautaires, l'ONUCI et le pays comptent sur vous pour que les élections qui pointent à l'horizon soient apaisées afin de permettre à la Côte d'ivoire de se repositionner et reprendre son envol dans le concert des nations. La Représentante spéciale salue, encourage et soutient cette initiative », a-t-il indiqué.



Le Sous-préfet d'Odienné et animateur principal de cet atelier, Serge Rodrigue Zagou, exposant sur le thème ''la loi Nº 2014-428 du 14 juillet 2014 portant statut des rois et chefs traditionnels de Côte d'Ivoire'', a défini la loi comme étant un ensemble de dispositions prises par le Parlement pour organiser la vie en société. Il a ensuite expliqué les raisons de la mise en œuvre de cette loi et son implication au niveau de l'organisation administrative. « En même temps que cette loi détermine les avantages du chef, elle définit également son rôle et sa responsabilité, surtout en cette période décisive de la vie de la Côte d'Ivoire », a souligné M. Zagou.



Abordant les deux modules suivants, ''le chef du village et la gestion des conflits'' et ''les outils de gestion des conflits sociaux'', le Sous-préfet d'Odienné a énuméré les valeurs qu'un chef de village doit incarner pour être un leader modèle à travers qui toute la population se reconnait. Il a évoqué, entre autres, la neutralité, l'intégrité, l'honnêteté, la justesse avant d'expliquer la composition des structures de gestion des conflits au niveau du village et de préciser les outils et mécanismes de gestion des conflits.



Concernant le dernier thème ''les attitudes à développer par la chefferie traditionnelle face aux échéances électorales à venir'', le Sous-préfet a mis l'accent sur l'implication des chefs de village et leaders d'opinion dans le processus électoral pour un environnement électoral et un climat social apaisés.



Partageant les expériences des uns et des autres, la chargée des Affaires civiles de l'ONUCI à Guiglo, Sandra Lucette Pena, a exhorté les femmes d'Odienné à s'impliquer davantage et à demeurer au centre de la gestion des conflits dans leur localité. Alors que l'homme aperçoit de manière globale le problème posé, a expliqué Mme Pena, la femme, en même temps qu'elle l'aperçoit de cette manière, détecte au même moment les détails du problème. « C'est justement dans ces détails que l'on trouve très souvent les solutions au problème posé. Soyez et demeurez de bons conseillères à vos maris », a-t-elle conseillé.



Satisfaite du séminaire, la Présidente des femmes du quartier École II d'Odienné, Assata Doukouré, a remercié la Cheffe de l'ONUCI. « Cet atelier nous a permis de voir combien de fois nous sommes importantes dans le règlement des conflits aux côtés de nos maris. Nous souhaitons, une fois de plus, que notre sœur, Mme Aïchatou Mindaoudou, nous aide à former toutes les femmes de notre circonscription pour que nos actions soient plus significatives », a dit Mme Doukouré.



Au titre des recommandations, il a été demandé le renforcement des capacités de toutes les femmes de la sous-préfecture d'Odienné en matière de gestion des conflits ; la disponibilité du matériel électoral à temps au niveau des bureaux de vote et la sécurisation des élections. Les chefs traditionnels de la sous-préfecture d'Odienné eux, se sont engagés à la neutralité et à l'impérialité dans l'exercice de leur fonction.



Pour clore cet atelier de renforcement des capacités, le Coordonnateur du bureau de l'ONUCI à Man, s'est appuyé sur une citation du premier Président de la Côte d'Ivoire, Felix Houphouët-Boigny. « La paix n'est pas un vain mot mais un comportement », avant d'exhorter la population ivoirienne, en particulier celle d'Odienné, à faire en sorte que leur comportement apporte la paix, socle de tout développement en Côte d'Ivoire.