REVUE DES MEDIAS AUDIOVISUELS DU VENDREDI 30 MARS 2012

30 mar 2012

REVUE DES MEDIAS AUDIOVISUELS DU VENDREDI 30 MARS 2012

Interview accordée par le Représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU à TV5 – 23 mars 2012 – JT20H

TV5 : Après le second tour de la présidentielle entre Laurent Gbagbo et Alassane Dramane Ouattara. Nous recevons sur ce plateau Bert Koenders, le Chef de la mission des Nations Unies en Côte d'Ivoire depuis octobre dernier. Merci d'être avec nous sur ce plateau. D'abord une 1ère question, M. Koenders, après la fin de la crise en avril dernier, la mission de l'ONUCI se justifie-t-elle encore?

M. Bert Koenders : Oui absolument. Il y a beaucoup d'avancée depuis la crise d'il y a une année avec beaucoup de souffrances et 3 000 morts. Mais maintenant, nous sommes dans une situation de construction de la paix. Alors, même s'il y a beaucoup d'avancée, il y a maintenant des sources de conflits qui sont encore là, sur la terre, l'identité, sur le problème de reforme du secteur de sécurité, par exemple. Alors maintenant, il y a le vrai travail. Est-ce qu'on peut influencer...

TV5 : Quel est votre travail justement ?

M. Bert Koenders : Nous avons à peu près 10 000 militaires, police et civils qui travaillent ensemble sur les reformes de l'armée, du secteur de la sécurité, la police, pour la sécurité des citoyens. Et la sécurité est revenue mais pas totalement. Il y a beaucoup de régions où il y a encore beaucoup de défis. Deuxièmement on se trouve dans un pays avec plein d'armes. Alors le désarmement, c'est aussi une tâche des Nations Unies. Le deuxième grand volet, c'est la réconciliation nationale.

TV5 : Comment est-elle possible cette réconciliation ?

M. Bert Koenders : C'est dur parce qu'on ne peut pas proclamer la réconciliation après tellement de morts, de souffrances où les différents partis politiques, les groupes ethniques de ce pays, se retrouver c'est difficile. Il y a une commission nationale dirigée par l'ancien 1er ministre M. Banny, qui travaille là-dessus. Nous soutenons cette commission. Moi aussi, je suis impliqué dans un dialogue politique avec l'opposition. C'est important aussi par rapport à une conversation réelle entre les différentes tendances dans le pays. Mais aussi sur le volet local, c'est important.

TV5 : Les antagonismes, ils sont encore très forts en Côte d'Ivoire ?

M. Bert Koenders : Il y a des avancées. Je crois qu'il y a beaucoup d'ivoiriens qui veulent tourner la page. Mais il ne faut pas oublier que les sources de conflits sur l'identité, la terre, etc. restent très importantes. On ne peut pas changer d'un moment à l'autre. Mais il faut investir dans la réconciliation pas comme quelque chose de symbolique. Mais comme quelque chose qui montre aux populations qu'il y a un changement dans le pays, pour la recherche de l'emploi, pour le vivre ensemble.

TV5 : Vous êtes arrivé à ce poste en octobre dernier. Vous n'avez pas vécu cette crise. Est-ce que ça été compliqué pour vous ?

M. Bert Koenders : Oui. C'était compliqué parce que la Côte d'Ivoire est un pays complexe. Et j'ai vécu dans beaucoup de pays en conflit. Je vois aussi la possibilité vraiment de la Côte d'Ivoire...Vous voyez les images de cette époque-là. On voit la possibilité de changer. Mais maintenant, il ne faut pas oublier la Côte d'Ivoire. Maintenant, c'est vraiment le temps qui compte, la construction de la paix.

TV5 : Alors, il y a eu un 1er test aussi électoral. Premières élections après donc la présidentielle, ce sont les législatives. Quel a été votre travail ? Quel est votre regard sur ces législatives ?

M. Bert Koenders : Le rôle du Représentant spécial, c'est la certification des élections que nous avons faites, il y a un an avec le président Gbagbo et le président Ouattara. Maintenant, c'était dans les circonscriptions différentes. En général, je dois dire que c'est dans un contexte apaisé. Il y a encore deux circonscriptions où nous avons vu des problèmes. Maintenant, c'est vraiment la reconstruction de l'Assemblée nationale, un dialogue politique avec l'opposition.

TV5 : Merci Bert Koenders, Chef de l'ONUCI d'avoir été avec nous. Et d'avoir répondu donc à nos questions.

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Rfi - Edition de 6 heures 30

█ Revenons à la situation au Mali, la délégation des Chefs d'Etat de la CEDEAO n'a finalement pas pu atterrir hier à Bamako. Elle devrait rencontrer la junte pour trouver une sortie de crise. Une réunion a finalement été improvisée à l'aéroport d'Abidjan et les Présidents ouest africains menacent aujourd'hui de mettre le Mali sous embargo à partir de lundi, s'il n'y a pas de retour à l'ordre constitutionnel. D'ici là, pour en parler, Christophe Bouabouvier reçoit Daniel Kablan Duncan, ministre ivoirien des Affaires Etrangères.

Rfi : Daniel Kablan Duncan, bonjour !

Daniel Kablan Duncan : Bonjour

Rfi : Quelles décisions avez-vous prises hier soir ?

Daniel Kablan Duncan : Hier soir donc, les Chefs d'Etat ont décidé la suspension du Mali des instances de la CEDEAO. Ils ont décidé du rappel des ambassadeurs des Etats membres de la CEDEAO. Ils ont décidé l'interdiction aux membres du CNRDRE et à leurs associés de voyager dans l'espace de la CEDEAO. Ils ont décidé la fermeture des frontières des Etats membres de la CEDEAO, sauf bien sûr pour les cas humanitaires. Au niveau des sanctions économiques, ils ont décidé du gel des avoirs des différents responsables du CNRDRE et de leurs associés. Et ils ont décidé la fermeture au Mali de l'accès des ports des pays côtiers de la CEDEAO. Concernant les sanctions financières, ils ont décidé du gel des comptes du Mali à la BCEAO et du non approvisionnement des comptes de l'Etat malien dans les banques privées à partir donc de la CEDEAO.

Rfi : Alors ce sont des sanctions très fortes. Est-ce parce que les Chefs d'Etat ont subi un affront hier, quand ils ont été interdits d'atterrissage à Bamako ?

Daniel Kablan Duncan : Vous savez, avant leur arrivée, il y a eu des manifestants qu'on a laissé aller notamment sur le tarmac. Et donc, les précurseurs ont saisi les Chefs d'Etat qui n'étaient pas loin d'atterrir à Bamako, une certaine insécurité. Les Chefs d'Etat ont donc décidé de revenir sur l'aéroport d'Abidjan de manière à permettre une discussion plus paisible. Alors, ce que je voulais ajouter, c'est que les Chefs d'Etat ont décidé de laisser un délai de 72 heures.

Rfi : C'est-à-dire que les membres de la junte ont 72 heures jusqu'à lundi prochain pour réfléchir. C'est ça ?

Daniel Kablan Duncan : C'est bien ça. Donc nous conseillons aux membres du CNRDRE de prendre attache auprès du Président Compaoré le plus rapidement possible.

Rfi : Alors d'un côté, le capitaine Sanogo, le chef de la junte a empêché donc les Chefs d'Etat d'atterrir. Mais de l'autre, il a discuté pendant deux heures avec les ministres de la CEDEAO qui était venus en précurseur de la veille. Est-ce que ce n'est pas contradictoire de sa part ?

Daniel Kablan Duncan : Ecoutez, ce n'est pas totalement contradictoire. Les Chefs d'état-major qui étaient là-bas et surtout les ministres des Affaires Etrangères ont rendu compte à la Conférence ici à Abidjan de leur discussion avec les membres du CNRDRE. Mais c'st en tenant compte de tous ces éléments-là que la décision donc a été prise. Ça veut dire qu'il n'y a pas d'aboutissement de ces discussions de Bamako.
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