Compte-rendu du point de presse hebdomadaire du 24 mars 2011

24 mar 2011

Compte-rendu du point de presse hebdomadaire du 24 mars 2011

Abidjan, le 24 mars 2011... « Le nombre total de morts est passé à 462 personnes depuis la mi-décembre 2010 », a annoncé à Abidjan, le Directeur adjoint de la Division des droits de l'Homme, Guillaume Ngefa, lors du point de presse hebdomadaire de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (ONUCI) ce jeudi 24 mars 2011 à Sebroko,

M Ngefa, en faisant le bilan de la situation des droits de l'homme dans le pays, a relevé les violences perpétrées en une semaine, contre les populations civiles dans certains quartiers au nord d'Abidjan, faisant 52 morts en une semaine y compris cinq enfants et sept femmes, ainsi que plusieurs dizaines de blessés.

Ainsi, a-t-il indiqué, la commune d'Abobo a été d'une part, marquée par les opérations de pilonnage perpétrées par les Forces de Défense et de Sécurité (FDS) à partir du camp commando d'Abobo et des quartiers avoisinants, notamment Angré et Plateau Dokoui. Selon le Chef adjoint des droits de l'homme, les tirs d'obus à Abobo ont fait 19 morts dans la seule nuit du 17 au 18 mars 2011. « Les FDS appuyées par de jeunes miliciens ont également envahi les communes d'Adjamé, Attécoubé, Williamsville et Yopougon, tirant et lançant des explosifs indistinctement sur des populations civiles soupçonnées d'être pro-Ouattara », a affirmé M Ngefa.

D'autre part, a poursuivi le Chef adjoint des droits de l'homme, le village d'Akekoi considéré comme étant un bastion pro-Gbagbo dans la commune d'Abobo et majoritairement peuplé de membres de l'ethnie Attié, a été attaqué par de jeunes gens armés à bord d'un véhicule de type 4x4. « Au moins un civil a été tué au cours de cette attaque », a-t-il dit déclarant que des cas isolés de violences postélectorales avaient également été enregistrés à Sinfra et Agboville.

« Les populations d'Abobo, Williamsville, Yopougon et d'autres quartiers d'Abidjan continuent de quitter massivement leurs quartiers en raison des combats et du manque d'accès à la nourriture et aux médicaments », a souligné M. Ngefa, rappelant aux responsables des FDS, aux éléments du « Commando invisible » et aux autres acteurs de la crise post-électorale, que les attaques généralisées ou systématisées lancées sciemment contre des populations civiles pourraient constituer des crimes contre l'humanité.

« Conformément à son mandat de protection des civils et dans les limites de ses capacités, l'ONUCI continue d'apporter son appui à la population, à travers notamment les patrouilles de dissuasion, l'assistance médicale aux victimes, ainsi que le suivi, la documentation et la conduite des enquêtes sur des violations et abus des droits en vue de lutter contre l'impunité », a-t-il réitéré.

Interpellé sur la « guerre des chiffres » relatifs au nombre de morts, M Ngefa a exposé la méthodologie des droits de l'homme qui permet de rapporter non pas des rumeurs mais des faits vérifiés », a noté M. Ngefa. A ce sujet, il a indiqué que l'ONUCI, par rapport à la situation post crise, avait établi un centre d'appels qui fonctionne 24h/24 et qui permet de récolter les allégations des droits de l'homme rapporte aussi par les politiciens et par les organisations des droits de l'homme. « Nous avons la responsabilité de confronter ces allégations en nous rendant sur le terrain pour les vérifier », a ajouté le Chef adjoint de la division des droits de l'homme. « Pour arriver à comptabiliser les morts, a-t-il affirmé, nous devons être capables de connaitre l''identité de la personne, son âge, le lieu ou la victime a été tué et éventuellement le lieu ou le corps de la personne est déposé ainsi que les contacts. « Tout cela est nécessaire pour éviter les doublons », a-t-il ajouté, réaffirmant que le chiffre de 462 morts est un bilan vérifié.

Auparavant, le porte-parole de la mission, Hamadoun Touré a fait état des activités militaires, humanitaires et sociales de la Force onusienne. « L'ONUCI a exécuté au cours de la semaine écoulée 1 114 patrouilles terrestres et aériennes dont 151 patrouilles terrestres dans la ville d'Abidjan.

S'agissant des opérations humanitaires, les contingents de la force onusienne ont offert des consultations médicales gratuites à 1228 patients ivoiriens et distribué 22 100 litres d'eau potable soit une augmentation de 100% en soins médicaux et 10% en fourniture d'eau potable.

M. Touré a, par ailleurs, exprimé les regrets de l'ONUCI quant à l'absence d'une partie de la presse ivoirienne dans les kiosques, pour la seconde fois en moins d'un mois. « L'ONUCI exhorte toutes les parties concernées à créer une atmosphère favorable au travail des journalistes pour permettre aux populations de bénéficier pleinement de leur droit à l'information avec des opinions plurielles », a-t-il lancé.