RFI- Edition de 6h30- Pas de militaires ivoiriens sur les Champs Elysées à Paris demain, ils avaient pourtant été invités à l'occasion du cinquantenaire des indépendances africaines. L'ambassadeur Pierre Kipré s'expliquera sur ce boycott .
Demain 14 juillet, les militaires de 13 pays africains défileront à coté de leur frères d'armes français. 14 pays ont été invités mais le chef de l'Etat ivoirien Laurent Gbagbo a décliné l'invitation. Paris et Abidjan sont en froid depuis le début des années 2000 et la guerre entre l'armée ivoirienne et les rebelles. Il s'agit bien d'un boycott, écoutez l'ambassadeur de Côte d'Ivoire en France, Pierre Kipré. Il est l'invité de Sébastien Németh.

Sébastien Németh : Monsieur l'ambassadeur, bonjour !

L'ambassadeur Pierre Kipré : Bonjour, mon cher ami !

Sébastien Németh : Des 14 armées africaines, seule celle de la Côte d'Ivoire sera absente. Pourquoi ?

L'ambassadeur Pierre Kipré : C'est pour 3 raisons. Nous n'avons pas actuellement une véritable armée nationale. La bribe d'armée s'occupe de la sécurité du pays en attendant. La deuxième raison, c'est qu'il semble à nous que c'est le jour de notre fête nationale le 7 août que nous allons faire défiler nos soldats en Côte d'Ivoire. C'est très amical de la part de la France d'inviter les pays amis. On a le temps .2011, 2012 ou dans 10 ans, peu importe après le cinquantenaire. (...) C'est notre anniversaire, nous fêtons à la maison ! Chez nous ! Nous ne voyons pas bien les raisons profondes de cette volonté de fêter le cinquantenaire d'Etats indépendants en France.

Sébastien Németh : Comment vous la jugez cette initiative, elle vous semble maladroite ?

L'ambassadeur Pierre Kipré : C'est une initiative très ambigüe. Parmi ces 14 pays, y-a-t-il le Nigeria qui fête son indépendance cette année ? Pourquoi est ce uniquement un groupe de pays ? Surtout après qu'il y a eu ce sommet Afrique-France. (...)
La 3e raison c'est qu'il y a un nombre de contentieux qui n'a pas encore été réglé et qui mérite qu'on les évacue parce que notre opinion publique ne comprendrait pas et encore plus notre armée ne comprendrait pas que nous l'obligions à aller défiler alors qu'un certain nombre de contentieux existe.

Sébastien Németh : La pierre d'achoppement c'est novembre 2004, cette fusillade devant l'hôtel Ivoire, c'est de cela qu'il faut parler ?

L'ambassadeur Pierre Kipré : Non seulement ce fait mais toutes les positions françaises depuis le coup d'Etat 1999. Vous savez, un grand pays démocratique ferme les yeux sur un coup d'état et au fil du temps, un certain nombre d'actes que pose la France, qu'entre nous soit dit la Côte d'Ivoire a sollicité pour être tampon entre les belligérants , prend sur elle de tirer à balles réelles sur des manifestants , de détruire toute l'aviation ivoirienne et on fait comme si de rien n'était.

Sébastien Németh : De son coté, la France reproche à la Côte d'Ivoire d'avoir bombardé le camp de Bouaké...

L'ambassadeur Pierre Kipré : Alors parlons de tout cela ! Sortons ces dossiers.

Sébastien Németh : Est-ce que la France refuse d'en parler selon vous ?

L'ambassadeur Pierre Kipré : Jusqu'ici la France n'a pas réagi. Le président Gbagbo avait même invité le secrétaire général de l'Elysée, qui avait donné, semble-t-il, son accord de principe et à la dernière minute a annulé son voyage.

Sébastien Németh : Alors, monsieur l'ambassadeur pourquoi boycotter dans ces conditions le déjeuner d'aujourd'hui qui pourtant ne fait pas partie du défilé et qui était l'occasion de discuter avec le président français.

L'ambassadeur Pierre Kipré : Nous n'avons boycotté aucun déjeuner. C'est seulement hier que le Quai d'Orsay m'a informé de ce que maintenant on nous invitez. Donc, j'attends, dès que le Quai d'Orsay m'aura fait parvenir nos cartes d'invitations, on sera au déjeuner s'il n'est pas trop tard.