REVUE DE PRESSE INTERNATIONALE DU LUNDI 27 DECEMBRE 2010

27 déc 2010

REVUE DE PRESSE INTERNATIONALE DU LUNDI 27 DECEMBRE 2010


Afreekelection. Com Sortie de crise
Sortie de crise – Alain Leroy (Nations Unies) : « L'Onu n'est en guerre avec personne et ne souhaite être en guerre»


Nous vous proposons ici la grande interview accordée à nos collègues de la Radio de l'Onu et d'Onuci Fm par Alain Leroy, Chef des Opérations de maintien de la paix de l'Onu à propos de la situation en Côte d'Ivoire.

Radio des Nations Unies : Alain Le Roy vous êtes le patron du maintien de la paix aux Nations Unies, merci d'accorder cette interview à la radio de l'ONU.
Une interview que nous réalisons en collaboration avec nos collègues d'ONUCI FM. Sur le terrain, première question, le Conseil de sécurité de l'ONU a voté à l'unanimité une résolution pour la reconduction de mandat de l'ONUCI jusqu' à fin juin, donc une reconduction de 6 mois. En quoi consistera ce mandat de maintien de la paix de l'ONUCI sur le terrain compte tenu de la situation actuelle ?

Alain Le Roy : Comme vous l'avez dit, ce mandat a été voté à l'unanimité des membres du Conseil et c'est très important que nous ayons le soutien complet du conseil de sécurité qui est responsable de la paix et de la sécurité dans le monde et ce mandat pour nous c'est plusieurs choses.C'est d'abord continuer les bons offices pour trouver une solution politique à la crise.

Mais, c'est aussi protéger et, c'est très clairement dit dans le mandat, les personnalités politiques, le gouvernement et le Président

Le mandat du conseil de sécurité fait explicitement référence aux décisions de la CEDEAO et de l'Union Africaine qui reconnaissent que le résultat de l'élection, c'est l'élection du Président Ouattara et bien sûr ce mandat rappelle que nous avons une tâche essentielle qui est de contribuer au maximum de nos capacités à la protection des civils en Côte d'Ivoire.

Donc nous devrons œuvrer pour le peuple ivoirien, et nous avons un mandat très clair là-dessus, d'essayer au maximum de prévenir les exactions et de contribuer à la contribution des civils de tous les civils ivoiriens quelles que soient leurs origines. Mais c'est une tâche extrêmement difficile dans les circonstances actuelles.

Radio des Nations Unies : Peut-être on va prendre les sujets un à un, les bons offices. Les bons offices, sur qui vous comptez vu que pour le moment la communication est difficile entre l'ONUCI et Laurent Gbagbo, ses hommes qui s'accrochent au pouvoir et qui ont demandé à l'ONUCI de plier bagages. Qui jouera les bons offices en faveur des Nations Unies et de l'ONUCI ? L'Union africaine, la CEDEAO, les Nations Unies peut-être aussi dans les coulisses ?

ALR : Là dessus je rappelle que nous ne sommes en guerre avec personne.
Notre tâche, c'est d'abord d'arriver à une solution pacifique et pour que le résultat de l'élection et de l'expression du peuple ivoirien soit respecté. Le Représentant spécial, M. Choi, continue d'être en contact avec les parties pour essayer de convaincre les uns et les autres d'arriver à une solution politique. Et c'est vrai que beaucoup d'autres acteurs que vous avez nommés essayent aussi d'apporter leur contribution.
La CEDEAO bien entendu, l'Union Africaine, d'autres Etats membres, chacun essaie d'éviter d'arriver à la violence; donc c'est cette tâche que nous avons aussi pour mandat d'essayer de continuer à trouver une solution pacifique. C'est ce que nous faisons avec le reste de notre mandat.

Radio des Nations Unies : Dois-je comprendre que vous vous démarquez de l'appel de Guillaume Soro qui a demandé à un certain nombre d'organisations régionales, à l'ONU, l'Union Africaine, la CEDEAO, notamment de faire usage de la force pour faire partir Laurent Gbagbo purement et simplement ? Quelle est votre position ? Quelle est la position des Nations Unies ? Le recours à la force ou pas ?

ALR : Alors, moi je suis le responsable des Opérations de Maintien de la Paix, dont l'ONUCI et d'autres opérations. Il est très clair, l'ONUCI a un mandat, il est voté par le Conseil de Sécurité et ce mandat n'est pas de faire la guerre. Nous sommes des soldats de maintien de la paix. Le terme est parfaitement clair et avec un mandat robuste sous le chapitre sept des Nations Unies et qui n'est pas un mandat de faire la guerre. C'est très clair. L'ONUCI n'est en guerre avec personne. Nous n'avons pas ce mandat là. Mais en même temps, nous devons avoir une posture robuste car nous voyons bien que beaucoup d'exactions sont commises contre les civils. Donc, nous devons exercer notre mandat. Patrouiller, essayer de prévenir tous ces incidents et les dénoncer quand nous n'avons pas pu les prévenir. Donc c'est un mandat robuste mais c'est un mandat dans lequel bien sûr l'usage de la force est autorisé en cas d'auto défense ou en cas de défense du mandat. Mais de nouveau, il y a une grande limite entre cela et faire la guerre. L'ONU n'est en guerre avec personne et ne souhaite être en guerre avec personne. Elle est présente en Côte d'Ivoire pour la paix pour l'ensemble des Ivoiriens. Donc ce n'est pas l'ONU qui fera la guerre. En Côte d'Ivoire, nous sommes là pour protéger les citoyens dans une posture robuste.

Radio des Nations Unies : Justement pour enchainer sur cette posture robuste. Le terme de la robustesse, ce n'est pas un secret de polichinelle, YJ Choi avait demandé des renforts. Dans les coulisses de l'ONU, on entend parler de renforts. S'il était question d'envoyer des renforts, ce serait dans l'esprit de la dissuasion, mais aussi de rendre ce mandat de l'ONUCI plus robuste pendant les six mois à venir ?

ALR : Nous n'en sommes pas encore là pour le moment mais ce que nous voyons c'est l'augmentation des exactions contre les civils et d'énormes violations des droits de l'homme. Vous avez vu que le Conseil des Droits de l'Homme aujourd'hui à Genève a voté une déclaration condamnant ces exactions absolument abominables contre les droits de l'homme. On sait très bien que ceux qui sont responsables seront traduits devant la Justice internationale, ce sont des violations abominables contre les droits de l'homme. Nous voyons maintenant que des maisons sont marquées et pour conduire encore à une augmentation éventuelle du nombre des personnes qui seront attaquées ou atteintes, voire assassinées. C'est absolument inacceptable et pour remplir ce mandat de protection des civils, nous avons besoin d'avoir le maximum d'hommes possibles pour aider à réduire le nombre de personnes qui sont victimes d'atroces violations des droits de l'homme, voire d'assassinats.

Radio des Nations Unies : Est-ce qu'on pourrait voir dans les jours qui viennent quelque chose de plus concret émanant du Conseil de Sécurité en ce qui concerne l'augmentation du nombre de casques bleus ?

ALR: C'est au Conseil de Sécurité et aux Etats membres en général d'en décider

Radio des Nations Unies : J'aimerais revenir sur la situation sécuritaire sur le terrain et sur les chiffres données par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l'Homme, chiffres qui seraient sûrement revus à la hausse, 173 morts ne serait-ce qu'entre le 16 et le 20 décembre, 473 blessés beaucoup d'exactions notamment dans les quartiers périphériques d'Abidjan, les casques bleus eux-mêmes protègent Alassane Ouattara et sont déployés autour de l'hôtel du Golf mais sont encerclés par les forces loyalistes de Laurent Gbagbo. Pendant combien de jours, combien de semaines pourraient-ils encore tenir ?

ALR: Alors nous avons une partie de nos forces à l'Hôtel du Golf pour effectivement protéger l'Hôtel du Golf et ses habitants y compris le Président élu, M. Ouattara. Eh bien, c'est une tâche très importante mais nous avons d'autres forces qui ont pour tâche de protéger les civils, ceux-là doivent patrouiller de nuit et de jour pour essayer de limiter ces exactions et nous continuerons à le faire, c'est notre mandat, c'est essentiel que nous continuions à le faire.

Radio des Nations Unies : Alors expliquez peut-être à la population de Côte d'Ivoire, il y en a qui comprennent la position de l'Onu, il y a ceux qui ne la comprennent pas. Pourquoi l'Onu s'est ralliée au camp Ouattara ? Parce que c'était le mandat de l'Onu ? Les résultats donnés par la Commission Electorale Indépendante mais aussi parce que tout le monde était d'accord que l'Onu avait un rôle de certification, c'est cela ?

ALR: Ce n'est pas à l'Onu de choisir tel ou tel camp. [Il s'agit] simplement de respecter la légalité. Je rappelle qu'à Pretoria, il y a plusieurs années,[2005] il y avait un accord à l'initiative de l'Union Africaine pour demander, compte tenu de la situation particulière de la Côte d'Ivoire, de donner un mandat de certification du résultat des élections, de certification du processus électoral à l'Onu à travers son Représentant spécial, M. Choi. Là-dessus, la procédure a été respectée scrupuleusement. La Commission Electorale Indépendante a annoncé les résultats et le Représentant spécial par un très grand nombre de sources et d'enquêtes a certifié les résultats. Ces résultats ont par ailleurs, été également validés non pas seulement par l'Onu, par la CEDEAO, par l'Union Africaine. Je crois qu'il n'y a pas de doute dans la communauté internationale. Ce n'est pas le Secrétariat de l'Onu, c'est l'avis de l'ensemble, je le rappelle de la CEDEAO, de l'Union Africaine.Et je le rappelle, le Conseil de Sécurité de l'Onu a fait référence aux déclarations de la CEDEAO et de l'Union Africaine qui reconnaissent l'élection du Président Ouattara.

Radio des Nations Unies : Donc en gros, l'Onu, l'Onuci ont fait leur travail en toute neutralité, c'est cela ?

ALR: Exactement, en toute impartialité. Nous avions un mandat confié par le Conseil de Sécurité sur la demande de l'Union Africaine, de certification, cette certification a été exercée et elle a été validée par tous les organes, je l'ai dit la CEDEAO, l'Union Africaine, le Conseil de Sécurité de l'Onu. Bien, je crois que sur ce point là, nous sommes absolument inattaquables. Nous avons agi de la façon la plus impartiale possible. Nous ne cherchons pas à favoriser un camp ou l'autre, nous cherchons à faire connaître la vérité, la vérité des chiffres, la réalité du processus électoral c'est ce qui a été fait avec l'approbation je le rappelle...

Radio des Nations Unies : Etes-vous en contact avec les représentants de la CEDEAO qui se réunissent d'ici quelques heures à Abuja ? Etes-vous en contact avec l'Union africaine ? Etes-vous en contact avec le Facilitateur du dialogue direct inter ivoirien, dont on a très peu entendu parler ces derniers temps ? Avec qui êtes-vous en contact pour faire tenter de bouger les choses dans le bon sens ?

ALR: Le Secrétaire général de l'ONU bien sûr, c'est son rôle, d'être en contact avec un très grand nombre de Chefs d'Etat de la région, de l'Union africaine et le Facilitateur, M. Compaoré, bien sûr c'est son rôle, d'être en contact lui, pour connaitre les vues de chacun, bien sûr il est contact permanent avec eux. Oui.

Radio des Nations Unies : Dernière question concernant les plans à envisager pour les jours à venir. Les consignes pour vos collègues sur le terrain, c'est de refuser l'intimidation ou de faire avec l'intimidation pour le bien-être du peuple de la Côte d'Ivoire ?

ALR: D'abord, nous en appelons à tous les ivoiriens et en particulier aux forces loyales au président Gbagbo, de respecter le discours du Président Gbagbo, l'autre jour à la télévision dans lequel il a appelé au calme, à la retenue. Il a demandé que le sang ivoirien ne coule pas. Donc ses partisans doivent cesser de faire des provocations dans la nuit contre les populations civiles, voire contre les personnels de l'ONUCI. Donc c'est cela qui est essentiel. Si ces provocations cessent, tout est possible. Mais ces provocations doivent cesser immédiatement, je le rappelle, contre la population civile et contre les personnels de l'ONUCI.

Pour les personnels de l'ONUCI, je voudrais d'abord les saluer. Ils vivent des circonstances très difficiles, je dois dire que le Secrétaire général des Nations Unies et moi-même, nous sommes admiratifs devant leur qualité, leur résistance, leur courage ; Ils vivent un moment très difficile, tout le monde le reconnait et ils font un travail admirable. C'est vrai qu'ils doivent, par exemple, résister aux intimidations, aux provocations. Il n'est pas question qu'ils soient humiliés, ils ont un mandat très clair, à l'unanimité du Conseil de sécurité. Donc c'est quelque chose de très difficile à exécuter. Mais je compte sur eux, nous comptons sur eux, le Secrétaire général compte sur eux pour exercer ce mandat, pour l'honneur des Nations Unies et pour le bien-être du peuple ivoirien.

Radio des Nations Unies : Une pensée pour ce peuple ivoirien, qui, depuis 2002, ensuite 2003, ensuite 2004, ensuite 2005, 2006, 2008 et 2009, attendait impatiemment, la venue des élections et l'issue des élections. Une pensée pour ce peuple de Côte d'Ivoire qui ne demande qu'à reprendre une vie normale ?

ALR: Bien entendu. C'est pour lui que nous sommes là. C'est pour le peuple ivoirien, pour contribuer à la paix et à la sécurité du peuple ivoirien, si possible de façon durable, c'est pour cela que nous sommes consternés, nous sommes très déçus de la tournure des évènements, mais nous ne perdons pas espoir. Il faut continuer tous les efforts diplomatiques possibles pour avoir une solution pacifique. Il faut, par ailleurs, en ce qui concerne l'ONUCI, que nous remplissions le mandat qui a été confié par le Conseil de sécurité. C'est fondamental, pour la crédibilité des Nations Unies et pour le bien-être du peuple ivoirien.

Radio des Nations Unies : Dernière question Alain Le Roy, quel est le message que vous avez aujourd'hui en cette veillée de Noël, à Laurent Gbagbo et à Alassane Ouattara ?

ALR: Je rappelle que le Président Gbagbo, à la télévision l'autre jour, a dit très clairement qu'il souhaitait le calme, la retenue et qu'aucun sang ivoirien ne coule. Donc c'est fondamental que ces paroles soient sincères et que tous ces partisans suivent à la lettre ses paroles. Maximum de retenue et en aucun sang ivoirien ne doit couler. Donc toutes les exactions qui ont lieu la nuit par les milices qui lui sont proches contre les populations civiles doivent s'arrêter immédiatement. Quant au Président Ouattara, nous lui demandons de la patience. Je crois qu'il a, très clairement, un grand soutien de la communauté internationale et doit comprendre que la retenue doit être faite, mais nous comprenons bien sa situation.

Côte d'Ivoire : nouvel ambassadeur en France désigné par Ouattara (Paris)

PARIS, 27 déc 2010 (AFP)
- Une procédure d'agrément est en cours pour un nouvel ambassadeur de Côte d'Ivoire en France nommé par Alassane Ouattara, en remplacement de l'actuel ambassadeur désigné par son rival Laurent Bgagbo, a indiqué lundi le ministère français des Affaires étrangères.
Le porte-parole du ministère, Bernard Valero, était interrogé lors d'un point de presse sur des informations selon lesquelles Alassane Ouattara avait désigné un nouvel ambassadeur à Paris, en remplacement du diplomate Pierre Kipré, proche du président sortant ''Nous avons pris acte de cette décision prise par les autorités légitimes de la Côte d'Ivoire, ainsi que de la demande d'agrément pour un nouvel ambassadeur", a-t-il dit.

"La procédure d'agrément est en cours", a ajouté Bernard Valero, sans donner l'identité de celui qui a été désigné.
La fonction d'ambassadeur en France, ancienne puissance coloniale et partenaire économique essentiel, est un poste clé pour le pouvoir ivoirien. La France a reconnu la victoire électorale d'Alassane Ouattara, de même que l'immense majorité de la communauté internationale. Laurent Gbagbo, de son côté, a été désigné vainqueur de l'élection de fin novembre par le Conseil constitutionnel ivoirien et continue de détenir la majeure partie des leviers du pouvoir.

Côte d'Ivoire: Gbagbo met en garde contre un risque de guerre civile

PARIS, 27 déc 2010 (AFP) - Le président sortant de Côte d'Ivoire Laurent Gbagbo met en garde, dans un entretien publié lundi par Le Monde, contre la possibilité d'une "guerre civile" dans son pays, reprenant en termes plus mesurés les avertissements lancés par son camp ces derniers jours.

"Il y aura peut-être un désordre intérieur, une guerre civile en Côte d'Ivoire, parce que nous n'allons pas nous laisser piétiner notre droit et nos institutions", a-t-il déclaré dans cet entretien.

Laurent Gbagbo dénonce "les positions incroyables, inexplicables et injustifiables" prises par la France et les Etats-Unis qui, comme l'immense majorité de la communauté internationale, ont reconnu la victoire de son rival, Alassane Ouattara, lors du second tour de l'élection présidentielle, le 28 novembre.

"Ces pays-là poussent à un affrontement interne", dit-il. "Aujourd'hui, moi je m'appuie sur les institutions ivoiriennes, sur les lois. Alors que vous avez maintenant d'autres qui s'appuient sur les puissances étrangères", a-t-il ajouté, à propos de son adversaire.

Dans cette interview au Monde, comme un entretien publié lundi par Le Figaro, Laurent Gbagbo dénonce un "complot" franco-américain visant à l'écarter du pouvoir.

Outre l'ONU et les Occidentaux, qui reconnaissent la victoire d'Alassane Ouattara, Laurent Gbagbo est sous la menace d'une intervention militaire de ses voisins, réunis au sein de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao).

Trois présidents de pays de la Cédéao (Bénin, Cap Vert, Sierra Leone) sont
attendus mardi à Abidjan pour tenter de dénouer la crise. Ils y rencontreront
Laurent Gbagbo, déclaré vainqueur par le Conseil constitutionnel et qui
détient toujours la majeure partie des leviers du pouvoir en Côte d'Ivoire.

Laurent Gbagbo : «Il y a un complot contre moi» - Le président ivoirien sortant rejette les menaces d'intervention militaire brandies par ses voisins.
Le Figaro
-26 décembre 2010- INTERVIEW EXCLUSIVE
La menace d'une intervention militaire en Côte d'Ivoire se précise. Vendredi, à l'issue d'un sommet exceptionnel de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), les présidents de la région ont à nouveau enjoint Laurent Gbagbo de quitter le pouvoir. La Cédéao s'est dite prête à utiliser la «force légitime» et a évoqué des poursuites internationales contre les responsables des violences à Abidjan. Une mission diplomatique est attendue mardi dans la capitale économique ivoirienne, composée des présidents béninois, sierra-léonais et cap-verdien, pour tenter de convaincre le président sortant de quitter le pouvoir.

LE FIGARO. - La Cédéao a menacé d'utiliser la force si vous ne renonciez pas au pouvoir. Prenez-vous cette annonce au sérieux ?
Laurent GBAGBO.
- Toutes les menaces doivent êtres prises au sérieux. Mais, en Afrique, ce serait bien la première fois que des pays africains seraient prêts à aller en guerre contre un autre pays parce qu'une élection s'est mal passée ! Regardez un peu la carte de l'Afrique, regardez où ça se passe plus ou moins bien, ou plus ou moins mal, et regardez là où il n'y a pas d'élection du tout. Si on devait aller en guerre dans tous ces cas-là, je crois que l'Afrique serait perpétuellement en guerre. Donc je prends au sérieux les menaces mais je reste tranquille. J'attends de voir.
Vous ne croyez donc pas à la possibilité d'une intervention militaire ?
Les gens peuvent déraper. Mais ils ont aussi décidé de m'envoyer une délégation. On aurait dû commencer par là. On aurait économisé beaucoup de malentendus. Il faut venir voir ce qui se passe en Côte d'Ivoire. Quand on a vu, alors on prend une décision. Ici, nous avons des lois, nous avons une Constitution, des règles. C'est ça qui fait une élection, comme dans tous les pays modernes. Et selon cette Constitution, c'est moi qui suis élu président de la République de Côte d'Ivoire. C'est tout, et c'est simple.
Est-ce pour vous la condition préalable à une solution pacifique ?
Je ne pose jamais de préalable à une discussion. Il faut aller au fond des choses. Moi je constate que les règles en vigueur dans ce pays, qui n'ont jamais été discutées par qui que ce soit, font que je suis président de la République. Je mettrai ça sur la table. Avant, personne ne se plaignait du Conseil constitutionnel.
Outre la Cédéao, l'organe financier régional, l'Umoa, a décidé de transférer une partie des pouvoirs à Alassane Ouattara...
C'est gênant, mais il y a toujours une solution. Dans ce domaine qui est très délicat, il faut mieux ne pas parler. Mais ce n'est pas la Banque centrale africaine qui paye les salaires des fonctionnaires. C'est l'argent de la Côte d'Ivoire. La décision de l'Umao n'a aucun sens.
Vous mettez aussi en cause l'objectivité de l'ONU, dont vous demandez le départ. Comment comptez-vous forcer l'Onuci à partir ?
Je l'ai dit. J'ai demandé ce départ par voie diplomatique et nous l'obtiendrons par voie diplomatique. On va discuter. Ce n'est pas par la guerre que l'on va obtenir cela. Ici, l'ONU et son chef se sont montrés partisans. Or l'ONU devait être une force impartiale. Ces forces sont maintenant partisanes, on se demande ce qu'elles font là.
Vous vous sentez victime d'un complot ?
Avant qu'on aille aux élections, j'avais demandé que l'accord de Ouagadougou soit appliqué. Si j'ai fait ma part, je demande que les autres fassent leur part en désarmant. Cela n'a pas été fait. Puis tout le monde s'entête pour que l'on vote quand même. Là, on peut parler du début du complot. On me dit : le désarmement, ce n'est pas très grave et moi-même je n'avais pas de raison de douter des rebelles avec lesquels je gérai la sortie de crise et qui se comportaient de façon loyale. Je ne pensais pas qu'ils utiliseraient les armes pour pervertir les élections à venir. Ensuite les institutions sont en place. Elles proclament le résultat et là tout le monde dit que c'est Alassane Ouattara qui est reconnu...
Qui sont les acteurs de ce complot ?
C'est surtout l'ambassadeur de France et l'ambassadeur des États-Unis. (...). Ils sont allés chercher Youssouf Bakayako, le président de la Commission électorale indépendante, pour le conduire à l'hôtel du Golf qui est le quartier général de mon adversaire. Là-bas, alors qu'il se trouve hors délais et tout seul, ce qui est grave, on apprend qu'il a dit à une télévision que mon adversaire est élu. Pendant ce temps-là, le Conseil constitutionnel travaille et dit que Laurent Gbagbo est élu. À partir de là, Français et Américains disent que c'est Alassane Ouattara. C'est tout ça que l'on appelle un complot.
C'est le discours que vous tiendrez mardi à la délégation de chefs d'État envoyée en Côte d'Ivoire par la Cédéao ?
Ce sont les faits ! Et je dirai les faits en toutes circonstances ! Je ne cherche pas à convaincre. Je leur dis de vérifier la matérialité des faits. Quand les gens se détachent des faits, c'est qu'ils ne veulent pas la vérité. Je ne comprends pas pourquoi ils cherchent à créer un conflit, (...) pourquoi ils poussent à un affrontement interne.
Le porte-parole du gouvernement évoque un risque de guerre civile si la Cédéao intervient, un risque pour les communautés étrangères, africaines et européennes, vivant en Côte d'Ivoire...
S'il y a un désordre intérieur, une guerre civile, il y aura des risques, car nous n'allons pas laisser piétiner notre droit, notre Constitution, ça il faut que cela sorte de la tête des gens. Nous n'avons pas peur. C'est nous qui sommes agressés. C'est nous qui avons le droit pour nous. Jusqu'où ceux qui nous agressent sont-ils prêts à aller ? Quand j'ai été attaqué en 2002, nous n'avons vu ni la France, ni les États-Unis, ni la Cédéao prendre la moindre sanction. Les agresseurs de l'époque étaient connus. Tout le monde était sourd et muet, comme les singes de la parabole. Ce qui se passe aujourd'hui est la continuation de l'agression de 2002. Aujourd'hui ils retrouvent tous la parole et ils disent «haro sur Gbagbo». Mais Gbagbo, il a le droit avec lui !
L'ONU parle tout de même de 173 morts dans des affrontements, de cas d'enlèvements, d'exécutions extrajudicaires...
En 2000, quand j'ai pris le pouvoir, les mêmes gens avaient sorti des histoires de charnier à Yopougon, des assassinats. On avait demandé à l'ONU de faire une enquête. Il y avait eu un rapport. Le fond du débat aujourd'hui, c'est : qui est élu ? Et comme on ne veut pas de ce débat, on glisse vers les entraves aux droits de l'homme, les assassinats. Il faut constater la similitude entre 2000 et 2010. Je vais demander au ministre de la Justice d'ordonner des enquêtes. On n'a pas peur de ce débat.
La CPI pourrait-elle se joindre à cette enquête ?
Lors des discussions de paix de Marcoussis en janvier 2003, un chef d'État voisin, qui vient d'être réélu à 80 %, avait déjà dit que je devais être livré à la CPI. C'était succulent venant de lui. Peut-être aurais-je dû me faire élire à 80 %, j'aurais été moins suspect. Aujourd'hui, en 2010, c'est le même scénario. Je ne suis pas surpris. Il y a un complot qui vise à installer Ouattara au pouvoir.
Des pays africains aussi, comme le Nigeria, demandent votre départ...
Je ne veux pas parler de cela. Dans les réunions des pays africains, les représentants des pays occidentaux sont plus nombreux dans les couloirs que les Africains. Les pressions sont énormes. On n'en peut plus. Et quand on subit ce que je subis, on se dit que Mugabe (toujours président du Zimbabwe, malgré sa défaite aux élections, NDLR) n'avait pas totalement tort.

Côte d'Ivoire: l'Italie "très inquiète" envoie une aide aux réfugiés
ROME, 27 déc 2010 (AFP) -
L'Italie a décidé d'envoyer une aide médicale aux réfugiés fuyant dans les pays voisins la crise politique en Côte d'Ivoire car leur situation "suscite une forte inquiétude", a déclaré lundi le ministère des Affaires étrangères. "Pour contribuer concrètement à la lutte contre cette situation d'urgence, le ministre (des Affaires étrangères Franco) Frattini a donné des instructions pour envoyer dans la région des kits médicaux", indique un communiqué.

''L'opération représente une valeur totale d'environ 300.000 euros", précise-t-il, citant le Libéria, la Guinée et le Ghana comme pays d'accueil des réfugiés. Selon l'ONU, 173 personnes sont mortes victimes de violences entre le 16 au 21 décembre en Côte d'Ivoire où le président sortant Laurent Gbagbo et son rival Alassane Ouattara revendiquent tous deux le pouvoir après la présidentielle du mois dernier. M. Ouattara a été reconnu seul vainqueur légitime par la communauté internationale. Les craintes de nouvelles violences poussent de plus en plus d'Ivoiriens à quitter leur pays.

Quelque 14.000 ont fui vers le Liberia depuis un mois, a déclaré samedi le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés qui a fait état de "plusieurs morts", de personnes atteintes de paludisme ou de diarrhées parmi les nouveaux arrivants.

La Commission européenne avait indiqué jeudi qu'environ 11.000 Ivoiriens, dont une majorité de femmes et d'enfants, avaient fui vers le Liberia, la Guinée et le Ghana.Cinq millions d'euros ont été débloqués par la Commission européenne pour faire face à une crise humanitaire dans les pays voisins de la Côte d'Ivoire en cas d'afflux de réfugiés.

Concernant la crise politique, M. Frattini "suit de près l'évolution de la situation dans le cadre de l'engagement international et de l'Union européenne en particulier, afin que les graves tensions qui touchent ce pays s'apaisent à travers l'unique solution légitime, à savoir l'acceptation, sans délai et sans conditions, du résultat de l'élection présidentielle".