LA REVUE DE PRESSE INTERNATIONALE DU JEUDI 24 MARS 2011

24 mar 2011

LA REVUE DE PRESSE INTERNATIONALE DU JEUDI 24 MARS 2011







Crise
ivoirienne : la Cédéao envisage de s'adresser à l'ONU




AFP -

La Cédéao pourrait demander à l'ONU d'aller plus loin dans sa réponse à la crise
ivoirienne qui s'aggrave, a indiqué mercredi le président nigérian Goodluck
Jonathan à l'ouverture d'un sommet ouest-africain consacré en partie à la Côte
d'Ivoire. "Je pense que nous pouvons adopter une résolution pour demander à
l'ONU de prendre des mesures un peu plus sérieuses concernant la situation en
Côte d'Ivoire", a déclaré M. Jonathan. Il s'adressait aux chefs d'Etat et de
gouvernement de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao,
15 pays) réunis en sommet ordinaire dans la capitale fédérale nigériane Abuja en
présence de





Représentants de l'ONU et de l'Union africaine (UA). Goodluck Jonathan est le
président en exercice de la Cédéao. Soulignant "l'engagement et la détermination
collective" de l'organisation régionale pour mettre fin à la crise
post-électorale en Côte d'Ivoire, qui a fait près de 440 morts selon l'ONU
depuis la présidentielle du 28 novembre 2010, il a dit espérer que cela serait
possible "sans faire usage de la force





légitime". Il y a trois mois, les dirigeants ouest-africains ont menacé de
chasser du pouvoir le président ivoirien sortant Laurent Gbagbo par la force,
s'il s'obstinait à refuser de céder la présidence à Alassane Ouattara, reconnu
vainqueur de l'élection par la quasi-totalité de la communauté internationale.
M. Gbagbo occupe toujours la présidence et l'on craint désormais une guerre
civile. Le président de la Commission de l'UA, Jean Ping, qui n'était pas
présent au sommet, a jugé "très préoccupants" les développements des dernières
semaines, dans un discours lu en son nom. Notant une "escalade de la violence",
M. Ping a pressé le sommet d'"implorer M. Gbagbo de faire ce qui est juste". Il
a ajouté que l'UA était sur le point de nommer "un représentant de haut niveau"
pour la Côte d'Ivoire. Dans la matinée, une centaine de femmes ont manifesté
devant le siège de la Cédéao à Abuja pour demander aux dirigeants
ouest-africains d'agir pour que cesse la violence en Côte d'Ivoire. Une réunion
du Conseil de paix et de sécurité de l'UA a aussi été annoncée pour jeudi à
Abuja, mais il n'était pas clair si elle était maintenue. L'option militaire en
Côte d'Ivoire semble pour l'heure écartée par la Cédéao. Le chef de la
diplomatie nigériane, Odein Ajumogobia, a notamment souligné que l'ONU devrait
valider toute intervention armée. Et la Cour de justice de la Cédéao a enjoint
la communauté, la semaine dernière, de s'abstenir de l'usage de la force en Côte
d'Ivoire. [...]




 




Côte
d'Ivoire : Nouveau sommet pour rien





Afriscoop -

Abuja, la capitale nigériane, abrite depuis hier, 23 mars 2011, un sommet de la
CEDEAO (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest). De nombreux
points sont au menu de ce rendez-vous des dirigeants des pays de cette
sous-région africaine. L'instance suprême de cette organisation sous-régionale
devrait lever la suspension de la Guinée et du Niger qui avaient été exclus
suite à des coups d'Etat militaires, respectivement en 2008 et 2010. A présent,
le retour à une vie constitutionnelle normale est une quasi-réalité dans ces
Etats. Les dirigeants ouest-africains devront aussi choisir le successeur de
Goodluck Jonathan à la présidence tournante de la CEDEAO. Mais comme un
marronnier, la crise postélectorale ivoirienne est toujours au programme des
sommets ouest-africains depuis pratiquement quatre mois. Ainsi, pour la énième
fois, la CEDEAO se tient au chevet de la Côte d'Ivoire. Il y a déjà trois mois,
la communauté ouest-africaine brandissait la menace d'une intervention militaire
pour faire partir Laurent Gbagbo. Mais ces derniers temps, cette option semble
s'éloigner de plus en plus. Pourtant sur le terrain, la situation humanitaire et
sécuritaire ne font que se dégrader, faisant craindre une guerre civile. La
violence gagne plusieurs quartiers d'Abidjan et des localités de l'ouest du pays
occasionnant de nombreux morts mais aussi des milliers de déplacés fuyant les
combats. Mais sauf surprise de dernière minute, rien d'extraordinaire concernant
la Côte d'Ivoire ne devrait sortir de ce sommet d'Abuja. Les chefs d'Etat ne
devraient pas aller au-delà des condamnations d'usage. Et pour l'instant,
Laurent Gbagbo peut dormir tranquille puisque l'option militaire ne sera pas sur
le plateau, en tout cas officiellement. Sur ce point d'ailleurs, la CEDEAO
demande l'onction de l'ONU avant de faire usage de la force. Un aval qui ne sera
pas donné dans l'immédiat. En attendant, le nombre des victimes ne fait que
s'accroître. On a déjà franchi le seuil psychologique de 400 morts depuis le
déclenchement de cette crise. C'est dommage car au sujet de la Côte d'Ivoire, on
a trop parlementé. Ce qu'il faut maintenant, c'est d'aller aux actes. Il urge
que les dirigeants africains cessent de tergiverser. Dans le fond, Kadhafi n'est
peut-être pas plus légitime que Gbagbo. Alors si on est d'accord qu'il faut
installer une zone d'exclusion aérienne en Libye afin de protéger les civils,
pourquoi ne pas déployer une force militaire en Côte d'Ivoire, pourquoi ne pas
concrétiser cette foutue option militaire ? Maintenant, reste à savoir qui va la
faire ! A ce propos, un adage de chez nous dit que la tête du chien enragé qu'on
veut maîtriser doit être tenue par son propriétaire. Autrement dit, c'est aux
Africains, à l'Union africaine et à la CEDEAO d'aller au charbon, de déloger
Laurent Gbagbo du pouvoir qu'il usurpe. Ce dernier vient de subir un grand
revers diplomatique avec la décision de l'Angola de reconnaître Alassane Dramane
Ouattara comme le président élu de la Côte d'Ivoire. Un véritable coup de massue
pour Abidjan dont l'Angola était un précieux appui et dont l'ambassadeur a
assisté au simulacre d'investiture du président sortant. Après donc Pretoria,
c'est au tour de Luanda de lâcher Gbagbo qui se trouve plus que jamais isolé
diplomatiquement.




 




Côte
d'Ivoire : Laurent Gbagbo lâché par l'Angola ?




Jeune
Afrique Web -

Soutien indéfectible de Laurent Gbagbo, le président angolais José Eduardo dos
Santos vient à son tour de reconnaître la position de l'Union africaine, qui
considère Alassane Ouattara comme le seul président élu de Côte d'Ivoire.
Lâchage en règle du président ivoirien sortant ? Tout n'est pas si simple. De
plus en plus seul, Laurent Gbagbo ? Le président sortant de la Côte d'Ivoire qui
refuse de reconnaître Alassane Ouattara comme son successeur, viendrait de «
perdre » son plus fidèle soutien, le président angolais José Eduardo dos Santos.
Le ministre angolais des Affaires étrangères Georges Chikoti a publiquement
déclaré, mardi 22 mars sur la « Televisao Publica de Angola » (télévision
d'État) que son pays s'alignait sur la position de l'Union africaine - qui
reconnaît Alassane Ouattara comme le seul président élu de Côte d'Ivoire. Selon
une dépêche de l'agence officielle angolaise AngolaPress, qui rapporte des
propos du ministre des Affaires étrangères, l'Angola continue « à défendre
l'option du dialogue dans la crise en Côte d'Ivoire ». « L'Union africaine a
recommandé aux parties engagées dans la crise l'application d'un accord qui
permette un gouvernement d'union et de réconciliation nationale. [...] Cette
position de l'organisation continentale est également celle de l'Angola »,
indique la dépêche. Mais il faut peut-être nuancer ce qui apparaît comme un
sérieux revers pour le président ivoirien sortant, qui a lui-même déclaré
attendre le représentant de l'UA à Abidjan pour la mise en œuvre d'une solution
négociée (même s'il rejette avec force les propositions de l'UA allant en ce
sens). Gbagbo a même affirmé vouloir laisser la porte ouverte à un « dialogue
interivoirien », le 18 mars dernier. Et visiblement, l'Angola continue de
ménager le président ivoirien sortant. Georges Chikoti a souligné que, selon son
pays, « les institutions nationales, notamment le Conseil constitutionnel
devraient être reconnues comme unique institution qui puisse nous donner la
vérité [...] », rapporte AngolaPress. En reconnaissant à demi-mot Alassane
Ouattara, l'Angola emboîte certes le pas à l'Afrique du Sud, dont le président
Jacob Zuma a longtemps conservé une position neutre sur la crise ivoirienne
avant de se ranger derrière l'UA le 17 mars dernier. Mais c'est pour mieux
réaffirmer que le dialogue est la solution, alors que, sur le terrain, la guerre
civile a bel et bien commencé. [...]




 




Côte
d'Ivoire : Après la Libye, des militaires dans le ciel ivoirien ?





Afriscoop

- Le différend en cours en Libye n'a de ressemblance avec le conflit
militaro-politique ivoirien que le lot de morts qu'il engendre. Des victimes
innocentes qui payent un lourd tribut à l'insatiable gourmandise politique de
leaders africains. Au regard des mobiles brandis par la coalition des
Occidentaux pour intervenir en Libye, un « remake » de cette action en Côte
d'Ivoire ne serait pas étonnant. Décompter des morts ; encore et encore. C'est à
cet exercice que se livrent depuis de longues semaines Libyens et Ivoiriens.
Quand les rebelles grappillent chaque jour qui se lève du terrain en Côte
d'Ivoire, la situation semble être, en Libye, à une ascendance constante pour
les hommes fidèles au Guide libyen. Une chose est sûre : le bilan macabre sera
lourd à terme en Côte d'Ivoire comme en Libye. La tension est à son comble au
pays de Félix Houphouët-Boigny ces dernières semaines. Les populations ne savent
plus à quel saint se vouer, les jeunes patriotes (proches de L. Gbagbo) se font
enrôler dans l'armée et les rebelles fidèles à Ado tentent de fermer la porte
d'entrée sur le sol ivoirien aux mercenaires libériens, censés être recrutés par
le camp présidentiel. Dans ce pays en conflit militaro-politique et dans lequel
les forces militaires étrangères en présence ont pris fait et cause pour Ado, il
ne serait pas étonnant que les Occidentaux appliquent à L. Gbagbo la recette
militaire qu'ils servent en ce moment au Guide Kadhafi. Le camp Gbagbo a-t-il
senti la menace poindre lorsqu'il a encore offert le « dialogue » à son
adversaire politique, voici près de deux semaines ? Les faits sur le terrain
font penser que les forces étrangères n'attendent que l'incident grave
qu'orchestrerait le Fpi pour faire parler leur puissance de feu. D'autant plus
que l'intervention militaire brandie par la Cedeao (sous la férule du président
nigérian Jonathan) semble avoir été rangée dans les tiroirs d'une part. D'autre
part, les milliers de soldats de la paix de l'Onuci ont montré leurs grandes
limites dans la protection des civils, dès que les camps Ado et Gbagbo ouvrent
le feu ! Depuis le début du bras de fer postélectoral en Côte d'ivoire, des
Africains de diverses nationalités ont certes affiché leur soutien à M. Gbagbo.
Essentiellement à cause de sa position anti-impérialiste. Cependant, dans
l'actuelle étape de la crise ivoirienne, ce n'est pas la sympathie venant de
l'étranger qui sauvera le camp Gbagbo. Osons lâcher le mot. Nous sommes presque
à un stade du non-retour. La puissance de feu de la force Licorne (forces
françaises) pourrait ainsi jouer un rôle déterminant dans une éventuelle mise en
branle d'une coalition militaire internationale comme le pouvoir d'Abidjan. [...]




 




Vite,
une résolution à la libyenne !




Le
Pays

- Tous les clignotants sont au rouge en Côte d'Ivoire. Cela, on le sait depuis
belle lurette. On a aussi entendu les appels au secours des populations
suppliciées. Personne ne dira non plus que les avertissements d'Alassane Dramane
Ouattara sur le génocide en préparation, n'ont pas été retentissants et
insistants. Et pourtant, personne n'a, jusque-là, levé le petit doigt. De temps
à autre, un rapport, une interview ou un discours viennent certes rappeler à la
mémoire de l'humanité le drame qui se joue en Côte d'Ivoire. Mais ils n'ont eu
que l'effet d'un coup d'épée dans l'eau. La montée en puissance progressive de
la mobilisation pour le règlement de la crise a été stoppée nette par divers
événements. Le séisme et le tsunami japonais, puis la guerre en Libye, ont eu
l'urgente préférence des puissants de ce monde. Résultat : la Côte d'Ivoire se
couvre d'un voile noir. La garde prétorienne de Laurent Gbagbo peut s'adonner
joyeusement à des massacres à huis clos. L'absence de réaction plus énergique de
la part de la communauté internationale est, du reste, étonnante d'autant que
les cas libyen et ivoirien se ressemblent à s'y méprendre. En tout cas, au
regard du péril que fait courir un dictateur à son peuple, rien ne distingue
Gbagbo de Kadhafi, dans leur détermination à massacrer leurs concitoyens.




Parce
que Gbagbo utilise des armes lourdes contre sa propre population, il tombe sous
le coup d'une résolution du type 1973. L'ONUCI a clairement noté "l'utilisation
croissante d'armes lourdes, dont des mitrailleuses, des lance-roquettes et des
mortiers par les forces spéciales du président Laurent Gbagbo contre les
populations civiles à Abidjan". Gbagbo n'a donc rien à envier à Kadhafi.
Pourquoi alors la France, si soucieuse de la préservation de la vie humaine, se
montre-t-elle peu combative dans le cas ivoirien ? Car il est de notoriété
publique que Paris fut à l'avant-garde – ce qui est à son mérite – de la
bataille pour l'avènement de la résolution 1973. Si elle en restait seulement à
la Libye, la France pourrait être accusée à raison, d'humanisme sélectif. Elle a
donc le devoir de terminer le travail en faisant le même forcing diplomatique,
pour que l'onction de l'ONU soit obtenue en vue d'une intervention militaire en
Côte d'Ivoire. Malheureusement, on observe une réserve persistante de Paris, sur
ce plan, comme si son engagement en Libye lui pesait suffisamment lourd sur les
épaules. Pourtant, pour une raison de justice, rien ne devrait faire perdre de
vue la crise ivoirienne, nettement antérieure à celle de la Libye. La CEDEAO,
qui a, dès les premières heures de la crise ivoirienne, invoqué l'usage de la
"force légitime", a donc là une belle occasion pour faire aboutir son projet.
Et, du coup, elle rétablirait son autorité bafouée par un président sortant tout
en mettant en garde tous les autres apprentis sorciers.




 




Côte
d'Ivoire. Des milliers de personnes fuient les combats




Le
Télégramme -

Des
milliers d'Ivoiriens fuient les combats dans le pays en se dirigeant vers l'est.
Les affrontements entre pro-Gbagbo et pro-Ouattara ont lieu sur la route reliant
Guiglo, ville stratégique tenue par les Forces de défense et de sécurité loyales
à Gbagbo et les miliciens qui les appuient, à la localité de Bloléquin, à une
soixantaine de kilomètres à l'ouest. Parmi les personnes qui s'en vont, de
nombreux villageois se trouvant sur la ligne de front entre Bloléquin et Guiglo.
Bloléquin est la cinquième ville conquise dans l'Ouest par les forces
pro-Ouattara depuis mi-février. Guiglo et Duékoué (à 30km au nord-est)
constituent d'importants carrefours menant à l'est vers la capitale politique
Yamoussoukro, et au sud vers le port de San Pedro. Selon l'Onu, quelque 500.000
personnes ont fui depuis le début de la crise dont 90.000 se sont réfugiées au
Liberia alors que les violences ont déjà fait près de 440morts selon l'Onu.
 Interrogé sur la différence de traitement réservée par la France entre la Libye
et la Côte d'Ivoire, Alain Juppé a déclaré hier: «Nous ne pouvons pas tout faire
partout». «Il y a en Afrique une organisation qui s'appelle l'Union africaine.
Il y a à Abidjan une force qui s'appelle l'Onuci, Organisation des Nations unies
pour la Côte d'Ivoire [...]. Ce n'est pas à la France d'aller sur le terrain», a
insisté le chef de la diplomatie française.




 





"Abidjan est en train de se vider de ses habitants"




Le
Monde –

[...] L'ONU et Human Rights Watch n'hésitent plus à qualifier de "crimes contre
l"humanité" les brutalités commises en Côte d'Ivoire. "La situation dans la
capitale, Abidjan, est extrêmement préoccupante, juge Jean-Marie Fardeau,
directeur de Human Rights Watch Paris. Dans le quartier d'Abobo [contrôlé par
les partisans de Ouattara], les pro-Gbagbo passent avec des pick-up et tirent
dans tous les sens.", ajoute-t-il. Un rapport accablant adressé à la Cour pénale
internationale, établi par Jean-Paul Benoit et Jean-Pierre Mignard, avocats au
barreau de Paris et conseillers de Ouattara, dresse la liste des atteintes aux
droits de l'homme commises par les milices de Laurent Gbagbo. Mais Human Rights
Watch critique également les partisans d'Alassane Ouattara, eux aussi accusés
d'exactions, à Abidjan et dans le nord du pays. Conséquence de toutes ces
exactions, les habitants quittent les quartiers exposés aux violences. Près de
500 000 personnes auraient fui leur habitation depuis fin 2010, selon l'ONU. Et
toujours selon les Nations unies, pas moins de 94 000 Ivoiriens seraient rentrés
au Liberia par peur des massacres. A l'intérieur d'Abidjan, des milliers de
déplacés sont hébergés dans des familles d'accueil. Des milliers d'autres sont
regroupées dans une trentaine de sites. "Ce sont des lieux de transit, les gens
ne restent pas, ils préfèrent quitter la ville", précise Yann Dutertre, chef de
mission d'Action contre la faim en Côte d'Ivoire, joint par téléphone à Abidjan.
Le regain de tension lié aux combats des derniers jours dans la capitale conduit
à un "exode massif". "La ville est en train de se vider de ses habitants,
témoigne Yann Dutertre. Les gares routières et les bus sont pris d'assaut."




Cette
population de déplacés est très vulnérable : déjà gravement touchés par la crise
économique issue de la crise électorale, les habitants disposent de peu de
moyens pour se ravitailler en nourriture et en eau. Les conditions d'hygiène
sont très difficiles dans les lieux de regroupement. L'accès aux soins est
également problématique. Dans l'ouest du pays, deux équipes de Médecins sans
frontières (MSF) fournissent un soutien aux hôpitaux, désertés par une partie du
personnel en raison des combats. A Abidjan aussi l'offre de soins fait défaut.
[...]




 




Soro
appelle à l'assaut sur Guiglo (ouest)





Xinhuanet

-  Guillaume Soro, ministre de la Défense d'Alassane Ouattara, l'un des deux
présidents déclarés de Côte d'Ivoire, a appelé mercredi les "forces
républicaines" à lancer l'assaut sur la ville de Guiglo, dans l'ouest du pays,
pour la libérer des "mercenaires libériens" et des "miliciens" alors que, selon
des sources concordantes, de violents combats ont éclaté à une cinquantaine de
kilomètres de la ville. "Comment peut-on regarder, sans réagir, des miliciens et
mercenaires dresser des barrages aux entrées et sorties d'un chef- lieu de
région de la taille de Guiglo pour empêcher les populations d'y entrer ou d'en
sortir sans observer la moindre réaction de votre part ?", s'interroge Guillaume
Soro, dans un communiqué signé de son porte-parole militaire. Pour le chef de
l'ex rébellion des Forces nouvelles, alliée à Alassane Ouattara, "cela est
inacceptable". "Officiers, sous-officiers et militaires du rang, organisez- vous
pour mettre hors d'état de nuire ces bandes armées qui sévissent impunément sous
vos yeux", lance Guillaume Soro aux " Forces républicaines", nouvelle
dénomination de l'armée "unifiée" composée de l'ex rébellion et de militaires de
l'armée régulière ayant rejoint le camp Ouattara. "Vous avez la lourde tâche de
vous imposer pour protéger les populations civiles, leurs biens et les
opérateurs économiques", souligne Guillaume Soro. Les Forces nouvelles,
installées dans la moitié nord du pays depuis la crise militaro-politique
ouverte en septembre 2002, ont repris depuis quelques semaines aux forces
loyales à Laurent Gbagbo, quatre localités, Toulepleu, Péhé, Doké et Bloléquin,
dans l'ouest du pays. "L'avenir de cette région se trouve entre vos mains. Unis
et solidaires, vous devez la sauver pour y réinstaurer la sécurité et la paix",
insiste Guillaume Soro. L'ouest de la Côte d'Ivoire paie un lourd tribut à la
crise post-électorale dans le pays avec plus de 90 000 personnes déplacées vers
le Liberia voisin.(...)




 




Gbagbo
arme les jeunes patriotes pour "semer la terreur" dans le pays (camp Ouattara)




CRI -

Un leader politique ivoirien proche d'Alassane Ouattara, l'un des deux
présidents déclarés de Côte d'Ivoire, a accusé mercredi le rival, le président
sortant Laurent Gbagbo, d'armer les "jeunes patriotes" pour semer la terreur
afin de le maintenir au pouvoir. "Aujourd'hui, Gbagbo arme les jeunes patriotes
pour tuer, semer la terreur afin qu'il reste au pouvoir", a dénoncé un cadre du
parti de M. Ouattara dans la région du centre, Jeanne Peuhmond, lors d'un
meeting de "remobilisation" à Yamoussoukro (centre, 230 km d'Abidjan). Depuis
lundi, des milliers de jeunes assiègent l'état-major des forces armées fidèles à
Laurent Gbagbo pour s'enrôler afin de " sauver" le pays, à l'appel du leader des
"jeunes patriotes", Charles Blé Goudé, farouche partisan du président sortant.
"Je vous demande d'être prêts à descendre dans la rue pour contrer ses
miliciens", a lancé Mme Peuhmond aux militants de la coalition des partis
politiques soutenant Alassane Ouattara, le Rassemblement des houphouëtistes pour
la démocratie et la paix (RHDP). Jeanne Peuhmond a invité les militants du RHDP
à rester en éveil. "L'heure est grave. Il faut rester vigilant et en éveil",
a-t- elle recommandé. Les violences post-électorales en Côte d'Ivoire ont fait
plus de 440 morts depuis la mi-décembre, selon l'Onu, et font craindre des
risques d'une guerre civile.




 




La
guerre plonge la Côte d'Ivoire dans une crise sanitaire




La
Croix –

[...]
Certains parlent déjà de pénurie d'antirétroviraux pour les personnes atteintes
du VIH-sida ou de consommables pour les victimes d'insuffisances rénales, dont
22 seraient décédés par suite de l'absence de traitement. Une possible
pénurie générale de médicaments à partir d'avril « L'accès au médicament
est le problème de la Côte d'Ivoire le plus grave à l'heure actuelle sur le plan
sanitaire, rapporte Mégo Terzian, responsable des urgences à Médecins sans
frontières. Le directeur général de la santé craint une pénurie générale à
partir du mois d'avril 2011. ». Le système public d'approvisionnement
pharmaceutique, déjà chaotique avant la crise, s'est effondré après la fermeture
des guichets des banques internationales. L'interruption des transactions
financières empêche en effet la pharmacie centrale de commander de nouveaux
stocks auprès de ses fournisseurs étrangers. Même si la Côte d'Ivoire
parvenait à effectuer une commande, la cargaison risquerait d'être bloquée dans
les ports, dont l'activité demeure suspendue depuis l'instauration de l'embargo
international. « Le matériel que nous acheminons par voie aérienne est très loin
de satisfaire les besoins du pays », rapporte Mégo Terzian. L'exode
depuis les quartiers nord d'Abidjan s'accentue. Les combats, qui se sont
considérablement renforcés ces deux dernières semaines, freinent aussi l'accès
des secours aux familles déplacées. D'après les Nations unies, 500 000 Ivoiriens
ont fui leur maison depuis le déclenchement de la crise politique, en novembre
2010. Le mouvement d'exode s'est brutalement accéléré depuis lundi 21
mars. La plupart quittent les faubourgs du nord d'Abidjan, notamment Abobo et
Adjamé. Les uns gagnent des quartiers d'Abidjan plus ou moins épargnés par la
violence, d'autres se réfugient dans les villes de la province. Les plus
démunis viennent gonfler la vingtaine de sites d'accueil improvisés que compte
la métropole ivoirienne. « Quand ils n'ont pas d'endroits où se réfugier, les
civils se dirigent vers les paroisses ou les mosquées », observe Jean Djoman,
directeur du développement de la Caritas Côte d'Ivoire, partenaire du Secours
catholique. Les campagnes redoutent un épuisement précoce des récoltes.
Il s'agit de femmes et d'enfants à 70 %. Beaucoup manquent de couvertures,
de matériels de cuisine. Les ONG s'efforcent de les approvisionner. Mais pour
tous, c'est la « mort subite » – ce qui signifie chez les Ivoiriens le fait de
se nourrir d'un unique repas par jour. [...]




 




Le
bon, la crise et le truand





Slate.fr –

[...] Même si Laurent Gbagbo démissionnait aujourd'hui et qu'Alassane Ouattara
s'installait officiellement au palais présidentiel, la crise ivoirienne ne
serait pas réglée pour autant. Le mal est plus profond et vient de très loin.
Dans les deux camps qui se connaissent et se détestent, les enjeux sont les
mêmes. Au-delà des intérêts, ce sont des questions de pouvoir et d'identité qui
divisent. Et seuls les Ivoiriens peuvent y apporter des solutions durables.
Lorsque feu le président Félix Houphouët-Boigny (au pouvoir de 1960 à 1993)
confia le poste de Premier ministre à Alassane Ouattara, la question de
l'identité de ce dernier se posait déjà. Un sujet sur lequel Laurent Gbagbo n'a
jamais réellement transigé, lui qui le traitait d'«étranger». Et, comble de la
maladresse, Ouattara avait cru bon de se composer un staff de cadres de haut
niveau, mais pour la plupart véritablement étrangers: le Béninois Pascal Koupaki
(actuel numéro 2 du gouvernement béninois), le Guinéen Sidya Touré (ancien
Premier ministre de Guinée) —pour ne citer qu'eux. Tout cela apportait de l'eau
au moulin de Laurent Gbagbo qui pouvait ainsi continuer à affirmer que
l'«étranger» avait rassemblé des étrangers pour diriger la Côte d'Ivoire. [...]
Quand Laurent Gbagbo a accédé au pouvoir après l'intermède du général Robert
Guéï, c'est cette même «ivoirité» qu'il a repris à son compte et qui a conduit
au coup d'Etat manqué du 19 septembre 2002 —dont le camp Gbagbo accuse
aujourd'hui Ouattara d'être le maître d'œuvre. Lequel coup d'Etat manqué a
conduit à la scission du pays en deux: le Nord, commandé par les Forces
nouvelles de Guillaume Soro, et le Sud, régi par les forces loyales au président
Gbagbo. Ce n'est pas le fruit du hasard si ce dernier revient fréquemment sur
les causes et les auteurs de cette tentative ratée de coup d'Etat, et que la
communauté internationale ne se gêne pas pour passer par pertes et profits leur
soutien à Ouattara. Pour ne rien arranger, il a le soutien indéfectible du
Burkina, dont il bénéficie au même titre que les Forces nouvelles —alors qu'on
lui reproche déjà d'être burkinabé en Côte d'Ivoire. Et l'appui de la communauté
internationale a achevé de lui donner l'image de l'homme de l'étranger, à la
solde du néocolonialisme que Gbagbo —le nationaliste— combat de toutes ses
forces. A y regarder de plus près, ce sont ces vieilles querelles intestines
entre les trois principaux ténors de la classe politique ivoirienne qui
compliquent la crise postélectorale actuelle. Sauf qu'entretemps, Henri Konan
Bédié a stratégiquement changé son fusil d'épaule pour rallier Ouattara contre
Gbagbo. Le camp Gbagbo et le camp Ouattara sont comme l'avers et l'envers d'une
même médaille. [...]