Point de presse de l’ONUCI du 7 novembre 2013

Kadidia Ledron (Porte-parole de l'ONUCI):
Mesdames et messieurs, bienvenue à ce point de presse hebdomadaire de
l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI). Je salue tous les
auditeurs d'ONUCI-FM, qui nous écoutent dans les différentes régions du pays.
Je voudrais commencer par les activités de la Représentante spéciale.
La Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies et Chef de
l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI), Mme Aïchatou Mindaoudou
a mené plusieurs activités, notamment une série de rencontres avec des
personnalités venues à Abidjan dans le cadre de Conférences internationales et
de la Retraite du Jubilé d'or de l'Union africaine, au cours de la semaine
dernière.
Comme vous le savez, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de
la paix, Hervé Ladsous, a séjourné pendant trois jours à Abidjan, du 29 au 31
octobre. Accompagné de Mme Mindaoudou, M. Ladsous, dont c'était la deuxième
visite Côte d'Ivoire, s'est entretenu avec le Ministre d'Etat, Ministre de
l'Intérieur et de la Sécurité, Hamed Bakayoko, représentant le Gouvernement.
Entouré de plusieurs membres du Gouvernement, M. Bakayoko et M. Ladsous ont fait
le point de la situation en Côte d'Ivoire et des processus en cours. Ils ont
discuté des défis qui restent à relever ainsi que de la collaboration entre
l'ONUCI et la Côte d'Ivoire. Ils se sont tous accordés sur la nette amélioration
de la situation sécuritaire et les avancées réalisées quant à la normalisation
la situation dans le pays. Le Secrétaire général adjoint a également eu des
entretiens avec le Ministre des Affaires Etrangères, Charles Koffi Diby, avec le
Chef d'Etat-major, Soumaïla Bakayoko ainsi qu'avec les présidents des partis
politiques, notamment du PDCI et du FPI. Le Chef du Département des opérations
de maintien de la paix s'est aussi enquit du processus de désarmement,
démobilisation et réinsertion (DDR), auprès du Directeur général de l'Autorité
du DDR (ADDR). Avant son départ, M. Ladsous a réitéré l'engagement de l'ONU à
soutenir la Côte d'Ivoire conformément à son mandat.
Le 28 octobre, la Représentante spéciale, Mme Mindaoudou a pris part à la
deuxième session de la Conférence régionale sur le rôle du Parlement dans la
prévention et la gestion de conflits en Afrique de l'Ouest. Il s'agissait pour
la Chef de l'ONUCI d'entretenir les participants de stratégies pour
l'implication des femmes dans la gestion des conflits et dans la réconciliation
à travers des exemples concrets en Afrique. Mme Mindaoudou a insisté sur la
compréhension de la lettre et de l'esprit de la Résolution 1325 du Conseil de
sécurité, qui si elle était appliquée, prendrait en compte les besoins
essentiels des femmes et des filles en période de conflit et d'après conflit.
Elle a aussi souligné la nécessité d'une intégration des conventions
internationales signées ou ratifiées par le pays dans les législations
nationales. La Représentante a mis en exergue l'importance de la participation
des femmes aux organes qui exercent un contrôle sur le secteur de la sécurité,
comme par exemple les ministères gouvernementaux, les commissions parlementaires
concernées, les commissions de droits humains et les institutions de médiation.
Nous en venons à présent aux activités des composantes de la Mission.
Au niveau sécuritaire,
la situation générale dans l'ensemble du pays reste calme. Toutefois,
l'insécurité dans certaines villes reste préoccupante, à cause notamment des
attaques répétées contre les Force républicaine de Côte d'Ivoire (FRCI), des
conflits fonciers, des braquages et du phénomène des coupeurs de routes au
niveau de plusieurs axes routiers.
La parfaite collaboration entre les FRCI, la Force de l'ONUCI et la Force
Licorne est à saluer. La réunion tripartite FRCI- Force de l'ONUCI- Force
Licorne - qui s'est tenue le mardi 05 novembre 2013 à la base de la Force
Licorne, a été l'occasion pour discuter des différents aspects sécuritaires en
Côte d'Ivoire. D'autre part la Force de l'ONUCI et la Force Licorne participent
depuis le 26 octobre au tournoi de football dénommé « Côte d'Ivoire Unity by
Football » organisé à Abidjan avec les Forces de sécurité ivoiriennes.
La Force de l'ONUCI continue sa contribution et son assistance aux forces de
sécurité ivoiriennes dans le cadre de son mandat, en étroite collaboration avec
la Force Licorne, pour protéger les civils et contribuer à la préservation d'un
climat paisible sur l'ensemble du territoire.
Elle a ainsi effectué 3513 patrouilles terrestres et aériennes durant la
quinzaine écoulée, sur toute l'étendue du territoire ainsi que des missions
d'escorte. La Force de l'ONUCI effectue également ses actions civilo-militaires.
On retient que 2252 patients, dont un nombre important de femmes et d'enfants
ont reçu des soins médicaux prodigués par des casques bleus, et que plus de
439.000 litres d'eau potable ont été distribués aux populations dans certaines
localités en butte aux pénuries d'eau. La Force de l'ONUCI a aussi réhabilité
l'école de la localité d'Ananguié près d'Agboville à hauteur de 12,4 millions.
Les travaux ont été exécutés par le bataillon béninois. L'école a été inaugurée,
le 25 octobre dernier, par le Commandant de la Force, le Général de Division
Muhammad Iqbal Asi.
J'en viens à présent aux activités de la police des Nations Unies (UNPOL).
La composante UNPOL continue d'accompagner la Police et la Gendarmerie
ivoirienne, notamment dans les domaines de l'ordre public, de la protection des
populations civiles, de la formation, du mentorat et de la colocation.
Durant la semaine écoulée, plus de 802 patrouilles simples, mixtes et
conjointes ont été effectuées sur toute l'étendue du territoire national.
La collaboration dans le cadre de la sécurisation le long des frontières
s'est poursuivie.
Au niveau du renforcement de capacités, 200 policiers et gendarmes ivoiriens ont
bénéficié de sept (07) sessions de formation, notamment dans les domaines des
interventions spécialisées, des techniques de signalisation judiciaire, de
prévention et de la lutte contre le terrorisme, des enquêtes sur les violences
basées sur le genre (VBG), en plus du mentorat en police maritime et en maintien
de l'ordre.
Six (06) sessions de formation sont actuellement en cours entre autres en
matière d'interventions spécialisées, de police maritime, de police portuaire,
et dans le domaine de la gestion des conflits et du maintien de l'ordre.
La composante UNPOL a poursuivi ses activités dans les commissariats de police,
brigades de gendarmerie et maisons d'arrêt dans les secteurs Abidjan, Est et
Ouest.
Dans le cadre des projets à impact rapide de l'ONUCI, « Qips », le Chef par
intérim de la Police de l'ONUCI, le Général Constant Prosper Sossou, a présidé,
le 02 novembre la cérémonie de remise officielle de clés d'une école primaire,
au village de Koua-Kouassikro, dans la région de Yamoussoukro. Cette école
financée à hauteur de douze millions (12.000.000) F.CFA, répond à un besoin
pressant de ladite localité, notamment en matière de scolarisation des filles.
Sur le volet du DDR, du 29 octobre au 05 novembre 2013, l'ONUCI a
continué à apporter son appui à l'Autorité pour le Désarmement, la
Démobilisation et la Réintégration (ADDR). A Anyama, où se sont déroulées huit
(08) opérations de désarmement et de démobilisation, 515 ex-combattants ont été
désarmés et démobilisés. Ces derniers ont déposé 64 armes, 165 grenades, 92
explosifs et 37,182 munitions. Dans le même temps, l'ONUCI soutient d'autres
opérations de désarmement et de démobilisation de plus faible intensité dans le
reste du pays. La Mission a également contribué à deux opérations de collecte
d'armes menées par la Commission Nationale de Lutte contre la
prolifération des armes légères et de petit calibre (ComNat-APLC), à
Dabakala (Bouaké) et à Man dans le Tonkpi. Au cours de ces deux opérations, 105
civils ont déposé 50 armes, 56 grenades, 31 explosifs et 2008 munitions.
La composante DDR de l'ONUCI poursuit son appui financier à l'ADDR pour la
réinsertion des ex-combattants à travers différentes séances de formation. A
titre d'exemple, 852 ex-combattants ont suivi la semaine dernière des formations
à Bouaké et à Korhogo, dans les domaines de la comptabilité simplifiée, du
civisme, de la citoyenneté, et enfin sur le VIH/SIDA et les maladies
sexuellement transmissibles. Dans le cadre de la mise en œuvre de projets de
réinsertion communautaire (PRC), des comités ont été établis cette semaine à
Biankouma et Issia, après Guiglo, Séguéla, Danané et Zouan-Hounien. Ces comités
PRC faciliteront l'identification de projets prioritaires à développer dans ces
localités respectives.
La composante de la Reforme du secteur de la sécurité (RSS) de l'ONUCI a
organisé la dixième session des déjeuner-débats, en anglais « Brown Bag Lunch»
au siège de l'ONUCI le 29 octobre 2013. Cette session s'est penchée sur la
question suivante : « Faut-il réformer la justice militaire en Côte d'Ivoire?».
L'invité du jour était le Capitaine de Vaisseau, Ange Kessi Kouamé, en sa
qualité de Commissaire du Gouvernement. Les représentants des partis politiques
et de la société civile présents ont échangé avec des magistrats du Tribunal
militaire d'Abidjan en exprimant leurs visions respectives de la reforme de la
justice militaire en Côte d'Ivoire, dans le cadre global de la consolidation de
l'Etat de droit. Le Secrétariat du Conseil National de Sécurité qui pilote la
Reforme du Secteur de Sécurité (RSS) en Côte d'Ivoire, ainsi que l'Assemblée
Nationale ont pris part aux échanges. Ces rencontres sont organisées
mensuellement par l'ONUCI en collaboration avec la Fondation « Friedrich Ebert
Stiftung ».
S'agissant de la promotion et du respect des Droits de l'Homme, à Daloa
et à Tabou, les auteurs présumés d'actes de violences sexuelles ont été arrêtés
par la gendarmerie. Dans un développement positif, trois auteurs de viol ont été
condamnés à des peines allant de trois mois à trois ans d'emprisonnement par les
Tribunaux de première instance de Bouaké et de Tabou.
Cinq sessions de sensibilisation aux droits de l'homme ont été organisées à
l'intention des populations des localités d'Abengourou, Bouaké, Daloa, Taï et
Yamoussoukro. Au total, 454 personnes dont des enseignants, des responsables des
organisations de la société civile, des leaders religieux et communautaires, ont
été sensibilisées au respect et à la promotion des droits de l'homme. Lors de
ces séances de sensibilisation, un accent particulier est mis sur des thèmes de
la justice transitionnelle et des droits de la femme.
Pour terminer,
je voudrais vous parler de la sensibilisation des populations sur le terrain
organisée par le Bureau de l'information publique de l'ONUCI. En collaboration
avec les autorités administratives et coutumières au niveau local, la campagne
de sensibilisation de proximité dénommée «ONUCI TOUR » se poursuit sur toute
l'étendue du territoire.
«ONUCI TOUR » fait escale dans plusieurs localités en Côte d'Ivoire pour
promouvoir la contribution et l'implication des populations à la consolidation
du dialogue intercommunautaire et à la réconciliation nationale. Cette semaine,
ce sont les populations d'Angovia dans la Marahoué, de Gozon dans le Cavally,
de Séguéla dans le Worodougou et de Gogoguhé dans la région du Haut Sassandra
qui recevront ONUCI-TOUR pour des échanges articulés autour de la culture de la
paix et de la promotion de la citoyenneté démocratique. Je suis maintenant prête
à prendre des questions éventuelles.
Kanaté Mamadou (fraternité Matin): Ma question est relative aux attaques
répétées à Agboville. J'aimerais s avoir ce que l'ONUCI fait concrètement pour
ne plus qu'il y ait ces attaques ; parce que malgré votre présence, des
assaillants continuent d'attaquer. Qu'est ce qui motive cela ? En ce qui
concerne ma deuxième question, vous aviez dit tout à l'heure qu'il y a certaines
villes de la Côte d'Ivoire où le calme n'est pas totalement revenu. Pouvez-vous
citer ces villes s'il vous plait ?
KL :
S'agissant de la première question concernant ce que fait l'ONUCI, comme je le
disais tantôt, nous travaillons auprès des forces ivoiriennes donc des Forces
républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) en appui dans le cadre de notre mandat,
nos zones de déploiement et aussi dans la limite de nos ressources pour
faciliter un certain nombre d'activités qui ont trait à la sécurisation sur
l'ensemble du territoire. Je vous ai dit tantôt le nombre de patrouilles mixtes
qu'ont menées et les forces de l'ONUCI et les Unpol dans ce sens là. Pour ce qui
concerne les attaques d'Agboville, je voudrais donner la parole au porte-parole
militaire présent dans la salle afin qu'il vous donne un peu plus de précision.
Lt Colonel Mohammed Chaouni (Porte-parole militaire de l'ONUCI) :
Bonjour. Vous savez, nous sommes déployés dans des positions qui sont à nos yeux
normalement convenables à notre présence en Côte d'Ivoire. Des attaques qui
arrivent de façon inattendues à Agboville ou dans certains lieux, peut-être que
nous ne nous y attendons pas. Nous soutenons les FRCI, nous faisons des partages
d'informations avec eux, mais nous ne pouvons pas intervenir à la place des
FRCI. Nous pouvons les soutenir là où le besoin se fait sentir. Mais nous ne
pouvons jamais devancer les FRCI dans leur devoir de faire de la sécurité. Nous
les soutenons dans le cadre de notre mandat.
KM : C'est vrai, vous ne pouvez pas faire le travail des FRCI à leur place mais
vous pouvez au moins prévoir. J'estime que vous avez le matériel adéquat pour au
moins prévoir ces attaques là.
Lt Colonel Chaouni
: Dans le cadre de la sécurité, est ce qu'on peut toujours prévoir des attaques
qui se passent où on prévoit qu'elles vont se passer ? Parfois vous vous trouvez
dans une région qui est calme, où il n'y a rien mais il peut arriver des
attaques. Elles sont imprévues, vous ne comprenez pas les motivations, vous ne
savez pas ce qui s'est passé, quel est le problème qui a surgi ou alors vous
n'avez pas les informations adéquates. C'est après que vous êtes au courant de
ce qui se passe. Les attaques sont toujours imprévisibles.
KL :
Pour en revenir à votre derniêre question, il est difficile de citer des villes,
par contre ce que je peux faire, c'est que compte tenu de ce dont nous avons
parlé, c'est-à-dire le phénomène des braqueurs sur les différents axes routiers,
les attaques répétées contre les FRCI, les braquages, les viols etc, nous
faisons un suivi de la situation et à cet égard on peut dire qu'elle est
globalement calme. C'est ce qui explique cette nuance. Si vous n'avez plus de
questions, je vous dis merci pour votre présence et à bientôt.