RFI – Edition du 17 octobre 2008 de 6 H 30

Même s'il se défend d'être en campagne électorale, Laurent Gbagbo poursuit sa tournée dans le nord de la Côte d'Ivoire, dans la région de l'ancienne rébellion. Le Président ivoirien a appelé ses compatriotes à se faire recenser sur les listes électorales. Cette opération d'identification est une étape importante dans le processus. A Bouaké, Norbert Navarro :

«Qu'on vienne pas dire à Laurent Gbagbo qu'il bat la campagne électorale. A chaque étape du 2ème jour de sa tournée dans le nord, son souci manifeste était de prendre soin d'agir en Chef d'Etat et non en candidat. A Katiola par exemple, c'est au nom de la Côte d'Ivoire qu'il a salué quelques anciens ou même quelques gloires du foot ivoirien. C'est en Chef d'Etat et non en candidat que quelques heures plus tôt, dans la cité minière de Tortiya, le Président a promis un collège, un pont, une route refaite ou encore des retraites et comme avec son hélicoptère Laurent Gbagbo était venu du ciel, c'était oui un peu Noël en octobre hier pour cette bourgade jadis florissante avec ses mines de diamants et aujourd'hui à l'abandon. Mais il n'y avait pas que les cadeaux dans la hotte de Laurent Gbagbo, il y avait aussi un devoir de Chef d'Etat, il faut se faire recenser ».

Laurent Gbagbo : « Je ne veux pas que demain un ivoirien dise qu'il est exclu parce qu'il n'a pas de pièce d'identité ! On vous offre là une occasion. Nous avons prévu des recenser 12 millions de personnes. Sur les 12 millions de personnes, en principe, 9 millions sont en âge de voter. Ne laissez pas passer l'occasion ! Je vous en conjure : allez, allez, allez vous faire recenser pour que vous soyez capables de voter demain, mais plus, pour que vous soyez en possession de votre carte d'identité ! »

« Cet appel au civisme, Laurent Gbagbo devra lui-même le suivre, sa carte d'identité est périmée. »

Oui, mais voilà, ce processus de recensement des électeurs ivoiriens risque d'être encore retardé. Cette fois par un mouvement de grève des agents de la C.E.I. et de la SAGEM, chargés des opérations. Des agents ont cessé le travail depuis lundi, ils réclament, Stanislas Ndayishimiye, des négociations sur leur salaire :

« Tout est parti d'une réunion tenue la semaine dernière par le vice-président de la C.E.I. à Koumassi, un quartier d'Abidjan. Lorsque les agents des centres de collecte ont voulu savoir quel était le montant de leur salaire, Jean-Baptiste Gomis leur a répondu qu'il ne le savait pas. Ils se sont alors rendu compte qu'on les trompait. Mamadou Dao, le porte-parole du collectif des centres de collecte :

«Nous travaillons et nous n'avons pas de contrat de travail. On nous a rendu des fiches où on doit signer. On avance 30.000 francs pour certains, 5.000 francs pour d'autres, sans savoir quel salaire nous avons. Nous travaillons, mais il n'y a pas de contrat qui nous est présenté. On va à nos propres frais sur les lieux du travail, on mange à nos propres frais, maintenant s'ils pensent qu'il y a lieu de coopérer ou de négocier, nous sommes ouverts à la discussion ».

Ce mouvement de revendication salariale concerne les agents recrutés par les 4 des 5 organismes chargés de l'identification : l'I.N.S., l'O.N.I., la C.E.I. et la société française SAGEM qui ne veut pas communiquer. Quant à la C.E.I., aucun de ses responsables n'est jusqu'ici entré en contact avec le collectif des centres de collecte pour tenter de débloquer la situation ».

Et l'élection présidentielle devrait être reportée à 2009, en raison justement de la lenteur du processus de recensement des électeurs : « Tout le monde le sait ». Une affirmation d'une source proche de la C.E.I.

Rappelons que la présidentielle est officiellement prévue le 30 novembre prochain.