REVUE DE PRESSE INTERNATIONALE DU MERCREDI 15 JUIN 2011

15 juin 2011

REVUE DE PRESSE INTERNATIONALE DU MERCREDI 15 JUIN 2011

Côte d`Ivoire: plus de 300.000 personnes toujours déplacées (HCR)

AFP - Plus de 300.000 personnes sont toujours déplacées en Côte-d`Ivoire près de deux mois après la fin de la crise postélectorale qui a frappé le pays, a indiqué mardi le Haut commissariat de l`ONU pour les réfugiés. "Au cours des trois dernières semaines, le HCR et ses partenaires ont enregistré 322.277 personnes déplacées à travers le pays dont l`enregistrement est en cours", a déclaré une porte-parole de l`agence onusienne, Melissa Fleming, lors d`un point de presse. La plupart de ces personnes ont trouvé refuge dans des camps ou des familles d`accueil dans l`ouest du pays (162.188) ainsi qu`au nord (62.676) et dans la capitale économique ivoirienne, Abidjan (55.912). Selon les témoignages de ces réfugiés, beaucoup sont encore cachés dans la brousse, a ajouté Mme Fleming. Alors que la situation dans l`ouest s`améliore, facilitant le retour des déplacés, les "tensions intercommunautaires restent fortes", notamment dans la région du sud-ouest de Sassandra où plus de 280 civils ont été tués début mai par les partisans du président sortant Laurent Gbagbo, a relevé le HCR. "Quelque 17.000 personnes sont déplacées dans cette région, dont un nombre inconnu serait encore caché dans la forêt", a encore indiqué la porte-parole. Globalement, "la présence continue de groupes d`auto-défense armés empêchent le retour de ces communautés déplacées", a-t-elle regretté.(...) Selon le HCR, plus de 200.000 Ivoiriens ayant fui les combats entre les
partisans des deux camps sont toujours réfugiés dans les pays voisins.

Côte d'Ivoire : que reste-t-il du camp Gbagbo ?

Jeune Afrique online - Les partisans de l'ancien président ivoirien, en résidence surveillée à Korhogo, se cherchent un avenir. Charles Blé Goudé sort de l'ombre, Mamadou Koulibaly se pose en nouveau leader d'un FPI laminé... Les militaires, eux, font profil bas. Investi le 21 mai, Alassane Dramane Ouattara (ADO) installe, pierre après pierre, son pouvoir. Après un premier gouvernement, nommé entre les murs du Golf Hôtel au lendemain du hold-up électoral de Laurent Gbagbo, ADO a formé, le 1er juin, une nouvelle équipe de 36 membres, qui devra, d'ici aux législatives prévues en fin d'année, entamer les travaux herculéens qui l'attendent après plus d'une décennie de crise et cinq mois de guerre. Un gouvernement pléthorique car, comme souvent, il a fallu récompenser les alliés de la première comme de la dernière heure : 14 ministres issus du Rassemblement des républicains (RDR) de Ouattara, 8 du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) de Bédié, 5 des ex-­Forces nouvelles de Guillaume Soro, qui demeure Premier ministre et ministre de la Défense, 5 issus de la société civile et 4 de petits partis. Grand absent de ce gouvernement d'« union nationale » : le Front populaire ivoirien (FPI), qui a refusé d'y participer. Le FPI est un champ de ruines. Privé de ceux qui l'ont porté à bout de bras deux décennies durant, battu dans les urnes le 28 novembre 2010 puis sur le terrain militaire le 11 avril dernier. Ses caisses, garnies par dix ans de pouvoir, vidées en un tournemain. Ses partisans, terrés ou faisant profil bas, de crainte que les représailles, qui ont déjà endeuillé leurs rangs, ne se poursuivent. L'avenir de ce parti, qui s'enorgueillissait d'avoir jadis lutté pour la démocratie, payant ainsi un lourd écot à l'instauration du multipartisme en Côte d'Ivoire, s'inscrit aujourd'hui en pointillé. Ses chefs militaires ont fait allégeance ou sont sous les verrous, les politiques multiplient les valses-hésitations. Ceux qui ont été mis à l'écart avant même la crise postélectorale, victimes de luttes intestines entre caciques du temps de la « gloire », sont aujourd'hui en pole position pour incarner l'avenir. Les plus durs du régime, le dernier carré des « refondateurs-résistants », eux, semblent voués à la prison ou à la retraite politique anticipée. Deux figures incarnent cette dualité au sein du clan : le président de l'Assemblée nationale Mamadou Koulibaly et l'ex-« général de la rue » Charles Blé Goudé. Nous avons choisi de les interroger tous deux, pour essayer d'y voir plus clair. Koulibaly nous a tenu un discours lucide et posé, en fin politicien qu'il n'a jamais cessé d'être, malgré ses différends avec Gbagbo qui lui permettent aisément, aujourd'hui, de dire qu'il l'avait prévenu... Blé Goudé, dont on avait fini par penser qu'il était passé de vie à trépas dans la tourmente du 11 avril et qui livre dans ces colonnes sa première interview depuis sa fuite, a bien changé. Le tribun qui haranguait les foules pour défendre son champion n'est plus qu'un lointain souvenir. Dans ses propos, le narcissisme le dispute à l'incohérence. Il n'exprime ni ligne directrice, ni envies, ni regrets, et nie en bloc les accusations dont lui et son camp sont l'objet, élude les questions les plus sensibles et réécrit volontiers l'Histoire... L'un a un avenir certain en Côte d'Ivoire ; l'autre, à moins d'un improbable retournement de situation, beaucoup moins. Il est cependant une certitude : la Côte d'Ivoire ne peut se passer d'une opposition crédible, organisée mais responsable, face à Alassane Ouattara et au Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP). C'est ça la vraie démocratie...

Côte d'Ivoire : la réconciliation à l'épreuve de la justice

Afriscoop - Après plusieurs mois d'une sanglante crise postélectorale, le président ivoirien Alassane Ouattara fait de la réconciliation des Ivoiriens la première de ses priorités tout en insistant sur la nécessité des poursuites judiciaires à l'encontre des auteurs de graves violations des droits de l'homme, une position "équilibriste" qui divise les Ivoiriens. Pour traduire, en actes concrets, sa volonté de rassembler les Ivoiriens, Alassane Ouattara a mis en place une Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation, à l'image de ce qui a été fait en Afrique du sud, pour faire la lumière sur les événements post- électoraux ayant fait plus de 3 000 morts et pour "panser les plaies" des victimes. Parallèlement, la justice ivoirienne a ouvert des enquêtes préliminaires contre l'ex-président Laurent Gbagbo arrêté le 11 avril et assigné à résidence comme plusieurs personnalités de son régime. - Abandonner les poursuites contre le camp Gbagbo - "Nous ne pouvons pas en même temps rassembler et réconcilier les Ivoiriens en traînant d'autres frères devant les tribunaux", estiment des Ivoiriens. Pour le politologue Bernard Doza, il ne faut pas traduire en justice Laurent Gbagbo. "C'est un risque de juger Laurent Gbagbo par notre justice ou une justice internationale", soutient-il soulignant que "depuis Houphouët-Boigny (premier président ivoirien, 1905-1993) on n'a jamais fait judiciairement le bilan d'un gouvernement qui a dirigé ce pays". Se référant à la Commission Vérité et Réconciliation en Afrique du sud, il relève qu'"aucun chef d'Etat sud-africain ayant régné sous le régime d'Apartheid n'a été conduit devant une juridiction nationale ou internationale". "Allons tous à la Commission Dialogue, Vérité, et Réconciliation qui pourrait être conclue par une loi d'amnistie générale", appelle-t-il de tous ses voeux.
Un éditorialiste du quotidien Notre Voie, le journal du FPI, dénonce "la justice sélective du nouveau pouvoir". "Jusqu'à présent, seuls les proches de Laurent Gbagbo et les membres de la coalition de partis politiques qui ont soutenu sa candidature (à l'élection de novembre dernier) font l'objet de procédures judiciaires", écrit l'éditorialiste. "Ouattara peut-il réconcilier les Ivoiriens ?", s'interroge le journal qui pense que le premier acte à poser par le nouveau président pour y parvenir est "la libération de Laurent Gbagbo". Le journal cite également "l'arrêt immédiat de la chasse aux sorcières et des exactions à relent ethno-tribal, le rétablissement d'un régime de liberté et de la sécurité ". Le président intérimaire du Front populaire ivoirien (FPI, parti de M. Gbagbo) et par ailleurs président de l'Assemblée nationale, Mamadou Koulibaly ne dit pas autre chose. "Si l'on veut aller à la réconciliation, il faut déjà renoncer à la vengeance justicière et permettre que l'opposition s'organise et que l'opposition ait le droit d'exister", estime-t-il. Mamadou Koulibaly ajoute qu'"un bon geste de réconciliation serait aussi de montrer qu'il (le président Alassane Ouattara) est capable de pardonner à Gbagbo et à tous les militants de son parti " incarcérés à la Pergola (un hôtel d'Abidjan), Odienné, Korhogo ( nord) et à Bouna (nord-est). "Se venger n'est pas forcément bon signe, ce serait créer des injustices, sources de nouvelles haines et de nouvelles frustrations qui sont des moteurs très puissants d'instabilité politique en Afrique", assène-t-il.Mais d'autres Ivoiriens considèrent la justice comme un pan essentiel de la réconciliation et, pour eux, il ne peut avoir de réconciliation sans justice. - Priorité à la Justice pour mettre fin à l'impunité. - Le président Ouattara l'a répété à maintes reprises, "aucun crime ne restera impuni". "Bien sûr, il faut que justice se fasse pour que l'impunité soit bannie à jamais dans notre pays", renchérit l'ambassadeur permanent de la Côte d'Ivoire auprès des Nations Unies à New York, Bamba Youssoufou. Selon lui, "avant toute réconciliation, il faut qu'il y ait la justice". "Il faut que les auteurs des crimes qui ont été perpétrés soient reconnus et qu'ils puissent se repentir. C'est après cela que le pardon va intervenir et la réconciliation aussi", explique- t-il. Bamba Youssoufou pense que "la réconciliation doit être basée sur le respect et l'imprégnation d'une culture de l'Etat de droit, garantie de la fin de l'impunité". "Réconciliation d'accord, mais vérité, justice et repenti d'abord, pour éviter qu'on n'ait plus à vivre ce qui s'est passé dans notre pays", souligne-t-il. "Tous les crimes commis seront jugés et punis avant que nous n'allions véritablement à la réconciliation", croit savoir également le ministre du Commerce, Dagobert Banzio, originaire de l'ouest du pays où les exactions commises par les deux camps, les pro-Ouattara et le pro-Gbagbo, ont fait entre 300 et 800 morts, selon des organisations humanitaires et de défense des droits de l'homme. Pour lui, "il faut que ces personnes qui ont commis de tels actes s'expliquent et soient sanctionnées". "Si cela n'est pas fait, ce sera difficile de pardonner", répète-t-il insistant que "les actes sont déjà posés, il faut les juger avant d'arriver au pardon". Un analyste ivoirien est catégorique et pense qu'"il faut laisser le temps à la réconciliation et consacrer toutes les énergies à la justice". "Il faut accorder la priorité à la justice, si elle travaille en toute indépendance elle peut faire à elle seule le travail de réconciliation", note-t-il. Dans une Côte d'Ivoire assoiffée de justice après une crise militaro-politique de près de 10 ans suivie d'un contentieux électoral de cinq mois et de deux semaines de guerre, comment parvenir à rassembler et à réconcilier les Ivoiriens devient un véritable casse-tête. De fait, "réconcilier des frères n'est pas une œuvre humaine, ce n'est pas à la portée d'un homme", avoue le président de la Commission Dialogue, vérité et réconciliation, Charles Konan Banny. "C'est une œuvre d'essence divine parce que c'est Dieu qui réconcilie", conclut-il un brin philosophique.

Des cas de choléra à nouveau détectés à Abidjan (ACF)

AFP - Des cas de choléra ont à nouveau été détectés dans certains quartiers d`Abidjan, faisant craindre une reprise de l`épidémie qui s`était déclenchée dans la capitale économique au cours des derniers mois, a annoncé mardi l`ONG française Action contre la faim (ACF). Au cours d`une conférence de presse à Paris, des responsable d`ACF, dont son chef de mission en Côte d`Ivoire, ont précisé qu`au cours des six dernières semaines environ 25 cas de choléra avaient été découverts dans différents quartiers. "Pendant la crise et les affrontements, les mouvements de population ont été fortement réduits, ce qui a sans doute freiné la propagation de l`épidémie", a précisé Reza Kasraï, chef de la mission ACF dans le pays. "Mais on commence à revoir des cas depuis six semaines, dans les quartiers affectés et même dans d`autres". Selon ACF, environ 500 cas de choléra avaient été détectés dans le pays avant les affrontements. La Côte d`Ivoire a été le théâtre d`une sanglante crise électorale qui a duré des mois après le second tour de la présidentielle en novembre à l`issue de laquelle le chef de l`Etat sortant Laurent Gbagbo a refusé de céder la place au président élu Alassane Ouattara finalement investi le 21 mai. L`ONG, qui compte actuellement quelque 200 employés locaux et une trentaine d`expatriés, a repris ses activités de distribution de kits d`hygiène et de tablettes de purification d`eau pour tenter d`enrayer l`épidémie. Vincent Taillandier, l`un des responsables de la région Afrique pour ACF, a ajouté : "Maintenant que l`activité économique a repris, avec le développement des échanges nous craignons une nouvelle propagation des cas de choléra". "Ce qui est positif", a-t-il ajouté, "c`est que les autorités ont reconnu l`existence de ce risque sanitaire et collaborent activement aux programmes de prévention".(...)