Yamoussoukro: Essayons aussi la tradition

24 oct 2005

Yamoussoukro: Essayons aussi la tradition

Yamoussoukro, octobre 2005..."Lorsque, dans une situation donnée, les sages revenaient avec une sentence précédée du vocable "la vieille femme a dit...", cela voulait dire que c'était une décision sans appel possible," selon le professeur Henriette Diabaté.

Dans une communication sur les mécanismes de gestion et de prévention des conflits hérités du passé, elle a ajouté qu'en Afrique précoloniale, les alliances entre peuples permettaient d'anticiper et, le cas échéant, de résoudre des crises.



Mme Diabaté était parmi les conférencières du colloque de l'ONUCI sur "Le rôle des intellectuelles dans le développement d'une culture de paix", auquel ont assisté quelque 450 représentants d'ONGs féminins et de jeunes, de l'ONU, des ministres, de l'Etat ivoirien, des Forces Nouvelles et du Corps diplomatique.

Inaugurant les travaux, M. Pierre Schori, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en Côte d'Ivoire, a montré l'importance que l'ONUCI attache à un processus de recherche dynamique de la paix incluant toutes les couches de la société ivoirienne. Il a souligné que les femmes doivent être impliquées dans tous les mécanismes, conformément à la résolution 1325 du 31 octobre 2000.
Il a, par ailleurs déclaré, l'instauration d'une année de la paix, allant du 31 octobre 2005 au 30 octobre 2006, qui sera une année de réflexion et d'action pour développer une culture de la paix.
Le modérateur du colloque, M. Ahmedou Ould Abdallah, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour l'Afrique de l'Ouest, a décrit la paix comme un comportement nécessaire pour que l'Afrique de l'Ouest évolue vers un mieux-être des populations.
Le Professeur Jacqueline Oble, présidente du Réseau des Femmes Anciens Ministres de Côte d'Ivoire, a parlé de la loi et la culture de la paix.
A l'aide d'exemples tirés de l'histoire ivoirienne moderne, elle a démontré que la loi peut provoquer des conflits ou apaiser des tensions sociales. Elle a sou-haité que la résolution 1633 soit le dernière sur la crise ivoirienne et qu'elle soit appliquée avec "la bonne foi" pour ramener la paix à la Côte d'Ivoire.

La communication de Mme Mariam Dao Gabala, présidente de la Coalition des Femmes leaders de Côte d'Ivoire, a porté sur le rôle que les femmes peuvent jouer dans les situations comme celle que traverse la Côte d'Ivoire.

Mme Salimata Porquet, Présidente de la Fédération Internationale des Femmes pour l'égalité et le développement, a présenté un plaidoyer pour que les femmes soient prises en compte dans les prises de décision. A défaut de parité, a-t-elle dit, plus de femmes devraient être présentes dans les processus de négociation, de résolution et de gestion de la crise.

La communication de Mme Fatoumata Traoré, membre du directoire politique des Forces nouvelles, a porté sur les médias en temps de crise et du rôle qu'ils devraient jouer.

Mme Saran Daraba, Présidente Fondatrice du Réseau des Femmes de la Rivière Mano pour la Paix (REFMAP) a montré comment des femmes déterminées armées de ressources tirées de la culture du terroir, peuvent résoudre des problèmes sérieux.

Le REFMAP a, en effet, été un médiateur déterminant dans les crises qui ont opposé la Guinée, la Sierra Leone et le Liberia. Après un débat en plénière, les participants se sont divisés en ateliers pour se pencher sur les thèmes de "Femmes et culture de la paix", "Arts et culture de la paix", "Jeunesse et culture de la paix" et "Médias et culture de la paix". Dans ces débats, l'importance de l'éducation formelle et de celle dite traditionnelle a été mise en évidence, tout comme le besoin d'une plus grande responsabilité de tous ceux qui contribuent à forger l'opinion. Les participants ont aussi souligné que le développement d'une culture de paix en Côte d'Ivoire passe par l'utilisation des mécanismes traditionnels de gestion et de prévention des conflits qui y existent.

Apres la lecture des rapports des ateliers, les participants ont adopté par acclamation une déclaration commune. Il y a eu également des activités culturelles en marge du colloque, dont une exposition de peinture sur le thème de "L'éveil des consciences", des prestations de troupes théâtrales locales, et un défilé de mode mettant en lumière les prestations d'un styliste de Daloa.

Une exposition par des ONGs et des instances de l'ONU, dont l'ONUCI, le PAM, OCHA, le PNUD et le REFMAP a permis aux invités de trouver sur place des informations sur l'action de ces organisations en Côte d'Ivoire. La soirée a été meublée par un concert où se sont produits un orchestre composé de soldats bangladais et d'Ivoiriens, Aicha Koné, Amy Koné et la Tigresse Sidonie. Environ 2.000 personnes ont assisté à cette soirée dans la grande salle de la Fondation F. Houphouët-Boigny pour la Recherche de la Paix.

Le colloque et le concert ont été retransmis en direct sur ONUCI-FM et ont fait l'objet de 2 diffusions à la télévision nationale, la RTI, et sur Télé Notre Patrie de Bouaké