Journée internationale de sensibilisation aux dangers des mines :Fadwa Benmbareck : « si vous voyez de tels objets, n’y touchez surtout pas ! »

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4 avr 2014

Journée internationale de sensibilisation aux dangers des mines :Fadwa Benmbareck : « si vous voyez de tels objets, n’y touchez surtout pas ! »

Dans le cadre de son émission intitulée ''Entrevue'', ONUCI FM a interrogé Fadwa Benmbarek, Analyste au service Anti-mines des Nations Unies, dans le cadre de la Journée internationale de sensibilisation aux dangers des mines et d'assistance à la lutte anti-mines célébrée le 4 avril de chaque année.



ONUCI FM : {La Journée internationale de sensibilisation aux mines et l'assistance à la lutte anti-mines ramène à quoi ? Ça veut dire quoi ?}



Fadwa Benmbareck : En fait, cette journée, c'est l'occasion d'attirer l'attention sur les besoins des victimes et bien sûr de sensibiliser les populations au risque que comportent les mines et les restes explosifs de guerre. Vous savez, les mines et les restes explosifs de guerre font près de dix victimes par jour à travers le monde !



ONUCI FM : {Quels sont les risques liés aux mines et explosifs en Côte d'Ivoire ?}



Fadwa Benmbareck : En Côte d'Ivoire, le risque, heureusement, n'est pas lié aux mines antipersonnel mais plutôt aux explosifs de guerre. Une munition qui n'a pas explosé peut être très dangereuse à cause de son instabilité. Elle peut blesser grièvement, mutiler et même tuer.



ONUCI FM: {Comment on peut reconnaitre des objets explosifs ?}



Fadwa Benmbareck : Si vous voyez un objet qui ressemble à une grenade, une munition, une balle de fusil, quelque chose que vous trouvez suspect et que vous ne connaissez pas, vous ne devrez pas vous en approcher. Vous pouvez assumer, surtout en brousse, que ça peut être un objet explosif.



ONUCI FM : {Alors, dans ce cas, la personne qui voit cet objet, qu'est-ce qu'elle doit faire ?}



Fadwa Benmbareck : Il est recommandé de ne pas y toucher, même pas avec le pied, même pas avec un autre objet. Même si ces minutions ne sont pas explosées, elles peuvent être très instables et imprévisibles ; peut être que la faire déplacer d'un millimètre peut la faire exploser. Ce qu'il faut faire, c'est de dégager les secteurs. Dites aux autres autour de vous qu'il y a quelque chose de suspect, n'approchez pas et contactez la police ou la gendarmerie la plus proche. Elles vont s'occuper de sécuriser le secteur et d'appeler ensuite les équipes de réponse rapide que la Côte d'Ivoire a, afin d'enlever, de neutraliser et de détruire ces objets.



ONUCI FM : {Le service Anti-mines des Nations Unies travaille

depuis longtemps en Côte d'Ivoire. Quel est son apport ? Quel est son rôle en Côte d'Ivoire ?}



Fadwa Benmbareck : En Côte d'Ivoire, UNMASS le service Anti-mines des Nations Unies, appuie énormément le Gouvernement ivoirien afin d'éliminer son stock de mines antipersonnel et de bombes

à sous minutions. En 2000, la Côte d'Ivoire a ratifié la Convention d'Ottawa qui vise à interdire l'emploi et le stockage des mines et en 2012, la Convention d'Oslo qui vise à interdire l'emploi et le stockage des bombes à sous minutions. Il y a 860.000 m2 de sites qui ont été dépollués par UNMAS avec les militaires de la Côte d'Ivoire. Il n'y a donc en ce moment plus de mines antipersonnel. Il reste encore quelques explosifs de guerre, mais nous continuons à faire ce travail avec le Gouvernement de la Côte d'Ivoire.



UNMAS a formé plusieurs équipes de militaires et de gendarmes spécialisés dans l'enlèvement, la neutralisation et la destruction d'engins explosifs en Côte d'Ivoire. Les autorités de ce pays sont prêtes à répondre à ce besoin. Durant ces dernières années, UNMAS a aussi réhabilité les sites de stockage afin de sécuriser davantage les stocks de minutions nationales. Ce qui a pour effet de réduire les risques liés aux explosions accidentelles dans les poudrières par exemple, et d'éviter aussi la circulation non contrôlée du stock national de minutions et d'armes.



ONUCI FM: {Vous l'avez dit tout à l'heure mais je vous le redemande, que doit faire quelqu'un qui aperçoit un objet suspect ?}



Fadwa Benmbareck : Il doit contacter les éléments de la gendarmerie ou la police la plus proche, qui sont à leur tour habilités à contacter leurs collègues spécialisés dans l'enlèvement, la neutralisation et la destruction de ce type d'objet. Ils pourront sécuriser le secteur.



Une chose que j'aimerais bien que nos auditeurs comprennent : si vous voyez de tels objets, n'y touchez pas et surtout informez les enfants, avisez-les. Les premières victimes, ce sont les enfants. Ils pensent que ces types d'objets sont des jouets. Ils pensent que c'est un ballon avec lequel ils peuvent jouer.



ONUCI FM : {Fadwa Benmbareck, revenons-en à cette journée. Qu'est-ce qui va se passer concrètement au cours de cette journée ?}



Fadwa Benmbareck : : Nous souhaitons faire de la sensibilisation auprès des décideurs aux Nations Unies et de sensibiliser les populations en Côte d'Ivoire sur les risques de ces restes d'explosifs de guerre.



ONUCI FM : ...{De suivre beaucoup de consignes... }



Fadwa Benmbareck : Oui, voilà les consignes : ne pas toucher et aviser les autorités dans les plus brefs délais.



ONUCI FM : {Pour finir, que doit retenir ?}



Fadwa Benmbareck : Ce qu'on doit retenir, c'est que la situation en Côte d'Ivoire n'est pas alarmante. Mais il est possible qu'on trouve des restants d'explosifs de guerre, surtout en

brousse, logés dans un arbre ou dans un champ. Lorsqu'on voit un objet qui semble suspect, il ne faut pas y toucher. Il faut absolument avertir les autorités, les éléments de la gendarmerie ou la police, afin qu'ils puissent sécuriser le lieu et faire enlever de tels objets.



ONUCI FM : Merci Fadwa Benmbareck !



Fadwa Benmbareck : Merci beaucoup !





{(Propos recueillis par Christian Gballou)}