Revue de presse internationale du 27 mai 2010

27 mai 2010

Revue de presse internationale du 27 mai 2010








Gbagbo reprend l'avantage
,
Jeune Afrique, 26 mai 2010-

Encore
accusé de diviser le pays il y a quelques semaines, le président ivoirien
Laurent Gbagbo a réussi à se poser en rassembleur. Histoire d'une subtile
remontée politique. Laurent Gbagbo a démontré une nouvelle fois qu'il est le
plus « politique » des politiciens ivoiriens. Il y a deux semaines, il était au
fond du trou, accusé de

bloquer le processus électoral
et menacé d'une grande manifestation de
l'opposition qui risquait de mal tourner. Le voilà, quelques jours plus tard,
tout revigoré, auréolé du mérite d'avoir évité un drame, rétabli le dialogue et
relancé la mécanique électorale
.
S'il a
réussi cette prouesse, c'est parce qu'il sait jauger ses adversaires, Alassane
Ouattara et Henri Konan Bédié. Certes, il était inquiet, mais avait bien senti
que ses opposants n'étaient pas aussi enthousiastes que leurs troupes à l'idée
de battre le pavé. Trop de risques pour un mot d'ordre un peu vague. Gbagbo se
souvient de ce que lui avait dit Abdoulaye Wade en avril : « Négocie
directement. » Avec Bédié d'abord, qu'il contacte alors qu'il se trouve dans ses
plantations, à Daoukro, son village, dans l'est du pays. En gage de bonne
volonté, Gbagbo

offre de se déplacer jusqu'à son domicile
. Ce sera le 10 mai, à Abidjan. Le
tête-à-tête ne durera que dix minutes.




Exacerbation du
tribalisme




Il approche aussi Ouattara, par l'entremise de Hamed Bakayoko. La
rencontre est fixée au 17 mai. Le huis clos durera une heure et vingt-cinq
minutes. Principal sujet abordé : la liste électorale et les 1 030 « fraudeurs »

détectés par le camp présidentiel
, et qui augurent, selon Gbagbo, de fraudes
plus massives. Ce à quoi le président du Rassemblement des républicains (RDR)
lui répond qu'il ne comprend pas pourquoi on s'acharne sur ces cas, qui ne
représentent que 0,03 % du corps électoral. Et le voilà mettant en garde le
président contre une exacerbation du tribalisme, les fraudeurs présumés portant
tous des noms musulmans du Nord...




Ouattara accepte
tout de même que l'on reprenne le contentieux sur l'examen des listes, pour dix
jours seulement. Il n'avait pas vraiment le choix, Bédié ayant déjà donné son
accord. Pas question de passer pour le parrain des « fraudeurs ».




De son côté, Gbagbo
promet que, dès la semaine suivante, il annoncera une date pour la
présidentielle. On connaît le sort de toutes les promesses de ce genre faites
depuis cinq ans.




Que valent les
accords de Ouagadougou ?




Du côté des
militants de l'opposition, l'heure est à l'amertume. Un sentiment que partagent
certains quadras du RDR et du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI). « On
ne nous donne pas la parole, on ne nous consulte pas. Tout se décide entre trois
hommes », se plaint l'un d'eux. Même déception chez les jeunes, qui ont
l'impression que les « vieux s'entendent dans leur dos ».




Des accords
postélectoraux ont-ils été passés dans le huis clos des salons bourgeois de
Cocody et de la Riviera ? Possible. Le doute est suffisant pour que l'union de
circonstance entre Bédié et Ouattara en prenne un coup. Quant à Guillaume Soro,
le Premier ministre et chef de l'ex-rébellion, il a été écarté de ce nouveau «
dialogue direct ». Tout comme Boureima Badini, représentant du médiateur, Blaise
Compaoré. « Gbagbo, Ouattara et Bédié se sont un peu assis sur les accords de
Ouagadougou », estime un cadre de l'opposition. Pour faire bonne mesure, le
président ivoirien a promis de dépêcher Désiré Tagro, son ministre de
l'Intérieur, dans la capitale burkinabè pour rassurer le médiateur et le tenir
informé des conciliabules abidjanais.




 




La
BAD lie son retour en Côte d'Ivoire à une paix définitive dans le pays,
Panapress, 26 mai 2010-

Le président du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), Donald
Kaberuka, a exhorté mardi les autorités ivoiriennes à accélérer le processus de
stabilité politique définitive dans leur pays avant le retour de l'institution
financière à son siège d'origine, à Abidjan (...)




 




Jean
Ping a Kosyam 
:
« Je suis venu m'informer de l'évolution des médiations », L'Observateur paalga,
27 mai 2010-
 
Le président du Faso, Blaise Compaoré, a reçu en audience, le mercredi 26 mai
2010, le président de l'Union africaine (UA), Jean Ping. Outre le lancement au
Burkina de l'« Année de la paix et de la sécurité en Afrique », le 25 mai
dernier, sa rencontre avec le chef de l'Etat a servi, selon Jean Ping, à
s'enquérir de l'évolution des médiations du 1er des Burkinabè notamment au Togo,
en Guinée et en Côte d'Ivoire (...) « Vous connaissez le rôle important que joue
le président du Faso dans la sous-région et même au-delà. Il est médiateur dans
plusieurs crises et dans plusieurs conflits notamment au Togo, en Guinée et en
Côte d'Ivoire. Il était donc tout à fait normal que je vienne m'informer de
l'évolution de toutes ces questions afin de pouvoir à mon tour tenir informées
les Etats membres », expliquera Jean Ping à sa sortie d'audience. Il était
accompagné du ministre burkinabè des Affaires étrangères et de la Coopération
régionale, Alain Yoda, à qui il a remis la veille le Flambeau de la paix (...).




 





OPPOSITION IVOIRIENNE : Le sursaut d'orgueil ?, Le Pays, 26 mai 2010-


L'annulation de la marche des jeunes du Rassemblement des houphouétistes pour la
démocratie et la paix (RHDP), prévue pour la journée du 15 mai, a fait des
gorges chaudes dans la famille houphouétiste et d'aucuns n'ont pas manqué
l'occasion de prédire une implosion certaine de ce mouvement. Mais comme pour
faire écho à l'adage qui dit qu'après la pluie, vient le beau temps, les
"enfants d'Houphouêt Boigny" ont démenti toutes les folles rumeurs, du moins
pour l'heure. En se retrouvant en effet au domicile de leur "kôrô", Henry Konan
Bédié le 25 mai 2010, les leaders des quatre partis du RHDP ont prouvé que la
famille reste soudée (...) Cela ressemble fort à un sursaut d'orgueil des leaders
houphouétistes. Sursaut parce qu'on avait eu l'impression qu'avec l'annulation
de la marche, c'est Laurent Gbagbo qui avait réussi un coup de maître : recevoir
dans la quiétude ses illustres hôtes pour les assemblées générales annuelles de
la Banque africaine de développement (BAD), ce qui témoignera par ailleurs du
retour de la paix et apportera de l'eau à son moulin dans ses efforts pour
ramener le siège de cette institution de son exil tunisien ; mais aussi et
surtout semer la zizanie dans le camp de ses principaux opposants pour
fragiliser leurs rangs. Gbagbo a donc semblé gagner la première manche, lui qui
a plus peur de la protestation locale que de la pression internationale contre
laquelle il lui suffit de sortir l'argument de l'ingérence impérialiste pour
mobiliser les troupes. Mais, on peut dire que si l'un des buts inavouables du
camp présidentiel était de faire voler en éclats la famille RHDP, c'est perdu
cette fois-ci. Si au sein de ce mouvement, le projet d'unité quitte le terrain
des simples discours et professions de foi pour se matérialiser en union sacrée,
nul doute que le débat récurrent du soutien des opposants à leur candidat le
mieux placé -s'ils ne sont pas tous au second tour- s'en trouve plus ou moins
résolu au sein des houphouétistes. En effet, soutenir ce candidat deviendrait
une obligation pour tous les partis se trouvant dans ce creuset unifié, d'autant
plus que dans le camp des houphouétistes, on se fait plus réaliste que dans
celui d'en face en évoquant la possibilité d'un second tour. La nouvelle donne
au sein du RHDP unifié soulève cependant une interrogation : quelle sera la
réaction de Gbagbo ? Bien malin qui saura prévoir avec certitude le tour de
magie du "boulanger" pour venir à bout de l'organisation de ses adversaires,
tant il est vrai que cette unité est de nature à donner des insomnies à son clan
politique. Ce dont on peut être par contre sûr, c'est que l'enfant terrible de
Mama ne va pas rester les bras croisés (...)