Questions/réponses sur le déversement de déchets toxiques à Abidjan

22 sep 2006

Questions/réponses sur le déversement de déchets toxiques à Abidjan



Que s'est-il passé à Abidjan ?

Le 19 Août 2006, un bateau grec battant pavillon panaméen et ayant un équipage russe, le Probo Koala, était arrivé dans le port d'Abidjan, transportant dans ses soutes environ 528 m3 de déchets toxiques.
Dans la nuit du 19 au 20 août, plusieurs camions citernes vont déverser dans le district d'Abidjan une grande partie de cette cargaison
Le 23 août 2006, les autorités sanitaires sont saisies par le Ministère de l'Environnement et des Eaux et Forêts qui les informent que des déchets toxiques dégageant de fortes odeurs nauséabondes ont été déposés en divers endroits de la ville.
D'après les informations collectées par une équipe de l'UNDAC, à la date du 18 septembre, 17 sites de déversement auraient été identifiés et cartographiés. Plusieurs des camions utilisés pour le transport des déchets seraient encore remplis de leur chargement, mais n'ont pu être localisés. On ne peut exclure que ces camions aient quitté Abidjan.

Quelles sont les substances chimiques contenues dans ces déchets toxiques ?

Le jeudi 24 août 2006, un échantillon prélevé à bord du navire par le Centre Ivoirien Anti-pollution (CIAPOL) a été analysé par les laboratoires de la Société Ivoirienne de Raffinage (SIR) et du CIAPOL. Il ressort de cette analyse qu'il s'agit de produits pétrochimiques. et que les principaux groupes chimiques sont : l'hydrogène -sulfuré, les mercaptans, les phénols, des hydrocarbures et de l'hydroxyde de sodium (soude caustique).

Ces résultats corroborent à la fois ceux des analyses effectuées à Amsterdam avant le démarrage du navire de la Hollande. L'équipe française dépêchée à Abidjan aurait abouti aux mêmes résultats.

Comment la population a-t-elle été alertée ?

-Par les odeurs nauséabondes dégagées par ces déchets.

-L'hydrogène sulfuré et les mercaptans sont reconnaissables à leur odeur caractéristique d'œuf pourri perceptible même à des seuils faibles.

-Les autres constituants dégagent des odeurs d'œuf pourri, d'ail, de poireau ou de choux pourris.

Par quelles voies l'être humain peut-il être exposé ?

-Par voie aérienne, en inhalant l'air ambiant, surtout durant les premiers jours qui suivent le déversement.

-Par contact direct de la peau ou des muqueuses avec les produits toxiques,

-Par exposition secondaire au contact des eaux de surface et des eaux d'infiltration contaminées.

-Par la chaîne alimentaire (végétaux cultivés autour des sites et arrosés avec des eaux contaminées, poissons et animaux contaminés).

Quels sont les principaux signes que présentent les personnes intoxiquées ?

-Signes respiratoires : irritation naso-laryngée (éternuements, brûlures des narines), douleurs thoraciques, difficultés respiratoires, essoufflement, toux.

-Signes oculaires : rougeur des yeux, picotements et douleurs au niveau des yeux, photophobie (difficulté à supporter la lumière) et risque de surinfections des yeux.

-Signes digestifs : douleurs pharyngées (maux de gorge), douleurs abdominales, ballonnement abdominal, nausées diarrhées, vomissements pouvant entraîner une déshydratation, divers autres troubles.

-Signes neurologiques : vertiges, somnolence, céphalées (maux de tête). En cas d'exposition à des doses toxiques élevées, il y a possibilité de convulsions, perte de connaissance.

-Signes cutanés : irritations, sensation de brûlure, démangeaisons.

-Signes génitaux : possibilité d'hémorragies génitales en dehors des menstruations. Des cas d'avortements spontanés ont été rapportés.

Quelles précautions faut-il prendre pour éviter une intoxication ?

-Eviter les sites où ont été déversés les produits toxiques ainsi que leurs environs

-S'éloigner des zones à forte odeur.

-Eviter tout contact avec les déchets, les eaux, les sols et toutes autres choses contaminés

-Ne pas consommer de légumes et fruits cultivés à proximités (200 m) des sites touchés

-Ne jamais consommer d'animaux et/ou poissons morts, surtout s'ils sont trouvés près des sites identifiés comme pollués.

-En cas d'apparition de signes suspects tels que toux, difficulté respiratoire, démangeaisons de la peau ou des muqueuses, douleurs abdominales, maux de tête, consulter les services médicaux des agences UN.

-Informer le chef d'Agence, l'administration et/ou le service médical de l'Agence.

Qu'en est-il de la dispersion des déchets dans la chaîne alimentaire ?

-La contamination de la chaîne alimentaire est possible, mais à notre connaissance, aucune investigation sur la contamination de la chaîne alimentaire et des eaux de surface n'a encore été menée.

-Bien qu'il ne faille pas totalement exclure la possibilité qu'une partie des déchets ait pu être déversés dans la lagune, la contamination des eaux de la lagune n'a pas encore été confirmée.

Quelles sont les mesures médicales prises par le Gouvernement de Cote d'Ivoire?

-Le Gouvernement a ouvert 36 centres de référence où la population peut consulter et recevoir gratuitement les traitements si nécessaires. Les cas graves sont hospitalisés.

Combien y a t-il eu de personnes affectées ?

-A la date du 21 Septembre les formations sanitaires ont enregistré plus de 68742 consultations

-69 personnes ont été hospitalisées.

-On rapporte 8 décès qui pourraient être imputables à une intoxication par ces produits toxiques.

Quels sont les moyens de lutte actuellement disponibles ?

-Les mesures préventives visant à éviter l'exposition aux déchets.

-La prise en charge des personnes présentant des signes liés à une exposition aux déchets.

-Une opération de décontamination des sites pollués est actuellement en cours. Ces déchets seront donc ramassés, reconditionnés et réexpédiés en dehors du pays pour traitement.

La contamination interhumaine est-elle possible ?

-NON

Y a-t-il des risques liés à la consommation de l'eau de robinet ?

-L'eau de robinet consommée à Abidjan provient d'une nappe souterraine profonde. Il y a donc peu de chance pour qu'elle soit contaminée. Il convient toutefois de continuer à surveiller la qualité de l'eau en raison de la possibilité d'infiltration.

Quels sont les groupes les plus vulnérables ?

-Les personnes à risque sont celles plus près des sites contaminés lors du dépôt des déchets toxiques.

-Les groupes les plus vulnérables sont : les enfants, les femmes enceintes, les personnes âgées et les sujets porteurs d'affections chroniques telles que l'asthme.

L'évacuation des riverains de sites ayant accueilli les déchets est-elle envisagée ?

Cela a été évoqué mais n'a été mis en pratique, l'accent étant mis sur la décontamination rapide des sites. Certaines personnes ont toutefois quitté les sites d'elles-mêmes. Dans tous les cas il est recommandé, de s'éloigner d'au moins 100-200 mètres des sites contaminés.

Quelles stratégies ont été utilisées pour faire face à cette situation ?

Au niveau de l'OMS:
-Appui technique et matériel aux autorités sanitaires nationales pour la gestion de la crise
-Informations sur les risques d'intoxications et sur les mesures préventives à prendre
-Information des membres du personnel du Système onusien et des partenaires ainsi que de leurs dépendants sur la nature de l'intoxication et comment l'éviter
-Appui à la mobilisation des ressources nécessaires à la gestion de la crise.

Au niveau du Gouvernement Ivoirien:

-Mise en place d'un Comité interministériel qui a rencontré les partenaires multilatéraux et bilatéraux notamment l'Union Européenne, la Coopération Française, la Coopération Allemande, etc. pour en vue de solliciter leur appui.
-Enquête judiciaire en cours. Elle a déjà permis l'interpellation de certaines personnes qui seraient impliquées dans le scandale des déchets toxiques.
-Des dispositions sanitaires pour accueillir les personnes touchées dans les principaux établissements sanitaires des communes d'Abidjan et leur traitement gratuit
-Sollicitation d'équipes internationaux pour l'analyse des déchets et proposition de solutions
-lnformation du public

Au fur et a mesure de leur découverte les sites sont cartographiés et marqués afin d'éviter un contact de la population environnante avec les déchets. Une société privée, TREDI arrivée le 16 Septembre à Abidjan avec 25 experts a commencé la décontamination. La mise au point d'une stratégie de dépollution est en cours, les zones les plus sensibles seront dépolluées les premières.

Les sites seront dépollues en suivant les standards internationaux afin de garantir la sécurité des riverains des zones contaminées. Cette opération devrait durer environ six semaines. Les déchets seront ensuite transportés dans un autre pays possédant la technologie adéquate pour leur traitement final
Points contacts

L'OMS, est chargé de l'information du personnel des Nations Unies (ONUCI et Agences UN) concernant l'évolution de la situation. Elle sera assistée par une équipe intégrée d'information déjà identifiée: OCHA,UNICEF, OMS, ONUCI. UNOCI. Le CSA devrait aussi désigner un point focal. Les personnes suivantes pourront être contactées par le personnel du SNU si besoin.

-Dr Moise Kponou ONUCI 05 99 04 82
-Dr Makan Coulibaly UNICEF 05 96 10 91
-Dr Colette Assamoi UNICEF 07 67 05 15
-Dr Abdelhak Bendib UNICEF 05 74 23 96
-Dr Tano-Bian Aka OMS 07 08 64 86 / 05 47 93 97
-Dr Nsenga Ngoy OMS 05 88 17 97
-Dr Yao Kouadio Théodore OMS 07 88 14 57

Le comité interministériel a mis en place des numéros pour le public : 166, 177, 188.