L’ADDR annonce la tenue d’un séminaire bilan début novembre à Abidjan et Bouaké

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27 oct 2014

L’ADDR annonce la tenue d’un séminaire bilan début novembre à Abidjan et Bouaké





Les 4, 5 et 6 novembre 2014, l'Autorité pour le Désarmement, la Démobilisation et la Réintégration (ADDR) va organiser successivement à Abidjan et à Bouaké pour la phase pratique, un séminaire sur le thème ''Désarmement, Démobilisation et Réintégration des ex-combattants, l'expérience de la Côte d'Ivoire : bilan, enjeux et perspectives''. Ce séminaire se tient en collaboration avec l'ONUCI et le PNUD).



L'annonce de ces assises a été faite, lundi 27 octobre 2014, par le Directeur de l'ADDR, Fidèle Sarassoro, qui avait à ses côtés le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations Unies pour la Côte d'Ivoire, Coordonnateur humanitaire du Système des Nations Unies (SNU), M'Baye Babacar Cissé.







Selon M. Sarassoro, deux ans après sa création le 8 août 2012 et le début effectif de ses activités le 1er octobre 2012, l'ADDR a pu fonctionner grâce à l'appui de ses partenaires tels que l'ONUCI, le PNUD, l'Union Européenne, le Fonds International de Développement Agricole (FIDA), la Coopération Belge, le Japon et la Banque Africaine de Développement (BAD). Il a estimé nécessaire, à ce stade, de faire le bilan et une projection dans le futur, en examinant les défis à relever. « L'objectif de ce séminaire, c'est de partager l'expérience ivoirienne, de pouvoir recueillir l'expérience d'autres pays et de voir ce qu'il ne faut pas faire. Par exemple, la Centrafrique a fait plusieurs programmes DDR et si ça n'a pas marché, on pourra en tirer les leçons. Le processus n'est pas irréversible, donc il faut s'assurer qu'à chaque étape, on mette les garde-fous pour ne pas revenir en arrière. Nous allons aussi partager notre expérience avec le Mali qui vient de commencer son processus », a expliqué M. Sarassoro.



Si l'exemple de la Côte d'Ivoire va faire école lors de ce séminaire, c'est parce, que d'après M. Sarassoro, il s'est déroulé dans un cadre innovateur. « Un DDR qui n'est pas ancré dans une volonté politique forte ne peut pas marcher. En Côte d'Ivoire, l'ADDR est directement rattachée au Président de la République à travers le Conseil National de Sécurité. Dans d'autres pays, les programmes DDR ne sont pas dirigés par des autorités. En Côte d'Ivoire, la nation s'est appropriée le processus et la volonté politique se manifeste par une contribution financière très forte de l'État », a-t-il expliqué.



Pour Fidèle Sarassoro, le DDR est un processus éminemment politique. La première année avait été marquée par quelques difficultés, tandis que la deuxième année, avec l'impulsion du dialogue politique et de la cohésion sociale, a vu l'accroissement considérable du nombre des ex-combattants.



Selon le Directeur de l'ADDR, plus de 74.000 ex-combattants ont été enregistrés en Côte d'Ivoire, un pays où 70 à 80% de jeunes sont dans l'auto-emploi. Quelque 60% d'ex-combattants qui en sont conscients ont déjà pris une porte de sortie vers la vie civile. « La resocialisation, c'est de

leur permettre de se réintégrer socialement ; parce que nous avons vu des fractures au niveau des communautés. Certains aujourd'hui n'arrivent pas à vivre en harmonie avec leur communauté. Ils sont rejetés, ils sont alcooliques, ils ont des problèmes psychologiques et tant que ceux-ci ne seront pas résolus, ils auront du mal à s'y faire. Chez les ex-combattants, il faut recoller toutes ces fractures et mettre en place un mécanisme psycho-médical et psycho-social

», a estimé M. Sarassoro.



Il s'agit, a-t-il encore indiqué, de désarmer le maximum d'ex-combattants, de réintégrer tous les ex-combattants et si possible, de terminer le processus DDR dans les meilleurs délais. Il s'est félicité de la situation sécuritaire, notamment à l'Ouest qui connait une amélioration notable. « À l'Ouest, il y a un apaisement de la situation et les conditions aujourd'hui sont réunies, non seulement pour une cohésion sociale et une réconciliation réussies mais surtout pour un désarmement collectif. La question des Dozos } (NDLR : chasseurs traditionnels) {est complexe et le ministère de l'Intérieur a mis en place un processus pour le régler », a-t-il conclu.



Pour sa part, le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations Unies pour la Côte d'Ivoire, M'Baye Babacar Cissé a confirmé, lui aussi dans ses propos, l'approche innovante de la Côte d'Ivoire en matière de DDR. « Nous porterons par exemple un regard critique sur ce qui a été fait en Centrafrique, au Mali, en RDC afin d'avoir des recommandations sur ce qui sera fait dans l'avenir. Ce sont des processus très complexes de partage d'expériences. En Côte d'Ivoire, il y a des innovations et il est bon d'en savoir plus sur cette approche innovatrice », a-t-il souligné.



Du 4 au 6 novembre, le séminaire qui sera présidé par le ministre ivoirien de la Défense verra la participation de la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour la Côte d'Ivoire, Aïchatou Mindaoudou, des ambassadeurs et chefs de missions diplomatiques, des représentants d'organisations internationales et non gouvernementales. Les travaux porteront sur la Réforme du Secteur de la Sécurité (RSS), la base de données, le profil de l'ex-combattant, sa réintégration et bien d'autres aspects liés à la question. Le 6 novembre, le cap sera mis sur Bouaké pour la visite du site de resocialisation et du centre de formation de l'ONUCI qui reçoit en ce moment plusieurs dizaines d'ex-combattants en formation.