REVUE DES MEDIAS AUDIOVISUELS DU VENDREDI 10 FEVRIER 2012

10 fév 2012

REVUE DES MEDIAS AUDIOVISUELS DU VENDREDI 10 FEVRIER 2012

Radio Côte d'Ivoire - Edition de 6 heures 00

█ Les élections législatives des 11 circonscriptions annulées se tiendront le 26 février 2012. La campagne débute le 18 février pour s'achever le 24 du même mois. C'est ce qui ressort du Conseil des ministres tenu hier jeudi au Palais de la Présidence. On écoute le porte-parole du gouvernement, le ministre Koné Nabagné Bruno.

Koné Nabagné Bruno : Ces élections concernent en réalité 12 circonscriptions. Une, vous le savez, où un candidat était décédé après le démarrage de la campagne. Donc ça imposait le report de l'élection dans cette circonscription. Et Onze dont les résultats ont été invalidés par le Conseil Constitutionnel. Ces élections auront lieux le dimanche 26 février 2012 sur proposition de la CEI et la campagne s'ouvrira le 18 février pour prendre fin le 24 février à minuit. Et les élections le 26 février 2012. (...).

█ Démobilisation des ex-combattants et mise en place de l'armée de réserve. Les discussions se poursuivent pour régler définitivement le problème. Une deuxième réunion entre les parties prenantes s'est tenue hier jeudi au cabinet du ministre délégué auprès du 1er ministre chargé de la Défense, Paul Koffi Koffi. Pour le Chef d'Etat major particulier du Chef de l'Etat, il reste quelques petits points à régler.

Général Gueu Michel : Nous avons donc eu en son temps une mouture sur laquelle des choses ont été faites et qui ont été prises en compte par le ministère de la Défense. Je crois qu'une prochaine réunion est prévue pour que la situation prochaine, nous puissions réunir encore les difficultés de la nouvelle mouture (...) et les porter au niveau du gouvernement dont le Président de la République aura son dernier mot à dire et les décisions à prendre.

Rfi - Edition de 6 heures 30

█ Solidarité entre anciens codétenus pro-Gbagbo en Côte d'Ivoire. Des membres de l'ancien régime libérés en novembre dernier par la justice sont allés plaider la cause de leurs anciens co-détenus face au ministère de l'Intérieur.

Maureen Grisot : C'est Gervais Coulibaly, l'ex porte-parole de Laurent Gbagbo qui mène la délégation. Une dizaine de proches du précédent régime dont trois ont été emprisonnés à la fin de la guerre civile. L'ancien ministre Gnamien Yao, prend la parole. Il a fait quatre mois à Bouna dans le nord est de la Côte d'Ivoire.

Gnamien Yao : Mes nuits sont hantées et troublées par le regard du président Affi N'Guessan, de mon jeune frère Michel Gbagbo en train de me dire au revoir. Quand je me rappelle que nous les avons quittés et qu'ils sont restés deux dans cette prison. Aucun sacrifice n'est de trop pour nous pour que nous puissions aider à libérer nos camarades.

Maureen Grisot : Le ministre de l'Intérieur affirme que le gouvernement a la main tendue vers l'opposition. Mais pour Hamed Bakayoko, ce plaidoyer pour la libération des prisonniers de l'ère Gbagbo est encore prématurée.

Hamed Bakayoko : Il y a des gens qui encore portent le deuil, et de part et d'autres. Donc à chaque fois qu'ils voient un acte d'apaisement, ils ont le sentiment que c'est de l'injustice. Et vice versa. Donc nous devons voir plus loin et nous donner le courage de nous réconcilier. Pour se réconcilier il faut être deux.

Maureen Grisot : La justice ivoirienne instruit des dizaines de dossiers sur les crimes commis pendant la crise postélectorale. Les 1er procès devraient commencer dans quelques semaines.

Maureen Grisot, Abidjan Rfi.

█ Ancien 1er ministre, Charles Konan Banny, est à la tête de la Commission Dialogue, vérité et réconciliation. Mais six mois après son lancement, cette commission reste invisible. Alors que fait-elle ? A quoi sert-elle ? De passage à Paris, Charles Konan Banny répond aux questions de Christophe Bouabouvier.

RFI : Charles Konan Banny, Bonjour !

Charles Konan Banny : Bonjour !

RFI : Voilà six mois que la Commission a été mise en place. Mais pour l'instant, elle n'est pas très visible. Qu'est-ce que vous avez fait depuis le mois de juin ?

Charles Konan Banny : Quand vous avez décidé de construire une maison, vous identifiez le terrain. Ensuite vous faites le plan et vous essayez de creuser les fondations. Mais tout ça n'est pas visible. C'est exactement ce que nous faisons.

RFI : Alors, cette partie invisible. Elle consiste en quoi depuis six mois?

Charles Konan Banny : D'abord, j'ai mené des activités pour sensibiliser les populations. J'ai rencontré des millions de personnes pour savoir si oui ou non nous étions prêts tous à aller à la réconciliation.

RFI : Alors vous avez fait tout ça. Mais dans un message transmis à New York la semaine dernière, l'ONUCI a montré les signes d'impatience. Vos travaux ne vont pas assez vite, dit-elle.

Charles Konan Banny : Ben, je ne sais pas de quoi l'ONUCI parle. L'ONUCI est présente en Côte d'Ivoire depuis plus de 10 ans. Est-ce que l'ONUCI a empêché que les ivoiriens s'entredéchirent ? Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation.

RFI : Est-ce que vous n'avez pas fait un peu de people, en nommant par exemple Didier Drogba dans cette commission. On sait bien que ce footballeur n'aura pas beaucoup de temps à vous consacrer. Est-ce que ce n'est pas un gadget pour journaliste ?

Charles Konan Banny : Non, je ne crois pas. D'abord, C'est un ivoirien. Deuxièmement, Drogba est fils d'une région qui à tort ou à raison se sent aujourd'hui un peu victime. Hier des ivoiriens considérait que cette région là, c'est la région de l'ex-président...

RFI : La région des bétés.

Charles Konan Banny : La région de l'ex-président Gbagbo considérée que c'était cette région là qui était responsable. Moi je pense qu'il n'y a pas de responsabilité collective. Mais en même temps Drogba est considéré comme un fils, un digne fils de cette région. En même temps qu'un digne fils de la Côte d'Ivoire. C'est une icône. C'est vrai, son métier fait qu'il n'aura pas beaucoup de temps à nous consacrer. Dans la réconciliation, ce n'est pas un travail de postier. Des fois, allez pointer tous les matins à une heure fixe. C'est un travail de relation et de persuasion. Et je crois que Drogba a les qualités pour cela.

RFI : Donc vous allez entendre les victimes. Vous allez entendre les criminels supposés. Est-ce que vous allez organiser des confrontations ?

Charles Konan Banny : Oui, le moment venu, c'est une étape. C'est cette étape là que tout le monde attend d'ailleurs.

RFI : C'est la plus connu en Afrique du Sud, avec Desmond Tutu.

Charles Konan Banny : Voilà. Mais ça ne se fait pas du jour au lendemain. Et cette phase doit nous permettre de rechercher la vérité. Qu'est-ce qui s'est passé ? Pourquoi cela s'est passé ?

RFI : Ces criminels et ces victimes sont déjà interrogés par la Commission nationale d'enquête mise en place par le Président Ouattara. Est-ce que vous ne faites pas double emploi ?

Charles Konan Banny : Non. Chacun fait sont travail selon le mandat qui lui a été donné. Nous, nous faisons une justice de réparation, de pardon si nécessaire. Pas une justice de condamnation. Mais ce qui est sûr c'est qu'il peut y avoir complémentarité. S'il y a des éléments de l'enquête qui me semble digne d'intérêt, qui doit être pris en compte. Mais pourquoi pas. On va échanger. On ne va pas s'ignorer. On fait le même travail n'est-ce pas. Mais je conduis un processus mené par une autorité indépendante. C'est important d'insister là-dessus. Non pas que je soupçonne la commission gouvernementale. Mais elle est gouvernementale.

RFI : Pour l'instant, Charles Konan Banny, la réconciliation ça ne marche pas. La preuve, ces législatives de décembre, qui ont été boycottées par le FPI de Laurent Gbagbo. Est-ce qu'il faudrait libérer un certain nombre des quelques 60 personnalités actuellement en prison, comme le demande le FPI ?

Charles Konan Banny : Non. Je ne suis pas d'accord quand on dit que la réconciliation ça ne marche pas. Voyez-vous, mon opinion est que, nous ramenons tout, le sort d'une nation à la nomenklatura politique. Et la nation, c'est plus que les parties politiques.

RFI : Est-ce qu'il ne faut pas envisager la libération d'un certain nombre de cadres du FPI ?

Charles Konan Banny : C'est la justice. Je ne suis pas certain que s'ils n'avaient pas été mis en prison, la Côte d'Ivoire serait réconciliée. De la même façon, vous avez raison. Le fait qu'ils soient en prison ne facilite pas le processus. Mais il faut trouver un équilibre.

RFI : Mais à l'heure actuelle, plus de 60 personnes d'un camp sont en prison. Zéro personne de l'autre camp en prison. Est-ce que c'est équitable ?

Charles Konan Banny : Ecoutez. Je ne suis pas ministre de la justice. Laissez le processus continuer. A un moment donné, si le processus ne prend pas en compte tout ce que je dis et tous les 'a priori' que les uns et les autres ont et dont vous vous faites le porte-parole, en ce moment là, vous venez me poser la question.

RFI : Charles Konan Banny, merci !