BRIEFING DU REPRESENTANT SPECIAL DU SECRETAIRE GENERAL DES NATIONS UNIES POUR LA COTE D'IVOIRE, BERT KOENDERS, AU CONSEIL DE SECURITE

18 jan 2013

BRIEFING DU REPRESENTANT SPECIAL DU SECRETAIRE GENERAL DES NATIONS UNIES POUR LA COTE D'IVOIRE, BERT KOENDERS, AU CONSEIL DE SECURITE

Le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en Côte d'Ivoire, Bert Koenders, a participé hier, jeudi 17 janvier 2013, à New York, à la réunion du Conseil de Sécurité des Nations Unies sur l'examen de la situation en Côte d'Ivoire, et la mise en œuvre, quelque six mois après son adoption, de la Résolution 2062, dernière feuille de route du Conseil de sécurité pour une sortie de crise durable en Côte d'Ivoire Comme base pour ses discussions, le Conseil de sécurité disposait du trente et unième rapport périodique du Secrétaire général des Nations Unies sur l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI), qui couvre les développements majeurs qui se sont produits en Côte d'Ivoire entre début août et fin novembre 2012. Le Représentant spécial Secrétaire général des Nations Unies en Côte d'Ivoire, Bert Koenders, a quant a lui fourni aux membres du Conseil de sécurité une mise à jour des développements importants survenus en décembre et janvier, période qui n'est pas couverte par le rapport.
Dans son briefing aux membres du Conseil de sécurité, le Représentant spécial a ainsi souligné que dix-huit mois après la crise postélectorale, et après des semaines difficiles, cet été et au début de l'automne marquées par des incidents de sécurité inquiétants, la Côte d'Ivoire se trouve à un tournant important. Le pays, sous la direction résolue du Président Ouattara, fait des progrès encourageants vers la croissance économique, la paix et la stabilité. Mais pour que les progrès soient consolidés et durables, dans un contexte politique et sécuritaire qui reste délicat, tant au niveau national que régional, un certain nombre des mesures structurelles et urgentes doivent être prises et mises en œuvre, notamment dans les domaines de la réforme du secteur de la sécurité (RSS), du processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration des ex combattants (DDR), de la réforme de la justice, du dialogue politique et de la réconciliation afin que le pays soit un facteur de stabilité dans la sous-région.

Evoquant les questions de dialogue politique et de réconciliation, le Représentant spécial a mis en exergue un certain nombre d'initiatives positives du gouvernement, et estimé que ces efforts étaient critiques, considérant les fractures politiques importantes et les tensions qui demeuraient au sein de la société ivoirienne. La 'décrispation' de ces dernières semaines offre une réelle opportunité, a-t-il dit, rappelant que les termes de la Résolution 2062, demandent au gouvernement de continuer à 'intensifier le dialogue politique avec l'opposition, de lui ménager un espace politique, ainsi qu'elle demande aussi très clairement aux 'partis d'opposition de jouer un role constructif et de concourir à la réconciliation'. Des élections 'ouvertes', 'transparentes', 'libres', et régulières, conformes à cette même Résolution, pourraient être l'occasion de renforcer les processus démocratiques en Côte d'Ivoire et contribuer à la réconciliation nationale , a par ailleurs dit le Représentant spécial, en notant que le Président de la République avait annoncé cette semaine un report de 'quelques semaines' afin que 'tous les partis politiques significatifs participent à ces élections'.

S'agissant des questions de sécurité, Bert Koenders a notamment fait état des réformes importantes engagées par le Gouvernement, telles que l'adoption d'une stratégie pour la réforme globale du secteur de la sécurité (RSS), et celle d'une politique nationale pour le désarmement, démobilisation et réintégration (DDR), ainsi que la création d'une autorité unique en la matière, l'Autorité pour la DDR (ADDR). « Il est maintenant impératif que la Côte d'Ivoire enclenche la mise en œuvre concrète de ces deux programmes », a-t-il dit, soulignant que « la RSS et le DDR sont des chantiers décisifs pour conforter la stabilité du pays, et constituent également l'une des tâches les plus ardues ». « L'ONUCI, en étroite collaboration avec les partenaires bilatéraux et multilatéraux, a mis à la disposition du gouvernement son expertise dans ces deux domaines » a-t-il également dit. Evoquant la coopération régionale, le Représentant a salué les efforts renforcés de coopération entre la Côte d'ivoire et ses voisins, en particulier du Liberia et du Ghana. Les Nations Unies soutiennent ces efforts, a-t-il expliqué. Evoquant par ailleurs les récents développements au Mali, Bert Koenders a indiqué que par mesure de précaution, l'ONUCI avait renforcé sa vigilance et en particulier le long de la frontière entre la Côte d'Ivoire et le Mali, en appui aux efforts de sécurisation de la zone par les forces de sécurité ivoiriennes. Il a également fait savoir que les agences humanitaires de l'ONU surveillaient également la situation de près.

Abordant les questions de justice et les droits de l'homme, le Représentant spécial a indiqué que pendant la période considérée des actes de violences avaient été rapportés lors d'attaques contre des civils et contre les forces de sécurité mais aussi au cours d'opérations et d'arrestations par les forces de sécurité. Il a expliqué que L'ONUCI avait renforcé son appui à la formation des forces de sécurité ivoiriennes dans le domaine des droits de l'homme, et qu'elle fournissait en outre une assistance sur les questions de la réforme de la justice et des procédures d'investigations. « La perception d'impunité qui demeure est une importante source de préoccupation » a ajouté Bert Koenders, « et il est important que les récentes violations des droits de l'homme fassent l'objet d'enquêtes approfondies, comme demandé par le Conseil de sécurité, y compris dans les cas de Bonon et de Nahibly ». « Il est essentiel que les auteurs des graves violations de droits de l'homme et du Droit humanitaire international, quelle que soit leur appartenance politique soient jugés et sanctionnes pour leurs crimes, conformément aux obligations internationales du pays ».

« Pour consolider les avancées importantes qui ont été faites, pour relever les défis qui demeurent et traiter les causes profondes des crises à répétition dans lesquelles le pays a été entrainé tant de fois ces dernières décennies », a encore dit Bert Koenders, « le Gouvernement de la Côte d'Ivoire continuera d'avoir besoin de l'appui et de l'engagement de ses partenaires internationaux et régionaux, y compris des Nations Unies ». « 2013 sera une année critique pour la Côte d'Ivoire et l'ONUCI, qui demandera un soutien ferme et soutenu du Conseil de sécurité. Dans le contexte actuel d'une situation sécuritaire régionale volatile, la stabilité et la réussite économique de la Côte d'Ivoire sont plus que jamais cruciales pour la stabilité de l'Afrique de l'Ouest ».

A noter que le Représentant permanent de la Côte d'Ivoire auprès des Nations Unies, l'Ambassadeur Youssoufou Bamba a également pris la parole au cours de cette réunion du Conseil de sécurité. Ce dernier a fait état des progrès accomplis par son Gouvernement et des défis qui demeurent à relever dans le cadre de la mise en œuvre de la Résolution 2062.

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