Conférence internationale sur la situation des victimes de la crise ivoirienne : allocution de la RSSG, Mme Aïchatou Mindaoudou

12 fév 2014

Conférence internationale sur la situation des victimes de la crise ivoirienne : allocution de la RSSG, Mme Aïchatou Mindaoudou

Monsieur le Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, des Droits de l'Homme et des Libertés Publiques,



Madame la Ministre de la Solidarité, de la Famille, de la Femme et de l'Enfant,



Monsieur le Président de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation,



Madame la Présidente de la Commission Nationale des Droits de l'Homme,



Monsieur l'Expert Indépendant sur la situation des droits de l'Homme en Côte d'Ivoire,



Excellences Mesdames et Messieurs les Représentants du Corps diplomatique,



Mesdames et Messieurs les Représentants des organisations nationales, régionales et internationales,



Mesdames, Messieurs les Experts venus pour animer la présente conférence,



Mesdames et Messieurs les participants à la Conférence internationale sur la situation des victimes de la crise ivoirienne,





Honorables invités, Mesdames, Messieurs,






C'est avec un grand plaisir que je prends part ce matin à la cérémonie d'ouverture de la Conférence internationale sur la situation des victimes de la crise en Côte d'Ivoire. Je voudrai de prime abord, saisir cette occasion pour exprimer toute ma satisfaction et pour féliciter les organisateurs de cette rencontre, particulièrement Monsieur Doudou DIENE, Expert indépendant sur la situation des droits de l'Homme en Côte d'Ivoire, pour cette heureuse et importante initiative. J'encourage l'Expert Indépendant à maintenir haut et prioritaire ce sujet dans son agenda.



La Conférence qui nous réunit aujourd'hui est en effet de la plus grande importance dans le contexte de la Côte d'Ivoire, pays qui a connu différentes crises ces dernières années et qui est résolument engagé dans la voie de la réconciliation nationale et de la consolidation de la paix.



Importante, parce qu'il ne saurait y avoir de paix durable et de véritable réconciliation si les victimes, dans leur globalité, ne sont pas placées au centre de nos préoccupations.





Mesdames et Messieurs,



Placer les victimes au centre de nos préoccupations ne signifie pas seulement partager notre sympathie et notre compassion. Les victimes réclament que justice leur soit rendue, les victimes ont droit à la justice et a la réparation. Placer les victimes au centre de nos préoccupations signifie surtout que la situation des victimes doit être au cœur de la justice et de sa mise en œuvre, elle doit être au centre du système des réparations et elle doit enfin être la pierre angulaire du processus de la réconciliation nationale et de la reconstruction de la démocratie. Tous nos efforts, aujourd'hui en Côte d'Ivoire, tendent à faire progresser ces différents domaines qui méritent notre entière attention.



Ce genre de forum de réflexion permet justement, de placer les victimes au centre de toute action en matière de justice transitionnelle, en particulier dans l'approche des réparations.



La reconnaissance, Mesdames Messieurs des souffrances vécues et la reconnaissance de la qualité de victime ne doivent pas attendre l'aboutissement des procédures judiciaires, ni découler de décisions de justice. En effet, le principe selon lequel le pénal tient le civil en état ne s'applique pas en matière de justice transitionnelle. La qualité de victime s'estime par le préjudice physique et moral subis par le fait de violations graves des droits de la personne en question.



Nous le savons tous, les différentes crises ont causé énormément de torts aux familles, aux enfants, aux femmes et aux hommes. Il importe de panser ces blessures, de trouver des mesures de compensation tant au niveau des individus qu'au niveau de la collectivité. Mais, pour ce faire des questions fondamentales devront être posées et des réponses adéquates devront y être apportées. Je me permets d'en poser quelques-unes ;



- Que faut–il entendre par juste compensation ? quel est son contour, son contenu, son étendue?

- Comment définir la justice dans un tel contexte ?

Je laisse ces questions à vos réflexions.



Excellences,

Mesdames, Messieurs,




Je voudrais m'adresser maintenant aux victimes. Vos revendications sont sans aucun doute légitimes. Le système des Nations Unies en général et la communauté internationale, sont ici pour soutenir et appuyer tout le processus de justice transitionnelle dans lequel s'est inscrit le Gouvernement la Côte d'Ivoire. Nous sommes ici pour fournir l'expertise, le soutien financier et technique, mais avant tout pour accompagner le Gouvernement dans cette redoutable tâche qui doit s'exécuter dans votre intérêt.



Au-delà du caractère intellectuel des questions que j'ai posées tout à l'heure, cette conférence doit être l'occasion d'exhorter les différentes organisations des victimes au pragmatisme indispensable dans toute une entreprise de réparation qui, par définition est difficile et de longue haleine. Cependant, vous devez rester alertes et vigilants vis-à-vis de vos réclamations qu'il vous appartient de prendre en main et d'acheminer vers les instances habilitées.



Mesdames et Messieurs,

Comme vous le voyez, Le choix du thème de la présente conférence est particulièrement judicieux dans le contexte actuel de la Côte d'Ivoire. Je ne doute pas que vous, les participants internationaux et nationaux, grâce à votre expérience et à votre engagement pour la cause des droits de l'homme, mènerez une réflexion approfondie sur cette problématique complexe. Je ne doute pas aussi que vous ferez des recommandations concrètes et pertinentes susceptibles de faire avancer la Côte d'Ivoire vers une paix durable et une réconciliation véritable, dans le respect des droits de la personne humaine.

Il convient cependant de souligner que beaucoup d'efforts ont été faits pour améliorer la situation des droits de l'homme et pour poser les jalons de la mise en œuvre du droit des victimes à la justice, a la vérité et à la réparation en Côte d'Ivoire. Mais, il faut aussi reconnaître que beaucoup reste encore à faire.

Je voudrai relever la mise en place de structures et les mesures récemment prises pour poursuivre l'action de promotion des droits de l'homme, de la justice et de la réconciliation.

Je mentionnerais particulièrement la Commission Nationale des Droits de l'Homme (CNDH), partenaire institutionnel principal dans l'organisation de cette conférence; la Cellule Spéciale d'Enquête et d'Instruction (CSEI) qui a été récemment reconduite et restructurée, le Programme National de Cohésion Sociale et la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (CDVR) dont le mandat vient d'être renouvelé pour une période de douze mois. La CDVR, dans le cadre de son nouveau mandat, entamera la phase cruciale de recherche de la vérité au cours de laquelle les préoccupations légitimes de toutes les victimes devront être prises en compte.

La présente conférence, dont l'objectif principal est d'évaluer les actions mises en œuvre par le Gouvernement et de conforter les efforts des autorités ivoiriennes dans la mise en place de mesures de nature à répondre de maniéré globale et durable aux problèmes des victimes de la crise ivoirienne vient donc à point nommé. Elle constitue à n'en point douter un appui additionnel a toutes les initiatives multiformes déjà en cours pour soutenir les processus en cours. Ces initiatives devront cependant être fédérées afin de soutenir les différentes institutions dans la mise en œuvre de leurs mandats de manière effective.

L'interaction entre le Gouvernement, la société civile et les partenaires internationaux doit être maintenue voire renforcée pour ce faire.



Excellences,

Mesdames et Messieurs,


Pour terminer, je voudrai réaffirmer que l'ONUCI restera à vos côtés et appuiera, dans la mesure de ses moyens, toutes les initiatives allant dans le sens de la promotion des droits de l'Homme, de la justice équitable et de la réconciliation. Je voudrais également remercier nos partenaires internationaux et les encourager à maintenir leur engagement et leur soutien total à cette problématique.

Sur ce, je souhaite plein succès à vos travaux et formule le vœu que les recommandations qui en seront issues, contribuent à renforcer de manière significative, le combat permanent pour les droits de l'homme et la justice, gages d'un développement et d'une paix durables ainsi que d'une réconciliation véritable.





{Je vous remercie de votre aimable attention.