Retranscription du point de presse hebdomadaire - - Abidjan, le 07 mars 2013

8 mar 2013

Retranscription du point de presse hebdomadaire - - Abidjan, le 07 mars 2013







Sylvie van den Wildenberg, Porte-parole de l'Opération des
Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI)

-


Mesdames et messieurs, bienvenue à ce point de presse
hebdomadaire de l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI). Je salue
tous les auditeurs d'ONUCI FM qui nous écoutent dans les différentes régions du
pays.





 





Permettez-moi de débuter ce tour hebdomadaire des activités de la
Mission par un évènement au caractère hautement symbolique, qui a eu lieu ce
mardi 5 mars, dans la localité de Sikensi, à quelque 75 kms au Sud Est
d'Abidjan.  Ce mardi, en effet, l'ONUCI, par l'intermédiaire du Représentant
spécial adjoint du Secrétaire général des Nations Unies pour la Côte d'Ivoire,
Arnauld Akodjènou
, a remis officiellement deux 'préaux de la
réconciliation'
aux responsables de deux quartiers de la ville de Sikensi.
La construction de ces deux préaux s'inscrit dans le cadre des projets à impact
rapide (QIPs) La construction de ces deux préaux de réconciliation répond à la
volonté de la Mission de continuer à contribuer à la promotion de la
réconciliation et au renforcement de la cohésion Ce projet fait suite à une
demande formulée par les populations de Sikensi lors des Journées des Nations
Unies organisées dans cette ville en février 2012, au lendemain de tensions
graves intercommunautaires qui avaient secoué la région et nécessité
l'intervention des casques bleus et d'équipes civiles de l'ONUCI pour contribuer
au retour au calme.





 





Au chapitre sécuritaire
,
la situation générale sur l'ensemble du territoire national est relativement
calme. A Abidjan et dans l'Ouest du pays, cependant, la situation sécuritaire
reste toujours tendue, du fait des attaques armées isolées ces derniers mois. La
Force onusienne et les Forces de sécurité ivoiriennes continuent de collaborer
étroitement au renforcement de la sécurité sur l'étendue du territoire, par la
formation, le partage de l'information et des patrouilles notamment conjointes
principalement dans les zones sensibles afin de dissuader toute menace et
rassurer les populations. Ainsi, dans le cadre des actions sécuritaires, la
Force de l'ONUCI a effectué 1.750 patrouilles terrestres et aériennes la semaine
écoulée. Au plan humanitaire, la Force de l'ONUCI a organisé à travers tout le
pays, plusieurs consultations médicales gratuites qui ont permis de procurer des
soins médicaux à 2.604 patients parmi lesquels un nombre important de femmes et
d'enfants. 228.000 litres d'eau potable ont également été distribués aux
populations ivoiriennes, dans les localités qui connaissent de graves pénuries
d'eau.





 





J'en viens à présent aux activités de la Mission dans le domaine
de l'appui au renforcement de l'Etat de droit et des Droits de l'Homme
.
L'ONUCI, à travers sa Division Etat de Droit, participera, demain, 8 mars
2013, à la visite de suivi du chantier de la prison semi ouverte de Saliakro,
que le Garde des Sceaux Ministre de la Justice effectuera sur ce site situé à 20
km de la Ville de Dimbokro. A noter que ce projet, initié et porté auprès des
bailleurs de fonds par l'ONUCI, est financé part l'Union européenne et exécuté
par l'ONG Prisonniers sans frontières, qui participeront également à la visite
de chantier de demain. L'ONUCI apporte également son appui à la Direction de
l'Administration Pénitentiaire pour l'élaboration des règles de fonctionnement
de ce futur établissement pénitentiaire de type nouveau, qui sera le premier du
genre en Côte d'Ivoire. L'objectif de ce projet pilote est de contribuer à la
préparation de la réinsertion sociale des détenus et la rémunération de leur
travail, afin qu'ils puissent se constituer un pécule pour faire face à leurs
premiers besoins à leur libération.  Ce projet vise également à améliorer les
conditions de détention et à l'alimentation des détenus, à travers l'utilisation
d'une partie de la production pour enrichir et varier les repas des prisons de
Dimbokro et environs.





 





Au cours de la semaine écoulée, la Division des droits de
l'homme
de la Mission (DDH) a documenté deux cas de viol, à Bouaké et
Guiglo. L'ONUCI salue le fait que dans le cas de Guiglo, l'auteur présumé du
viol, un élément des FRCI, a été mis aux arrêts. Dans le cas de Bouaké, par
contre,  il convient de noter que l'auteur présumé du viol d'une jeune fille de
17 ans, bien que clairement identifié, n'a toujours pas été inquiété, en dépit
de la plainte des parents de la victime.





 





Par ailleurs, dans un développement positif, quatre personnes,
dont deux femmes et deux hommes, accusées d'être impliquées dans l'excision de
trois fillettes âgées de 3, 4 et 9 ans, ont été condamnées à six mois de prison
et 30.000 F CFA d'amende, par le Tribunal de première instance de Danané. Bien
que la peine soit relativement faible au regard de ce que prévoit la Loi
N°98-757 du 23 décembre 1998 portant répression de certaines formes de violence
à l'égard de la femme, l'ONUCI salue ce verdict qui représente une étape
importante dans la lutte contre l'impunité des violences faites aux femmes et
aux enfants en Côte d'Ivoire.





 





Enfin, la DDH a conduit, en collaboration avec des ONGs et des
sections de l'ONUCI, quatre sessions de sensibilisation aux droits de l'homme à
Bouaké, Guiglo (35km au sud-ouest de Duekoué), Tabou (100km de San-Pedro) et
Taï, à l'intention de la population ivoirienne. Au total 656 personnes dont 140
femmes, des élèves, des enseignants, des chefs coutumiers et religieux, ont été
sensibilisées aux droits de l'homme, avec un accent particulier sur les droits
de la femme et de l'enfant ainsi que sur la réconciliation nationale et la
promotion de l'égalité du genre.





 





Je voudrais à présent évoquer quelques activités d'appui à la
réconciliation et au renforcement de la cohésion sociale au cours de la semaine
écoulée et à venir
: L'ONUCI, à travers sa section des affaires civiles a
organisé la semaine dernière, un atelier à l'intention des chefs traditionnels 
sur 'les techniques de médiation dans les conflits liés à l'accès aux ressources
naturelles et économiques. Cet atelier qui a été présidé par le Préfet du
département a permis à ses 40 participants d'analyser la problématique de la
cohésion sociale et de s'approprier les outils de règlement pacifique des
conflits. Au terme de leurs travaux, les participants ont fait des
recommandations portant sur:1) la mise en place d'un code de cohabitation
fraternel et pacifique; 2) la réalisation d'activités économiques visant
l'autofinancement des actions de la chefferie. D'autres rencontres du même type
se tiennent aujourd'hui et demain, 7 et 8 mars, à Grand Lahou, et sont prévues
les 15-16 mars, à Bouna.





 





 





Après Lakota, Issia et plusieurs autres localités du pays, le
Département de Tabou accueillera, la semaine prochaine, du 13 au 15 mars, la
28e édition des Journées des Nations Unies,
sous le signe du
renforcement de la cohésion intercommunautaire, de la promotion de la
réconciliation nationale et de la consolidation de la paix. Cette plate-forme
d'échanges, instituée part la Mission depuis décembre 2009 pour soutenir l'appui
des Nations Unies aux programmes de sortie de crise dans les différentes régions
du pays, donnera aux populations de Tabou l'occasion de réitérer leur engagement
en faveur d'un environnement apaisé, à la veille des élections locales.





 





Comme vous le savez, demain, 8 mars, la Côte d'Ivoire et
le monde entier, célébreront la Journée internationale de la Femme. Le
thème sous lequel les Nations Unies ont inscrit la Journée internationale de la
femme 2013 est celui de la lutte contre les violences basées sur le genre. Et le
slogan de la campagne mondiale que l'ONU a lancée est le suivant : « Une
promesse est une promesse, agissons ensemble, pour mettre fin aux violences
faites aux filles et aux femmes »
. Ce thème souligne l'importance de
garantir aux femmes et filles, au même titre que les hommes et les garçons, les
conditions de quiétude et de sécurité, facteurs incontournables de
développement, de cohésion sociale et de paix. 





A l'occasion du 8 mars, le Représentant spécial du Secrétaire
général des Nations Unies pour la Côte d'Ivoire, Bert Koenders

tient à réitérer son ferme engagement à combattre ce fléau et n'épargnera aucun
effort pour mettre en œuvre la requête du Secrétaire général des Nations Unies,
qui a


chargé tous ses hauts conseillers de faire de l'action contre les
violences sexuelles une priorité dans toutes les activités de rétablissement, de
maintien et de consolidation de la paix. M. Koenders,


lance par ailleurs


un appel

à tous, en Côte d'Ivoire, pour que ce combat devienne un combat de la société
ivoirienne dans son ensemble, et que la Côte d'Ivoire s'érige parmi les Etats
qui font figure d'exemples en matière de lutte contre les violences faites aux
femmes et aux filles et de lutte contre l'impunité de ces crimes. Les Nations
Unies continueront  d'appuyer les efforts nationaux visant à élargir l'accès des
femmes et des filles à la justice, et notamment ceux visant à permettre la
gratuité des certificats médicaux pour les victimes. M. Koenders encourage par
ailleurs les efforts visant au lancement par le Gouvernement, d'une vaste
campagne contre les violences basées sur le genre.





 





Demain, 8 mars et les prochains jours, comme chaque année,
l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI), appuiera activement de
nombreuses initiatives nationales dans l'organisation de leurs activités. Cette
année, l'ONUCI organise en collaboration avec ses partenaires des activités dans
13 localités notamment Abidjan, Abobo, Yopougon, Port Bouet, Alépé, Bouaké,
Duékoué, Guezon, Issia, Guéyo, Goudouko, Katiola et Touba.  Au niveau national,
le thème retenu pour cette année, est: «Femmes et Hommes ensemble pour une
Côte d'Ivoire Nouvelle et Réconciliée».
Ce thème reflète les nombreux enjeux
que la réconciliation suscite dans le contexte post-crise de la Côte d'Ivoire.
Il traduit la nécessité de promouvoir la pleine et entière participation des
femmes et des filles aux divers processus décisionnels liés à la réconciliation,
de façon équitable et juste. 





 





Questions-réponses






 





Serge Koffi (Alerte Info): Vous avez dit dans votre développement
que la situation sécuritaire était calme en général mais qu'elle restait tendue
ӑ Abidjan et dans ses environs. Quelles sont les indices qui vous permettent de
faire ce constat ?





 





SvdW :

Comme nous l'avons souvent expliqué, lorsque l'on dit que la situation est «
calme  mais reste tendue », c'est parce que l'on prend en compte une certaine
période, et pas seulement les quelques derniers jours ou des dernières 24 heures.
A la lumière de cet examen, nous estimons que la situation est calme mais
qu'elle reste tendue, soit que la vigilance reste de mise. Cela veut dire qu'il
y a encore des menaces,  et  que les forces de sécurité ivoiriennes et l'ONUCI
qui sont en contact permanent considèrent qu'il convient de maintenir la
vigilance maximale pour consolider la paix. Une situation est stable lorsque,
sur un certain laps de temps, aprés une crise, on constate que la vie normale a
pleinement repris son cours, pour tous. Que les citoyens peuvent vaquer à leurs
occupations sans crainte; sans être victimes de braquages, de rackets, de
harcèlement d'hommes armés ; lorsqu'il n'y a plus d'incidents sécuritaires
graves qui portent atteinte à l'autorité de l'Etat.  Comme vous le savez, il y a
encore, par exemple, en Côte d'Ivoire un nombre important d'armes qui circulent,
un nombre important de combattants à désarmer, démobiliser, et à réinsérer dans
la société. Même si l'on constate une amélioration de la situation, et une
réduction des incidents qui peuvent être associés à des incidents de
déstabilisation, il est prématuré de parler de situation sécuritaire stable. En
bref, il y a des progrès mais cela ne veut pas dire qu'il faille relâcher
l'attention et la vigilance.





 





SK : ma deuxième question est relative à la situation des droits
de l'homme. Récemment l'Ong Amnesty International a produit un rapport dans
lequel elle accusait l'ONUCI de ne pas s'être montrée capable de protéger les
civils lors de l'attaque du camp de Nahibly à Duékoué. Comment l'ONUCI réagit
après ce rapport.





 





SvdW :

Amnesty international n'a pas « accusé » l'ONUCI de ne pas s'être montrée
capable de protéger les civils. Amnesty International a posé un certain nombre
de questions à l'ONUCI sur son intervention, questions auxquelles l'ONUCI a
répondu et Amnesty International lors d'une conférence de presse qui a lieu
récemment à Abidjan, a remercié l'ONUCI d'avoir fourni toutes les informations
qu'elle avait demandées sur son intervention. Amnesty, à cette occasion, a
également clarifié qu'il n'était pas question d'imputer la responsabilité des
crimes commis à Nahibly aux casques bleus de l'ONUCI. Nous regrettons
profondément cet incident et le Représentant spécial l'a dit souvent, chaque
mort par violence dans ce pays est une mort de trop. Et, bien entendu, c'est
d'autant plus bouleversant lorsque des incidents au cours desquels il y a mort
d'hommes se produisent en la présence de Casques bleus, et que ces derniers ne
peuvent pas les empê
cher.
Malheureusement, l'ONU ne peut pas tout empêcher, c'est une entreprise humaine.
Et en ce qui concerne Nahibly, bien entendu, avec les autorités ivoiriennes et
ce au plus haut niveau, j'insiste, nous avons tiré les leçons qui s'imposaient
pour faire en sorte qu'un tel incident ne puisse plus se reproduire. Il faut se
rappeler, et c'est la dernière chose que je dirai parce que beaucoup a été dit
là-dessus ces dernières semaines, que c'est une foule de près de mille personnes
qui a attaqué ce camp de déplacés. Un tel scenario était difficilement
imaginable. C'est extrêmement rare. Il est vrai, nous l'avons déjà dit, que les
Casques bleus et les autorités ivoiriennes n'étaient pas prêts à répondre à une
telle menace. Nous n'avions pas anticipé ce type de menace. Ce qui est important
aujourd'hui, c'est que les auteurs de cette attaque et de ces meurtres soient
poursuivis devant des tribunaux et répondent de leurs crimes.





 





SK : Plus de six mois après cette attaque, les coupables courent
toujours. Comment l'ONUCI réagit ?





 





SvdW :

Nous avons, à maintes reprises, réitéré l'importance que nous accordons à la
poursuite de l'enquête et du processus judicaire dans ce dossier. Nous sommes en
contact permanent avec les autorités nationales sur le suivi de cette affaire.
Et nous faisons tout ce que nous pouvons, dans les limites de notre mandat, pour
faire en sorte que justice puisse être rendue. Mais vous le savez, la Justice en
Côte d'Ivoire est une justice qui est en train de se reconstruire. Cette enquête
est lente, nous l'avions dit souvent, mais nous avons confiance dans la volonté
du Chef de l'Etat qui a été à plusieurs reprises très clair à ce sujet, et
entend que cette enquête et ce processus judiciaire soient menés à terme et que
les auteurs de ces crimes ne restent pas impunis. Merci. Pas d'autres questions
? Alors à la semaine prochaine