Revue de presse international du 13 avril 2010

13 avr 2010

Revue de presse international du 13 avril 2010








Pascal Affi N'Guessan défie Guillaume Soro
,
Jeune Afrique, 13 avril 2010-

Dans
une interview vidéo à
Jeuneafrique.com, le président du Front populaire ivoirien (FPI, camp
présidentiel), Pascal Affi N'Guessan interpelle le Premier ministre et
secrétaire général des Forces nouvelles (FN, ex-rébellion) Guillaume Soro. Le
défi qu'il lui lance est clair : soit il arrive à faire désarmer les anciens
rebelles dans les deux prochains mois, soit il "rend son tablier". Pascal Affi
N'Guessan ne prête pas longue vie politique à Guillaume Soro qui agit, selon
lui, comme "Premier ministre le jour et chef des rebelles la nuit". Venu
présenter la situation politique ivoirienne à la presse étrangère, le 12 avril à
Paris, l'ancien Premier ministre et président du Front populaire ivoirien (FPI,
camp présidentiel) a rappelé que l'Accord politique de Ouagadougou, signé en
mars 2007, aurait dû être exécuté dans les 10 mois suivant sa signature. "Cela
fait 37 mois, a t-il indiqué. Le chef du gouvernement devrait en tirer toutes
les conséquences et rendre son tablier". Le camp présidentiel réclame le
désarmement des Forces nouvelles (FN) dans les deux prochains mois - selon
l'accord de Ouagadougou - et la recomposition des commissions électorales
locales jugées trop "partisanes". "Nous avons estimé qu'aller aux élections avec
95 % des commissions électorales locales dirigées par des militants adverses,
c'était un gros risque politique. Il faut qu'aucun compétiteur soit à la fois
joueur et arbitre", a souligné Pascal Affi N'Guessan, qui précise que le camp
présidentiel - contrairement à ce qu'affirment ses détracteurs - veut aller au
plus vite aux élections. "Si nous sommes tous de bonne volonté, en cinq jours,
l'audit des listes électorales peut être fait, a-t-il estimé, en espérant que
cette partie du processus électoral soit "achevée dans un délai d'un mois à 45
jours". "Nous n'avons aucune raison de ne pas croire aux sondages TNS Sofres",
qui

donnent la victoire au président Laurent Gbagbo
, a-t-il conclu.




A quoi joue Soro ?,
L'Observateur paalga, 13 avril 2010-


« On est fatigué de ces rencontres sans lendemain », écrivons-nous, sans langue
de bois aucune, dans notre édition du lundi 12 avril 2010. C'était hier, soit le
jour même de la rencontre entre le président Laurent Gbagbo et son Premier
ministre Guillaume Soro. Comme si nous devinions l'issue de la rencontre entre
les deux patrons de l'exécutif : sans grande surprise, le rendez-vous a en effet
accouché d'une souris. Un non-événement pour beaucoup d'observateurs, que les
Ivoiriens, qui ne se perdent généralement pas en circonlocutions, ont aussitôt
qualifié de « foutaise ». C'est là un coup de gueule bien à propos, rien qu'à se
fonder sur la déclaration du Premier ministre, qui, à la fin de l'entrevue, a
qualifié la rencontre de « fructueuse » et a promis qu'ils (lui et Laurent
Gbagbo) vont « parler aux uns et aux autres pour que la sérénité regagne tous
les camps ». Des propos à faire pâlir de jalousie un diplomate. Deux heures
d'entrevue, rien que pour ça ! Un simple entretien téléphonique aurait suffi !
Les Ivoiriens n'étaient d'ailleurs pas au bout de leur surprise. A la fin de
l'intervention du Premier ministre, contre toute norme protocolaire et
sécuritaire, le chef de l'Etat a demandé à son chauffeur de descendre de sa
voiture, et a lui-même pris le volant. Il a aussitôt invité Guillaume Soro à
prendre place à ses côtés. « Les autres, regagnez vos véhicules », a lancé
Gbagbo, avec un grand sourire, qui a démarré en trombe, suivi de l'ensemble du
cortège. L'action se passant à Abidjan, c'est vite parti pour une promenade
lagunaire. Après les propos bateau, quoi de plus normal qu'un tour à bord d'un
vrai bateau ! (...) La crise en Côte d'Ivoire mérite mieux que cette mise en scène
digne de Bollywood. De pareilles attitudes il se dégage comme l'impression que
ce n'est pas seulement le clan Gbagbo qui trouve du plaisir à ce que les choses
patinent dans le pays. Il faut aussi voir du côté des Forces nouvelles. Et s'il
y a dans cette structure quelqu'un qui est aujourd'hui difficilement
reconnaissable de par son attitude et de par ses propos, c'est bien leur
secrétaire général, Guillaume Soro. Oui, il a visiblement beaucoup changé, cet
ex-grand contestataire surnommé le Che, ou encore Bogotha quand il dirigeait la
Fédération estudiantine et scolaire de Côte d'Ivoire (FESCI). Il méritait bien
ses surnoms, lui qui était régulièrement envoyé en prison à cette époque après
chaque manifestation. D'aucuns pensent qu'après avoir occupé le poste de chef du
gouvernement deux années durant, il est en train de muer dangereusement et a
certainement pris goût à la chose ; le seul grand couac dans cette vie ayant été
le traumatisme du vendredi 29 juin 2007, où il a échappé à un attentat à la
roquette lors de l'atterrissage de son avion à Bouaké. Quatre membres de son
équipage en sont décédés et plusieurs ont été grièvement blessés. Ça laisse
forcément des traces. Le plus rageant est qu'il y a fort longtemps que le pays
d'Houphouët-Boigny pouvait figurer dans le Guinness des records pour le nombre
d'élections annoncées et reportées. Ce n'est donc pas avec une croisière sur la
lagune Ebrié que l'on désarmera et auditera les listes électorales avant de
partir pour les élections. Tout a été dit sur l'actuel président ivoirien. Pour
beaucoup, il ne fait pas du prochain scrutin présidentiel une priorité.