REVUE DE PRESSE INTERNATIONALE DU LUNDI 18 AVRIL 2011

18 avr 2011

REVUE DE PRESSE INTERNATIONALE DU LUNDI 18 AVRIL 2011

"Licorne" rend ce jour aux Ivoiriens le contrôle de l'aéroport
AFP -
Le détachement militaire français "Licorne" déployé en Côte d`Ivoire sous mandat des Nations unies remettra lundi le contrôle de l`aéroport international d`Abidjan à l`armée ivoirienne. L`aéroport de Port-Bouët, situé dans le sud de la capitale économique et en lisière de la base de "Licorne", était passé sous le contrôle des Français en pleine bataille d`Abidjan opposant partisans de Laurent Gbagbo et d`Alassane Ouattara. Le président sortant a été arrêté le 11 avril et, depuis, la violence a considérablement baissé à Abidjan malgré quelques poches de résistance dues à la présence de milices et la persistance de pillages dans certains quartiers. Nous restituerons demain aux autorités ivoiriennes le contrôle des installations aéroportuaires, qui étaient entre nos mains pour des raisons de sécurité, a déclaré le commandant Frédéric Daguillon, porte-parole de "Licorne". Le gouvernement d`Alassane Ouattara espère un redémarrage dans les jours qui viennent des activités du port autonome d`Abidjan, essentiel pour les exportations de cacao ivoirien, ainsi que du secteur bancaire. Samedi soir, le président du Front populaire ivoirien (FPI, de Laurent Gbagbo), l`ancien Premier ministre Pascal Affi N`Guessan, a exhorté les partisans du chef de l`Etat déchu à déposer les armes. "Au nom de la paix et au nom de notre pays, cessons la guerre !", a-t-il lancé lors d`une conférence de presse.

L'équipe Ouattara impatiente de quitter la "prison" du Golf hôtel d'Abidjan (Reportage)
AFP -
Pas de bureaux, réunions sous une tente, cohabitation avec des détenus: désormais pleinement aux commandes, le président ivoirien Alassane Ouattara et son équipe doivent encore travailler dans la "prison" du Golf hôtel d'Abidjan, en attendant de gagner palais et ministères. "Même si ces suites sont confortables, il faut dire que c'est une prison", a reconnu cette semaine M. Ouattara au sujet de l'hôtel où il est confiné depuis près de cinq mois, et qui se trouvait sous blocus des forces de Laurent Gbagbo jusqu'à la guerre de dix jours qui a mené à l'arrestation lundi de l'ex-chef d'Etat. Il voulait quitter rapidement la "République du Golf", mais M. Ouattara va être contraint d'y rester encore quelques semaines, le temps de nettoyer et déminer le palais présidentiel. Un bâtiment qualifié de "poudrière" par son entourage, après la découverte sidérante de quelque 500 roquettes stockées
dans les sous-sols. Dans l'hôtel de 306 chambres, situé dans le quartier de Cocody-Riviéra (nord) au bord de la lagune, le président Ouattara occupe l'une des 11 suites
et le bureau du directeur de l'établissement. Il reçoit officiellement ses hôtes dans une salle au rez-de-chaussée, utilisée également pour les conférences de presse, et qui sert aussi de dortoir la nuit pour les gardes des lieux. Les hôtes "savent que c'est une salle de réunion. Ils ne savent pas que le soir il y a des gardes qui y dorment. C'est une salle en kit, le dimanche il y a aussi la messe ici", expliquait vendredi Alain-Romain Dao Porquet, le directeur du protocole, juste avant la visite d'une délégation de la Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao). "Ce sont les conditions, nous savons qu'il s'agit d'une situation de conflit", note avec un sourire l'un des participants. Après la réunion puis une réception dans la pièce voisine où des
journalistes de la presse internationale dormaient encore la veille à même le
sol, M. Ouattara a rejoint son bureau en passant par le hall de l'hôtel, applaudi par une trentaine de ses partisans qui s'y trouvent chaque jour. Ce hall est aussi traversé régulièrement par de petits groupes de femmes qui marchent en file indienne, escortées par des gardes en civil. Elles font partie de la trentaine de femmes - parmi une centaine de personnes au total - arrêtées en même temps que M. Gbagbo à la résidence présidentielle, et qui logent dans des chambres dans une aile du bâtiment. Le président déchu était détenu dans l'une des suites du Golf hôtel jusqu'à son placement mercredi en résidence surveillée dans le nord du pays. Arrêtée avec lui, sa femme Simone est en revanche toujours au "Golf". La petite quinzaine de ministres du gouvernement Ouattara y ont chacun leur chambre mais n'ont ni bureau ni secrétariat. Le quartier du Plateau (centre), où se trouvent palais et ministères, est sécurisé par les Forces républicaines (FRCI) mais la vie n'y a pas encore vraiment repris. Promis pour lundi, le redémarrage de l'administration devrait
se faire progressivement. "Je n'ai pas de bureau à moi. J'ai juste une chambre, pas de suite, c'est là que je travaille et c'est difficile dans ces conditions", déclare le
ministre de la Fonction publique Gnamien Konan. "Heureusement qu'il n'y a pas eu beaucoup de sujets à traiter, à part la crise post-électorale", ajoute-t-il en marchant d'un pas rapide vers une grande tente blanche installée dans les jardins de l'hôtel, pour une réunion avec des acteurs de la filière café-cacao. C'est sous cette tente climatisée que se réunit le gouvernement depuis fin 2010. Non loin de là, l'eau bleu azur de la piscine a viré au vert en quelques mois de tourmente. "On espère que ça va bientôt changer, glisse le ministre, qu'on pourra se mettre au travail, parce qu'il y a beaucoup d'attente, après une crise comme ça".

Côte d'Ivoire : la justice va enquêter sur les "crimes" du régime Gbagbo
AFP -
Le ministre ivoirien de la Justice du gouvernement d`Alassane Ouattara va demander au procureur d`Abidjan d`ouvrir des enquêtes contre les membres de l`ancien régime de Laurent Gbagbo soupçonnés d`avoir commis des "crimes", a-t-il annoncé dimanche à l`AFP. Il sera demandé au procureur l`ouverture d`enquêtes contre les membres de l`ancien régime "susceptibles" d`avoir commis des "crimes de sang", "des achats d`armes" ou des "détournements d`argent", a déclaré le ministre, Jeannot Ahoussou Kouadio. Il a indiqué que cela pourrait concerner notamment "les membres du gouvernement" de l`ex-chef d`Etat Laurent Gbagbo, arrêté lundi dans sa résidence, mais aussi des journalistes de la Radio-télévision ivoirienne (RTI), qui a été un puissant instrument de propagande du pouvoir en place de 2000 à 2011. Ces enquêtes viseront au final "tous les citoyens ivoiriens qui auront eu un comportement infractionnel", a-t-il ajouté, précisant que "ce sera aux
juges de définir les infractions". M. Gbagbo a été arrêté le 11 avril par les Forces républicaines (FRCI) du président Ouattara, appuyées par la France et l`ONU après une guerre de dix jours dans Abidjan et près de cinq mois de crise post-électorale qui ont fait quelque 900 morts selon les Nations unies. Il a été placé mercredi en résidence surveillée dans le nord du pays. Son épouse Simone, un faucon de son régime, est retenue au Golf hôtel d`Abidjan, QG de M. Ouattara, avec une cinquantaine d`autres personnes interpellées lors de l`arrestation de l`ex-président. Le nouveau chef d`Etat a d`ores et déjà indiqué qu`il demanderait au ministre de la Justice d`"engager une procédure judiciaire à l`encontre de Laurent Gbagbo, de son épouse et de ses collaborateurs". "Il leur sera réservé une procédure digne et leurs droits seront respectés", a-t-il assuré. M. Ouattara a également déclaré cette semaine qu`il demanderait à la Cour pénale internationale (CPI) "d`engager des investigations" sur les massacres survenus dans l`Ouest du pays. Ses propres troupes sont accusées d`être responsables de certaines tueries dans l`Ouest, survenues notamment fin mars à Duekoué, à l`occasion de l`offensive des FRCI lancée à partir de cette région, qui a mené à la chute du régime Gbagbo.

Côte d'Ivoire : le camp Gbagbo prône la réconciliation après la guerre
AFP -
Le camp de Laurent Gbagbo a appelé samedi à la réconciliation, moins d'une semaine après la chute de l'ex-président ivoirien, tandis que son rival victorieux, le nouveau chef d'Etat Alassane Ouattara, a fait libérer près de 7O personnes retenues depuis lors à son quartier général. "Nous devons arrêter l'escalade de la violence et de la déchéance", a déclaré Pascal Affi N'Guessan, président du Front populaire ivoirien (FPI), accompagné notamment d'Alcide Djédjé, ex-ministre des Affaires étrangères de M. Gbagbo. Au pouvoir depuis 2000, M. Gbagbo a été arrêté lundi par les Forces républicaines (FRCI) de M. Ouattara, appuyées par la France et l'ONU, à
l'issue d'une guerre de dix jours dans Abidjan et de près de cinq mois de
crise post-électorale qui ont fait près de 900 morts selon les Nations unies. "Au nom de la paix, arrêtons la guerre", a poursuivi M. Affi, appelant aussi à libérer les personnes arrêtées, dont M. Gbagbo, afin qu'il prenne "part à la réconciliation nationale". Il prononçait cette déclaration solennelle dans un hôtel d'Abidjan, où il a
trouvé refuge avec d'autres personnalités de son camp, protégés par les FRCI
et l'ONU. Près de 70 personnes, membres de la famille et employés de maison, qui
avaient été arrêtées lundi à sa résidence avec l'ex-président, ont été libérées samedi, a annoncé le gouvernement sur la télévision TCI. M. Gbagbo a été placé mercredi en résidence surveillée dans le nord du pays. Selon M. Djédjé, il se trouve à Korhogo, la grande ville de la région et fief de son rival. Son épouse Simone demeure au Golf hôtel. Charles Blé Goudé, personnage clé du régime défait, faisait toujours l'objet d'intenses spéculations, son camp affirmant qu'il était "en lieu sûr", [...] A Abidjan, le nouveau pouvoir reprend en main progressivement une situation
chaotique, misant sur une réouverture imminente de l'administration. Les fonctionnaires qui avaient cessé de travailler en raison des violences à Abidjan sont appelés à reprendre "impérativement" le travail lundi. La TCI a ajouté que la rentrée des classes était prévue le 26 avril. Le couvre-feu a été allégé à partir de ce samedi et s'appliquera jusqu'à lundi de 22H00 à 06H00 (locales et GMT), au lieu de 18H00 à 06H00, selon le ministère de la Défense. Autre signe d'un progressif retour à la normale: le camp militaire français de Port-Bouët, dans le sud d'Abidjan, a cessé vendredi soir d'être une base d'accueil pour les personnes évacuées lors des combats. Au total quelque 5.000 personnes, pour moitié des Français, avaient rejoint le camp, dont quelque 3.300 ont quitté le territoire ivoirien, selon la force
française Licorne. Dans les rues d'Abidjan, la sécurité s'améliorait petit à petit malgré le désordre et les pillages persistant dans certains secteurs.

Le syndicat étudiant pro-Gbagbo appelle à la réconciliation
Ouest-France
- La Fédération estudiantine et scolaire de Côte d'Ivoire (Fesci), puissant et sulfureux syndicat proche de l'ex-président Laurent Gbagbo, a appelé, dimanche, ses membres à la réconciliation voulue par le chef de l'Etat Alassane Ouattara, et à déposer les armes. Le président Ouattara est «véritablement au contrôle de l'Etat» et il «a mis l'accent sur la réconciliation et la reconstruction du pays», a dit le secrétaire général de la Fesci, Augustin Mian, dans une déclaration lue sur la télévision ivoirienne TCI. «Aussi voudrions-nous nous engager pleinement dans le processus d'une réconciliation vraie et définitive», a-t-il ajouté, en demandant aux étudiants «qui détiendraient encore des armes de façon irrégulière de les déposer maintenant», afin de «créer les conditions idéales de sécurité et de paix». «Les élèves et étudiants s'engagent résolument à accompagner le président de la République dans sa dynamique de mettre définitivement fin à la crise qui n'a que trop duré», a conclu le responsable de la Fesci. Cette prise de position de ce syndicat au cœur de la mouvance pro-Gbagbo est un point supplémentaire marqué par le nouveau pouvoir, après l'allégeance des principaux chefs militaires et l'appel du parti de l'ex-Président à ses partisans à s'inscrire dans la réconciliation. Créée en 1990 à l'avènement du multipartisme, la Fesci, vue parfois comme une milice par ses plus farouches détracteurs, a été souvent accusée par les ONG nationales et internationales de violences à l'égard des opposants de Gbagbo, ainsi que de racket en milieu étudiant.

Côte d'Ivoire : quelque 70 personnes, arrêtées avec Gbagbo, libérées (officiel)
AFP -
Près de 70 personnes, membres de la famille et employés de maison, qui avaient été arrêtées lundi à Abidjan avec l`ex-président Laurent Gbagbo, ont été libérées samedi, a annoncé le gouvernement du président Alassane Ouattara à la télévision ivoirienne. Un total de "120 personnes environ" avaient été arrêtées avec M. Gbagbo à sa résidence et amenées au Golf hôtel, QG de M. Ouattara, a déclaré le
ministre de la Justice Jeannot Ahoussou Kouadio sur la chaîne TCI. Parmi elles, "trente" membres de sa famille, dont ses petits-enfants, ont été "conduits aujourd`hui à une destination que nous gardons comme confidentielle", a-t-il poursuivi. "Des employés de maison", notamment ses cuisinières et jardiniers, qui
"étaient au nombre de trente-huit", sont également "partis, chacun est rentré
chez lui", a ajouté le ministre. M. Gbagbo se trouve depuis mercredi en résidence surveillée dans le nord du pays, tandis que son épouse Simone demeure au Golf hôtel.

Côte d'Ivoire : plusieurs milliers de partisans d'Alassane Ouattara au Trocadéro à Paris
AFP -
Entre 2.200, selon la préfecture de police (PP), et 5.000 personnes, selon les organisateurs, se sont rassemblées dans une ambiance festive samedi après-midi sur la place du Trocadéro à Paris pour célébrer la victoire d`Alassane Ouattara en Côte d`Ivoire et appeler à la "réconciliation de tous les Ivoiriens". "Nous appelons à la réconciliation de tous les Ivoiriens autour du président Alassane Ouattara, il y a eu des morts de part et d`autres mais il faut à présent pardonner et reconstruire notre pays", a déclaré à l`AFP Léontine Howa, vice-présidente en France du Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP). "Je dis à tous ceux qui soutiennent Laurent Gbagbo de venir et de nous rejoindre, nous avons besoin d`eux et de leurs compétences pour relever la Côte d`Ivoire", a déclaré Bamba Sogona, conseillère en communication de M. Ouattara, avant d`ajouter qu`il n`y aurait "pas de réconciliation sans justice". Des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "Merci président", des drapeaux français et ivoiriens ou encore des T-shirts à l`effigie d`Alassane Ouattara étaient portés par les manifestants, selon un journaliste de l`AFP. "Nous disons merci à la France et à l`ensemble de la communauté internationale pour leur aide afin de sortir de cette crise", a souligné Mme Howa. L`avenir de la Côte d`Ivoire était également dans toutes les conversations autour du rassemblement, comme le souligne Serge Néné, Ivoirien de France, pour qui "ce sera évidemment dur mais les Ivoiriens sont des gens
intelligents, nous sommes habitués à vivre ensemble et nous continuerons".
"La Côte d`Ivoire a perdu en 10 ans tout a ce qui a été fait par Félix
Houphouët-Boigny à cause de M. Gbagbo et des refondateurs mais nous avons
enfin pu le mettre hors d`état de nuire, à présent la reconstruction est un
travail de tous, les Ivoiriens d`Europe doivent aller soutenir leur famille
restée au pays" a pour sa part déclaré Marcel Youpéh, président du RHDP-Europe.
Vers 17H30, des dizaines de personnes continuaient à arriver sur la place
du Trocadéro. Par ailleurs quelques dizaines de personnes, favorables à Laurent Gbagbo, s`étaient rassemblées vers 14H00 place de la Bastille. Depuis plusieurs semaines, des manifestations pro-Ouattara et favorables à l`ancien président Laurent Gbagbo se sont succédé à Paris. Lundi, sept policiers avaient été blessés lors d`échauffourées qui ont éclaté au cours d`une manifestation spontanée de partisans de Laurent Gbagbo sur les Champs-Elysées à l`issue de laquelle 9 personnes ont été interpellées.

Côte d'Ivoire : 1.500 partisans de Laurent Gbagbo manifestent à Paris
AFP -
Quelque 1.500 personnes se sont rassemblées dans le calme dimanche après-midi sur la place de la République à Paris en soutien à l`ancien président de Côte d`Ivoire, Laurent Gbagbo, a annoncé la préfecture de police (PP). Aux cris de "Qui est notre vrai président ? Laurent Gbagbo !", les manifestants ont brandi des drapeaux ivoiriens ainsi que des photos présentées comme des images de massacres qui se seraient produits ces derniers jours en Côte d`Ivoire, a constaté un journaliste de l`AFP. "Il y a eu plus de 2.500 morts lors de l`assaut final contre le palais
présidentiel à Abidjan, ça a été un massacre, à présent il y a un véritable
nettoyage ethnique qui est en cours en Côte d`Ivoire et par son silence la
France cautionne ces massacres", a affirmé une manifestante qui a souhaité
conserver l`anonymat. Ces affirmations ne sont pas conformes avec le bilan dressé par les Nations unies, selon lesquelles près de cinq mois de crise post-électorale ont fait près de 900 morts en Côte d`Ivoire. "J`ai dû faire en sorte que ma famille quitte Abidjan et aille vers la frontière ghanéenne car la situation devenait très difficile, il y a toujours des combats dans la capitale actuellement", a affirmé Hervé Eboulé, Ivoirien de France. "On présente Laurent Gbagbo comme un dictateur mais on oublie qu`il a fait voter des lois en faveur de la liberté de la presse ou du multipartisme, ou
encore qu`il a fait en sorte que Alassane Ouattara puisse revenir en Côte
d`Ivoire", a ajouté M. Eboulé. "Aujourd`hui l`armée française patrouille dans Abidjan, elle effectue des contrôles d`identité et est en soutien de chaque opération des forces de M. Ouattara, en fait il n`est rien de plus qu`un gouverneur et la Côte d`Ivoire est en train de redevenir une colonie française, et ça je n`en veux pas",
s`est indigné un autre manifestant. Les manifestants devaient se rendre de la place de la République à la place de la Nation. [...]

La Gambie refuse de reconnaître Alassane Ouattara comme président ivoirien
AFP -
La Gambie a indiqué samedi qu`elle ne reconnaissait pas Alassane Ouattara comme président de la Côte d`Ivoire, après l`arrestation lundi de son prédécesseur Laurent Gbagbo, avec l`aide de l`ONU et des forces françaises. "Le gouvernement gambien ne reconnaîtra aucun président, le président Ouattara inclus, ni gouvernement africain qui aura été imposé par des forces extérieures au continent africain, peu en importe la raison", affirme un communiqué. Le gouvernement gambien souligne que, "selon la constitution ivorienne", Laurent Gbagbo est "le président légitime de la Côte d`Ivoire". "Il ne peut pas être jugé alors qu`Alassane Ouattara, le président ivoirien choisi par la communauté internationale, est resté impuni après avoir massacré des milliers de civils, seulement pour être président", estime le gouvernement de Gambie - un petit pays enclavé dans le Sénégal.
"La seule solution pour éviter une longue guerre civile en Côte d`Ivoire (...) est de réorganiser une élection le plus rapidement possible", préconise le texte publié par le bureau du président Yahya Jammeh. "Il est aujourd`hui très clair pour tous les Africains que le complot pour re-coloniser l`Afrique est bien réel, et que nous devons nous y opposer", ajoute le communiqué. M. Gbagbo s`était proclamé élu à la présidentielle du 28 novembre, au prix d`une guerre avec les forces de M. Ouattara, lequel a été reconnu président légitime par l`ONU et la communauté internationale.

Abidjan entre maintien de l'ordre et tentations de représailles (Reportage)
AFP -
"C'est eux! Ils ont brûlé des gens vivants": quatre jeunes hommes en caleçon sont amenés, à coups de lanières, dans une station-service occupée par un détachement de soldats ivoiriens fidèles au nouveau président Alassane Ouattara, dans le nord-ouest d'Abidjan. Ils ont été arrêtés dans le quartier de Yopougon-Gesco par des hommes des Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) et sont soupçonnés d'avoir fait partie des milices du président déchu Laurent Gbagbo, arrêté lundi après plus de quatre mois de crise et dix jours de combats à Abidjan. Le quartier de Yopougon était jusque-là considéré comme un bastion de M. Gbagbo, à la sortie de la ville. L'un des prisonniers a le dos lacéré et ensanglanté mais les soldats ne se
laissent pas aller à la pitié. "Ils ont été arrêtés sur les indications des habitants du quartier, ils ont fait des choses inhumaines, ils ont +braisé+ (brûlé vifs) nos frères",
explique un soldat. Il arbore comme ses camarades une tenue mêlant treillis
militaire, T-shirt et baskets. "Nous sommes des militaires, notre compétence, c'est d'aller sur le terrain arrêter les mauvaises graines, nous les confions ensuite à la police. Le reste n'est pas de notre compétence", raconte le lieutenant Bilmo, ex-officier de l'armée de l'air entré dans la rébellion en 2002, repérable à son bonnet de
ski. Deux policiers en civil sont présents. Un bloc-notes à la main, l'un
retranscrit les dépositions des prisonniers dont son adjoint lit les noms sur leurs cartes d'identité. "Il faut qu'on ait une idée de ce qu'ils ont fait", souligne le policier, avant d'entamer l'audition des accusés qui nient toute responsabilité dans les violences. "Ils ont frappé à ma porte vendredi, j'ai ouvert en croyant que c'était mon voisin. Ils ont fouillé ma maison, ils n'ont rien trouvé, mais ils sont
persuadés que j'étais un milicien", assure un prisonnier au crâne rasé, vêtu
d'un caleçon bleu. Ecœuré, un soldat veut l'interrompre avant d'être stoppé par ses
supérieurs. "Si cela ne tenait qu'à nous, on les aurait tous tués. Quand on
leur tourne le dos, ils nous tirent dessus ! Mais le président Ouattara a dit
qu'il ne fallait pas les tuer, alors on les a amenés ici", dit le soldat avec
regret. A quelques mètres de là, une trentaine d'hommes, torse nu, récemment
arrêtés, sont assis les uns à côté des autres dans l'ancien local de vidange
de la station-service, dans une chaleur suffocante. "Je suis là depuis mercredi, avec 23 copains", témoigne Michel, 23 ans. "On habite Port-Bouët (quartier sud d'Abidjan), on était sorti de nos maisons au moment où des gens venaient de piller une banque. Les soldats sont arrivés à ce moment-là et nous ont arrêtés".
"On est nourri, il n'y a pas de mauvais traitements mais les négociations
pour nous libérer traînent en longueur. Ils nous demandent d'appeler nos
parents pour venir nous chercher", confie-t-il. "Nous ne sommes pas des miliciens ni des mercenaires", lance son voisin, Nicolas, 28 ans, qui laisse entendre que certains de ses amis ont été libérés contre le paiement d'une "amende" par leurs proches. "Ils nous ont confisqué notre argent, nos portables, nos papiers", se plaint-il. Une patrouille de deux véhicules civils réquisitionnés par les FRCI, avec une automitrailleuse, démarre pour aller "sécuriser" un quartier proche. "Il ne faut pas renverser les rôles, ils ne sont pas innocents, les milices de Gbagbo ont pillé et tué jusqu'à notre arrivée", tranche un soldat FRCI à la carrure impressionnante. "On est entré dans la ville pour venger nos morts".

Une situation inquiétante de prolifération et de la circulation illicite des armes légères en Côte d'Ivoire
AFP -
La grave crise post électorale qu'a connu la Cote d'Ivoire après le refus de l'ex Président Laurent Gbagbo de reconnaitre la victoire du Président Alassane Ouattara aux élections présidentielles du 28 novembre 2011 a fait de nombreuses victimes civiles, entrainé des déplacements massifs de population, un désastre humanitaire et une prolifération des armes légères. En effet, la crise a fait plusieurs centaines de morts, 130 000 refugiés au Libéria voisin et un nombre aussi important de déplacés au Mali, Burkina Faso, Guinée, Mauritanie et Ghana. Les armes légères utilisées pendant cette crise pour commettre des actes de violence et de pillages se caractérisent par leur facilité de dissimulation et de manipulation par des jeunes inexpérimentés, sans réelle formation militaire. Le constat de la situation révèle que des armes ont été distribuées à des milices, mercenaires, » jeunes patriotes » et même à des prisonniers sortis des geôles. Par ailleurs, la situation politique existante depuis 2002 (partition de fait du pays entre le Nord et le Sud) a donné les ingrédients nécessaires à la déflagration générale post électorale. En effet, de septembre 2002 à novembre 2010, la Cote d'Ivoire a connu un réarmement massif notamment de la part des Forces de Défense et de Sécurité mais aussi des Forces Armées des Forces Nouvelles du fait de la situation de mi guerre-mi paix pendant laquelle les deux camps donnaient l'impression de se préparer à une confrontation finale. Aujourd'hui la présence massive de ces armes menace la sécurité de la Cote d'Ivoire et constitue un défi majeur pour les nouvelles autorités ivoiriennes. En effet, ces armes légères détenues par les civils, miliciens et autres « jeunes patriotes » menacent la quiétude de la population civile et fragilisent la stabilité des Institutions Républicaines. Il va sans dire que leur présence massive dans la capitale économique, Abidjan et dans tout le pays facilite la recrudescence de l'insécurité, alimente des conflits de type nouveau entre populations et constitue un menace à la paix. Cette prolifération exacerbée des armes légères si elle reste inchangée, fragilisera les efforts de développement du nouveau régime. [...]