L’ONUCI et ses partenaires organisent un déjeuner-débat sur la gestion de la rumeur en période préélectorale

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18 juin 2014

L’ONUCI et ses partenaires organisent un déjeuner-débat sur la gestion de la rumeur en période préélectorale

La Division de la Réforme du Secteur de la Sécurité (RSS) de l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI) a organisé, mardi 17 juin 2014, la 17e édition de son déjeuner-débat mensuel en collaboration avec le Centre de Rercherche et d'Action pour la Paix (CERAP) et la Fondation Friedrich Ebert Stiftung.



La session présidée par le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations Unies pour la Côte d'Ivoire, Arnauld Akodjénou, a porté sur ''la gestion de la rumeur dans un contexte préélectoral''. Dans son propos introductif, M. Akodjenou a salué la tenue de cette rencontre et surtout, la thématique du jour rappelant que « tout ce qui touche à la rumeur doit être pris avec délicatesse et sérieux ». La rumeur pouvant, a t-il dit « menacer le processus de reconstruction de la Côte d'Ivoire », fragilisant toutes réformes.



La Chef de l'unité Suivi des médias au bureau du Porte-parole de l'ONUCI, Eliane Hervo-Akendengué, a rappelé que l'ONUCI entreprend depuis près de deux ans, des ateliers de sensibilisation sur cette thématique et qu'ils sont destinés aux journalistes, aux animateurs de radio de proximité et à la société civile, entre lesquelles, il y a des passerelles de communication. « Ces rencontres se déroulent, avec des partenaires nationaux, de façon interactive et les participants, eux-mêmes très souvent confrontés à la rumeur, proposent des pistes de solution pour sa gestion et surtout pour anticiper sur toute tension potentielle », a souligné Mme Hervo-Akendengué. Le but de cette démarche est qu'ils s'approprient la gestion de la rumeur, a-t-elle ajouté



Selon elle, le traîtement de ce sujet vise aussi « à préparer le terrain pour un environnement électoral apaisé avant, pendant et après les élections sans oublier les esprits pour que la rumeur ne prenne pas le pas sur la vérité ». Invitant les participants à « se limiter aux faits et à jouer leur rôle dans la reconstruction de la Côte d'Ivoire » en « s'abstenant de s'appuyer sur la rumeur qui peut mettre à mal tout processus dont celui de la RSS », a-t-elle dit. La conférencière a enfin conclu en confirmant la disponibilté de l'unité Suivi des médias de l'ONUCI pour l'exercice 2014-15, à travers d'autres plateformes et ce, en soutien à ses partenaires, pour un environnement propice à la consolidation de la paix.



De son côté, le Président du Conseil National de la Presse (CNP), Raphael Lakpé, invité spécial de ce déjeuner-débat , s'est prononcé sur la manière dont il gère la question de la rumeur et surtout comment il compte sensibiliser les journalistes en période préélectorale. Avant de s'exprimer sur le sujet du jour, M. Lakpé a expliqué que depuis avril 2011, il y a « deux camps au niveau de la presse écrite et une bipolarisation dans ce secteur ». Partant de l'origine de la rumeur, de ses caractéristiques et de son impact sur le comportement de la population, M. Lakpé a insisté sur la différence entre l'information journalistique et la rumeur. L'information journalistique, a-t-il indiqué , « est collectée et traitée par le journaliste avant d'être mise à la disposition du grand public, à la différence de la rumeur dont on ignore l'auteur, la provenance mais qui a la force de se répandre et de s'imposer au public ».



Des structures comme le CNP, a ajouté M. Lakpé, la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA), l'Observatoire de la Liberté de la Presse, l'Ethique et de la Déontologie (OLPED) ont été créées et ont des mécanismes pour sanctionner par exemple « tout fait d'incitation à la violence » du fait de la rumeur. « Vous savez, la rumeur prospère là où il n'y a pas d'information. Nous demandons aux journalistes, et c'est notre conseil permanent, d'être professionnels, de respecter les règles du journalisme, de ne pas traiter les informations en fonction de leurs propres convictions, de ce qu'ils souhaitent, mais en fonction de ce qu'elle est et de ce que disent les faits », a souligné Raphael Lapké. Les capacités du CNP seront renforcées, et des ateliers seront organisés avec les chefs des rédactions pour leur rappeler la précarité de la situation afin d'éviter que les choses se passent mal, a-t-il promis.



Franck Sran Kouassi de la Commission Dialogue Vérité et Réconciliation (CDVR) qui a participé à ces échanges, a rappelé la mission de la CDVR qui porte sur l'identification, le recensement des victimes à travers la mise en lumière des causes ayant entrainé différentes crises en Côte d'Ivoire. « Au cours de cette mission d'intérêt national, nous avons expérimenté la rumeur dans ses conséquences les plus dramatiques. Il nous arrive d'enregistrer des victimes de la rumeur au point qu'elles ont été contraintes de quitter leurs lieux de résidence . La rumeur devient donc la cause de certains nombre de problèmes et engendre des victimes. Elle est source de violations des droits de l'Homme et alimente la crise », a-t-il dit. Cet atelier est de haute qualité, a-t-il tenu à exprimer.



L'Autorité de Désarmement, de Démobilisation et de Réintégration (ADDR) était également représentée à cet atelier par son chargé de communication et des relations extérieures, Aïdara Bouremaould. Il a partagé son expérience s'agissant de la rumeur et de ses effets explquant que sa structure est largement concernée et victime de la rumeur distillée notamment par les ex-combattants qui en usent par des sms , a-t-il dit . « Nous essayons de gérer ces rumeurs afin qu'elles ne débouchent pas sur des crises qui peuvent perturber le processus de réintégration, le processus DDR encore en cours. Savoir ce qu'est la rumeur et ses conséquences nous a été très utile. Nous sortons outillés pour pouvoir gérer au mieux ces rumeurs et y mettre un bémol », a-t-il conclu.







Le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations Unies pour la Côte d'Ivoire, Arnauld Akodjénou, s'est félicité, dans son mot de clôture, de la qualité des échanges car selon lui, dans un pays qui sort de crise comme c'est le cas de la Côte d'Ivoire, la rumeur peut être une entrave au processus de reconciliation nationale. Il a exhorté les différents acteurs du processus de paix en Côte d'Ivoire que sont également la société civile et la presse à oeuvrer pour la gestion de la rumeur . Le numéro 2 de l'ONUCI a également souhaité que la ''tritrologie'' soit aussi un sujet de discussion car, « elle peut également, à elle seule, être source de rumeur ».



Il a clot son propos en se disant « heureux de constater qu'une loi a été votée sur le libre accès à l'information », et attendant « qu'elle soit traduite en application », l'information demeurant capitale pour pouvoir soutenir toute réforme institutionnelle et la consolidation de la paix. « Cette thématique sur la rumeur nous interpelle donc tous », a souligné M. Akodjénou.