REVUE DES MEDIAS AUDIOVISUELS DU 19 FEVRIER 2010

19 fév 2010

REVUE DES MEDIAS AUDIOVISUELS DU 19 FEVRIER 2010



RFI – édition du 19 Février 2010 à 6 H 30

48 heures de plus, c'est le délai supplémentaire obtenu par le Premier Ministre ivoirien Guillaume Soro pour former son gouvernement. Un sursis octroyé par le Président Laurent Gbagbo lors d'une réunion entre les deux hommes hier à Yamoussoukro. Il faut dire que les tractations piétinent, en cause notamment les exigences posées par l'opposition, réunie au sein du RHDP pour sa participation au futur cabinet. A l'issue de cette réunion, Guillaume Soro s'est adressé aux ivoiriens pour les rassurer sur le processus en cours.

Guillaume Soro : « C'est qu'il faut que les ivoiriens retiennent c'est que, comme disait l'autre, aucun sacrifice n'est trop grand quand il s'agit de trouver la paix pour son pays. Le Chef de l'Etat et moi, nous voulons la paix. Nous sommes en train de nous donner les moyens d'avoir cette paix. Nous sommes en train de nous donner les moyens de faire en sorte que tous les fils et toutes les filles de la Côte d'Ivoire soient associés dans la sérénité à la construction de la paix durable. Donc, nous allons continuer les discussions et je demande aux ivoiriens de garder, non seulement la sérénité, mais l'espoir. Nous ferons tout ce qu'il faut pour que personne ne soit laissé de côté. Nous ferons tout ce qu'il faut pour que la Côte d'Ivoire renoue avec la tranquillité. »

Pour l'instant sur le terrain, le mouvement de jeunesse du RHDP maintient la pression et annonce la multiplication des manifestations ce week-end. Des manifestations qui se sont déjà déroulées un peu partout dans le pays, donnant lieu parfois à des affrontements avec les forces de l'ordre. Dans un communiqué, lu hier soir à la télévision, le Président Gbagbo a appelé au calme et à la sérénité et à ne rien faire pour entraver le processus de sortie de crise

RFI – édition du 19 Février 2010 à 5 H 30

L'invité de la rédaction Alphonse Djédjé Mady, président du Directoire du RHDP interrogé par Christophe Boisbouvier.

RFI : « Alphonse Djédjé Mady, bonjour ! »

A.D.M. : « Bonjour »

RFI : « Vous dites que vous n'irez pas dans un nouveau gouvernement tant que la CEI ne sera pas rétablie. Pourquoi en faites-vous un préalable ?

A.D.M. : « Parce que ce qui nous préoccupe le plus c'est l'organisation des élections. La Côte d'Ivoire doit sortir de la crise non pas par la mise en place d'un nouveau gouvernement, mais par l'organisation des élections. C'est pourquoi nous pensons que cette CEI, qui a été indument dissoute qu'elle soit remise en place dans l'état où elle était et qu'elle puisse commencer à travailler. Après nous pourrons réfléchir aux autres problèmes. »

RFI : «Alors, vous dites qu'elle a été dissoute cette Commission, mais est-ce que le président de cette Commission sortante, votre camarade de parti Beugré Mambé, n'a pas commis une grosse maladresse le mois dernier en faisant circuler une liste de 429.000 vrais faux électeurs ? »

A.D.M. : « Ecoutez, c'est un document de travail interne à la CEI. Aucun nom de ces 429.000, aucun de ceux-là n'a été ajouté à une liste. La malversation est où ? Donc, c'est un prétexte. C'est une fausse accusation, à notre sens et la CEI n'a commis aucun crime d'aucune sorte. »

RFI : « Mais, la CEI n'a-t-elle pas commis une maladresse, tout de même, en faisant circuler en province cette fameuse liste ? »

A.D.M. : « C'est un document interne qui s'est retrouvé entre les mains des commissions locales de la même structure. Voilà, si c'est un crime que des membres de la commission locale aient un document entre les mains qui n'a pas été utilisé, si cela est une faute je suis étonné. Ce n'est qu'un prétexte pour retarder le processus et ne pas aller aux élections. Nous l'avons toujours dit haut et fort, le camp présidentiel n'a pas envie d'aller aux élections et vous verrez qu'après la résolution de ce problème, il trouvera un autre prétexte pour qu'on n'aille pas aux élections. »

RFI : « Alors, prétexte ou pas, le Président Gbagbo a dissout cette CEI et propose à la place une CEI constituée de magistrats et de hauts fonctionnaires. Qu'en pensez-vous ? »

A.D.M. : « Ecoutez, d'abord nous ne reconnaissons pas au Président Gbagbo le droit de dissoudre la CEI, qui fait l'objet d'un accord qui a été signé à Pretoria dans sa forme et dans son fonctionnement. C'est défini par la loi et les accords internationaux que nous avons signés. De quel droit peut-il, lui, la détruire et dire qu'il va remettre un nouveau format de la CEI ? Ce n'est pas possible. »

RFI : «Sur le fond, Gervais Coulibaly, son porte-parole, dit que Laurent Gbagbo estime que les conditions ont changé depuis Marcoussis 2003 et Pretoria 2005 et qu'il faut s'adapter aux nouvelles réalités. »

A.D.M. : « C'est pourquoi nous disons, étant entendu que son mandat constitutionnel est venu à terme depuis le 31 octobre 2005, si lui-même il sort des accords, qui nous lient, il n'a plus de légitimité constitutionnelle. C'est pourquoi, du côté de l'opposition, nous disons que nous ne le reconnaissons plus comme Chef de l'Etat. Vous savez c'est la résolution 1633 de 2005 qui en a fait le Chef de l'Etat pour 12 mois. Ensuite, la résolution 1721 de 2006, qui a prorogé son mandat pour encore 12 mois. Si on est encore là, c'est parce que l'accord d'Ouagadougou a été signé. S'il sort de ces accords-là, la légitimité n'est plus fondée. La CEI, dont tous les membres ne sont mis en cause, ne peut pas être dissoute par Monsieur Gbagbo. S'il y a au niveau de quelques personnes des problèmes qui sont posés, qu'on nous les signifie et qu'on les étudie.

RFI : «Donc, vous êtes prêts à négocier sur tel ou tel nom à l'intérieur de la CEI, c'est ça ? »

A.D.M. : « Si à l'intérieur de cette Commission des noms sont mis en cause et que leur culpabilité est prouvée, oui, nous sommes prêts à en parler. C'est ce que nous avons demandé jusqu'à présent. Qu'on nous signifie effectivement la fraude commise pour Monsieur Beugré Mambé et jusqu'à présent, personne ne nous a apporté la preuve. Nous demandons qu'on nous en apporte la preuve. »

RFI : « Alors vous êtes inflexible Alphonse Djédjé Mady, mais vous n'avez par le pouvoir. Vous n'avez pas la force avec vous. Qu'est-ce que vous pouvez faire ? »

A.D.M. : « Ecoutez, nous avons au moins le droit de protester et de dire non. La majorité populaire peut aussi s'exprimer et dire non. Malheureusement, c'est ce qu'on est en train de constater dans certaines villes qui manifestent. Le vrai pouvoir, c'est celui que détient le peuple. Ce n'est pas la répression brutale. »

RFI : « Est-ce que vous ne craignez pas qu'on vous accuse d'appeler à l'insurrection ? »

A.D.M. : « Non. Nous n'appelons pas à l'insurrection pour le moment. Nous demandons aux citoyens, à nos militants, de pouvoir dire non, s'ils ne sont pas d'accord et que Monsieur Gbagbo qui est là pour l'intérêt du peuple en tienne compte. »

RFI : «Après la double dissolution de vendredi dernier Laurent Gbagbo a demandé à Guillaume Soro de former un nouveau gouvernement et celui-ci a accepté. Est-ce qu'il a eu raison ou tort ? »

A.D.M. : « Celui-ci a accepté en demandant que la mission qu'on lui confie soit dans le cadre des accords. Or, pour le moment, à ce qu'on sache, les indications données par le Président Gbagbo ne sont pas dans le cadre des accords. »

RFI : « Est-ce que vous faites confiance encore à Guillaume Soro. »

A.D.M. : « Nous n'avons aucun problème avec Guillaume Soro et nous lui faisons pleinement confiance. »

RFI : «Donc, vous n'écartez pas d'entrer dans un nouveau gouvernement Guillaume Soro ? »

A.D.M. : « Ce n'est pas le fait de rentrer dans un gouvernement Soro, c'est le fait de rentrer dans un gouvernement que le Président Gbagbo veut mettre en place, en sortant des accords. S'il sort des accords, nous ne savons pas pourquoi il mettra en place un gouvernement que nous ne reconnaissons pas ? »

RFI : « Alors du côté du pouvoir, Gervais Coulibaly veut croire que si la crise se dénoue, on peut nettoyer les listes en un mois et ensuite aller aux élections en avril, voire dès le mois de mars. Est-ce que vous y croyez ? »

A.D.M. : « Ecoutez, si nous voyons ce qui se passe sur le terrain, nettoyer les listes, il faut savoir ce que c'est. Ce que nous constatons sur le terrain, c'est que des personnes en masse sont radiées sans aucune preuve et la plupart du temps tous des gens du Nord qu'on radie comme ça, que ce soit à Divo, à Guiglo, à Man, à Abidjan, à Grand Bassam parce qu'on s'appelle Koné, parce qu'on s'appelle Bamba, parce qu'on s'appelle Issouffou. Bon vous n'êtes pas ivoirien et on vous radie et les juges qui refusent et qui veulent suivre la loi, ces juges sont affectés. Cela ne peut pas prospérer. Les gens, qu'aujourd'hui manifestent se posent le problème de leur nationalité, de leur appartenance à une patrie ! »

RFI : « Docteur Djédjé Mady, merci. »