REVUE DES MEDIAS AUDIOVISUELS DU 16 FEVRIER 2011

16 fév 2011

REVUE DES MEDIAS AUDIOVISUELS DU 16 FEVRIER 2011

RFI - Edition de 6 heures 30

█ Les rouages de l'économie ivoirienne de plus en plus grippés par la crise politique. Après les banques BICICI et Citibank, c'est maintenant la bourse d'Abidjan qui ferme ses portes. La bourse régionale des valeurs mobilières, où sont cotées une trentaine d'entreprises sous régionales, suspend temporairement son activité. L'autorité de régulation estime, qu'après l'intrusion d'hommes en armes et de représentants du gouvernement Gbagbo dans ses locaux la semaine dernière, les conditions de travail et de cotation ne sont plus satisfaisantes.

█ La situation qui pèse aussi très lourd sur la filière café-cacao. Hier à Abidjan, des dizaines de planteurs se sont réunis à l'initiative du conseil des sages de la filière. Il a été question de l'interdiction d'exportation de ces deux produits par Alassane Ouattara et du gèle des achats par les multinationales. A cela, il faut ajouter l'embargo de fait décrété par l'Union Européenne qui demande aux navires européens de ne plus travailler avec les ports d'Abidjan et San Pedro. Envoyé spécial Cyril Bensimon.

Cyril Bensimon : Drapés dans leur tenue traditionnelle ou en costume cravate, Les acteurs de la filière café-cacao réunis hier étaient venus pour dénoncer de concert les sanctions de l'Union Européenne. De tous les intervenants, le plus applaudi fut sans nulle doute, Sansan Kouao, le très pro-Gbagbo, vice-président du conseil des sages de la filière.

Sansan Kouao : S'ils ne veulent pas, les chinois vont venir acheter. Parce qu'on en a marre de l'Union Européenne. On lui donne une semaine. Si ce n'est pas ouvert, on va ramasser tout notre cacao pour venir brûler de son bureau.

Cyril Bensimon : Si certains planteurs affirment continuer à vendre leur production, mais à prix réduit. D'autres ne cachent pas un désarroi profond comme ce chef de village de l'Agnéby dans le sud est pays.

Chef de village : Si aujourd'hui on ne nous paie plus notre cacao, c'est la pauvreté dans nos campagnes. En tant que paysan, nous n'avons pas les magasins appropriés pour garder notre cacao. Si ça se moisi, on jette. Donc la solution, c'est de débloquer cette situation.

Cyril Bensimon : Principal poumon financier de la Côte d'Ivoire, la filière café-cacao fait vivre des millions de paysans et génèrent environ 40% des recettes d'exportation du pays. Un embargo de longue duré serait donc une catastrophe économique et sociale. Selon plusieurs observateurs, une partie de la production est actuellement écoulée via le Ghana, le Burkina et le Mali. Mais ces ventes restent pour l'heure très marginale. Cyril Bensimon, Abidjan RFI.

█ La Côte d'Ivoire où le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés craint des déplacements massifs de population. Le HCR a déjà enregistré près de 39.000 déplacés dans l'ouest du pays et vient de lancer à Duékoué la construction d'un premier camp pour les accueillir. D'autres sites pourraient d'ailleurs accueillir des camps. En attendant, la situation humanitaire se dégrade. Ecoutez les précisions de Fatoumata Lejeune-Kaba, porte-parole du HCR en Côte d'Ivoire.

Fatoumata Lejeune-Kaba : ça fait trois mois que dure le blocage politique. Ce blocage crée une psychose auprès des populations qui sont en train de fuir. Par exemple, on a un nombre assez important de personnes qui se sont installées le long de la frontière avec le Liberia pour voir comment la situation va évoluer avant de décider de traverser la frontière pour devenir réfugié au Liberia. Pendant ce temps là, on a d'autres personnes qui continuent à aller vers l'est du Liberia où aujourd'hui, on est à plus de 36.000 personnes. Nous avons aussi une situation humanitaire qui va en se dégradant. Puisque le nombre de personnes déplacées regroupées dans certains endroits, comme par exemple la mission catholique de Duékoué. Où il y a 9.000 personnes entassées les unes sur les autres. Où des pluies torrentielles, la semaine dernière, ont détruit des abris. Ça rend la situation vraiment très très difficile.

La porte-parole du HCR en Côte d'Ivoire, Fatoumata Lejeune-Kaba avec Charlotte Idrac.

█ Toujours à propos de la Côte d'Ivoire, le ministre français de la coopération a mis en garde hier contre les conséquences d'une éventuelle partition du pays. Selon Henri de Raincourt, après la partition du Soudan, cela pourrait entrainer une balkanisation et une ethnicisassions de l'Afrique. Le ministre estime que ni le président Mauritanien ni son homologue Burkinabé, qui font parties du panel de chef d'Etat chargé trouver une solution à la crise, ne souhaitent que cette crise n'aboutisse à la partition de la Côte d'Ivoire.