Général de Brigade Didier Lhote: « Mieux nous serons informés, mieux nous pourrons agir »

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18 juin 2014

Général de Brigade Didier Lhote: « Mieux nous serons informés, mieux nous pourrons agir »

{Le Commandant adjoint de la Force de l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI), le Général de Brigade Didier Lhote, en fonction depuis le 3 mars 2014) et assumant l'intérim du Commandant de la Force depuis le 12 avril 2014, a accordé une interview à ONUCI FM à l'occasion de la Journée internationale des Casques bleus, commémorée le 29 mai 2014. Dans cet entretien, il donne la nouvelle configuration de la Force onusienne, en se référant à la résolution 2112 du Conseil de sécurité des Nations Unies. }







ONUCI FM: Général Didier Lhote, bonjour ! Vous venez de prendre fonction au sein de l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire. Vous n'êtes pas connu de nos auditeurs. Pourriez-vous vous présenter brièvement ?}



Général Didier Lhote : Bonjour à tous nos auditeurs ! Je suis le Général de brigade Didier Lhote. Je suis un Officier de l'armée de terre française. J'ai suivi un cursus normal pour l'armée de terre française. J'ai fait l'école militaire de St-Cyr à l'issue de laquelle j'ai choisi l'infanterie de marine, les troupes marines. J'ai servi presqu'exclusivement dans les parachutistes et j'ai commandé un régiment d'infanterie amphibie. J'ai participé, au cours de ma carriere, à beaucoup d'opérations extérieures quasiment sur tous les théâtres où l'armée française s'est engagée.







ONUCI FM : Est-ce votre première mission au sein des Nations Unies ?}



Général Didier Lhote: C'est ma première mission au sein des Nations Unies. J'ai travaillé dans ma carrière très souvent côte à côte avec les troupes des Nations Unies mais jamais à l'intérieur. A un moment, il faudrait qu'il y ait une première mission, c'en est une. Alors, j'arrive ici avec quelques connaissances. J'ai eu la chance d'être lieutenant et capitaine en Côte d'Ivoire. J'ai servi également en 2003 avec mon régiment dans la région de Grabo et de Daloa.



ONUCI FM : Vous êtes maintenant de plein pied aux Nations Unies. Se référant à la résolution 2112, avec le dispositif des contingents, quelle est la configuration de la Force onusienne et l'état des lieux ?



Général Didier Lhote: On a démarré le downsizing, la diminution des effectifs. Dans l'immédiat, deux phases du downsizing ont été clairement identifiées : la phase UN qui est en cours et qui sera achevée le 30 juin 2014 dans un peu moins d'un mois. On devrait arriver aux alentours de 7160 militaires au sein de l'ONUCI. Aujourd'hui, nous sommes 7650. On sera sur

l'objectif sans le moindre souci. La deuxième phase de la réduction des effectifs doit intervenir à l'été 2015. Il y a plusieurs hypothèses de travail. Les réflexions sont toujours en cours à New York, donc il est un peu difficile de vous en parler.



ONUCI FM : {L'ONUCI tire son mandat de la résolution 2112. Quels sont les défis à relever à ce jour ?



Général Didier Lhote: Comme je vous l'ai dit : diminution assez drastique des effectifs mais la mission reste peu ou prou inchangée. Il va falloir arriver à faire au minimum aussi bien, voire peut-être mieux avec moins. Ce qui sur le terrain va se traduire par un redéploiement de la Force, un redéploiement de nos observateurs militaires, de manière à rechercher un peu plus d'efficience dans les missions que nous conduisons au quotidien.



ONUCI FM : Cette même résolution fait cas des zones à haut risque surtout dans l'ouest de la Côte d'Ivoire, à la frontière ivoiro-libérienne. Récemment, il y a eu une attaque. Comment la Force onusienne compte assurer la protection des civils, qui fait partie de son mandat ?



Général Didier Lhote: il y a plusieurs volets dans cette question. Bien évidemment, une présence accrue sur le terrain, ce n'est pas le label de qualité ou le gage de sécurité. Je crois qu'il va falloir qu'on travaille un peu plus main dans la main avec les Forces Républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) de manière à ce qu'on soit un peu plus complémentaire et qu'elles assument davantage le rôle qui est le leur au niveau de la frontière et puis qu'on essaie d'avoir un plus d'informations venant de la population civile.



ONUCI FM : { Avant votre arrivée, il y a eu des opérations comme ''Maillot''. Est-ce que cette opération va se poursuivre ou vous allez la reformer ? }



Didier Lhote : Oui, effectivement cette opération va se poursuivre et dans cette poursuite, nous allons essayer d'améliorer l'existant de manière à avoir un effet sur le terrain, un petit peu accru.



ONUCI FM : Vous connaissez Grabo, vous y aviez déjà exercé. Grabo a été attaquée. Est-ce qu'il y a un accent particulier sur cette zone ?}



Didier Lhote : Oui, il y a un accent particulier sur cette zone. C'est une zone qui est tourmentée depuis la fin des années 90. On est sur un conflit foncier. Je crois que les pouvoirs politiques doivent prendre ce dossier à bras le corps. L'armée ivoirienne et la Force de l'ONUCI peuvent bien évidemment arriver en complément. Mais ce n'est pas nous qui avons les clés. Ce n'est pas nous qui avons la solution aux problèmes fonciers.



ONUCI FM : Général Didier Lhote, est ce que vous avez un message à l'endroit des contingents et des populations civiles ?



Général Didier Lhote : Oui, bien évidemment, au niveau des populations civiles, au travers du travail que nous effectuons au sein de l'ONUCI au profit des populations... Je souhaite que ces populations comprennent bien que nous sommes une Force impartiale, que nous travaillons tous les jours à leur protection. Je leur demande de nous faire encore plus confiance de manière à ce qu'elles nous fassent part des rumeurs, des soucis, des problèmes qu'elles rencontrent. Mieux nous serons informés, mieux nous pourrons agir.







Pour ce qui est des contingents, depuis deux mois, nous faisons un travail de fond gigantesque pour leur entrainement de manière à ce qu'ils soient mieux armés pour intervenir au profit des populations. Ces efforts sont en train de payer. Ces efforts doivent s'inscrire sur le long terme. Mais ces efforts sont absolument indispensables. Sans ces efforts, nous aurons beaucoup de mal à faire mieux avec un personnel réduit. Ils doivent être professionnels et être professionnel impose des efforts que je leur demande de faire.



ONUCI FM : Merci beaucoup mon Général !



Général Didier Lhote: Merci beaucoup !



Propos recueillis par Boni Kabie