REVUE DES MEDIAS AUDIOVISUELS DU 20 DECEMBRE 2010

20 déc 2010

REVUE DES MEDIAS AUDIOVISUELS DU 20 DECEMBRE 2010


RFI- Edition du 20 Décembre 2010 à 06H30

█ Le bras de fer entre l'ONU et Laurent Gbagbo se poursuit donc en Côte d'Ivoire. Le président sortant a demandé ce week-end le départ de la mission de l'ONU dans le pays, l'ONUCI, de la force française Licorne. Mais les Nations Unies ont opposé une fin de non recevoir, estimant que Laurent Gbagbo n'est pas le président reconnu par la communauté internationale, qu'il n'a donc pas le pouvoir de demander le départ des forces impartiales. Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon l'a même averti si Laurent Gbagbo s'en prend à l'ONUCI, il y aura des conséquences. L'ONUCI va-t-elle être renforcée ? C'est ce que souhaite le Premier ministre d'Alassane Ouattara, Guillaume Soro. Cette question devrait être débattue aujourd'hui même à New York, le Conseil de sécurité de l'ONU va discuter de la prolongation du mandat de la mission. Mandat qui expire officiellement le 31 décembre prochain. Et malgré ce contexte très tendu, l'ONUCI a continué ce week-end ses patrouilles à Abidjan, même si le porte-parole de la mission nous disait hier que les casques bleus avaient redoublé de vigilance et qu'ils étaient préparés à tout. A Abidjan, Cyril Ben Simon, le calme n'est qu'apparent.

Cyril Ben Simon : « En apparence pas une vaguelette ne vient rider les eaux calmes de la lagune Ebrié. Que ce soit chez les proches de Laurent Gbagbo ou dans l'entourage d'Alassane Ouattara. Chacun jure qu'il fera tout pour éviter de faire couler le sang des ivoiriens. Et que la violence ne peut venir que du camp adverse. L'homme le plus visible de ces derniers jours, Charles Blé Goudé a tenu ce week-end des meetings à Yopougon et à Port-Bouët pour mobiliser les jeunes. Si le nouveau ministre n'a rien perdu de sa verve nationaliste et qu'il ne rate pas une occasion pour fustiger Nicolas Sarkozy, qui selon lui traite Laurent Gbagbo comme un modeste sous préfet. L'ancien leader étudiant promet que la résistance contre les troupes étrangères se fera pacifiquement. Du côté de l'hôtel du golf, où sont retranchés Alassane Ouattara et ses ministres, on assure qu'une offensive des forces nouvelles n'est pas à l'ordre du jour. Mais on dénonce avec force les tueries de masse perpétrées par je cite les milices à la solde d'un régime illégitime aux abois. Une accusation en partie corroborée par les Nations Unies, selon la Division des droits de l'Homme de l'ONUCI. Depuis plusieurs jours, les exécutions sommaires, les enlèvements de militants du RHDP se multiplient à Abidjan et dans les environs. Cyril Ben Simon, Abidjan, RFI. »

█ Et Cyril Ben Simon a justement interrogé le Directeur de la Division des droits de l'Homme de l'ONUCI, Simon Munzu. L'ONUCI qui reçoit des informations et des rapports comme quoi des violations graves des droits de l'homme se commettent dans plusieurs localités et villes, notamment à Abidjan dans les quartiers d'Abobo, de Koumassi, de Yopougon et mais aussi près d'Abidjan à Grand Bassam. En tout cas c'est ce qu'il affirme. On écoute Simon Munzu.

Simon Munzu : « Les violations concernent surtout les exécutions sommaires, les enlèvements ou disparitions de personnes ou leur disparition forcée, les arrestations et détentions arbitraires. »

Cyril Ben Simon : « Qui est responsable, d'après vos informations, de ces violations des droits de l'homme ? »

Simon Munzu : « Je dois dire que pour l'instant, nous ne pouvons pas dire avec certitude. Mais sur la base des informations que les victimes, pour ceux qui sont encore vivants, les membres de leur famille ou les témoins oculaires, nous disent. Il s'agit surtout des hommes en treillis, certains nous disent qu'ils parlent anglais. Dans certain cas, il s'agit des éléments du Cecos (Centre de commandement des opérations de sécurité) dans la mesure où les intéressés arrivent à bord des véhicules de cette formation spécialisée des forces de défense et de sécurité. »

Simon Munzu de la division des droits de l'homme de l'ONUCI. Et selon le haut responsable au Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, Ces trois derniers jours, les violences auraient fait plus de 50 morts et plus de 200 blessés. Et avant de refermer ce chapitre ivoirien. Notez également que Le Royaume-Uni a recommandé à ses ressortissants de quitter le pays. Les Etats-Unis ont également ordonné de leur côté aux employés non-essentiels de leur ambassade en Côte d'Ivoire et à leur famille de partir. »

BBC- Edition du 20 Décembre 2010 à 6H00

La ministre française des affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie a dit que les 900 soldats français de l'opération Licorne stationnés en Côte d'Ivoire se défendront en cas d'attaque. Laurent Gbagbo avait demandé le départ des troupes françaises et de l'ONU. Mais aussi bien que les Nations Unies, Paris ont rejeté cette demande. De son côté la commission des Nations Unies pour les droits de l'homme a estimé à une cinquantaine le nombre de morts depuis la semaine dernière en Côte d'Ivoire.

█ L'ONU a rejeté l'appel de Laurent Gbagbo qui a demandé aux casques bleus et aux forces françaises de quitter la Côte d'Ivoire. Alassane Ouattara qui lui a été reconnu président élu du pays par la communauté internationale, a écrit au Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki Moon pour lui dire de maintenir les forces de maintien de la paix. Que vaut cette requête surtout à une dizaine de jours de la fin du mandat de la mission de l'ONU en Côte d'Ivoire ? Ecoutez l'analyse d'Issaka Souaré, chercheur dans le programme de prévention des conflits en Afrique de l'Institut d'Etude et de Sécurité situé à Pretoria.

Issaka Souaré : « Normalement, ce renouvellement et même le déploiement d'une opération internationale dans un pays à besoin du consentement du pays hôte. Mais nous sommes là en face d'une situation particulière dans laquelle l'ONU ne reconnait plus l'équipe autour de monsieur Gbagbo. Donc dans ce cas je pense que l'ONU peut dire que l'autorité reconnue est l'autorité de l'autre camp qui est autour d'Alassane Ouattara. Et comme ça, il pourrait se dire que c'est seulement une autorisation ou un ordre de ce camp qui peut constituer vraiment une base légale pour dire que oui ou non ils peuvent renouveler le mandat de l'opération onusienne en Côte d'Ivoire. »

BBC : « C'est compliqué vu qu'Alassane Ouattara ne se trouve pas vraiment, ne maitrise pas d'abord tout ce qui symbolise le pouvoir, les leviers du pouvoir. Comment est-ce qu'il peut donner l'autorisation à une force onusienne ? »

Issaka Souaré : « Je pense que ça c'est une question juridique. Donc peu importe l'espace qu'il contrôle ou s'il est en contrôle effectif du territoire ivoirien. A partir du moment où il est reconnu par les Nations Unies et à partir du moment aussi du fait qu'il a prêté serment par courrier et on connait aussi les circonstances qui ont conduit à cette situation. Donc je pense qu'il peut bien autoriser l'ONU. »

Issaka Souaré, chercheur dans le programme de prévention des conflits en Afrique à l'Institut d'Etude et de Sécurité à Pretoria.