Les populations de Biankouma crient leurs souffrances

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12 mai 2008

Les populations de Biankouma crient leurs souffrances

Biankouma, le 12 mai 2008...Les populations de Biankouma, (642 km au nord-ouest d'Abidjan), ont participé massivement, le samedi 10 mai 2008, au forum itinérant de l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI). Cet événement qui s'est déroulé dans leur ville a favorisé le contact avec les représentants de la mission onusienne dans le pays et a été perçu comme un signe d'espoir par les populations, victimes des effets de la guerre et isolées depuis plusieurs années.

L'intérêt pour le forum organisé par l'ONUCI à Biankouma a été non seulement exprimé par la population, mais également par les autorités politiques et administratives de la région qui y ont assisté. Le 4e adjoint au maire de la ville, Joseph Sangbeu Gondo a déclaré que les habitants de Biankouma n'avaient d'autres choix que de saisir la perche tendue par l'ONUCI, à travers ce forum, pour exposer au monde les difficultés auxquelles ils font face depuis près de six ans. La présidente du Conseil général de Biankouma, Bertine Tia Monnet a insisté sur les difficultés des populations de Biankouma, citant notamment la pauvreté généralisée de la population et la dégradation des infrastructures. Elle a néanmoins indiqué que les habitants de la ville qui ont vécu les pires atrocités de la guerre et ses effets collatéraux, adhèrent désormais au processus de paix et soutiennent les principaux acteurs politiques que sont le chef de l'Etat et son Premier Ministre.


La société civile de Biankouma, représentée par son président Sadia Salifou Diomandé, a salué la mise en œuvre de l'Accord politique de Ouagadougou (APO).M. Diomandé a aussi crié son désarroi face au dénuement dans lequel se trouve le département de Biankouma. Afin de lutter contre le déboisement, un des fléaux qui gangrènent la région - conséquence de l'afflux massif d'étrangers - il a proposé un moratoire de 15 ans sur l'exploitation forestière.

Mattala Sy, Chef par intérim du bureau de l'ONUCI à Daloa a souligné la signification de la présence de l'ONUCI dans le département de Biankouma. Il s'agit « d'encourager les acteurs qui ont accepté de taire leurs rancœurs pour se mettre ensemble », a-t-il déclaré. Il a ensuite expliqué le mandat de l'ONUCI, avant d'énumérer les actions que la mission a accomplies dans la région, notamment pour le maintien de la cohésion intercommunautaire.

Le préfet du département de Biankouma, Pierre Évariste Aonon, s'est félicité du fait que Biankouma qui a perdu un de ses plus illustres fils aux premières heures du conflit, en la personne de l'ex-chef de l'État, Robert Guéï, ait décidé de pardonner. Il a rappelé que le président Gbagbo avait promis de se rendre dans le département et a invité les populations de Biankouma à se retrouver « pour remettre le développement en marche ». Il a, enfin, annoncé le démarrage prochain du processus d'identification.

Comme dans tous ses forums organisés à travers le pays, les différentes sections de l'ONUCI ont présenté leurs missions et répondu aux questions du public.

Les chefs traditionnels, les représentants des jeunes et des associations de femmes du département réunis la veille autour d'ateliers, ont formulé plusieurs recommandations. Les jeunes ont ainsi demandé l'appui de l'ONUCI pour la réhabilitation du foyer des jeunes, de la bibliothèque municipale et du centre artisanal de la ville. Ils ont également recommandé la création d'un centre de formation et d'encadrement des jeunes filles et l'installation d'une antenne relais d'ONUCI. Les femmes ont, quant à elles, souhaité la construction d'un marché de gros, qui permettrait la reconversion des femmes exciseuses.

Les chefs traditionnels ont exposé entre autres préoccupations, la sécurisation des forêts et la libre circulation des populations et des biens, le désarmement des ex-forces combattantes et l'application effective des dispositions légales du foncier rural en Côte d'ivoire.