REVUE DE PRESSE INTERNATIONALE DU MERCREDI 05 JUIN 2013

5 juin 2013

REVUE DE PRESSE INTERNATIONALE DU MERCREDI 05 JUIN 2013

L'ONU appelle à traiter les "causes profondes" de la crise ivoirienne



AFP (4/6/2013) – Les autorités ivoiriennes doivent "sans tarder" s'attaquer aux "causes profondes" de la crise traversée par le pays depuis des années, a estimé mardi le représentant sortant de l'ONU en Côte d'Ivoire, nommé chef de la force des Nations unies au Mali.

"J'en appelle au gouvernement et à tous les acteurs ivoiriens pour qu'ils s'attellent, ensemble, et sans tarder à la gestion des causes profondes des conflits et crises successives qui ont secoué le pays, telles que la question foncière et la question identitaire", a déclaré Bert Koenders dans un message à l'occasion de son départ pour le Mali. "C'est parce qu'il incarne à lui seul le lien intrinsèque existant entre la sécurité (...), le foncier, la réconciliation et la justice équitable que l'ouest de la Côte d'Ivoire, qui demeure fragile, a besoin qu'on lui accorde la plus grande priorité", a-t-il jugé, se disant "confiant" que seront relevés les "défis importants" qui "exigent une attention urgente". La Côte d'Ivoire a traversé, après un coup d'Etat en 1999, une période de tourmente qui a culminé avec la crise postélectorale de 2010-2011 ayant fait environ 3.000 morts après le refus de l'ex-président Laurent Gbagbo de céder le pouvoir. Les violences durant ces années ont été étroitement liées aux questions de la nationalité et de la propriété foncière, explosives dans ce pays agricole et de forte immigration. Au pouvoir depuis deux ans, le président Alassane Ouattara a promis en mai de réformer la nationalité et le foncier rural. Il n'a cependant pas encore dévoilé ses pistes de solutions. Le régime d'Abidjan est par ailleurs régulièrement accusé de favoriser une "justice des vainqueurs", aucune figure du camp Ouattara n'ayant été poursuivie pour les graves crimes commis en 2010-2011, notamment des massacres dans l'ouest du pays. Chef de l'Opération de l'ONU en Côte d'Ivoire (Onuci) depuis octobre 2011, le Néerlandais Bert Koenders a été nommé à la tête de la Mission intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma). Cette force de maintien de la paix est censée prendre en juillet le relais de la mission africaine (Misma) mise en place après l'intervention française lancée en janvier contre des groupes islamistes armés dans le Nord malien.





Procès de Gbagbo à la CPI : Pourvu que justice soit rendue



Le Pays (05 juin 2013) - Le dossier Gbagbo est à revoir en novembre prochain. Les juges veulent davantage de preuves pour justifier la tenue du procès. A l'étape actuelle, peut-on dire qu'il est question d'absoudre Gbagbo, ou même de juger de l'acte judiciaire ? Difficile de l'absoudre car, en tant que chef de l'Etat, il est moralement responsable des crimes perpétrés au lendemain des élections. Des proches à lui ont commis des actes répréhensibles, et il est difficile de croire qu'ils ont agi sans instructions de leurs supérieurs hiérarchiques, dans une période digne de l'Etat d'exception.

Un véritable feuilleton judiciaire dans lequel la CPI n'a pas droit à l'erreur. On lui demande de renforcer les preuves. Il n'y a donc pas matière à débats. Sauf que l'affaire a un retentissement en Côte d'Ivoire où elle a pris des allures tendant à faire valoir que Gbagbo n'est coupable de rien. Ce dossier a un contenu très émotionnel, avec une forte coloration politique, et c'est de bonne guerre. Même si cela traduit un état d'esprit, à savoir que pour ses partisans : « Gbagbo n'a jamais rien fait » ; « il a été évincé, et il est détenu illégalement », c'est comme si, malgré les crimes commis, cet homme n'avait jamais été responsable de ce qui s'est passé. Il serait blanc comme neige. Il y a de quoi être perplexe. Car, de la CPI à Abidjan, ce qui s'est passé ne semble pas faire avancer la cause du camp des partisans d'ADO. C'est comme si on leur disait de revoir leur copie, car il y a eu un trop d'empressement au départ des actions. A défaut, on pourrait déboucher sur un non-lieu. Mais, à y réfléchir, on ferait bien mieux de ne pas trop pavoiser du côté des pro-Gbagbo. Car, il ne s'agit pas d'une justice nationale aux ordres. Même s'il est vrai que les pressions peuvent ne pas manquer dans ce genre de dossier à saveur hautement politique.

Mais, gageons que du côté de l'Occident, on saura faire preuve encore une fois de rigueur et d'impartialité, et si effectivement le camp ADO parvient à rassembler des preuves irréfutables, il y aura de quoi mettre certaines personnes définitivement hors d'état de nuire. Or, en la matière, des preuves, le camp ADO ne saurait en manquer. Il y a des archives audio-visuelles et écrites, qui datent du temps où Laurent Gbagbo exerçait le pouvoir. Sans oublier les témoins de familles victimes de pogroms, au nom de l'ivoirité que le régime du FPI a brandie des années durant pour écarter les gens du Nord, les « Boyoro djan » (entendez par là : ceux qui viennent de loin, les étrangers). S'il ne s'agit pas de crime contre l'humanité, qu'est-ce alors ?

Les thuriféraires du régime Gbagbo voudraient-ils faire passer par pertes et profits tous ces morts, ces viols, ces crimes économiques, etc. ? Et ces bombardements de marchés généralement fréquentés par des Dioulas, et particulièrement les gens venus d'ailleurs ? Ces imams égorgés dans leur cour, devant leurs co-religionnaires et parents ? L'on peut comprendre la position des juges de la CPI, en ce sens qu'elle pourrait effectivement aider à la manifestation de la vérité. Surtout après les dernières récriminations du sommet des chefs d'Etats membres de l'UA, singulièrement du premier ministre éthiopien.

Mais, il ne faut pas se voiler la face : le régime Gbagbo a commis trop de crimes pour qu'on laisse ses responsables échapper à si bons comptes. Ils ont même intérêt à rendre compte pour avoir la conscience tranquille. Et, contrairement à ce que d'aucuns pensent, la dernière sortie de la CPI ne milite pas beaucoup en faveur de la réconciliation actuellement en marche en Côte d'Ivoire. Elle peut même contribuer à brouiller certaines pistes, puisque la chose pourrait être exploitée par les pêcheurs en eau trouble qui n'ont jamais bonne conscience. (...)

Que Gbagbo soit condamné ou pas, l'essentiel est que justice soit faite. Si la CPI n'est pas compétente, que la Justice nationale se saisisse du dossier et que les magistrats africains fassent la preuve qu'ils sont bien capables de trancher de tels dossiers en toute impartialité ! Pour l'heure, il faut souhaiter que la CPI ne se compromette pas. Et puisqu'elle a besoin de preuves irréfutables, il faut renforcer les témoignages, et faire en sorte que des confrontations sorte la vérité. Ceux qui prennent leurs désirs pour des réalités, sauront à leurs dépens qu'en attendant la justice de Dieu, celle des Hommes écrira tôt ou tard son histoire. [...]





Côte d'Ivoire : La CDVR consulte des associations de victimes de guerre



Africatime.com (04 juin 2013) - La CDVR (Commission dialogue, vérité et réconciliation) a rencontré ce jour mardi 4 juin 2013, des associations de victimes de la crise postélectorale ivoirienne. «Nous avons été invités par Dr Bahia Jean de la CDVR afin de donner des informations sur nos camarades victimes de la crise postélectorale. Nous travaillons avec la CDVR parce que les responsables de cette institution ont estimé que nous sommes crédibles. Ils souhaiteraient travailler avec nous afin que la vérité triomphe», affirme Soromidjo Mamadou Coulibaly, président de la FEDENAVICPEL-CI (Fédération nationale des victimes de la crise postélectorale de Côte d'Ivoire), joint au téléphone par Africatime. Cette énième réunion fait suite à la rencontre initiée le 8 mai dernier par le président de la CDVR, Charles Konan Banny qui visait à échanger avec les différentes associations de victimes de guerre. Notre interlocuteur précise que ces regroupements ne se sentaient plus pris en compte par le gouvernement du fait de la suppression du ministère chargé des Victimes de guerre. «Nous sommes heureux que la CDVR veuille mettre fin à l'impunité et faire la lumière surtout sur les événements de la crise postélectorale. Nous voulons que les victimes soient indemnisées et que les acteurs potentiels de la crise ivoirienne de 2000 à 2011 soient entendus. Après quoi, si le président de la République veut les gracier, il le fera», commente-t-il. «Pas de liberté provisoire pour l'ancien du président Laurent Gbagbo. Il n'a pas été responsable au cours de la crise postélectorale. On n'a pas de problème avec le FPI ni le RDR. La CPI est une structure neutre, il faut la laisser travailler», répond-t-il à la question de l'opportunité d'envisager une liberté provisoire pour l'ancien président ivoirien incarcéré depuis novembre 2011 au centre de détention de la Cour pénale internationale à La Haye.