LA REVUE DE PRESSE INTERNATIONALE DU JEUDI 03 FEVRIER 2011

3 fév 2011

LA REVUE DE PRESSE INTERNATIONALE DU JEUDI 03 FEVRIER 2011



Côte d`Ivoire : l`ONU soutient les efforts de médiation de l`Union africaine

Xinhua
- Le représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies pour la Côte d'Ivoire, Y.J. Choi, a souligné mardi le soutien de l'ONU aux efforts de médiation des chefs d'Etat africains qui ont décidé ce weekend, au Sommet de l'Union africaine, à Addis-Abeba, de mettre en place un panel afin de trouver une solution à la crise ivoirienne. Il a par ailleurs précisé que le panel n'avait pas été mis en place et que les modalités de travail n'avaient pas encore été fixées.

Côte d`Ivoire: Gbagbo affaibli pourrait être aisément renversé (ambassadeur pro-Ouattara)

AFP
- Laurent Gbagbo, affaibli, pourrait être aisément renversé par une opération africaine qui devrait d'abord neutraliser les quelques généraux qui le soutiennent, a argumenté mercredi le nouvel ambassadeur de Côte d'Ivoire en France nommé par son rival Alassane Ouattara. S'exprimant devant l'association de la presse diplomatique à Paris, Ali Coulibaly a estimé que cette opération de "force légitime", en cas d'échec de toutes les tentatives de persuasion menée actuellement par l'Union africaine, "ne serait pas aussi compliquée que ça" et "se passerait très vite", sans provoquer un risque de "guerre civile".(...) Selon l'ambassadeur Coulibaly, une opération contre M. Gbagbo devrait neutraliser principalement les trois généraux ivoiriens qui tiennent l'appareil répressif. Ces militaires contrôlent 4.000 à 5.000 soldats en tout, a-t-il estimé. Le président sortant, qui contrôle encore l'essentiel de l'administration ivoirienne, devrait être capturé vivant pour "répondre de ses crimes" devant la Cour pénale internationale, a souligné M. Coulibaly. Présente à ses côtés, la conseillère du Premier ministre ivoirien Guillaume Soro, Bamba Affoussy, a cité les trois généraux clé qui devraient, selon elle, être mis hors d'état de nuire: Dogbo Ble Bruno, général de la Garde républicaine, Vagba Faussignau, amiral de la marine nationale, et le général Guiai Bi Poin, patron du Cecos, une unité d'élite anti-criminalité.
S'ils sont neutralisés, "dès l'instant où l'on extraiera Gbagbo, tous les autres généraux s'en iront", a estimé l'ambassadeur nommé par Alassane Ouattara. "Gbagbo n'en a plus pour longtemps, même s'il a acheté quelques intellectuels africains pour défendre l'indéfendable", a-t-il fait encore
valoir. Laurent Gbagbo joue sur le thème de "la recolonisation de l'Afrique" pour rallier intellectuels africains et "certains chefs d'Etat sensibles à son argumentation", a reconnu M. Coulibaly.

Crise ivoirienne: le camp Gbagbo met en garde l`Afrique de l`Ouest

AFP
- Les sanctions de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa) contre la Côte d'Ivoire, plongée dans une grave crise postélectorale, pourraient "casser" l'Union, le pays en étant
"l'épine dorsale", a averti mercredi un proche du président sortant Laurent Gbagbo. Si les pays membres de l'Uémoa "continuent dans la logique qu'ils développent sur instigation de la France", alors "l'Union va se casser parce que la Côte d'Ivoire représente l'épine dorsale de l'Uémoa", a déclaré Pascal Affi N'Guessan, président du Front populaire ivoirien (FPI), parti de M. Gbagbo. Depuis la présidentielle du 28 novembre, la France est régulièrement accusée par le camp Gbagbo d'être derrière la mobilisation en faveur de son rival Alassane Ouattara, reconnu élu par la quasi-totalité de la communauté internationale, contre le chef d'Etat sortant qui refuse de céder le pouvoir. L'Uémoa a retiré à M. Gbagbo la gestion des comptes ivoiriens à la banque centrale ouest-africaine (BCEAO), les confiant à M. Ouattara, qui avec ses alliés extérieurs tente d'asphyxier financièrement le régime. M. Gbagbo a répliqué en réquisitionnant les agences ivoiriennes de la BCEAO. "Tous les autres pays membres (de l'Uémoa) ont une balance déficitaire vis-à-vis de la Côte d'Ivoire. Nous sommes le poumon de l'économie de l'Union. Sans la Côte d'Ivoire, l'Union n'a plus d'importance", a estimé le président du FPI lors d'une réunion publique à Abidjan. M. Affi N'Guessan a également critiqué la monnaie ouest-africaine, le franc
CFA, "instrument d'asservissement, de domination, d'assujettissement de la France sur l'ensemble de son empire néocolonial". "C'est la France qui maîtrise notre monnaie, qui instrumentalise les organes de cette Union, pour essayer d'abattre celui (ndlr, M. Gbagbo) qu'elle
considère comme rebelle à sa politique", a-t-il affirmé.

La mission d'observation de l'UA compare les élections ivoiriennes et nigériennes

Xinhuanet
- La mission d'observation de l'Union africaine (UA) a mis l'accent mardi sur la similitude et les différences entre les élections présidentielles organisées en Côte d'Ivoire et celles du Niger, lors d'une conférence de presse animée à Niamey. Selon le chef de la mission, Khalifa Ababacar Sall, la similitude entre l'élection du 28 novembre dernier en Côte d'Ivoire et les élections présidentielles et législatives de lundi au Niger, tient au fait que "ces élections ont été toutes soutenues dans les deux pays par la communauté internationale". Mais, relève-t-il, au Niger les élections sont organisés par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) en coopération avec les autorités centrales et déconcentrées de la Transition. "Les résultats provisoire sont proclamés par la CENI et validés définitivement par le Conseil constitutionnel", souligne M. Sall. En Cote d'Ivoire également, rappelle M. Sall, le Conseil constitutionnel proclame les résultats définitifs sur la base des résultats provisoires de la Commission électorale mais, conformément à l'accord d'Ouagadougou signé en mars 2007 entre le camp présidentiel et l'ex rébellion armée, une résolution a été prise par l'ONU qui accorde au représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en Côte d'Ivoire un rôle de "certificateur" des élections de sortie de crise. Une mission d'observation de l'UA composée de parlementaires, de responsables d'institutions électorales et de membres de la société civile a suivi les élections présidentielles et législatives du Niger. Ses observations ont porté sur la régularité, la transparence, l'équité et le bon déroulement du scrutin.

PANEL DE CHEFS D'ETAT SUR LA COTE D'IVOIRE: chronique d'un échec annoncé

Le Pays
- Comme il fallait s'y attendre, les réactions divergent, en Côte d'Ivoire, entre le camp du président sortant, Laurent Gbagbo, et celui du président élu, Alassane Dramane Ouattara, par rapport à la mise en place, par l'Union africaine, d'un panel de cinq chefs d'Etat pour résoudre la crise post-électorale. Si les deux camps accueillent favorablement l'initiative, ils ont, en revanche, une compréhension différente de la mission dudit panel. Ainsi, pour le camp Ouattara, la mission du panel est d'aider Laurent Gbagbo à partir dans la paix et la dignité. Par contre, le camp adverse estime que l'initiative du panel "rejoint le souhait de Laurent Gbagbo de voir une commission mise en place pour résoudre la crise". Mais non contents de biaiser ainsi la mission du panel avant même qu'elle ne commence son travail, des partisans du président sortant, et non des moindres, récusent déjà un des chefs d'Etat qui composent le cénacle politique. En la matière, c'est le ministre de la Jeunesse et de l'Emploi de Gbagbo, Charles Blé Goudé alias général de la rue, qui s'illustre le plus. Le 1er février, il s'est ouvertement et publiquement élevé contre la présence, au sein du panel, du chef de l'Etat burkinabè, Blaise Compaoré. Pour lui, le président du Faso est un "belligérant" et soutient Alassane Dramane Ouattara. Et, plus grave, le n° 1 burkinabè, selon le général de la rue, ne serait en fait que le relais du président français Nicolas Sarkozy. D'où sa conclusion : Blaise Compaoré ne doit pas figurer dans le panel. Pour manifester sa désapprobation face à la présence du président burkinabè dans le panel, il compte organiser un meeting le 5 février prochain. Dans ce tout sauf Blaise Compaoré, Blé Goudé ne prend donc pas de gant comme l'a fait le ministre des Affaires étrangères de Gbagbo, Alcide Djédjé, qui dit espérer que le président du Faso, dans cette mission, "ne sera pas l'ennemi de la vérité". Le camp Gbagbo se prépare à travailler le panel au corps. L'attitude de Blé Goudé dénote d'une fébrilité et prouve que le camp Gbagbo voulait un panel acquis à sa cause. Blaise Compaoré fera-t-il finalement le déplacement d'Abidjan, compte tenu de l'hostilité manifestée à son égard ? A ce qu'on sache en tous les cas, ce n'est pas lui qui a demandé à figurer dans le panel. Comme les quatre autres chefs d'Etat, il a été tout simplement désigné par ses pairs africains qui n'ont certainement pas pris cette décision à la légère. Il fallait sans aucun doute faire figurer dans la mission, un chef d'Etat très au fait du dossier ivoirien. Et qui mieux que celui qui fut le facilitateur dans la crise ivoirienne ! Critique pour critique, le camp d'Alassane Dramane Ouattara aurait pu, lui aussi, récuser un des membres du panel en la personne de Jacob Zuma, le président sud-africain que l'on dit être proche de Laurent Gbagbo. Tant qu' à faire, pourquoi ne pas accuser tous les trois autres membres du panel (Idriss Déby Itno, Jakaya Kikwett et Mohamed Ould Abdel Aziz) de partialité ? Plutôt que de jeter le discrédit sur un membre du panel, le camp Gbagbo ferait mieux de laisser d'abord les missionnaires faire leur travail et d'arrêter leurs incessantes fuites en avant qui puent à plein nez la fébrilité. Quelle ingratitude ! Dire que tous ceux qui se seront investis pour sortir la Côte d'Ivoire de la crise, se voient aujourd'hui remerciés en monnaie de singe ! A commencer par le facilitateur Blaise Compaoré qui se sera impliqué sans relâche dans la résolution de cette crise. Sans compter tout ce que celle-ci aura coûté au contribuable burkinabè en termes de déplacements du facilitateur, d'organisation de rencontres entre les protagonistes à Ouagadougou, de frais d'entretien de la représentation de la facilitation à Abidjan, etc. Accueilli hier avec tous les honneurs à Abidjan par Gbagbo et ses partisans, voilà à présent Blaise Compaoré persona non grata à Abidjan, mouton noir de la galaxie Gbagbo. Et si l'on est là, il faut appeler un chat un chat, c'est que le président burkinabè connaît trop bien le dossier ivoirien. Ce ne sera pas lui qui se laissera rouler dans la farine de Gbagbo. Et cela, forcément, ne va pas plaire au régime. En tout état de cause, le panel aura fort à faire, le camp Gbagbo préparant déjà sa stratégie de rejet de ses conclusions, au cas où elles ne lui seront pas favorables. Il a commencé à préparer les esprits avec la récusation d'un des membres du panel. Autant dire que le feuilleton ivoirien n'a pas fini de livrer ses derniers rebondissements. En somme, la mission du panel se présente comme la chronique d'un échec annoncé.

Mission presqu'impossible pour le panel de l'UA

Xinhuanet
- Après les premières heures d' euphorie sur la décision de l'Union africaine (UA) de créer un panel de chefs d'Etat pour le règlement de la crise post électorale en Côte d'Ivoire, les parties en conflit plus critiques balisent le terrain laissant présager d'une mission périlleuse, presqu'impossible pour l'UA à Abidjan. Le Conseil de paix et de sécurité de l'organisation panafricaine a formé un « Groupe de haut niveau » composé de cinq chefs d'Etat pour « évaluer la situation à Abidjan, formuler une solution pacifique » à la crise, dans un délai d'un mois, avec des décisions «contraignantes » pour toutes les parties. Le camp du président sortant Laurent Gbagbo, après avoir salué la mise en veilleuse de l'option militaire dans la résolution de la crise, émet des réserves sur la composition du panel. Mardi, le leader des « jeunes patriotes », Charles Blé Goudé, a récusé l'un des membres du panel, Blaise Compaoré, le président du Burkina Faso.
«Les patriotes de Côte d'Ivoire récusent Blaise Compaoré comme membre du panel de chefs d'Etat. Il n'est pas le bienvenu en Côte d'Ivoire », a déclaré Blé Goudé. Selon lui, Blaise Compaoré est un « belligérant, son pays continue d'être l'arrière-base de la rébellion » des Forces nouvelles qui soutiennent le rival Alassane Ouattara. Le « Groupe de haut niveau » est composé des présidents du Tchad, du Burkina Faso, de la Mauritanie, de la Tanzanie et de l' Afrique du Sud et des présidents des Commissions de l'UA et de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (CEDEAO). « Ce n'est pas cela le plus important », tempère le ministre des Affaires étrangères de Laurent Gbagbo, Alcide Djédjé. « C'est un panel diversifié, on y retrouve des pays qui ont plus ou moins fait connaître publiquement leur position. C'est le cas du Burkina Faso, mais c'est aussi le cas de l'Afrique du Sud », explique-t-il relevant que « le plus important, c'est ce qui sera décortiqué ». Le panel n'est pas encore à Abidjan mais chaque camp interprète l'objet de sa mission et met des balises à sa feuille de route. Pour le représentant spécial du secrétaire général de l'Onu en Côte d'Ivoire, Young Jin Choi, le panel a un mandat pour « trouver une solution sur la base de l'acceptation des résultats de l'élection du 28 novembre ». « C'est-à-dire qu'Alassane Ouattara est le président élu » et « c'est sur cette base qu'ils vont travailler pour trouver une solution », affirme-t-il. « Le communiqué final (de la réunion du Conseil de paix et de sécurité) était très clair. Il faut que la communauté internationale travaille pour que la volonté du peuple ivoirien soit respectée. Et c'est dans ce cadre que le panel doit travailler », assure M. Choi. Le camp d'Alassane Ouattara fait la même lecture que le chef de la mission onusienne en Côte d'Ivoire. Pour le ministre des Affaires étrangères d'Alassane Ouattara, Gervais Kacou, « l'UA décide d`envoyer un panel de chefs d`Etat pour s`enquérir de la situation et rechercher des solutions mais avec une donnée principale, celle de reconnaître Alassane Ouattara comme le président élu ». « Il s'agit simplement de se rendre à Abidjan pour voir dans quelle mesure Laurent Gbagbo peut consentir de laisser sa charge pour qu'Alassane Ouattara puisse gouverner tranquillement », estime-t-il. Dans le camp de Laurent Gbagbo, l'on n'entend pas les choses de cette oreille. « Ces chefs d'Etat mandatés par l'UA viennent évaluer la situation en Côte d'Ivoire, ce sont des auditeurs. Pour nous, quand on vient évaluer une situation de crise, on va vers les différents belligérants pour connaître la nature de la crise, ceux qui sont impliqués, quelles sont les causes endogènes et exogènes, qui sont les acteurs internes et externes », croit savoir Charles Blé Goudé. Alcide Djédjé ne dit pas autre chose. « Les chefs d'Etat viendront, ils vont s'informer, les parties seront entendues et vont participer à la recherche de la vérité sur ce qui s'est passé au cours des élections et après les élections, voilà l'agenda et le mandat du panel », affirme-t-il. Les camps Ouattara et Gbagbo n'ont pas lâché du lest, ils campent sur des positions tranchées qui ne pourraient que plomber la mission du « Groupe de haut niveau ». « Si ces chefs d'Etat arrivent en Côte d'Ivoire avec des idées préconçues, s'ils viennent pour aller contre la loi ivoirienne et dire que c'est Ouattara qui est élu en Côte d'Ivoire, ce n'est pas résoudre la crise et le panel n'est pas le bienvenu », prévient le leader des « jeunes patriotes », Charles Blé Goudé. « Les conclusions du panel doivent tenir compte des lois et de la Constitution de Côte d'Ivoire. Donc, tout ce qui sera contraire à notre Constitution ne sera pas accepté », renchérit le ministre Alcide Djédjé. « C'est de là que part la discussion, il n'y a pas de débat dessus », tranche-t-il. Les partisans d'Alassane Ouattara qui estiment que la balle est dans le camp de Laurent Gbagbo espèrent, sans trop se faire d' illusions, que le président sortant « comprendra cette fois » et acceptera de quitter le pouvoir qu'il « usurpe » depuis deux mois. La mission du « Groupe de haut niveau » intervient après l'échec des médiations de trois chefs d'Etat de la CEDEAO, de l'émissaire de l'UA, le Premier ministre kényan Raila Odinga, de l'ex- président en exercice de l'UA, le malawite Bingu wa Mutharika, des ex-présidents nigérian et sud-africain Thabo Mbeki et Olusegun Obasanjo. « Nous ne pouvons pas attendre indéfinitivement, il est temps pour M. Gbagbo de se plier à la volonté du peuple ivoirien et de comprendre qu'il ne peut plus faire de la résistance », martèle le ministre des Affaires étrangères d'Alassane Ouattara, Gervais Kacou. Rien n'est moins sûr, estime le Premier ministre de M. Ouattara, Guillaume Soro, qui fait savoir que Laurent Gbagbo « ne cèdera pas le pouvoir sous la pression du panel de l`UA ».« Je suis convaincu que Gbagbo ne cèdera pas le pouvoir. Il est allé trop loin pour reculer et c'est sûr qu'il opposera une fin de non-recevoir au panel des chefs d'Etat », affirme-t-il. Guillaume Soro a maintes fois appelé à l'usage de la « force légitime » pour installer Alassane Ouattara reconnu vainqueur de l'élection du 28 novembre selon les résultats proclamés par la Commission électorale et certifiés par l'Onu. La CEDEAO a préconisé, comme derniers recours, une intervention militaire pour chasser Laurent Gbagbo, déclaré réélu par le Conseil constitutionnel après invalidation des résultats de la Commission électorale. « L'option militaire n'est pas écartée, elle est toujours d'actualité », selon le ministre Gervais Kacou.